La production avait pris la décision d'organiser une petite soirée imitation pour nous distraire mais surtout pour divertir le public. Tout le monde savait que les esprits étaient susceptibles de s’échauffer surtout si les imitations se révèlent être des caricatures mesquines. Ce qui allait sûrement arriver en connaissant le goût prononcés pour les problèmes de certains de mes camarades. On nous avait tous attribué un candidat à imiter en début de soirée. J'avais ma petite idée pour pousser le réalisme au plus près sans toutefois éveiller les soupçons trop vite. Le mot d'ordre était la subtilité. Il allait falloir la jouer fine, montrer sans trop révéler mais surtout jauger la concurrence et deviner qui se cache derrière ces grossières imitations. J'enfile une tenue parfaite pour l'occasion sans pour autant tomber dans le ridicule. Pourtant lorsque j'arrive, je dois bien avouer qu'un certain candidat n'a pas eu peur du ridicule. Avec sa silhouette d'homme et sa tenue féminine, Sacha est bien le plus courageux d'entre nous. Je me rapproche du petit attroupement formé par les autres candidats. Soudain ma veste semble être de trop, non pas qu'il fasse une chaleur à crever mais nous étions là pour imiter un de nos camarades pas pour parler pluie et beau temps. « Vous trouvez pas qu'il fait chaud ici ? ». Je demande l'air de rien tout en retirant doucement ma veste pour leur dévoiler le haut que j'avais choisi pour interpréter la candidat qu'on m'avait assigné. « On est décidément beaucoup mieux comme ça ». Je soupire soulagée, j'avais fait dans le subtil pour emmener les autres candidats sur plusieurs pistes.  Je ne pouvais pas me présenter dans la tenue qu'affectionnait plus particulièrement certains des  mes camarades mais le haut transparent constituait déjà un gros effort, moi qui détestait que les regards soient rivés sur moi.          

Je pensais vraiment qu’il fallait se déguiser moi pour imiter. C’est pas cool de m’avoir rien dit. J’ai l’air fin avec ma perruque et mes fringues de fille. Evidemment, ça permet aux autres de se moquer et je récolte des remarques. Par exemple, Ghika qui m’autorise à lui emprunter une de ses jupes pour le prochain prime. Je le fusille du regard avant de me dire que la personne que je suis censé imiter ne ferait pas ça. « Quelle merveilleuse idée, merci ! » Je lui adresse un super sourire Colgate pas naturel tout en remettant ma perruque en place. Pas facile de porter des faux cheveux. Déjà que j’ai dû mal avec les vrais ! Bref, la rousse de l’émission au prénom de piaf vient me voir et me demande si ça va. Disons que ça pourrait aller mieux si j’avais pas ce foutu accoutrement. « Oui, merci et toi ? T’as de jolis cheveux ! » Je laisse glisser mes doigts dans sa crinière de feu avec un autre sourire qui ne me ressemble pas. « Les filles entre elles, ça dit ce genre de choses, non ? » Je suis sûr que j’aurai pu être une nana dans une autre vie. Ou pas. Bref, quelqu’un d’autre rejoins notre groupe. Tilda. Elle non plus n’est pas déguisée. C’est nul. Elle me demande si je m’éclatais à enfiler les robes de ma mère quand j’étais gosse. Je lui adresse un regard qui en dit long. « Quand j’étais petitE. » Je la reprend, bien sûr, sans pour autant répondre à sa question qui n’en est pas vraiment une. C’est de la moquerie encore une fois. Et tiens, comme si ça suffisait pas, y’a Lou qui se ramène pas déguisé et en faisant une piètre imitation de ma personne. Enfin je crois. J’en suis pas certain non plus. Trop c’est trop. Je tire le bras de Tilda pour l’amener vers lui et une fois que je me trouve devant le candidat je l’enlace en laissant la demoiselle de côté. « Mon Louuuuuuu. » Puis je pousse doucement l’italienne de là en lui lançant un faux regard noir. « Pousses-toi de là gros pif, c’est MON Lou. » Et là j’embrasse à pleine bouche le candidat devant tout le monde. Comment ça la personne que j’imite ferait pas ça ? Je suis sûr qu’elle en crève d’envie.

