+ andreja

L’heure du déjeuner, une des heures les plus importantes de la journée… Ou pas, en fait. Cela dépendait de mon humeur, et des circonstances. Mais aujourd’hui, j’avais faim. Très faim. Alors oui, en ce jour, l’heure du déjeuner était une des heures les plus importantes de ma journée, puisqu’elle me permettrait de ne pas mourir de faim. Une fois dans la cuisine, je m’étais préparé un sandwich. Pas un sandwich de tapette, non non. Un bon gros sandwich qui donnait l’eau à la bouche. Enfin en tout cas, j’avais tellement faim que moi, il me donnait l’eau à la bouche. Une fois mon déjeuner préparé, je me mets à table, tout seul, sans forcément chercher de la compagnie. J’étais beaucoup trop affamé pour pouvoir parler en même temps, à vrai dire. C’était pour ça. Cependant, Andreja fait son apparition dans la cuisine. Alors je me force à avaler le morceau que j’avais croqué et d’attendre pour déguster la suite. «  Chalut ! » je dis, alors que je mâche encore mon sandwich avant de l’avaler. Je souris alors à Andreja. «  Tu en veux ? » Je lui propose alors en montrant mon sandwich. Au fond, j’espère qu’il dira non. Mais s’il dit oui, je ne serais pas en mesure de lui refuser, bien évidemment. Je ne suis pas égoïste à ce point. Et puis, je pourrais m’en refaire un autre, dans le pire des cas. Et alors que j’observe un court instant le serbe, une question me vient en tête, comme ça, sans prévenir. «  Dis, tu l’aimes vraiment bien Tilda, hm ? » je demande, le regard pleins de sous-entendus, histoire d’en savoir un peu plus. Comme d’habitude, j’étais beaucoup trop curieux. Et puis, nous étions amis, n’est-ce pas ? Du moins, Andreja était l’un des candidats dont j’étais le plus proche dans l’aventure. Et puis, je voulais savoir, après tout… Peut-être qu’il l’aimait bien genre, vraiment, vraiment bien. Genre échange de salive, vous voyez le truc ?

Il n'était absolument pas inhabituel pour Andreja de se passer de repas de midi, à vrai dire c'était même plutôt le contraire qui était inhabituel ; Ses repas à lui se résumaient à un bon petit déjeuner et au repas du soir, avec éventuellement au milieu quelque chose à grignoter quand il n'était pas entièrement occupé par son boulot. Et bien que dans le nid il déroge un peu plus souvent à cette règle  il lui arrivait encore de fonctionner ainsi plus que de temps à autres, et c'était justement le cas aujourd'hui. L'espèce de virus qui l'avait feinté d'un seul coup pendant le prime et qui l'avait laissé patraque deux ou trois jours s'était enfin fait la malle, et pour compenser ces jours à être au ralenti il s'était octroyé double ration de footing ce matin, puis double ration de musculation ... ce qui en soi ne pourrait pas lui faire de mal, tant ils avaient tous tendance ici à bouffer bien plus qu'ils ne le faisaient à l'extérieur. Heureusement pour lui qu'Andreja avait arrêté la compétition, sans quoi il serait en mode monomaniaque à surveiller son alimentation pour ne pas changer de poids et donc potentiellement de catégorie de combat. Là il était plus tranquille, et parce que sans avoir Faim avec un grand F il avait tout de même un petit creux, il à avait pris la direction de la cuisine après son retour du gymnase et une douche plus que nécessaire. Cuisine où il avait retrouvé Lou en charmante compagnie, celle d'un sandwich tellement gros que c'était à se demander s'il comptait vraiment le manger dans son intégralité. « Chalut ! Tu en veux ? » Fallait vraiment que Lourd soit d'humeur partageuse, pour proposer un truc qu'il avait du préparer pour soi-même avec amour, tout ça. Mais non clairement, quand Andreja parlait de petit creux il était très loin de cela, et secouant la tête il avait répondu « Salut, et merci mais non merci. Je te le lais- ... se. » Marquant un temps d'arrêt, pensif, il avait finalement repris le fil de ses pensées et fait ce pourquoi il était venu ici, à savoir attraper une pomme dans la corbeille à fruits et attraper une canette d'Ice Tea dans le frigo. Et puisque Lou était là et qu'il y avait fort peu de chances qu'il parvienne à engager une conversation à double-sens avec son sandwich, Andreja avait décidé de son propre chef de lui tenir compagnie. « Dis, tu l’aimes vraiment bien Tilda, hm ? » Ah bon, c'était finalement Lou qui engageait la conversation, ou plutôt qui satisfaisait sa curiosité concernant sa partenaire. Soit, si Andreja était parfaitement honnête il était totalement du genre à pouvoir envisager d'en faire de même concernant Pia. « Ça être une question piège ? » n'avait-il pu s'empêcher de demander d'un ton amusé, moyennement sérieux. Mordant dans sa pomme sans pour autant quitter le marin du regard il avait tout de même repris un peu de sérieux, puisque la question de Lou semblait l'être « Je suppose que ça dépendre de quel sens tu donnes pour "vraiment bien" ... mais je dire que oui, je la aime vraiment bien. » Enfin bon, du coup il répondait oui mais il ne savait toujours pas réellement quel sens donner à la question de Lou.

