regrets are redundant
ft. Lou & Andreja

Elle passait à une vitesse honteusement lente, cette semaine. Peut-être parce qu'ils n'avaient pas les nominations au milieu pour casser le rythme, changer la donne et leur servir de piqûre de rappel ; Non, cette fois-ci ils avaient été fixés sur le sort des uns et des autres dès la fin du précédent prime et depuis plus rien, si ce n'était l'attente. Et l'impression, dans le cas d'Andreja, d'avoir été égoïste. Parce qu'il avait préféré sauver sa peau plutôt que celle de quelqu'un d'autre, parce que dès lors qu'il avait croisé le regard de Pia et compris qu'elle se sauverait elle-même il avait compris qu'il ferait la même chose, et tant pis pour le reste. Tant pis oui, alors que pourtant des personnes qu'il ne tenait absolument pas à voir dehors dimanche étaient nominées elles aussi ; Jessica, Elsa, Alistair, est-ce qu'il n'aurait pas pu leur faire une fleur et les sauver du banc de touche ? Est-ce que cela le rendait encore plus égoïste que d'avoir choisi en se disant que dans la situation inverse aucun des nominés ne risquerait sa place pour lui ? Mais c'était la vérité pourtant, il en était persuadé. Mais si une de ces trois personnes sortaient dimanche il s'en voudrait aussi, stupide, il ne parviendrait pas à s'en empêcher, et cela ne ferait sans doute que rajouter à toutes les choses qui lui minaient le moral cette semaine. Et la semaine précédente aussi, un peu. C'était le souci en étant enfermer ici, on avait trop de temps pour cogiter, et cogiter ce n'était jamais bon, surtout pas quand on avait la tête pleine de ce qui peuplait habituellement l'esprit du serbe. Il ne savait pas pourquoi aujourd'hui plus qu'hier, pourquoi d'un seul coup tout cela lui était revenu à vif et en pleine gueule, pourquoi cela faisait à nouveau et d'un seul coup physiquement mal de penser, de réfléchir, de se souvenir. Pourquoi aujourd'hui alors que rien n'était moins semblable à hier, et pourquoi il avait l'alcool triste à nouveau, alors que ce n'était pas arrivé depuis qu'il était ici. Debout sur le rebord de la fontaine il mettait un pied devant l'autre, avec l'hésitation qu'impliquait son taux d'alcoolémie, et jetait parfois un regard mauvais à son reflet dans l'eau, comme s'il reprochait à celui qu'il voyait d'être la cause de ses soucis. C'était vraiment une connerie, de se couper les cheveux, c'était vraiment une connerie de vouloir renouer avec la personne qu'il était avant. Avant. Il avait titubé en entendant des pas derrière lui, et retrouvé son équilibre au dernier moment en remarquant la présence de Lou. Sautant du rebord pour retrouver la terre ferme il avait cherché son équilibre à nouveau et finalement il s'était assis, l'une de ses mains venant glisser à la surface de l'eau tandis que l'autre se resserrait autour de la bouteille de Vodka qu'il avait fait sienne. Le nouveau lui ne supportait plus la Vodka pour en avoir trop bu, mais l'ancien lui n'en avait rien à foutre et aujourd'hui il ne savait pas lequel des deux il était, mais ce qui passait dans sa gorge ne lui faisait aucun souci tant que l'alcool y était. « Je boire trop. » C'était venu comme ça, sans prévenir, tel un constat pur et simple dont il ne savait pas quoi faire mais qu'il savait vrai. Et Lou n'était sans doute pas le mieux placé pour lui faire la morale à ce sujet, mais c'était peut-être pour cela qu'il lui disait à lui, parce qu'il ne lui ferait pas de reproche. « Je suis content tu être resté, dimanche. » Et ça aussi cela sortait de nul part, cela n'avait même aucun rapport avec sa phrase précédente mais c'était ainsi, les idées se bousculaient trop vite dans sa tête et c'était la première concernant Lou qu'il était parvenu à saisir au vol. Cela coulait de source peut-être, le fait que le serbe ne voulait pas voir Lou s'en aller dimanche, mais qu'importe. Soupirant à nouveau il avait passé la main qui trainait encore dans l'eau quelques secondes plus tôt sur son visage, et tendu la bouteille à Lou d'un air éteint. C'était bien parce que c'était lui, qu'il proposait de partager.

