Trois candidats ont été éliminés cette semaine et je viens de prendre ma première petite claque avec le départ de deux personnes en particulier, Maddy avec qui j’ai discuté quelques fois depuis le début du jeu ainsi que Stan, l’une des seules personnes avec qui j’ai échangé avant même le premier prime, lors des auditions. Savoir qu’il a été éliminé me fait vraiment tout bizarre, j’aurais aimé avoir plus de temps pour apprendre réellement à le connaitre, lui que je considérais déjà comme un potentiel pote mais bon, je suppose que c’est à cela que je vais devoir m’habituer… Chacun notre tour nous allons tous être éliminés, faire nos valises et ne devenir plus qu’un simple souvenir pour les autres, pour les téléspectateurs. Le jeu ne fait que commencer et j’en ai à présent pris conscience, se faire des amis c’est bien mais il va surtout falloir penser à se créer une grosse carapace pour ne pas être affecté par le départ successif de certains de mes camarades si j’ai la chance de poursuivre cette aventure quelques semaines supplémentaires. Pour le moment, l’heure est à la réflexion, à la méditation et je ne fais même pas attention à l’endroit vers lequel je me dirige, ce n’est qu’en arrivant devant la porte ouverte de la cabane de pêche que je reprends mes esprits, à nouveau attentif à ce qui m’entoure. « S'il te plaît. Dégage. C'est pas le moment de se mettre en compétition ou quoi que ce soit. » Je n’ai même pas remarqué qu’elle était là, recroquevillée sur elle-même au fond de la pièce. Ses mains dissimulent son visage et je me dis qu’elle ne doit pas être bien. « Je suis pas à plaindre. » Je me mordille la lèvre nerveusement, hésitant, je décide finalement d’approcher et de m’installer à côté d’elle. Je m’assois dans la poussière à sa gauche. « C'est juste une mauvaise passe, ça arrive à tout le monde, même à moi. » Je ne sais pas quoi dire, quoi faire, je me sens stupide. Ma main glisse le long de sa cuisse, pas pour la peloter ou je ne sais quelle connerie du genre mais plutôt pour la réconforter. « Ca va aller ! » J’ai un cœur, je suis un être humain et même si je n’apprécie pas je ne peux tout simplement pas être insensible à la tristesse, surtout chez les femmes.

Il n’y a pas grand-chose que je puisse dire sur Ana, je ne la connais pas et je n’ai pas particulièrement envie de faire plus ample connaissance avec elle non plus. Ce n’est pas par manque d’intérêt mais elle me semble juste détestable comme personne. C’est en tout cas ce qu’elle m’a laissé entrevoir de sa personnalité jusqu’à maintenant et je ne sais donc pas si je me sens capable de passer outre ces idées reçues pour tenter d’apprendre à la connaitre réellement. On ne pourra pas non plus me dire que je ne fais pas d’efforts puisque je m’installe dans la poussière à côté d’elle, j’hésite mais ma main glisse finalement contre sa cuisse. Ne vous méprenez pas, ma main se trouve au niveau de son genou, je ne suis pas là pour draguer, surtout pas Ana qui ne m’attire pas mais alors pas du tout. J’essaye de lui dire que tout ira bien même si je ne sais pas vraiment quel est son problème, quels sont les maux qui peuvent potentiellement la ronger. Je me sens étrangement mal pour elle, presque coupable. Lorsque ma main entre en contact avec sa cuisse elle relève la tête et me fusille du regard. « Tu crois ? Qu'est-ce t'en sais ? Tu sais au moins pourquoi je suis dans cet état ? » J’ignore complètement pourquoi elle va mal, je n’ai pas particulièrement envie de le savoir et je ne pense pas que ce soit utile ; j’ai l’étrange impression de ressentir sa peine et c’est déjà bien assez. « Tu t'attends à quoi hein ? Tu ne m'aimes pas et c'est réciproque... alors pourquoi venir et me dire cette phrase bateau !» Ana n’a pas tort là-dessus et je ne sais pas quoi lui dire. « Je ne m’attends à rien, ce n’est pas parce que je ne t’apprécie pas pour le moment que je ne suis pas humain tu sais ! » Je me sens gêné, je dirais même que je ne sais pas où me mettre. « C'est trop dur. Je peux pas... Je ne peux pas supporter tout ça. » Ses mains tremblent, elle m’a l’air vraiment dans un sale état et je ne sais pas quoi faire ou quoi dire… Puis-je y faire quelque chose de toute manière ? « T'es gentil, ok ! Super ! T'as fait ta bonne action. » Je sens que le pire reste encore à venir, elle va vouloir me virer. « Maintenant s'il te plaît, va-t-en ! » Je me mordille à nouveau la lèvre et je retire ma main de sa cuisse. « Non, je vais rester, insulte-moi si tu en as envie, fais ce que tu veux mais je reste ! »