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Mylah pensait avoir exploré tous les lieux que contient cet hôtel, mais l’un d’entre eux est passé entre les mailles du filet. Rien de plus normal, puisqu’il s’agit probablement du dernier lieu qu’elle voulait voir ici. Un laser quest. Il est vrai qu’il s’agit d’un jugement un peu hâtif de sa part, puisqu’elle n’a jamais mis les pieds dans un tel bâtiment auparavant, mais pour autant, elle sait ce qu’elle est susceptible d’aimer et ce qu’elle est susceptible de détester, en l’occurrence le laser quest appartient à la seconde catégorie. Ce n’est pas l’activité en elle-même qui lui déplait, puisqu’elle sait tirer – même si c’est plutôt avec une vraie arme à feu qu’une factice – et, par conséquent, viser, non, ce qui lui déplait, c’est le contexte. Elle n’aime pas cet endroit remplit de fumigènes, avec la musique trop forte et des néons à en perdre la vue, tout cela pour déstabiliser les sens des participants. Et puis, elle n’aime pas transpirer, se salir ou se sentir sale, il est donc évident qu’un tel endroit n’est pas fait pour elle, loin de là. Jusqu’ici, donc, elle s’en est tenue éloignée, elle ne s’en approche même pas lorsqu’elle se rend aux primes. Pourtant, Mylah avait mis un point d’honneur à connaître chaque lieu que cet hôtel abrite, ne serait-ce que pour se situer lorsqu’elle doit se rendre d’une pièce a à une pièce z, sans perdre de temps. Or, le laser quest n’est d’aucun intérêt pour elle, puisqu’il se situe près du plateau et qu’il s’agit là du seul lieu qu’elle n’a pas eu besoin de visiter pour se repérer. Et pourtant. Aujourd’hui, la voilà en chemin pour le plateau et ce n’est pas parce qu’il est jour de prime. Elle s’ennuie, tout simplement. Encore et toujours. Sans son travail, l’ennui la guette forcément, elle qui ne vit qu’à travers sa petite société. Ainsi, il faut bien qu’elle se trouve de quoi s’occuper. En l’occurrence, ce n’est pas le laser quest qui l’attire, c’est simplement la curiosité de s’éloigner un peu plus de l’hôtel, elle qui reste toujours près de leur habitat. C’est plus une promenade de santé pour passer le temps qu’un vrai intérêt pour cet endroit. Elle se rend vite compte que c’est stupide de s’être rendue jusqu’ici, tant cet endroit lui file la chair de poule. Ce n’est vraiment pas son genre de truc et elle peine à comprendre qu’on puisse accepter de s’enfermer là-dedans pour le jeu. De courir partout, de transpirer, de heurter les parois à force de fuir les adversaires… non, vraiment, il faut être dingue. Et elle se fait une telle opinion sans même entrer dans le bâtiment, puisqu’elle reste sagement devant la porte, pensive. Hors de question de s’aventurer plus loin, la porte d’entrée lui suffit pour être certaine que jamais elle ne mettra les pieds ici, à moins que l’enjeu en vaille le coup. Sauf qu’un enjeu, il n’y en a aucun dans l’immédiat. Alors elle ne tarde pas à détourner les talons pour quitter cet endroit, mais elle est stoppée par Allen qui se retrouve nez-à-nez avec elle. « Bonjour. » Elle commence poliment, question d’habitude. Et puis son regard passe du bâtiment à Allen. Elle repense au paintball, à ce qu’il lui a dit dans la salle de bains, au fait qu’elle s’était amusée – bien que ce soit un grand mot – durant la partie de paintball. « Je sais à quoi tu penses. » Elle l’observe, d’un air suspicieux. Elle le sait, oui, elle lit dans les pensées, parfaitement. « La réponse est non. » Et qu’il n’essaie pas de lui faire changer d’avis. Elle a déjà donné dans les activités qu’elle déteste, a-t-elle besoin de lui rappeler le paintball et, surtout, les bleus qui ont suivi ?