Ce n’était pas une bonne semaine pour moi. À croire que je n’avais jamais réellement de bonne semaine, il fallait dire. Depuis l’annonce de la grossesse de Tilda, c’était les montagnes russes. Et quand ça allait bien, ce n’était que pour aller encore plus mal après. Et il fallait avouer que c’était lassant, c’était fatiguant de toujours se sentir mal, d’avoir toujours du soucis pour des choses qui devraient être sans importance. Oui voilà, c’était ça. J’étais fatigué. Fatigué de ravoir mes pires souvenirs en tête dès que j’étais en face de Tilda, fatigué de faire semblant de ne pas y penser alors que ça me hantait depuis des semaines, fatigué de faire des efforts pour ne pas lui faire du mal. Tout était si simple, avant Fake Lover. Je n’avais pas à penser à tout ça, je n’avais pas à penser à ce qui s’était passé trois ans plus tôt en Espagne. Moi tout ce que je voulais, c’était oublier. Mais je ne pouvais pas avec Tilda comme partenaire. Mais qu’est-ce que je pouvais bien faire contre ça, hm ? Il n’y avait rien à faire. Il fallait que j’accepte, que je reste fort, la tête haute. Autant dire que ce n’était pas vraiment facile. J’ai honte, mais je me suis remis à éviter Tilda. Avec les derniers évènements, je crois bien que notre relation ne marchera jamais de toute façon. Il fallait que je fasse avec, aussi. Et alors que je me promène à l’extérieur dans le but de me changer les idées comme je peux, je vois Andreja marché tant bien que mal sur le rebord de la fontaine, avec une bouteille de vodka dans une de ses mains, ce qui voulait tout dire quant à son état actuel. Autant dire que j’étais la mauvaise personne pour le juger en cet instant, au contraire même. «  On ne boit jamais trop. » Je dis le plus normalement du monde en m’asseyant à ses côtés. Lui aussi, n’allait pas bien. J’aurai bien aimé lui demandé le pourquoi du comment, pour assouvir ma curiosité habituel, mais j’avais l’intuition que la cause n’était pas quelque chose dont il voulait parler. S’il buvait, c’était justement pour oublier, n’est-ce pas ? Et en bon ami, je ne l’obligerai pas à parler de ce dont il ne voulait pas parler. Il y avait des moments dans la vie où il fallait savoir se taire et faire abstraction de sa curiosité. «  Je suis pas sûr d’être content, moi. » Je souffle dans un soupire triste en attrapant instinctivement la bouteille qu’il me tend pour en boire quelques gorgées, grimaçant légèrement en sentant l’alcool dans mon gosier. Oh, je savais que je devais être reconnaissant d’avoir été repêché, et je l’étais. J’étais content que les téléspectateurs m’aiment assez pour voter pour moi. Mais avec mon état du moment, je ne pouvais pas m’empêcher de penser que je serai peut-être mieux à l’extérieur. Ça serait mieux pour tout le monde, à commencer pour Tilda, et pour Sacha. «  Je n’en peux plus. » Je lui avoue ma voix trahissant un peu mon désespoir, le regard dans le vide, alors que j’en profite pour boire quelques autres gorgée, finissant par tendre de nouveau la bouteille de vodka vers Andreja. Bon sang, ce qu’on devait être pathétique.