J’avais beau avoir faim, j’étais prêt à partager. J’étais un homme généreux, mine de rien, malgré le fait que je pouvais agir assez égoïstement parfois. C’était un côté assez paradoxal chez moi, il faut croire. Mais bon, ça importait peu. Je ne contrôlais pas mes actes ni mes envies, malheureusement. Quoi qu’il en soit, Andreja opte pour le non, et je suis malgré tout soulager de pouvoir finir entièrement ce sandwich qui était franchement bon. J’observe le serbe attraper une pomme et une canette tout en continuant à manger mon sandwich pour assouvir ma faim. Et puis sans franchement réfléchir, je lui pose une question à propos de Tilda, ma partenaire. Après tout, ils avaient l’air franchement proche tous les deux, alors je voulais forcément en savoir plus. C’était normal, n’est-ce pas ? C’était sûrement mon côté beaucoup trop protecteur qui ressortait, sans franchement savoir pourquoi. Surtout que ce n’était pas comme si j’avais quelque chose contre Andreja, au contraire, il était l’une des personnes du nid avec qui je m’entendais le mieux, il n’y avait pas à dire. «  Ça dépend de ta réponse » je lui réponds dans un sourire amusé lorsqu’il me demandait si c’était une question piège. Est-ce que ça l’était réellement ? Je ne savais pas trop. Peut-être que oui, peut-être que non. Pourtant je voulais tout de même avoir une réponse à ma question, ce qui paraissait plutôt normal. Il l’aime vraiment bien, ce qui au final n’assouvit pas vraiment ma curiosité puisque le serbe n’en rajoute pas plus. Je ne savais pas quel sens donner à son « plus que bien ». Je plisse un peu les yeux comme pour montrer que j’en attendais plus de sa part. Alors je décide de l’orienter moi-même. «  Genre vraiment bien… plus que bien ? » Je ne sais pas s’il va comprendre, le pauvre. Le truc c’est que je ne sais même pas comment formuler ma question. Mais bon, il n’était pas idiot après tout.

Lou faisait partie des grands absents du prime de cette semaine. Oh, en soi il n'avait pas loupé grand chose si ce n'était le plaisir éventuel d'aller récupérer en main propre l'award qu'il avait gagné avec Tilda, mais du point de vue purement pratique d'Andreja du moment que le fric qui allait avec avait été crédité sur sa cagnotte c'était un peu le principal. Il aurait potentiellement pu louper l'élimination de Tilda si elle n'avait pas eu les votes de son côté, mais là malade ou pas Andreja l'aurait probablement traîné de gré ou de force de son lit jusqu'au plateau pour qu'il lui dise au revoir ... même si certes, l'idée que Tilda soit éliminée leur paraissait sans doute aussi grotesque à l'un qu'à l'autre. Alors en fin de compte non, il n'avait rien loupé d'exceptionnel durant ce prime si ce n'était des questions désobligeantes auquel il aurait lui aussi eu droit si il avait été là, inutile de se leurrer. Quoi que ses oreilles avaient déjà bien du siffler durant le prime avec les questions de Tilda et Sacha le concernant. Et en parlant de questions qui sortaient de nul part, voilà qu'entre deux bouchées de son méga sandwich Lou lui en avait posé une à son tour, concernant Tilda. Est-ce que c'était une question piège ? « Ça dépend de ta réponse. » Mais comme sa réponse dépendait un peu du sens que Lou voulait bien donner à sa question, ils n'étaient pas beaucoup plus avancés. Mais soit, si cela pouvait lui faire plaisir oui, il aimait vraiment bien Tilda, même si il ne pensait pas vraiment que ce soit un secret. « Genre vraiment bien … plus que bien ? » Là pour le coup sa question n'avait plus rien de subtil. Peut mieux faire. « Donc ça être question piège. » avait simplement fait remarquer le serbe d'un ton léger, avant de mordre à nouveau dans sa pomme puis de tirer un tabouret vers lui pour s'asseoir en face de Lou « Si c'est que tu as peur que je te la voler, tu pas t'inquiéter, personne faire le poids face à toi. » avait-il finalement repris d'un ton gentiment ironique. Ce n'était même pas vraiment important, de savoir si Andreja disait cela sérieusement ou non, ça n'en restait pas moins vrai à ses yeux. Il ne savait pas trop ce qui liait Lou et Tilda, est-ce c'était un secret commun, ou simplement le hasard d'un binôme qui s'était bien trouvé, mais ce qui était certain en tout cas c'était que ce n'était pas facile de se faire une place au milieu de tout cela, alors Andreja ne comptait même pas essayer. « Pourquoi tu demandes ça ? » Le serbe avait alors demandé à curiosité, parfaitement conscient du fait que de son côté il n'avait pas vraiment répondu à la question du barbu.