Mylah ne comprend pas. Elle ne comprend pas la présence d’un tel lieu. Certes, il s’agit d’une requête d’Addil, mais tout de même, il y a des centaines de lieux plus appréciables qu’un laser quest, il aurait pu faire un meilleur choix. Peut-être que s’il y avait su qu’ils seraient hébergés dans un hôtel de luxe, il aurait préféré un lieu bien plus distingué que celui-ci. Comme une galerie d’art, par exemple. Elle, c’est ce qu’elle aurait choisi. Avec peut-être un stand de tir, mais elle se doute bien que la production n’aurait pas répondu favorablement à sa requête. Quoi qu’il en soit, plantée devant la porte d’entrée du laser quest, elle est persuadée d’une chose : il est peu probable qu’elle remette les pieds ici. Elle n’a même pas besoin d’entrer, elle sait pertinemment ce qu’elle va trouver. Un univers qui ne lui convient pas et duquel plus loin elle se trouve, mieux elle se porte. La seule raison qui pourrait la pousser à remettre les pieds ici serait une activité organisée par la production, qui lui permettrait de remporter un bonus considérable. Sans enjeu, hors de question pour elle de s’approcher à nouveau du laser quest. Et encore, puisqu’elle a été agacée que son équipe ne remporte pas l’immunité lors de la partie de paintball, alors qu’elle avait daigné participer à une telle activité. Dans tous les cas, elle n’a aucun intérêt à rester ici plus longtemps, elle a donné de sa personne, elle est venue, ça ne lui a pas plu, elle peut donc repartir sagement. C’était le plan, jusqu’à ce qu’elle constate qu’elle n’est pas la seule à s’être aventurée près du laser quest, puisqu’elle se trouve nez-à-nez avec nul autre qu’Allen. La voilà forcée de faire le lien avec le paintball ainsi que leur rencontre dans la salle de bains. Et il ne lui faut pas plus de quelques secondes pour comprendre que ce lieu risque d’inspirer son camarade. Pour la défier, pour l’attaquer, pour lui causer un nouveau bleu dont elle mettra des jours à se débarrasser, peu importe, elle est persuadée qu’il a une petite idée derrière la tête, elle préfère donc mettre les choses au point dès le départ. Non, elle ne se soumettra pas à une telle activité, hors de question. Allen s’offusque, à l’aide d’un geste presque théâtrale, pour clamer son innocence. Mais ça ne marche pas, Mylah voit clair dans son jeu de gentleman bienveillant derrière lequel se cache un véritable fourbe qui n’attend que de frapper. Il a raison sur un point, il n’est pas équipé. « Ne pas être équipé ne t’empêche pas d’avoir une idée derrière la tête, à ce que je sache. » Elle rétorque, en fronçant légèrement les sourcils, bien décidée à lui faire avouer ses torts avant même qu’il les ait commis. Il parait qu’il est en droit d’exiger une partie, pour la peine. Malheureusement pour lui, il prend le risque de se heurter à un mur. Bien même si c’est – supposément, elle ne partage pas son avis – à son tour de se faire pardonner. « Ne retourne pas la situation en ta faveur. » Elle voit où il veut en venir, c’est très malin de sa part, mais ce n’est pas pour autant qu’elle tombera dans le piège. « Et bien même si j’avais quelque chose à me faire pardonner, on peut trouver un autre arrangement que celui-ci. » Pour faire écho à leur conversation de la semaine passée, elle pourrait lui laver son linge ou lui préparer à manger, ça, c’est dans ses cordes. « Mais pas un laser quest. Pitié. Tu me vois là-dedans ? » Elle l’implore du regard. Il ne va pas insister, il n’oserait pas tout de même… si ? « La seule raison qui pourrait me pousser à m’enfermer volontairement là-dedans, outre le fait de t’humilier, elle balance, l’air de rien, durant son petit discours, serait d’avoir un enjeu qui en vaille la peine. » termine-t-elle, en observant Allen. Elle n’aime pas le laser quest. Mais comme à chaque fois qu’elle n’aime pas quelque chose, elle peut faire une exception dès qu’il est question de défier, ou plutôt d'écraser, quelqu'un.  