Il ne savait pas trop ce qu'il faisait, en fait. Parce qu'il n'était pas totalement con, il savait bien que ce n'était pas en sifflant à nouveau une demi-bouteille de Vodka qu'il allait se sentir mieux ou subitement y voir plus clair dans son esprit où conneries et pensées négatives ne savaient plus ou se mettre tant elles prenaient de place. Ça n'aurait pas duré longtemps, le sentiment de tranquillité et de plénitude qu'il avait eu en arrivant dans le nid. Comme un anesthésiant dont les effets se seraient dissipés et dont il n'avait plus aucun moyen de s'administrer une nouvelle dose. Alors il buvait, par défaut, parce que même si ce n'était pas une bonne solution c'était souvent comme ça qu'il réglait ses problèmes ... ou avec ses poings, mais contrairement à cette solution la boisson ne risquait pas de lui valoir une sanction de la part de la production. Et puis il n'était pas un animal, il ne frappait pas n'importe qui, il savait se tenir. Mais il n'empêche que c'était la solution de facilité, et que comme il avait fini par le faire remarquer à Lou arrivé là sans qu'il ne le voit venir, il buvait trop. Réalisation, premier pas vers l'acceptation, et donc vers la solution, parait-il. « On ne boit jamais trop. » Ça, c'était pas Andreja qui l'aurait dit, qu'on retienne bien cela. Mais puisque le barbu semblait décider à rester un peu là et l'avait fait savoir en s'asseyant à côté du serbe, ce dernier lui avait tendu la bouteille. Comme une façon silencieuse de lui dire que lui aussi semblait en avoir besoin. Peut-être même plus qu'Andreja lui-même, en fin de compte. Il était content que Lou soit resté. « Je suis pas sûr d’être content, moi. » Silencieusement Andreja avait tourné la tête vers l'espagnol, le détaillant un instant du regard tandis qu'il avalait une gorgée d'alcool. Il avait l'air de penser vraiment ce qu'il venait de dire, c'était peut-être le plus triste. « Alors je être content pour deux en attendant, c'est pas grave. » avait-il simplement fait remarquer en rangeant les mains dans ses poches, soupirant d'un air las tandis que l'alcool lui faisait légèrement pencher la tête en avant et fermer les yeux. Peut-être que c'était égoïste en fait, d'avoir été soulagé que Lou ne soit pas éliminé dimanche, quand à lui cela semblait lui miner le moral plus qu'autre chose. Ça rendait égoïste, de s'attacher aux gens. « Je n’en peux plus. » Ouvrant à nouveau les yeux le regard d'Andreja s'était déposé à nouveau sur Lou, silencieusement, comme s'il attendait après un développement qui ne viendrait pas. Et Andreja savait qu'il ne viendrait pas. « Et tu penses les choses se arranger si tu été parti dimanche ? » Ce n'était pas un reproche, c'était une simple question, sans jugement. Juste de la curiosité, parce qu'il avait de la peine à savoir si c'était seulement le nid qui le mettait dans cet état là ou bien si c'était quelque chose de plus profond. « C'est quoi, qui te manquer le plus ? » Dehors, cela lui semblait assez couler de source pour qu'il ne juge pas utile de le préciser. Peut-être que c'était ça, peut-être que Lou avait le mal du pays, ou la bougeotte, ou simplement besoin de prendre le large puisqu'il parait que c'était la maladie des marins. Attrapant de nouveau la bouteille il en avait bu une gorgée, une toute petite, le liquide ne lui semblant tout à coup plus aussi magique et agréable maintenant qu'il avait queuqlque chose d'autre sur lequel se concentrer. Quelqu'un d'autre.

C’était trop. Tout ce qui se passait dernièrement était de trop. Et je m’étais perdu en cours de route. Je n’avais même plus l’impression d’être moi même. Je ne me retrouvais plus dans cet homme triste et solitaire qui errait dans les couloirs du nid. Où était le vrai Lou plein de joie de vivre ? Parce que franchement, j’aimerai bien le retrouver, et rapidement. Mais ce n’était pas encore pour ce soir, pas maintenant que je venais de découvrir Andreja et sa belle bouteille. Apparemment, lui aussi aurait aimé oublier des choses. J’aurai aimé lui poser des questions, pleins de questions, même, mais j’avais comme le pressentiment que c’était quelque chose dont il ne voulait ou ne pouvait pas parler. Mais j’espérais qu’en tout cas il savait qu’il pouvait me parler s’il en avait envie. Je n’étais pas du genre