J’étais sûrement beaucoup trop curieux, et cette semaine était peut-être ma dernière semaine, alors je voulais des réponses. Je voulais savoir tout ce que je ne savais pas. C’était peut-être prétentieux de ma part, mais qu’importe. Je voulais savoir que je pouvais partir sans avoir rien loupé, vous voyez ? Alors je ne peux pas m’empêcher d’interroger Andreja qui s’assied en face de moi quant à sa relation avec Tilda. Je ne considérais franchement pas ma question comme une question piège. C’était seulement une question qui nécessitait une réponse honnête. Après tout, Andreja et moi étions amis. Du moins, je le considérais comme un ami, et j’espérais qu’il en allait de même de son côté. Il était sûrement le premier candidat auquel j’avais réellement parler, ce jour où il avait dit être un des enfants perdus. Il m’avait intrigué, et il m’intriguait toujours autant. Nous avions beau rire ensemble et souvent traîner ensemble, je n’en savais pas beaucoup sur lui, pas vraiment. Il y avait des choses qu’il cachait volontairement - et je ne lui en voulais pas, je faisais de même - mais forcément ça me donnait fortement envie d’en savoir plus. Beaucoup plus. Mais je ne pouvais pas me permettre de lui demander quoi que ce soit, et je le savais. «  Il n’y a aucun piège là-dedans. » Je fais tout de même remarquer. Ce n’était pas comme si j’allais me mettre en colère ou quoi, je voulais juste assouvir ma curiosité. Ce qui était, certes, un vilain défaut de ma part, mais je ne pouvais pas m’en empêcher. Je ne peux cependant pas m’empêcher d’arquer un sourcil à ses paroles, parce que malgré son ton ironique je crois qu’il pense réellement ce qu’il dit. «  Tilda n’est pas à moi. » Je précise alors, en secouant la tête. Et justement, tout le monde faisait le poids face à moi. Enfin bon, là n’était pas la question. Tilda et moi étions vite devenus proche, beaucoup trop proche, mais quelque chose m’avait brisé de l’intérieur à l’annonce de sa grossesse. Ça m’avait rappelé des souvenirs, de trop mauvais souvenirs, et j’avais calqué ma situation à la sienne. J’avais pris peur qu’il lui arrive le même malheur, j’avais tout simplement pris peur qu’elle vive la même chose que ce que j’avais pu vivre, et c’était insupportable. Alors j’avais pris mes distances malgré moi, sans pour autant réellement prendre mes distances… Enfin, c’était paradoxal. Nous étions toujours aussi proche, du moins à mon humble avis, mais ce n’était plus vraiment pareil. Je soupire légèrement en pensant à ça, au fait que j’avais sûrement tout gâché entre elle et moi, avais de reporter mon intention sur Andreja lorsqu’il me poste cette question. «  C’est moi qui pose les questions. » Je dis  d’un air malin en me rendant compte que finalement, Andreja n’avait pas répondu. Mais au final, son manque de réponse donnait d’ores et déjà la réponse, n’est-ce pas ? «  En tout cas j’espère que tu sais que je serai obligé de te refaire le portrait si tu lui fais du mal. » Je n’ai même pas un ton menaçant, non. Je suis calme, et j’ai même  un sourire aux lèvres, tout simplement parce que je parle à Andreja, et que j’ai cette certitude qu’il n’oserait jamais faire du mal à Tilda. Mais je tenais à lui préciser qu’elle avait tout de même un garde du corps dans les parages. Moi.