Le fait qu’il n’ait pas revêtu la tenue adaptée au laser quest ne veut pas dire qu’il n’avait pas une petite idée derrière la tête. Et Mylah n’en démord pas, elle le soupçonne d’avoir instantanément pensé à l’attaquer, ou du moins à la défier, dès qu’il l’a vue par ici. Car on ne peut pas dire que ce soit un endroit où on la croisera régulièrement, ainsi la tentation de profiter de cette visite en ces lieux peut être grande. Mais il parait qu’elle se trompe et qu’elle aussi n’est pas forcément blanche comme neige, sous prétexte qu’elle l’ait accusé en premier. Elle esquisse un bref sourire en observant Allen. « Je suis blonde. Une telle idée ne peut pas monter jusqu’à mon cerveau. » soupire-t-elle, partagée entre la lassitude des clichés sur les blondes – bien que ce soit elle qui le mette sur le tapis et que ce soit donc la seule fois où elle accepte qu’un tel cliché s’immisce dans la conversation – et l’envie de prouver son innocence, elle qui n’aurait jamais eu une telle idée. Et il probable qu’Allen le sache également, puisqu’ils commencent à se côtoyer régulièrement et que, jusqu’ici, elle ne lui a pas montré qu’elle possédait un certain sens de l’humour. Il est d’ailleurs peu probable qu’elle le montre un jour, puisqu’elle est la première à réaliser qu’elle n’est pas drôle et qu’elle prend tout au pied de la lettre. Dans tous les cas, elle a une excuse, même si cela est sa couleur de cheveux. Allen, lui, ne peut pas en dire autant. Le brun se croit en droit d’exiger une partie, ce qui manque de faire défaillir Mylah. Elle n’avait pas vu les choses sous cet angle et donc la possibilité qu’il retourne la situation en sa faveur. Elle voulait éviter que l’idée de la défier ne lui vienne en tête, mettre les choses au clair avant même qu’il n’ouvre la bouche, et là voilà prise à son propre jeu. Mais un laser quest, vraiment ? Il devrait savoir qu’elle ne mettra jamais les pieds là-dedans, parce qu’elle n’en a aucune envie et qu’elle ne se voit clairement pas courir dans tous les sens. Elle veut bien accepter n’importe quoi pour se faire pardonner – acceptant aussi l’idée qu’elle ait quelque chose à se faire pardonner, donc – sauf un laser quest. Tout, mais pas ça. Elle a donné avec le paintball, c’était exceptionnel et cela doit le rester. Sauf s’il y a un enjeu suffisamment motivant pour elle, dans quel cas elle serait prête à mettre ses a priori de côté et à pratiquer une activité dont elle a horreur. Trouver un enjeu intéressant, c’est le seul moyen pour Allen de motiver la jeune femme, parce qu’au-delà de son envie d’écraser les autres quand il s’agit d’une compétition, gagner le droit de voir son adversaire se ridiculiser est tentant, même lorsqu’il s’agit de quelqu’un qu’elle apprécie. Parce qu’elle va gagner, c’est certain. Elle n’est pas habituée à perdre. Or, l’enjeu que lui propose Allen manque de l’achever.  « Pardon ? » Elle murmure, choquée, tandis que le jeune homme soutient son regard pour lui prouver qu’il est sérieux. Et là, elle n’a jamais autant souhaité qu’on se moque d’elle. « Évidemment. » Elle répète par automatisme tandis que l’idée accapare son esprit. Ce n’est pas que l’idée lui déplait totalement, c’est juste qu’elle est réfractaire au fait de prêter ses affaires, Léo en a déjà fait l’expérience, ou même d’emprunter celles des autres. « Tu ne seras jamais éliminé,  rassure-toi. » Qu’elle glisse tout de même à la suite de sa réflexion, parce que s’il y a un bien un des quatre nominés d’office qu’elle s’imagine mal prendre le chemin de la sortie, c’est bien Allen. Il doit bien encore avoir quelques centaines de groupie ressassant les années 90 qui voteront pour lui. Elle l’espère, elle n’a aucune envie qu’il parte, même si elle ne le lui dira pas. « Oh, hm, j’imagine sans peine. » Et c’est bien ça le problème. Sans le traiter de gros – ce qu’il n’est pas – elle l’imagine mal se glisser dans une de ses robes sans la moindre difficulté. « Je ne suis d’ailleurs pas réellement sûre de vouloir y laisser une robe dans la bataille. » Parce que ses robes, ses magnifiques robes de créateurs, elle y tient comme à la prunelle de ses yeux, et tant pis si elle parait superficielle. Elle marque un temps d’arrêt, hésitant quant à la proposition du jeune homme. « Bon, je te propose autre chose. Si je perds, ce qui n’arrivera pas, on fait comme tu le proposes, tu choisiras un vêtement que je devrais porter. » Et autant dire qu’il s’agit d’un privilège qu’elle ne donnerait pas à n’importe qui. Mais puisqu’on l’a inscrite ici pour qu’elle prenne des risques, elle est bien forcée d’y mettre un peu du sien, bien même si ça ne lui plait pas forcément. « Si tu perds, ce qui arrivera, je choisirais autre chose. Je ne sais pas encore quoi, mais je trouverais. » Tout sauf lui donner le droit d’emprunter une de ses robes et de sacrifier celle-ci. « Tu es gagnant malgré tout, vu que je t’offre la possibilité de ne pas te ridiculiser dans une de mes robes. » précise-t-elle, au cas où il se sentirait vexé qu’elle refuse à moitié le défi. « Et puis, cela veut dire que j’accepte de jouer à … ça. » dit-elle en désignant, un air résigné sur le visage, l’entrée du laser quest. Non, vraiment, il est gagnant, à coup sûr. « Allez, viens avant que je ne change d’avis. » Ce qui peut encore arriver. Elle ouvre la porte, tient même celle-ci à Allen alors qu’il est désormais son adversaire, avant d’enfiler l’équipement nécessaire pour débuter une partie. Elle observe avec tristesse le gilet qui fait office de cible qu’elle a dû revêtir. Ce n’est pas esthétique, et en plus c’est lourd. « Il faut vraiment que je gagne. » murmure-t-elle pour elle. Il faut vraiment qu’elle emporte la partie, histoire d’oublier bien vite qu’elle a dû porter une telle chose.

