Il fallait bien le dire, il s'agissait là d'un après midi tout à fait banal au sein du nid. Je ne savais pas bien ce que je comptais y trouver, ni même quoi faire, mais j'étais certain qu'à force de tourner en rond je finirais bien par trouver une activité quelconque pour m'occuper un tant soi peu. Vous pouvez le dire, c'était assez pathétique, avoir tout le temps du monde et ne rien trouver de mieux à faire qu'aller de droite à gauche, et de gauche à droite. Il y avait des moments comme ça, où je ne faisais que m'égarer un peu plus. Alors, plus pour tenter de calmer mon énervement passager qu'autre chose, j'avais fini par abandonner tout ce que je faisais, c'est à dire absolument rien, pour quitter le nid et me rendre dehors. Oui, un bon bol d'air frais ne pourrait assurément que me faire du bien. Je ne savais d'ailleurs pas vraiment si on pouvait dire que j'étais quelqu'un d'extérieur ou d'intérieur. On pouvait dire d'un chat qu'il était comme tel ou autre, mais d'un humain, je n'étais pas certain que c'était vraiment définissable. J'aimais bien mes petits moments seuls dans ma chambre, armé de mon ordinateur, et en même temps, faire du sport en extérieur était également une de mes activités d'extérieur. Pouvait-on alors dire que j'étais un homme tout terrain, et ce sans ajouter la moindre connotation douteuse ? Probablement. Enfin je l'espérais. C'était sur ces profondes pensées que je méditais tout en marchant un peu dans le vide, là où mes pieds souhaitaient me mener. D'ailleurs, ça devait très certainement se voir que j'avais la tête dans les étoiles puisque mon regard devait être particulièrement vide sur le moment. Heureusement pour moi, une voix m'avait rapidement ramené à la réalité alors que je passais non loin du labyrinthe, remarquant qu'il s'agissait donc de Mallaury. Est ce que quelqu'un en était déjà ressorti ? Oh oui. « J'en suis la preuve vivante ! » lui répondis-je avec enthousiasme comme s'il s'agissait d'un exploit. Et ça l'était, oui, quelque part, surtout lorsque l'on avait pris connaissance de mon sens de l'orientation. Mallaury avait cependant l'air plutôt sceptique quant au fait de pouvoir retrouver son chemin dans celui ci, et me demandait ainsi conseil. « C'est une lourde tâche que tu me demandes d'assumer là... T'imagines si jamais tu ne reviens pas ? On va croire que je t'ai volontairement fait disparaitre... Et puis au contraire, si je te dis de ne pas y aller, et qu'il y a en réalité un trésor au fin fond de celui ci, on dira que je t'ai empêché et dissuadé de le trouver. » oui, c'était plutôt compliqué là, tout de suite, je ne savais pas franchement quelle solution était la meilleure. « Non et puis, j'aimerais quand même que tu ressortes de là, ça serait nul que tu meurs de cette façon... » super rassurant en plus de ça, le garçon ? Notez tout de même toute la compassion qu'il y avait dans cette phrase. Vraiment, si on faisait abstraction de son sens, c'en était presque mignon, non ? « T'es si nul que ça pour te repérer ? Tu peux peut-être faire comme le petit poucet, avec des cailloux... ou des miettes de pain... Non, pas des miettes, il s'est fait avoir comme ça le pauvre. » il allait falloir trouver mieux que ça.

Je m'étais perdu dans ce labyrinthe lors de la toute première semaine, à croire qu'à peine les pieds mis dans le nid, j'avais eu une soudaine envie de ne plus jamais le revoir. Parce que c'était bien ce qui avait failli arriver si je n'avais pas rencontré Noah et Eryk ce jour là. Bon, ce dernier avait fait mine de connaitre le chemin de la sortie, chose qui n'était absolument pas le cas, mais nous avions avec un peu de sens fini par réellement le trouver. Bon, ça n'était pas sans quelques longues minutes à errer entre les couloirs de celui ci. Je me demandais même si les murs n'avaient pas bougé, pour nous induire en erreur. Non, mon sens de l'orientation était probablement juste un peu trop bancal pour que je puisse réussir à me repérer comme il le fallait. Toujours est-il que oui, j'étais bien la preuve vivante que l'on pouvait ressortir indemne d'une telle expérience, bien que tout à fait traumatisante sur le moment. Bon, d'accord, j'exagère peut-être un tout petit peu, mais alors rien qu'un peu, hm. Mallaury a en tout cas l'air d'être aussi dégourdi que moi, du moins c'est ce que je comprends lorsqu'il me dit que ça n'était pas parce que moi j'en étais sorti que lui en était également capable. « Crois moi, je me perds déjà dans les rayons du supermarché à côté de chez moi, alors imagine un peu dans un labyrinthe de cette taille. » bon, là encore, j'exagérais un petit peu, mais il était assez ridicule de constater que la réalité n'était au final pas si éloignée que ça de la fiction, hm. Et puis voilà qu'il se met à dire que sa vie est pathétique, tandis que mes sourcils se froncent un court instant, le mettant en garde. « Ne dis plus ce genre de choses, d'accord ? » Moi j'étais certain que même si sa vie n'avait pas de sens à ses yeux, elle en avait pour son entourage. J'aurais été personnellement bien triste de ne pas avoir connu Mallaury. Enfin non, je n'aurais pas pu vu que je n'en aurais pas eu conscience, mais disons que ça aurait été une sacrée perte. Enfin, il était inutile de lui dire, je supposais, vu qu'il ne me croirait probablement pas. « J'ai l'air si stupide que ça ? » lui demandais-je alors, armé d'un sourcil interrogateur. Non parce qu'il faudrait l'être, de stupide, pour oublier Mallaury. Moi je n'oubliais jamais les personnes que je rencontrais, et ce bien que j'avais une mémoire pour les prénoms assez catastrophique. Finalement, je lui déballais ma théorie du petit poucet, mais lui préférait me sortir une autre solution, celle de l'accompagner. Un long frisson avait parcouru mon échine. « M-Mais... Tu ne devrais pas me faire confiance là dessus, vraiment. » Parce que je ne connaissais vraiment pas le chemin. « Enfin... Il faudra que tu sois super convaincant, si tu veux me voir mettre un pied dans cet enfer. » finis-je par lui dire en croisant mes bras contre ma poitrine. « Allez, j'attends les offres ou les arguments. » tenté qu'il en avait. Non parce qu'il n'y avait presque rien de pire à mes yeux, alors il fallait me vendre un peu mieux que ça son idée.