Ah, une nouvelle soirée, de quoi me changer les idées, c'était parfait ! Bon, comme à mon habitude, j'étais cependant en retard et on ne pouvait pas dire que j'arrangeais les choses vu que j'avais mis un certain temps à me mettre dans la peau du personnage que l'on m'avait ce soir demandé d'incarner. C'est que c'était compliqué tout de même, car je n'étais au naturel pas aussi extraverti. Mais j'allais tout de même tenter de faire un effort oui, il le fallait bien de toute façon, et puis au moins ça me ferait penser à autre chose que les nominations. J'entrais donc dans la salle, et remarquais que certains s'étaient déguisés. Moi, j'étais habillé comme d'habitude, avec mon tee shirt "les fruits, c'est la vie" et un short bleu marine. Mais bon ça n'était pas l'apparence qui comptait, et puis je ne voulais pas rendre la tâche trop facile en mettant un perruque ou quoi, ça aurait été moins drôle. Il fallait que je tente de trouver un sujet de conversation, et heureusement pour moi, Lou passait justement dans le coin, clamant qu'il cherchait l'amour. « Ah, justement ! Tu sais que ça n'est pas en le criant haut et fort que tu vas le trouver ? Enfin, je veux dire, il pourrait probablement tomber du ciel, oui, mais ça serait quand même un drôle de hasard. A vrai dire, y'a encore plus de chance d'être frappé par un éclair, tu vois ? Enfin, de toute façon, t'es mignon, alors je suppose que tu vas rapidement trouver quelqu'un pour combler ton malheur. » et justement, en parlant de quelqu'un, voilà que Sacha se jetait littéralement dans ses bras et... l'embrassait à pleine bouche ? Ok. « Bon eh bien je vais aller voir par là bas, hm ? Je ne sais pas vous mais j'ai super soif quoi. Je boirais bien du coca. Ou non, du champagne ! Oh oui, du champagne. » je sautillais donc jusqu'au buffet en faisant attention de ne rien renverser, ce qui n'était de toute évidence pas le cas de Gaëtane qui venait de littéralement lâcher un verre par terre. Oh zut ? « C'est bête oui, je suis d'accord, entièrement d'accord même ! Tu ne t'es pas coupée j'espère ? Non parce que sinon, on peut toujours aller chercher la trousse de premier secours à l'étage. Je crois qu'elle est dans le second tiroir de la salle de bain... ou peut-être le troisième ? Tu t'en souviens toi ? Tu buvais quoi sinon ? J'espère que ça n'était pas du champagne. Oh et tu savais que briser du verre ça pouvait porter malheur ? J'ai entendu quelque chose du genre. Ou c'est peut-être les miroirs ? Mais bon, verre ou miroir, c'est un peu la même chose, non ? » je tentais tout de même de reprendre mon souffle, complètement en transe.