Elle, avoir une idée derrière la tête ? N’importe quoi. Et il ne s’agit pas d’ironie, elle est tout bonnement incapable d’élaborer un tel plan. Parce que Mylah n’est pas drôle, n’est pas fourbe ou n’est pas en mesure d’avoir une telle idée en se trouvant ici. Ce lieu ne lui inspire rien, si ce n’est du négatif, il est donc impensable qu’elle ait pu envisager d’attaquer Allen, tout en l’accusant en premier pour être certaine qu’on ne la soupçonne pas. Elle fait malgré tout allusion à sa couleur de cheveux, chose qui est relativement rare car elle déteste être définie par les clichés sur les blondes, Allen est donc un privilégié. Et il confirme qu’il ne lui connaissait pas un tel goût pour l’autodérision, ce à quoi elle ne manque pas de répondre. « Et bien profite-en, parce qu’il se fait plutôt rare, je ne t’apprends rien. » Vraiment, il est chanceux, c’est un jour à marquer d’une pierre blanche. Cette révélation ne l’étonnera certainement pas, car entre eux deux, on ne peut pas dire que ce soit elle le quotient bonne humeur. Quoi qu’il en soit, Allen exige une partie pour qu’elle se fasse pardonner, mais elle se montre forcément réticente, le laser quest n’était pas le genre d’activités auxquelles elle se prête en temps normal. La seule raison qui pourrait la pousser à s’enfermer là-dedans serait d’avoir un enjeu de taille. Allen est réceptif à sa proposition, sauf que son enjeu ne convient pas vraiment à Mylah, et que cela doit probablement se lire sur son visage. Peut-être même qu’il se décompose. Ses affaires sont sacrées, Léo le sait. Elle n’est pas vraiment partisane des prêts, que ce soit elle qui prête aux autres ou l’inverse. Ceci dit, compte tenu de la situation, elle préfère encore porter une chemise appartenant à Allen plutôt que de lui prêter une de ses robes. Elle cherche son regard et elle comprend qu’il est parfaitement sérieux, ce qui n’est pas pour la rassurer. Alors le temps qu’elle reprenne ses esprits et qu’elle réfléchisse à la proposition du brun, elle rebondit sur ses propos quand il évoque sa nomination. Il ne sera jamais éliminé, il ne  faut pas qu’il envisage cette possibilité. Si c’est ce qu’elle pense ou ce qu’elle espère ?  « Les deux. » Et il devra se contenter de cette réponse, car elle ne compte pas développer le fond de sa pensée. Elle n’est pas vraiment portée sur les effusions de sentiments, encore moins avec des inconnus, alors elle ne va pas commencer à lui dire explicitement qu’elle serait déçue et certainement un peu attristée s’il venait à quitter l’aventure à l’issue du prime de dimanche. Elle estime qu’elle n’a pas besoin d’en faire plus pour qu’il comprenne qu’elle l’apprécie, elle qui pourtant n’est pas vraiment adepte des amitiés formées en si peu de temps. Elle se décide enfin à rebondir sur l’enjeu qu’Allen lui propose, maintenant que le premier choc s’est quelque peu dissipé. L’image du brun coincé dans une de ses robes lui vient en tête et c’est une image qu’elle aimerait rapidement oublier. Elle est froussarde, Mylah, elle est plus préoccupée par la perte évidente d’une de ses robes que par l’humiliation subie par Allen s’il en vient à se promener dans un tel accoutrement. Autant dire qu’elle est plutôt réticente, ce qui au final n’a rien d’étonnant compte tenu de son caractère, elle qui est généralement la dernière à prendre des risques, même minime, ni à sortir de sa zone de confort. La blonde lui avoue qu’elle n’est pas certaine de vouloir y laisser une robe dans la bataille, mais il persiste à vouloir la convaincre. « Pas vraiment, non, celles-ci sont déjà aux ordures depuis longtemps. » Elle avoue, presque désolée, ce qui est suffisamment rare pour être souligné. Ce qu’elle n’ose pas ajouter, c’est que si elle jetait chaque robe qui lui rappelle un rendez-vous raté ou un mariage ennuyeux, elle n’aurait plus de garde-robe à l’heure actuelle. « Nous sommes dans une impasse. » Elle ajoute, le plus sérieusement du monde. Oui, ils sont dans une impasse, et c’est alors que lui vient l’idée de négocier les conditions. De toute façon, c’est soit il accepte de négocier, soit