+ alistair

Je n’ai plus le goût de grand chose en ce moment. Je ne vais même plus faire du sport, pour dire. Il manquerait plus que je prenne 10 kilos, ma vie serait définitivement parfaite, hm. Non, je préfère resté assis dans les escaliers, le regard dans le vide. Peu de gens passent par là, et c’est l’avantage. Les gens deviennent de plus en plus fainéant à notre époque, ils préfèrent l’ascenseur. Alors au moins je suis plus ou moins tranquille, ici. Mais apparemment je ne suis pas le seul à avoir découvert cette planque, puisque Alistair apparaît alors que ça doit faire une bonne heure que je suis caché ici. Ou peut-être qu’il voulait juste se servir des escaliers, je ne sais pas trop. De toute manière, ce n’était pas comme s’il allait répondre à mes questions, vu qu’il ne m’appréciait clairement pas. Et je n’ai même pas l’envie ni le courage de l’embêter aujourd’hui. Ça fera au moins un heureux. Je le regarde alors sans rien dire, le silence en disant long sur mon état d’âme. « J’espère que tu savoures ta liberté. » Et par liberté, je parlais du fait qu’il n’avait pas à me supporter lui dire des imbécilités et faire exprès de le mettre sur les nerfs.  

Même si ça le dérange de moins en moins de prendre l’ascenseur, ce n’est pas pour autant qu’il délaisse les escaliers. Car oui, malgré tout, l’ascenseur ne cesse jamais de faire des caprices. La dernière fois qu’il l’a pris, en début de semaine, il n’est pas resté coincé dedans, mais celui-ci a tout de même décidé de ne pas fonctionner et de ne pas l’amener jusqu’au rez-de-chaussée. Alors aujourd’hui, Alistair ne prend pas de risque, il veut bien supporter les caprices de l’ascenseur de temps à autre, mais pas deux fois dans la même semaine. Sauf qu’à peine a-t-il pris la direction des escaliers qu’il regrette déjà son choix, puisqu’il repère instantanément la silhouette de Lou assise sur l’une des marches. Et c’est un motif suffisant pour qu’Alistair ait une soudaine envie de faire demi-tour. Pourtant, il ne le fait pas. Non, parce que le regard de Lou n’est pas comme d’habitude, mais surtout, parce que cela fait déjà quelques secondes qu’ils se retrouvent tous les deux et le marin n’a pas encore émis le moindre commentaire. Et Alistair comprend mieux pourquoi quand il ouvre la bouche et qu’il lui demande s’il savoure sa liberté. Oh, Amen, Lou s’est transformé en dépressif presque muet, il n’en demandait pas tant. « Tu n’imagines pas à quel point. » Il rétorque, avec un léger rictus satisfait. Oh bon sang, ça fait du bien, il pourrait rester en sa compagnie des heures juste pour apprécier le silence que Lou impose, il ne pensait pas que cela était possible. « Si j’étais un emmerdeur, je serais tenté de faire un commentaire dans le but de t’enfoncer un peu plus. » Il continue, s’appuyant finalement sur l’un des murs non loin de Lou en croisant les bras, avec un léger air moqueur sur le visage. Ça ne lui déplait pas, que les rôles soient inversés. « Vu qu’en plus, ce ne sont pas les sujets qui manquent. » Lou le fait devenir bavard, il l’a déjà remarqué quand celui-ci lui tapait sur le système, mais il ne pensait pas qu’il le serait si le marin venait enfin à se taire. Et ce moment est arrivé. Il est vrai que ce ne sont pas les sujets qui manquent. Par quoi commencer ? Le fait que sa partenaire se soit offerte du bon temps avec Percy ? Le fait que Sacha ne sait pas trop ce qu’il veut et flirte avec d’autres que lui ? Ou bien, est-ce toujours et encore Aaron qui ne lui a pas donné sa fessée quotidienne ? « Ou alors, je pourrais me conduire en mec civilisé et passer mon chemin. » C’est une solution, aussi, puisqu’Alistair a toujours voulu prouver qu’il avait un peu plus de maturité que Lou et ne rentrerait pas dans son jeu, même s’il l’a fait la semaine précédente. « Mais tu vois Lou, je suis en pleine hésitation, je ne sais pas si tu mérites mon indulgence. » Il termine, les bras toujours croisés et son air moqueur ayant fait place à celui sadique, qu’il affichait quand Adnan a croisé sa route pour la première fois. Il est plus mature pour tomber dans ce jeu, il s’était dit, mais le fait est qu’il n’a aucune envie de faire preuve d’indulgence avec Lou, dans l’immédiat et qu’il prendrait sûrement plaisir à l’enfoncer. Reste à savoir s’il va écouter son instinct ou sa raison.