à me la jouer sentimental, mais je voulais tout de même que Andreja sache que j’étais là pour lui si besoin. Je n’étais pas du genre à juger, contrairement à ce que Tilda avait l’air de penser. Et rien que de me rappeler de ça me mine le moral. Je secoue la tête, comme pour éloigné ses pensées de ma tête. Cette même terne que je tourne vers mon interlocuteur, esquissant un sourire alors qu’il dit être content pour nous deux puisque je ne l’étais pas. Je savais pourtant que je devais être reconnaissant d’être dans cette émission, que beaucoup n’avaient pas cette chance. Mais je préfère boire. Beaucoup, d’un seul coup. Je sais que ce n’est pas la solution, pourtant j’ai envie d’oublier, au moins l’espace d’une soirée. «  Oui, ça me paraît évident. » je réponds à sa question d’une honnêteté presque perturbante, tout en tournant la tête vers lui pour poser mon regard bleu sur lui. «  Ça m’aurait empêché de faire encore plus du mal aux gens. » Et par ‘gens’ j’entendais Tilda et Sacha. Mais j’étais presque certain que je n’avais pas besoin de lui expliquer, il n’était pas idiot. Et rien qu’en pensant à ça, je porte automatiquement la bouteille à mes lèvres pour boire de nouvelles gorgées. Peut-être que ça me permettrait d’oublier. Ce qui me manquait le plus ? Je réponds presque automatiquement. « Naviguer, et le plaisir de découvrir de nouveaux endroits. » Je me stoppe un instant, fronçant les sourcils face à mes propres paroles. «  Je suis horrible, hein ? Ce n’est même pas ma fille, ma famille ou mes amis qui me manquent. » Et hop, de nouvelles gorgées. Oublions ça à coup de vodka. «  Sacha à raison, je vais finir seul. » Je ricane un peu, sentant déjà l’effet de l’alcool s’emparer de mon corps. Je penche la tête en arrière, sentant la brise fraîche caresser mon visage. «  J’aurai bien aimé être un enfant perdu moi aussi. » je dis un peu inconsciemment. J’enviais Andreja. Je l’enviais d’être une personne que je n’étais pas, tout simplement. «  Et toi, alors ? » Je demande en tournant la tête vers lui, alors que je pressentais déjà la réponse parfaite. C’était sûrement sa famille qui lui manquait. Enfin, je n’émettais que des suppositions, mais cette réponse ne m’étonnerait pas. «  Tu crois qu’un jour on pourra être réparé ? » En soi, ma phrase n’avait pas vraiment de sens. Mais je me comprenais, et je n’avais même pas conscience que ça pouvait peut-être être du charabia pour Andreja. Je ne savais même pas pourquoi je l’avais inclus dedans. Peut-être qu’il n’avait pas besoin d’être réparé, lui. Peut-être qu’il n’était pas brisé comme je l’étais. Pourtant, je ne pouvais pas m’empêcher de penser le contraire.

Andreja ne cherchait pas spécialement à fuir la compagnie des autres, ce n'était pas son but premier en venant traîner près de la fontaine, mais il n'était pas forcément mécontent de pouvoir boire en paix. A la fois parce qu'il n'aurait pas à partager ou à faire la conversation, et parce que s'il avait conscience de boire trop il n'avait pas la moindre intention de remédier à la situation et donc aucune envie d'entendre la moindre réflexion à ce sujet. Avec Lou c'était un peu différent, peut-être parce qu'il lui faisait assez confiance pour savoir qu'il n'essayerait pas de se prendre pour son père, et qu'il ne se perdrait pas non plus en questions inutiles mais invasives dans le simple espoir de pouvoir se divertir quelques secondes dans les tracas d'autrui. Des tracas le marin semblait de toute façon en avoir autant que lui, ou peut-être même encore plus. Des tracas qu'il pensait n'être dus qu'à sa présence ici et au fait qu'il n'avait pas été éliminé le dimanche précédent, comme le confirmait sa réponse « Oui, ça me paraît évident. » Évident ? C'était donc à ce point un calvaire pour lui, d'être encore ici ? « Ça m’aurait empêché de faire encore plus du mal aux gens. » Évidemment. Et encore une fois le plus triste aux yeux d'Andreja était avant tout que Lou semble à ce point persuadé de ce qu'il avançait, comme s'il considérait vraiment sa personne et sa présence comme un problème en soi. « Je pense pas ils se sentir mieux si tu être parti. » Parce qu'il parlait de Tilda et Lou, là, on était bien d'accord ? Eh bien le serbe ne pensait pas se tromper en avançant que si Lou avait disparu les