il se heurte à un mur. Elle apprécie Allen, mais elle n’arrive pas pour autant à lâcher prise et à accepter quelque chose sur lequel elle fait un blocage. Il reformule ses propos qui semblent, il est vrai, loin d’être justes pour lui. « Voilà, exactement. » Elle confirme, avec un léger sourire aux lèvres pour l’amadouer. « Ce qui est plutôt bien, c’est une façon comme une autre de te motiver, tu ne trouves pas ? » Elle ajoute même, dans une ultime tentative de le convaincre. Et c’est elle qui met l’accent sur l’aspect positif du deal, alors qu’elle a plutôt tendance à voir le verre à moitié vide. Mais inutile pour Mylah de se lancer dans un grand discours pour le convaincre d’accepter ses conditions à elle, puisqu’il semble partant d’agir de la sorte. Heureusement qu’il n’est pas du genre à crier à l’injustice, parait-il. « Même si tu l’étais, je ne t’aurais pas écoutée. » Elle rétorque avec un demi-sourire, bien qu’il y ait un fond de vérité dans ses propos. Un grand fond de vérité, même. Bon, peut-être qu’elle aurait pu faire une exception pour quelqu’un qu’elle apprécie, elle se serait montrer plus douce dans sa façon de lui faire comprendre qu’il n’a pas vraiment d’autres choix qui s’offrent à lui. Malgré tout, sa proposition à elle a du bon puisqu’elle lui évite l’humiliation de porter une robe. Peut-être que ses enfants auraient appréciés, mais pas sûr qu’il soit crédible dans sa carrière d’acteur après un tel spectacle. Elle lui sauve la mise, il en a sûrement pas conscience, mais c’est le cas. Quoi que, il en a conscience. Elle se mord légèrement la lèvre, façon pour elle de lui dire, tu vois, j’ai raison. Maintenant que le deal est négocié, elle accepte de faire une partie. Elle ne l’a pas explicitement précisé, mais ce sera en effet une seule et unique partie, il est peu probable qu’elle y prenne vraiment goût. C’est presque à contrecœur même qu’elle accepte. S’il n’avait pas été question d’enjeu et de se confronter à quelqu’un qu’elle apprécie, elle aurait probablement refusé avant de prendre ses jambes à son coup et de s’enfuir d’ici. Allen, en tout cas, est persuadé qu’ils vont se prendre au jeu et qu’ils regretteront de ne pas être venus plus tôt. « Ne fais pas de telles suppositions trop vite, sait-on jamais, tu pourrais le regretter. » Dans le cas où elle n’apprécierait pas son passage ici, et il lui faudra trouver un responsable plutôt que de se maudire elle-même d’avoir participé à une telle activité, et ce responsable sera bien évidemment Allen. Bref, maintenant plus moyen pour Mylah de reculer – enfin, techniquement oui, mais ce serait mettre sa fierté de côté et elle ne peut pas – il va falloir qu’elle accepte son destin, oui, carrément. Après être entrée dans la pièce, elle enfile l’une des tenues à leur disposition et elle est ravie qu’il n’y ait aucun miroir à portée de mains, car elle ferait certainement un malaise en voyant son allure. Elle est encore occupée à s’habituer au poids du gilet et à la sensation désagréable d’être compressée qu’elle ne prête pas attention à Allen, qui lance les hostilités sans même qu’elle soit au courant. « J’y crois pas ! » Elle laisse échapper après que son gilet se soit éclairé, lui signifiant ainsi qu’elle vient d’être touchée. Elle relève la tête en direction d’Allen et affiche une petite moue. « Et agir dans les règles de l’art ou comme un gentleman … ? » Non ? Tout de même, il aurait pu attendre qu’ils lancent le départ, plutôt que de la prendre par surprise ainsi, d’autant plus que son excuse n’est pas crédible. « Oui, tu fais bien. » Elle lui lance quand il décide à aller voir ailleurs. Elle, elle reste encore près de l’entrée, se préparant psychologiquement avant de pousser un soupir pour se donner du courage avant d’enfin se mettre à la poursuite d’Allen, qui a bien évidement eu tout le temps de se cacher. Elle explore les lieux, mais on ne peut pas dire qu’elle distingue grand-chose. « Où es-tu Allen ? » Elle tente, après quelques minutes de recherches infructueuses. Peut-être qu’il répondra, par réflexe, et qu’elle pourra se diriger vers