Je suis un peu une larve, ces derniers jours. Ouais, une larve, c’est définitivement le bon mot. Je ne fais rien, je ne dis rien, j’erre dans le nid comme une âme en peine. Tout simplement parce que je le suis, une âme en peine. Et alors que je cherchais un peu de tranquillité en m’isolant dans les escaliers, j’aperçois Alistair. Je n’ai même pas le coeur à l’embêter, c’est pour dire à quel point je me sentais mal. Je savais que je n’éprouverais aucun plaisir à le mettre en rogne, pas maintenant. J’avais beaucoup trop de choses en tête de toute manière pour m’occuper de lui. Et apparemment, le fait que je sois devenu muet le rend beaucoup plus bavard. C’est assez paradoxal, et ça m’aurait franchement amusé de le voir parler autant si ce n’était pas dans de telles circonstances. Je le regarde alors qu’il parle. Je n’arrive même pas à imaginer le nombre de fessées qu’il pourrait avoir pour avoir prononcé autant de mot. Non, il ne vaut mieux pas imaginer. Et alors qu’il finit son petit speech, je me contente de hausser mes épaules musclées, montrant ma lassitude. Ça n’avait franchement aucune importance à mes yeux en cet instant. «  Fais-toi plaisir. » je lui dis en soupirant, sans bouger d’un poil. Qu’il dise ce qu’il rêvait de me dire pour m’enfoncer encore plus, comme il le disait si bien. Je n’étais pas sûr que ça change quoi que ce soit de toute manière, ses mots ne m’atteindraient pas comme mes mots l’atteignaient lui. Tout simplement parce que j’avais appris à passer outre ce genre de choses. Et puis, autant dire que le fait que je n’avais pas la tête à ça y était pour beaucoup.

Il se montre particulièrement bavard en rencontrant Lou dans ces escaliers, chose qui ne serait sûrement pas arrivée une ou deux semaines auparavant et surtout, si Lou avait été dans sa forme habituelle. Car cela se voit comme le nez au milieu de la figure que ce dernier n’est pas de bonne humeur. Et quand il parle de liberté à Alistair, ce dernier ne se gêne pas pour lui dire qu’en effet, il savoure celle-ci. Il ne se gêne pas non plus pour avouer à Lou qu’il pourrait en profiter pour faire des commentaires tous plus agaçants les uns que les autres, ou, au contraire, être civilisé et passé son chemin. Et comme il le fait comprendre à son camarade, la décision lui appartient aussi, tout dépend de s’il souhaite tout de même émettre un de ces commentaires agaçants dont il en a le secret ou se taire et attendre sagement qu’Alistair daigne effectivement passer son chemin. Il peut se faire plaisir, parait-il. Ce n’est pas l’envie qui manque, à vrai dire. Oh, s’il écoutait son instinct, il ne se gênerait pas, évoquant toutes les choses susceptibles d’occuper l’esprit du marin cette semaine. Pour ça, Akela – bien qu’il énerve parfois Alistair – est plutôt utile, il doit bien l’admettre. Pour quelqu’un comme lui qui ne s’intéresse pas à ce qu’il se passe autour de lui et aux bruits de couloir, Akela est là pour remettre les pendules à l’heure. Si son instinct lui dicte de se montrer aussi lourd et saoulant que Lou a pu l’être avec lui, sa raison essaie de le freiner. Parce qu’il sait qu’il est doué pour faire mal aux autres, Alistair, mais il n’a pas forcément envie d’en donner la preuve. Surtout pas quand la moindre de ses paroles et enregistrée et que Peter peut potentiellement assister à la scène, nul doute qu’il sera très déçu de le voir réagir de la sorte, après tout le travail qu’ils sont parvenus à faire tous les deux. « C’est le rapprochement de Tilda et Percy ? » Il finit par demander, bien qu’il connaisse la réponse. Disons que c’est un juste milieu entre sa raison et son instinct. Il module sa voix, moins agressive qu’auparavant, tout en citant explicitement les prénoms des deux concernés. Ou comment lui faire comprendre que bien qu’il soit en mesure de l’emmerder sur ce sujet, il peut se montrer un peu plus raisonnable et être une oreille attentive l’espace de quelques minutes, avant que son agacement pour Lou finisse par reprendre le dessus.