Ghika doit bien l'avouer, il a du mal à rentrer dans la peau de son personnage, pas qu'il n'ait aucune idée de la façon dont la personne se comporterait dans une telle situation, mais il tient à remplir toutes les conditions posées au préalable par les animateurs. La discrétion en faisant partie il doit rester subtil, mais pas trop sinon ce n'est pas jouer le jeu. Il laisse tomber pour l'instant et il observe la foule de caractères interchangés se former. Alors que Gaëtane s'est proposée de lui servir un verre, il lui répond « Un truc avec une ombrelle, un cocktail, pas trop fort. » mais elle ne l'entend pas et quelques instants plus tard elle lâche un verre, oui oui elle lâche un verre, elle ne le fait pas tomber, elle le lâche. Et Adnan, qui n'est pas connu pour tenir sa langue mais qui a en général un débit tout à fait normal, s'emporte dans un monologue que Ghika trouve à la fois rafraîchissant et complètement perturbant. Ce n'est pas lui qu'il imite, c'est sûr. Ou alors il fait vraiment un très mauvais job. C'est au moment où il va pour répondre à Tilda qu'il remarque que la moitié du verre qui a explosé aux pieds de Gaëtane a échoué sur ses pieds. « Tu sais qu'on ne noie plus les roux de nos jours hein ? Non parce que le test de l'eau bénie ça marche qu'avec de l'eau, pas avec du jus de fruit. » rigole-t-il en s'adressant à la rousse, qui ramasse déjà le verre. Reportant son attention vers Tilda, qui a été légèrement bousculée par le départ de Sacha pour embrasser Lou qui voulait de l'amour. « Je comprends pas cet engouement pour Lou, moi je préférerais embrasser Andreja. » Qu'il déclare, entrant péniblement dans le rôle qu'on lui a assigné.

Ce n'était pas que l'idée d'une soirée à faire autre chose que se tourner les pouces en cherchant une occupation ne le motivait pas, mais la fatigue qu'il accumulait depuis quelques jours n'aidait pas Andreja à se concentrer sur quoi que ce soit, y compris se creuser la tête pour imiter quelqu'un. Pour être parfaitement honnête cela le mettait même un peu mal à l'aise, il avait peur que l'imitation ne tourne à la caricature et que certains finissent par se vexer ... Bon, lui s'en foutait un peu ceci dit, il s'attendait déjà à entendre une candidate parler comme un gosse de cinq ans en faisant encore plus de fautes que lui avant de ricaner parce que ahah, trop marrant. Ça l'agaçait un peu parfois, on ne va pas se mentir, parce qu'il avait malgré tout lui l'impression de faire des efforts, mais soit il ne pouvait pas non plus nier que c'était ce qui se retenait le plus facilement à son sujet, son phrasé hésitant et bourré de fautes. Il n'avait pas fait preuve de fantaisie ou d'effort vestimentaire avant de se rendre dans le salon, persuadé qu'imiter quelqu'un ne voulait pas forcément dire lui emprunter ses fringues ... On leur avait demandé de rester subtil, non ? Arrivé dans le salon il avait balayé la pièce du regard, un fin sourire sur le visage, et pris la direction du buffet à pas de loup, piochant un verre de jus de fruit parmi tous ceux qui lui faisaient face, soupirant légèrement en voyant celui que Gaëtane venait de fracasser aux pieds de Ghika. Rapidement ses yeux s'étaient posés sur Alistair, en grande conversation avec Aaron ... Enfin, conversation, cela semblait être un bien grand mot pour parler d'Alistair, mais allez savoir peut-être que le fait de se mettre dans la peau de quelqu'un d'autre allait lui délier un peu la langue. Ayant en tout cas une idée il avait avalé son verre d'eau seule traite avant de s'aventurer derrière Alistair sans se faire remarquer, déposant finalement ses mains sur ses yeux « Qui c'est ? » Certes, l'accent à couper au couteau ne laissait pas franchement de doute, mais c'était plutôt pour le principe, et d'ailleurs presque sitôt après il avait posé les yeux sur Aaron et lui avait fait remarquer d'un ton faussement concerné « Si tu chercher Lou, il êt- ... hm, il est là. » et joignant le geste à la parole il avait pointé un index dans la direction de Lou, attardant quelques instants son regard sur lui et le détaillant, avant de reporter son regard sur Alistair et Aaron. Il n'essayait pas de se débarrasser de ce dernier, d'ailleurs ... Il essayait simplement de se mettre dans la peau de son personnage.