lui. Mais c’est sans succès. Alors, positionnée à côté d’une paroi, une idée lui traverse l’esprit. Sa patience est limitée et après cinq bonnes minutes de recherche, celle-ci est arrivée à bout. Elle frappe du plat de la main contre la paroi, faisant quelque peu raisonner celle-ci avant de laisser échapper un « aïïïïïïïe » retentissant et de s’asseoir délicatement par terre – en ayant en préalable déplacer les poussières à l’aide de sa main. Ça va marcher, il va accourir, il ne peut pas la laisser ainsi blessée, seule, à terre. Enfin, c’est l’image officielle. Officieusement elle ne se privera pas pour le viser une fois qu’il sera à sa portée, elle sera au moins certaine de l’avoir. Et puis, ce n’est pas parce qu’elle a accepté la partie qu’elle a précisé qu’elle la jouerait réglo. Et même sans ce détail, c’est une petite vengeance pour le coup fourbe qu’il lui a fait d’entrée de jeu, après quoi ils pourront reprendre la partie de façon normale.

Elle se moque de sa couleur de cheveux, chose qu’elle ne fait que rarement. Elle accepte les mauvaises blagues et autres critiques sur les blondes uniquement quand cela vient d’elle, parce qu’elle l’a décidé et non quand c’est quelqu’un qui souhaite l’humilier en lui mettant ce cliché sous le nez. Alors oui, une telle dose d’autodérision venant de sa part est rare et elle est sérieuse quand elle annonce à Allen qu’il doit en profiter, parce qu’un tel comportement de sa part se fait plutôt rare, elle ne lui apprend rien. Il est décidé à répondre sur le ton de l’humour, révélant que le contraire ne l’aurait pas étonné. « Tu es bien le seul à penser cela. » On ne peut pas toujours lui demander de répondre sur le ton de l’humour, tant c’est un concept qui lui est inconnu et qu’elle ne maitrise pas, autant s’abstenir. Et sa phrase est en réalité un peu défaitiste, parce qu’elle réalise bien qu’Allen est le seul ici qui lui trouve des qualités, puisqu’il lui répond avec ironie, mais sans méchanceté, ce dont elle n’a pas vraiment l’habitude. L’enjeu que propose par la suite Allen ne plait pas vraiment à la blonde et elle ne s’en cache pas, que ce soit l’expression sur son visage qui a changé ou sa façon de rester muette quelques instants, avant d’omettre volontairement la proposition du brun et de plutôt rebondir sur sa nomination. Le plus gros risque pour lui cette semaine, ce n’est pas cette histoire d’enjeu, mais une possible élimination. Ce qui est inenvisageable aux yeux de Mylah. Comme elle lui l’avoue, sans grand discours, parce qu’elle le pense et c’est également ce qu’elle espère. Elle le voit mal quitter l’aventure aussi rapidement, lui qui a un caractère susceptible de plaire a beaucoup de téléspectateurs et donc d’attirer des votes et elle n’a aucune envie qu’il s’en aille, parce qu’il est bien le seul, avec Agata, qui peut se vanter d’avoir la sympathie de Mylah, chose qui est assez rare en si peu de temps. Pour dire, jusqu’ici elle a plus l’impression de se faire des ennemis que des amis. Elle en revient finalement à l’enjeu, tentant de négocier les clauses de celui-ci. Elle n’a pas une robe qu’elle aime moins qu’une autre, sinon elle ne l’aurait pas amenée ici. Non, les robes qui ne trouvent plus grâce à ses yeux sont déjà à la poubelle. Oui, on peut dire qu’elle a une façon radicale de s’en débarrasser. « Je ne te le fais pas dire. » Elle réplique avec un haussement d’épaules, lui laissant le champ libre quant à l’interprétation de sa phrase. Mais le fait est que Mylah ne garde rien qui lui laisse un goût d’amertume, que ce soit des vêtements ou d’autres objets. « Entre toi et moi, tu n’es pas celui dont je me débarrasserais en premier si j’en avais l’occasion, tu n’as pas besoin d’être sur tes gardes. » Elle rétorque, le plus sérieusement du monde, comme souvent. Allen ne figure même pas sur la liste de ceux dont elle se débarrasserait volontiers. Inutile de préciser que celui qui est en tête de cette même liste est son partenaire. Pour l’instant, ils sont donc dans une impasse, parce qu’elle n’a aucune envie d’accepter tous les termes du deal que lui propose