En y réfléchissant bien, Andreja ne savait presque rien à propos de Lou, ou du moins pas grand chose ; Et la réciproque était toute aussi vraie, de toute façon, Lou ne connaissait pas grand chose à son sujet non plus. Sans doute parce qu'ils n'avaient pas souvent l'occasion d'avoir des discussions sérieuses tous les deux, pour tout en tas de raisons, et le plus étrange c'était que malgré cela il considère Lou comme véritablement digne de confiance. Ça ne s'expliquait pas, c'était simplement le ressenti qu'il avait à propos du barbu, et comme il avait appris il y a longtemps à toujours se fier à son instinct il n'avait aucune raison de remettre ce fait en cause. Toujours est-il qu'une fois n'étant pas coutume, Lou avait semble-t-il décidé d'interrompre sa pause sandwich pour avoir une discussion un tant soi peu sérieuse avec lui, ou du moins c'était ainsi qu'Andreja avait interprété le ton du marin. Et puis il s'agissait de Tilda, alors automatiquement cela semblait relever du sérieux venant de Lou. « Il n’y a aucun piège là-dedans. » Soit, alors disons qu'il n'y en avait pas, mais que la question aurait pu être plus claire ... Si ce que Lou voulait savoir c'était si Tilda lui plaisait, il aurait du formuler sa question ainsi. Mais cela ne changeait pas grand chose en fin de compte, comme Andreja ne manqua pas de le faire remarquer avec une pointe d'humour - pour mieux camoufler le fait qu'il pensait chaque mot sans doute - qu'aux yeux de tout le monde dans le nid Tilda était chasse gardée. « Tilda n’est pas à moi. » Il avait secoué légèrement la tête, précisant cela d'un ton qui n'intimait pas à la discussion, mais à vrai dire loin d'Andreja l'idée de remettre en cause ce fait. « Je sais. » avait-il d'ailleurs simplement répondu d'un ton calme, un léger sourire sur les lèvres. Cela ne changeait rien au fait que personne ne faisait le poids face à Lou, selon Andreja, et c'était même peut-être mieux comme ça parce qu'il n'avait pas besoin de se poser de questions. Et ça n'avait plus vraiment d'importance, que Lou ait une réponse claire à sa question initiale, du coup, même si le serbe avait conscience que comme le voulait l'adage absence de réponse valait réponse positive. Non, en fin de compte ce qui l'intéressait c'était surtout de savoir pourquoi cette question maintenant, soudainement. « C’est moi qui pose les questions. » Roulant légèrement des yeux pour la forme, Andreja avait marmonné entre ses dents « Je déteste ce réponse. » Parce qu'elle était frustrante, et peut-être parce qu'il n'avait un peu trop entendue, aussi. Posant sur Lou un regard taquin, il l'avait fixé quelques instants, assez pour que le jeune homme ne se demande ce qui lui prenait sans doute, et à ce moment là il avait tiré l'assiette avec son sandwich sans prévenir, et l'avait saisi pour mordre dedans, avant de le reposer dans l'assiette et de la repousser vers Lou l'air de rien. « Si tu poses les questions, je mange le sandwich. » Il fallait savoir faire des compromis dans la vie. Et puis il ne lui avait pas vraiment mangé son sandwich, seulement une bouchée, et comme il n'avait même pas faim il s'en contenterait. Retrouvant en tout cas un calme presque olympien, un peu trop pour être honnête aux yeux d'Andreja, Lou avait en tout cas repris l'air de rien « En tout cas j’espère que tu sais que je serai obligé de te refaire le portrait si tu lui fais du mal. » Le sourire narquois d'Andreja s'était calqué à celui de Lou, comme s'il s'agissait d'un jeu, et d'ailleurs la première chose qu'il lui était venue à l'esprit pour répondre c'était « Mais si tu faire ça tu me obliger à te faire mal, encore. » comme pour lui rappeler que la dernière fois c'était lui qui avait eu le dessus. Par effet de surprise, certes, et on ne pouvait pas vraiment dire qu'il soit fier de lui et de cet épisode encombrant ... Mais peut-être qu'il essayait justement de plaisanter dessus pour évacuer la gêne toujours présente qu'il avait à ce sujet. « Et je très bien voir ce que tu faire, là. » avait-il finalement repris d'un ton plus sérieux, utilisant presque un ton de reproche et fronçant les sourcils pour bien montrer qu'il désapprouvait. « Tu parles comme si tu être sûr tu vas sortir dimanche. Et tu pas devoir penser comme ça. » Andreja ne plaisantait même pas, il n'arrivait même pas à envisager que Lou puisse sortir en fin de semaine ... Non, il estimait avoir trois piliers dans ce nid, Pia, Tilda et Lou, et il n'était pas question qu'il soit privé ne serait-ce que d'un seul. C'était sans doute très égoïste et surtout totalement stupide de penser de cette façon puisqu'ils n'avaient aucun pouvoir sur les votes, mais il ne parvenait pas à s'en empêcher. « Et je pas pouvoir te promettre ça. » avait-il finalement repris d'une voix plus basse, presque du bout des lèvres, référence à ce que lui avait dit Lou juste avant. Il ne pouvait pas parce qu'il n'avait aucune idée, et aucun contrôle concernant les réactions potentielles face à son secret. Peut-être que Tilda ferait comme beaucoup, elle lui collerait cette étiquette que beaucoup lui attribuaient, et elle serait déçue, peut-être ... sans doute. Lou aussi, tout était possible.

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