choses ne se seraient pas arrangées pour les deux concernés, à la place ils auraient probablement ruminé dans leur coin en se demandant s'ils reverraient Lou un jour où si il avait définitivement pris le large au sens propre comme au sens figuré. Et en parlant de large, Andreja ne pouvait pas dire qu'il était étonné d'entendre le marin lui répondre « Naviguer, et le plaisir de découvrir de nouveaux endroits. » avant qu'il ne marque une pause, ne grimace légèrement et rajoute d'un ton presque consterné « Je suis horrible, hein ? Ce n’est même pas ma fille, ma famille ou mes amis qui me manquent. Sacha à raison, je vais finir seul. » Comme quoi, Lou était peut-être arrivé les mains vides mais il avait assurément plus besoin de boire que le serbe, à cet instant. Pas qu'Andreja n'estime que l'alcool était la réponse adéquate à tous les problèmes, mais c'était la solution de facilité et il n'avait aucun scrupule à s'en tenir à cela pour l'instant. Comme (trop) souvent. « Ça dépendre de toi, ça. Mais tu mériter mieux que de finir seul. » Ayant récupéré la bouteille de Vodka il l'avait gardé un instant entre ses mains, faisant tourner le goulot entre ses doigts et quittant finalement Lou des yeux après quelques secondes à le fixer, comme pour essayer silencieusement de le persuader de ce qu'il venait de dire, même s'il était persuadé que Lou n'en croyait rien. Il avait porté à nouveau la bouteille à ses lèvres, cette gorgée-là ayant plus de mal à passer que les autres, et avait finalement soupiré d'un air triste quand Lou avait fait remarquer « J’aurai bien aimé être un enfant perdu moi aussi. » Il disait ça parce qu'il ne savait pas, parce qu'assurément il n'avait aucune idée des raisons qui avaient poussé Andreja a donné cette réponse plutôt qu'une autre pendant les castings. Il ne savait pas à quoi ressemblait la vie de Lou à l'extérieur et ce qu'il pouvait bien cacher, mais il espérait vraiment que ce qu'il cachait ne lui pesait pas autant qu'à lui. « Non, je espère pour toi tu jamais devenir un. » C'était dit d'un ton assez neutre en fin de compte, ce n'était ni une plainte ni un reproche, simplement une constatation. « Et toi, alors ? » Et lui, quoi ? Il était resté quelques instants silencieux, son esprit s'embrumant doucement à force d'alcool mettant un peu de temps à comprendre que Lou lui retournait tout simplement la question qu'il lui avait posté juste avant. Haussant les épaules il avait reposé la bouteille sur le rebord de la fontaine, entre Lou et lui « Rien qui pas déjà me manquer dehors. » C'était peut-être plus facile pour lui du coup, qu'il soit ici ou à Chicago cela ne changeait pas grand-chose pour lui, il était quand même loin de chez lui, dans un pays où la langue n'était pas la sienne. Ça ne répondait pas vraiment à la question peut-être, pas pour Lou qui ne savait pas ce qui lui manquait à l'extérieur, ais Andreja n'avait pas forcément envie de développer. « Tu crois qu’un jour on pourra être réparés ? » Réparés. Le terme avait presque fait sourire Andreja, qui s'était alors imaginé un instant Lou et lui comme deux vieux jouets cassés dont on ne saurait pas quoi faire. Deux jouets trop abimés pour qu'un peu de colle et une éponge ne suffisent à les rendre comme neufs. « Y'a des choses le temps pas réparer. » Abandonnant sa place près de la fontaine le serbe s'était remis debout, péniblement et non sans tituber un instant, et avait pris une grande inspiration tout en étirant ses bras, soupirant un instant en les laissant retomber. Baissant la tête, se mordant la lèvre inférieure, il s'était entendu rajouter « Par exemple ... si j'ai envie, je continuer de parler de mes frères comme si ils me attendre dehors. Mais ça pas empêcher qu'ils sont mort, et le temps pas réparer ça. » Il ne savait pas pourquoi il disait cela, maintenant. Peut-être parce que l'alcool lui déliait un peu la langue, peut-être parce que cela devenait pesant de dire qu'il avait trois frères et deux sœurs quand on lui posait la question, quand en réalité le seul frère restant c'était lui-même, particulièrement depuis le buzz manqué Alistair. Mais Lou voyait bien, que tout ne pouvait pas être réparé, et tant pis si il aurait préféré une réponse plus optimiste. Andreja n'était pas optimiste quand il avait bu.