Allen et qu’il est plutôt sceptique quant aux siens. Elle tente de le motiver, évoquant notamment le fait qu’en étant ainsi dans le flou, ça ne peut que le motiver à vouloir remporter la partie. Ce qui n’est pas plus mal, elle aura une adversaire de taille et quand elle l’écrasera, la victoire n’en sera que plus appréciée. Ce n’est pas pour autant que ça le rassure. « Tu n’as aucune raison de t’inquiéter. » Elle lui assure, parce qu’après tout, il s’agit de la vérité. Il n’y a qu’à voir la manière dont elle s’est montrée réticente à la possibilité qu’il puisse porter une de ses robes, tout comme la façon dont elle a accepté qu’il se fasse pardonner après le bleu qu’il lui a infligé sur le visage, compromis qui consistait à révéler quelque chose de personnel, plutôt que de lui faire sa lessive ou de lui préparer un repas. Elle aime les enjeux, Mylah, mais entre ces murs ils ne lui conviennent pas comme ceux qu’elle peut exiger à l’extérieur. Ici, cela consiste à lui rendre service dans le meilleur des cas, or elle est trop habituée à se gérer toute seule pour accepter que l’on puisse intervenir dans sa façon de vivre sa vie. Autant dire que si elle vient à trouver une idée de gage si Allen vient à perdre, ce ne sera pas quelque chose de particulièrement extravagant, elle en a conscience. Ce sera quelque chose qui lui conviendra à elle et qui sera loin d’être horrible pour le jeune homme, tout le monde sera gagnant au final, même si elle ne pense pas ainsi. Dans tous les cas, elle est chanceuse qu’il ne crie pas à l’injustice, du moins, c’est l’avis d’Allen, car bien même si c’était son genre, Mylah arriverait à s’en remettrait. « J’aimerais bien voir cela. » Intimidant, lui ? Elle peine à l’imaginer hausser le ton. Surtout pas face à une femme. « Mais je saurai que tu joues et tu n’auras aucune crédibilité à mes yeux. » Jouer, parce que c’est bien son travail, même si les offres ne se bousculent pas au portillon. Elle estime qu’elle commence à le cerner, elle sait que s’il venait à hausser le ton face à elle ce ne serait probablement pas sérieux. Du moins, elle l’espère. Elle accepte finalement de prendre part à la partie qu’il lui propose, en espérant qu’il comprenne qu’il est privilégié, parce qu’elle ne se serait jamais imaginée participer à une telle activité. Le paintball lui a suffi. Malgré tout, elle a tout de même pris un léger plaisir durant cette précédente activité, le fait de jouer pour un enjeu l’aidant, tout comme le fait de montrer sa supériorité, elle qui s’est plutôt bien défendue. S’il n’y avait pas eu d’enjeux et que l’adversaire en question n’aurait pas été Allen, elle aurait vite détourné les talons. Inutile de préciser malgré tout qu’il s’agit d’une unique partie et qu’il aura beau lui supplier si nécessaire, elle ne risque pas de prendre goût au laser quest, même si Allen tente de la motiver. Il ne faut cependant pas qu’il fasse de telles suppositions trop vite, au risque de le regretter. « Tu peux dire ce que tu veux, cela ne m’empêchera pas de le faire. » Mylah pince les lèvres, comme si elle venait de lui faire une confession gênante, alors qu’il s’agit d’une vérité. Enfin, la seule raison pour laquelle elle pourrait être désagréable en sortant d’ici, c’est si elle vient à perdre. Dans le cas contraire, elle ne sera pas déçue du voyage. Et bien même si elle perd, Allen n’a pas de souci à se faire, elle ne lui fera pas la tête éternellement, elle sera vexée, mais elle ne l’évitera pas, encore une fois parce qu’elle l’apprécie et qu’elle arrive tout de même à faire la part des choses dans ce cas-là. Si son adversaire avait été Léo, les choses auraient été très différentes. Ce qui la vexe un peu, malgré tout, c’est le fait qu’il n’ait pas attendu qu’ils lancent la partie pour la viser et marquer un point. Tout de même, il aurait pu faire les choses dans les règles de l’art ou se montrer galant et la laisser commencer. Si elle préfère être traitée en joueuse avant d’être traitée en fille ? « Cela dépend de si ça m’arrange ou non. » Elle rétorque. En l’occurrence, cela l’aurait presque arrangée