Ghika est d’humeur joyeuse cet après-midi. Il ne sait pas ce qu’il a exactement, peut-être que c’est le soulagement de ne pas être nominé cette semaine, mais il a une propension à la plaisanterie développée quand il est aussi enjoué. Il pénètre dans la chambre hivernale, celle dont il est originaire. Il l’a un peu délaissée ces derniers temps, sans raison particulière, il avait juste envie de changer d’environnement. Alors qu’il ouvre la porte, presque sautillant il découvre Felice en train de faire il ne sait quoi. Attrapant le plus silencieusement possible un des oreillers de son lit il lui assène un coup sur la tête. Pas bien fort, rien de bien méchant, c’est juste une façon de jouer. Ghika a envie de jouer, d’être un gosse cinq minutes, le temps d’une bataille de polochon comme il aurait voulu en faire quand il était enfant. Il a été privé de tellement de choses entre deux et treize ans qu’il estime qu’il a le droit de jouer les mômes quand il en a envie. « Allez Fe’ attrape un polochon et offre moi un duel digne de ce nom ! » supplie-t-il presque. Il n’y a qu’avec elle qu’il penserait à faire ça, parce qu’il n’y a qu’elle qui soit aussi déjantée que lui et qu’elle a aussi manqué des goûters d’anniversaire… alors peut-être qu’elle a manqué aussi quelques batailles de polochons. Ou qu’elle est prête à jouer avec lui malgré tout.

Alors que tous les autres candidats sont en train de chercher un peu de fraîcheur auprès de la piscine, de l'océan ou même du frigo, je décide de m'eloigner de la chaleur à ma manière. Cernée par mes montagnes dans la chambre hivernale j'ai l'impression d'être sur le toit du monde. Cet environnement m'inspire particulièrement et je décide de consacrer mon après-midi à mes dessins. Je ne manque pas d'imagination depuis que je suis dans le nid, le carnet que j'avais acheté pour l'occasion ne finissait pas de se remplir. Au fil des semaines, j'y ajoutais des esquisses plus ou moins réussies des choses qui m'entourent. Je ne me suis pas encore essayée au portrait, je n'ai encore jamais trouvé le bon modèle. D'ici là je laisse mon crayon caresser le papier, comme un violoniste caresse les cordes de son instrument en jouant une symphonie dont je suis l'unique chef d'orchestre. Mon dessin commence tout juste à ressembler à quelque chose quand je reçois un coup de coussin en pleine tête. « Heeeee, mon dessin » . Je m'écris tout en me retournanr pour faire face à mon agresseur. Tiens, Ghika, rien de bien surprenant. Il a l'air d'humeur joueuse puisqu'il m'invite à prendre un polochon et me confronter à lui. Je m'emparre d'un coussin avant de lui assener un coup en pleine tête avant d'afficher un sourire satisfait. « Ça c'est pour avoir gâché mon dessin maintenant attrape moi si tu peux. » . J'en profite pour m'échapper de mon lit et trouver refuge en hauteur sur le lit d'un de mes camarades. D'un signe de la main je le défis de venir me chercher pour continuer cette petite bataille que nous avions commencé. C'était puéril, enfantin mais nous n'y pouvions rien.

Elle crie, il rigole, elle se fâche, il se marre. L'après-midi ne pouvait pas mieux tourner. D'accord il a apparemment ruiné son dessin mais il ne se sent pas très coupable, elle avait baissé sa garde et toute bonne totally spies qui se respecte ne se laisse jamais prendre au dépourvu alors... elle a mérité son coup de coussin. Felice BONDit sur ses pieds et lui fout un coup de coussin dans la tronche, il a bien essayé de le contrer mais il a été trop lent. Ghika se frotte la joue avant de rouvrir les yeux et d'attraper un autre coussin. Avec deux coussins il a l'avantage il peut attaquer des deux côtés. « C'est pas gâché ! Je t'ai fait entrer dans une phase abstraite de ton travail !  dit-il en pouffant presque, c'était pas comme ça que les artistes appelaient leur travail quand ils faisaient des trucs bizarres qui ne ressemblaient à rien mais qu'ils voulaient quand même vendre ? Voilà qu'elle le provoque, Ghika répond il lui jette un coussin à la figure pendant qu'il se précipite sur elle pour la faire tomber et plaquer contre le matelas. Il l'attrape derrière les genoux, tire et la déséquilibre, pour éviter qu'elle ne s'écrase il amortit sa chute en soutenant son dos. Il n'arrive pas à s'empêcher de rire alors que Felice a les quatre fers en l'air et qu'il est accroupi à côté d'elle après l'avoir envoyée valser. « Temps mort ! » supplie-t-il en riant à s'en étouffer. « Tu dessinais quoi ? » continue dans un souffle alors qu'il lutte pour retrouver une respiration calme et régulière.