De son coin de la pièce, il décortique, il décrypte, il observe. Ce n’est pas un comportement dont il a l’habitude en temps normal, puisqu’il prend généralement soin à ne jamais soutenir les regards des autres bien longtemps, mais son rôle l’oblige à agir de la sorte. À analyser tout ce qui se passe sous ses yeux, à chercher des réponses au moindre geste et à la moindre parole. Du moins, c’est ainsi qu’il voit la personne qu’il doit imiter, peut-être qu’il a tout faux, peut-être pas. Il ne ressent pas le besoin de se faufiler en direction d’un groupe, son rôle ne lui oblige pas à parler et il s’en satisfait sans peine. Mais sa tranquillité et sa séance d’observation, surtout, est bien vite interrompue par la présence d’un candidat sur lequel il dépose ses prunelles. Il l’analyse, lui aussi. Certes, ça ne lui sert pas à grand-chose parce qu’il ne connait rien d’Aaron et qu’il ne va sûrement pas deviner ce qui peut sortir de l’ordinaire chez le candidat. « Bonsoir. »  Il souffle d’une voix plus claire que la normale, essayant d’être fidèle à son personnage sans pour autant entrer dans un jeu qui le dépasse. Il devrait essayer un sourire pour la touche finale, mais c’est bien trop demandé, il ne se prend pas au jeu à ce point. « Tu n’as pas l’impression d’être au cirque ? »  Il esquive sa question volontairement. Il pense, sûrement à tort, que la personne qu’il doit imiter ferait cela. Parce qu’elle préfère poser les questions que d’y répondre, un peu comme lui. Et puis, elle ne doit pas apprécier beaucoup plus que lui cette activité, la question lui semble donc justifiée dans le contexte actuel. Il reporte ensuite son attention sur la pièce qui s’est quelque peu remplie. Il analyse à nouveau, commence à reconnaître certaines imitations, certaines arracheraient probablement un sourire à la personne qu’il doit imiter. Mais sa vision est ensuite troublée par des mains qui viennent se déposer sur ses yeux. Ce n’est pas le fait d’avoir sa vision soudainement obstruée qui le dérange, c’est le fait d’avoir été pris par surprise d’autant plus qu’il n’a jamais caché que les contacts physiques avec autrui n’était pas vraiment sa tasse de thé. Alors là, en le surprenant qui plus est, Andreja – puisqu’il a reconnu sa voix – s’expose à de gros risques. « Pas Andreja, bien évidemment. » Techniquement, c’est lui, mais sans être lui, puisque lui aussi joue un rôle. Par la suite, il ôte calmement les mains d’Andreja de devant ses yeux, alors qu’en temps normal il se serait plutôt permis de les enlever sans se soucier de lui faire mal ou non, mais la personne qu’il imite ne réagirait certainement pas de cette façon. Faut croire qu’il est capable de pousser l’interprétation jusqu’à moduler légèrement son caractère. « Tu t’es grillé tout seul, là. »  Il rétorque ensuite d’une voix monocorde à Andreja. Dommage pour lui, mais c’est trop évident à deviner, à condition d’être un minimum attentif aux ragots qui traînent.

« Oui, merci et toi ? T’as de jolis cheveux ! ». Elle se passe la main dans les cheveux, un perplexe. « Oh euh, merci. Je sais pas si les filles se disent ça, il faut demander.. ». Parce que non, Pia ne joue pas le rôle d'une donzelle ce soir, ce qui aurait quand même été beaucoup plus facile pour elle il faut se l'avouer. Elle reste con un instant alors qu'il court embrasser Lou à pleine bouche. « Je vais venir voir ailleurs, hein. ». Tiens, justement, son attention est attirée par un éclat de verre qui semble provenir de Gaëtane. Elle s'approche de la jolie rousse avec un sourire sincère. « Attends, je t'aide. ». Elle se penche pour ramasser les débris, parce qu'en tant que Pia c'est ce qu'elle aurait fait et parce qu'elle est sûre que son rôle aurait pu le faire aussi.