d’être traitée en fille, cela lui aurait donné l’avantage et elle aurait par la suite voulu être traitée comme la joueuse qu’elle l’est. Mais elle va rattraper cela et lui prouver ce dont elle est incapable, lui qui a déjà eu un petit avant-goût lors de la partie de paintball. Allen ne s’éternise pas et ne tarde pas à filer, tandis qu’elle reste immobile, puisque se soumettre à une telle activité lui demande tout de même une certaine préparation, puisque c’est contraire à sa personnalité ou à son mode de vie. Et comme à chaque fois qu’elle sort de sa zone de confort, il lui faut un temps d’adaptation. Quand elle se décide enfin à se mettre à la recherche d’Allen, il est déjà trop tard. Il a sûrement eu le temps de trouver une cachette digne de ce nom. Et ce n’est pas qu’une hypothèse puisqu’elle constate rapidement qu’elle a beau passer au peigne fin – ou peut-être pas à ce point – l’endroit, son adversaire reste introuvable. Elle pourrait y mettre un peu plus du sien, mais le fait est qu’elle ne voit pas grand-chose et qu’elle n’a pas l’habitude d’un tel endroit, elle peine donc à savoir où il aurait bien pu se faufiler et il est probable que même en jouant dans les règles de l’art, elle ne serait pas parvenue à le retrouver. Et puis, il ne faut pas oublier qu’il s’est joué d’elle le premier, en la visant pour, soi-disant, tester son équipement, ce serait donc un juste retour des choses qu’elle se montre également fourbe. Et c’est donc ce qu’elle fait, frappant sur l’une des parois avant de s’asseoir délicatement au sol, espérant qu’il l’ait entendu et qu’il ne tardera pas à se montrer. Et comme prévu, Allen ne tarde pas à réagir. Elle se fait silencieuse quand il l’appelle, voulant s’assurer qu’il vienne à elle et ne pas être trahie par sa voix. Quand il apparait dans son champ de vision, elle constate avec satisfaction qu’il se débarrasse de son pistolet laser et elle se contente de hocher la tête pour confirmer sa blessure – imaginaire. « Oui, je crois. » Elle réplique quant à savoir si elle peut marcher. Mais force de constater qu’Allen semble réellement préoccupé par son état, ce qui surprend Mylah autant que ça l’inquiète. La surprend, parce que sans penser qu’il la laisserait à son sort, elle a pensé qu’il verrait peut-être clair dans son jeu ou du moins, qu’il ne cèderait pas à la panique, ce qui semble être le cas. Inquiète, parce qu’elle en vient à penser que son plan est une mauvaise idée et qu’elle va regretter de s’être jouée ainsi d’Allen. « Que tu examines ça ? À moins que tu aies fait des recherches poussées pour incarner un médecin, je doute de pouvoir te faire confiance. » Elle rétorque avec un léger sourire, tentant de détendre l’atmosphère pour qu’il se détende. Oui, c’est elle qui essaie de détendre l’atmosphère, c’est assez rare pour être souligné. « Il n’y a pas besoin de me porter, cela devrait aller. » Elle dit, en feignant des difficultés à se relever avant de finalement tenir sur ses pieds. Elle adresse un bref regard désolé à Allen avant de lui dire « sans rancune, j’ai aussi le droit à mon premier tir exercé de manière fourbe » en visant le capteur sur son torse. Au moins, à cette distance, elle ne pouvait pas le rater. Elle espère qu’il a compris ce à quoi elle faisait référence, afin qu’il sache qu’il ne s’agit pas d’un acte purement gratuit. « Je serais réglo, maintenant, promis. » Elle souffle, tandis qu’elle se détourne de lui pour s’éloigner jusqu’au pistolet qu’il a lâché préalablement, pistolet qu’elle pousse d’un léger coup de pied en sa direction. « Désolée pour la frayeur. » Elle s’excuse, chose inhabituelle chez elle, sauf quand elle apprécie quelqu’un. Jusqu’ici, elle a sûrement l’image d’une jeune femme qui s’en fiche bien des autres, ce qui est vrai quand elle est indifférente à eux, mais quand elle ne l’est pas, elle sait aussi faire preuve d’un caractère moins difficile et froid qu’en temps normal. Sur ce, elle ne tarde pas à reprendre sa route, s’éloignant à son tour, sans pour autant courir, ne sachant pas si Allen préférera prendre la sortie ou reprendre la partie.