Dans d’autres circonstances, voir Alistair parler autant m’aurait sûrement fait rire ou sourire. J’aurai même probablement fait une remarque sur le nombre de fessées qu’il aurait dû avoir, ou je lui aurai dit une imbécilité dans le genre qu’il se sentait particulièrement à l’aise avec moi pour parler autant. Mais je n’en fais rien. Tout simplement parce que je n’ai pas la tête à ça. Si à la base c’était un de mes petits plaisir d’embêter le candidat - tout simplement parce que c’était super simple de le mettre en rogne - cette semaine, m’amuser n’était pas mon principal but. Pas que je ne voulais pas rire, tout simplement que je savais que je n’y arriverai pas. J’avais d’autres soucis. Je donne même l’autorisation au croque-mort de se défouler sur moi, sachant qu’il ne pourrait pas réellement m’atteindre comme il espérait le faire. Parce que tout ce que je ressentais au fond de moi était beaucoup plus compliqué qu’une simple dispute, c’était beaucoup plus que ça, et même Tilda ne pouvait pas réellement le comprendre. Alors autant dire que ce n’était pas Alistair qui pourrait mettre la main sur la réelle raison de mon mal être. Du coup, autant qu’il s’amuse, j’étais certain qu’il y avait pleins de choses qu’il voulait me cracher à la figure depuis le temps. Mais à la place, il me pose une question sur la raison de ma mauvaise humeur. Le rapprochement de Tilda et de Percy. En soi, maintenant c’est plus ce que ce rapprochement avait engendré plutôt que le rapprochement en lui-même qui me mettait dans cet état. Tilda pouvait bien se rapprocher de qui elle voulait désormais, même du diable en personne - en admettant qu’il existe - je n’en avais plus rien à faire. «  Entre autre. » je dis alors qu’en réalité c’est beaucoup plus compliqué que ça. Trop compliqué pour que moi-même j’y vois clair, pour dire. Je soupire un peu sans rien rajouter en pensant à tout ça.

Clairement, il ne pensait pas se montrer un jour aussi bavard en compagnie de Lou. Mais il ne faut jamais dire jamais il faut croire, puisque le voilà qui n’a jamais autant parlé, même en la présence d’autres candidats. C’est un jour à marquer d’une pierre blanche. D’ailleurs, si Lou avait continué à agir de la façon dont il a l’habitude, Alistair ne se serait pas arrêté. Mais puisque le marin se fait muet et qu’il semble clairement en état de faiblesse, Alistair ne sait pas comment réagir. L’enfoncer un peu plus ou se montrer effectivement plus mature que lui en effaçant ce qui a pu se passer entre eux pour lui apporter un maigre soutien ? Partagé, il décide finalement de trouver un compromis en ne se montrant pas trop provocateur mais tout en évoquant les prénoms de Tilda et Percy. Le marin se contente de répondre que c’est entre autre, un problème. Il a bien vu lors du prime que Lou n’avait pas forcément bien réagi à la suite de de la rubrique d'Akela, mais il ne s’est pas préoccupé plus que ça du candidat et malgré tout, il ne compte pas commencer aujourd’hui. Après tout, Lou ne s’est jamais préoccupé de lui quand il le provoquait, il n’y a pas de raison pour que lui agisse de la sorte. Alors bien que silencieux l’espace d’un instant, hésitant à nouveau à poursuivre sa route ou non et surtout hésitant quant au fait d’enfoncer le clou alors qu’il serait plus raisonnable de laisser Lou seul, Alistair se décide finalement à imposer sa présence. « Pour chaque mot que tu ne prononces pas, Aaron donne une fessée à quelqu’un d’autre, c’est ce que tu veux ? » Il aurait bien pu opter pour la variante, Aaron chope une MST, référence aux propos d’Akela lors du dernier prime, quand celui-ci avait résumé la chaude semaine de certains candidats, mais il n’est pas sûr que ce soit vu d’un très bon œil. Déjà par Lou, et par Aaron si cela se sait, et malgré l’impression qu’Alistair a sur ce dernier, rien ne l’empêche d’être agréablement surpris par la suite, ce qui l’espère d’ailleurs, afin de ne pas rester sur sa première impression. Si au départ Alistair ne comptait pas forcément profiter du fait que les rôles soient inversés, il doit reconnaître que ça ne lui déplait pas vraiment et que puisqu’il a l’occasion d’offrir un aperçu de ce que Lou a pu lui faire, il ne va pas se gêner. Et cette histoire de fessées étant désormais récurrente entre eux, Alistair décide de l’utiliser à son avantage, pour une fois.