“ nobody's child  ”

w/tilda.

Percy ne l'avait que trop dit, il ne croyait pas à la chance, ou tout du moins il ne croyait au fait qu'on puisse la provoquer. Lui qui avait plus souvent eu à faire ses preuves qu'on pourrait le penser, avait chaque fois compté sur son implication et sa persévérance, et ne s'était certainement pas reposé sur l'idée qu'il lui suffirait d'espérer très fort que le destin serait de son coté pour qu'il réussisse dans ce qu'il entreprendrait. Alors non, cette fois encore, ça n'était pas avec l'idée de faire un voeu qu'il s'était approché de la fontaine, parce qu'il y avait plutôt repéré une silhouette familière. Ladite silhouette, c'était celle de Tilda, et dieu sait que l'anglais envisageait à cet instant l'idée qu'il puisse être la dernière personne qu'elle veuille voir suite à leur échange pour le moins houleux sur le prime, mais il lui fallait prendre la température, entre eux, ça lui était nécessaire. Tilda, c'était une fille aussi jolie que spirituelle, pour qui il éprouvait une concrète attirance depuis le début du jeu. Alors ce qui devait arriver arriva, quelques jours plus tôt, mais l'anglais n'était plus tout à fait sûr qu'elle garde d'aussi bons souvenirs de tout ça que lui, parce qu'il avait bien vu le petit manège qui s'était joué sur le prime, au moment où les images avaient été diffusées. Il avait vu son partenaire se tirer, vous savez, ce cher Lou qui avait du lui adresser une fois la parole en six semaines d'aventure et qui prétendait le connaître mieux que tout le monde ici, et à la rigueur il s'en fichait pas mal que ça ne lui ait pas plu, à ce type, mais ça le ferait un peu chier que parce que Tilda était attachée à lui, elle en vienne à se dire qu'elle avait fait une connerie, en couchant avec l'anglais. Il ne serait pas tant blessé que blasé, parce qu'il partait depuis le début du principe qu'avec Tilda c'était sans prise de tête, et ça l'emmerderait de devoir constater qu'elle n'était plus la même lorsqu'il était question de son partenaire, dont elle dépendait peut être un peu trop. Alors il s'approcha, pensant qu'il ne servait à rien de s'ignorer, parce que lui n'en avait de toute façon pas envie, qu'il estimait qu'ils étaient assez grands, quand même, pour passer à autre chose et à ne pas stagner sur l'épisode de l'autre fois. Il s'approcha jusqu'à venir s'asseoir aux cotés de la brune, lui lançant un regard distrait, sans chercher à ce qu'elle se satisfasse de sa présence, après tout il avait pris l'habitude de s'imposer, en l'occurrence ici il ne se voyait pas repartir avant d'avoir éclairci certains points. « Tu regrettes ? » qu'il lâcha alors, sur un ton relativement neutre, alors qu'il espérait évidemment qu'elle lui épargnerait une réponse positive, qui l'atteindrait forcément dans son égo. Il n'était pas idiot, il savait bien qu'il s'était trouvé au bon endroit au bon moment, l'autre jour, qu'en somme elle aurait pu vouloir se taper n'importe qui, mais puisqu'ils s'appréciaient, il voyait forcément un brin de symbolisme derrière tout ça, sauf qu'il était peut être le seul.

Je suis encore là finalement. A errer comme une âme en peine. Je n'ai plus aucune occupation si ce n'est celle bien encombrante de me faufiler un chemin dans mes pensées, de les triller, les ordonner et de les rendre un peu moins morne. Impossible. Le nœud est tellement important que je n'en vois ni le début ni la fin. Alors je me contente de l'observer et d'aller à la surface des choses. Il m'arrive de longer un bout de corde et d'aller un peu plus loin dans ces méandres mais je finis toujours pas me heurter à un autre bout de corde, un autre problème qui a le don d'annuler l'autre ou de le renforcer de le multiplier et de lui donner encore plus d'importance. Je ne sais même pas ce que je fais là, assise sur le bord de la fontaine. Je ne crois pas en elle et si elle pouvait je crois qu'elle s'en rendrait compte facilement. Ce genre de chose qui nous autorise à faire un vœux factice c'est une usine à espoirs et c'est certainement une des choses les plus dangereuse au monde. Y a pas d'espoir pour nous,  y a plus que de la déception, de la souffrance et puis rien. Je dépose un regard noire sur le marbre abîmé par l'eau constante qui se trouve à l'intérieur de la fontaine. Mes doigts en parcours les accrocs, les manques, les bosses et les rainures. Elle aussi est fatigué de nous de nos drames, de nos larmes et de nos vœux qui ne servent à rien. Les jambes nues, la petite robe printanière, les cheveux au vent, un jardin, une fontaine le décors est planté pour un geste romantique qui veut se dévouer ? C'est à cette pensée morose que mon regard se dépose sur la silhouette de Percy. Finalement je ne crois pas que j'aurais le droit à un geste romantique, le garçon qui vient sauver le cœur meurtrit de la demoiselle en détresse qui regarde le fond de la fontaine avec désespoir. Je le regarde avec amertume mais sans réelle animosité. Il continue sa route et je m'interroge sur sa destination. Y a de forte chance qu'il s'arrête près de moi, en tout cas à vu l'allure de ses pas c'est ce que j'imagine. Mais en même temps il y a de forte chance qu'il passe son chemin et il aurait raison. Finalement il arrive jusqu'à moi et prend place à mes cotés. Je le regarde sans rien dire, il fera très bien la conversation tout seul. Je pense que s'il est venu jusqu'à moi la « pauvre fille » c'est qu'il a quelque chose à lui dire. Je n'étais même plus en colère à propos de ça de toute manière. Je n'apprécie pas clairement qu'il m'est qualifié d'un propos aussi peu flatteur mais je le mets sur le coup de l'agacement dans lequel il était. Et puis j'ai décidé d'arrêter de donner autant d'importance aux mots parce qu'ils me détruisent à petit feux. Il forme deux petit mot à l'interrogative. Je ne réagis pas, je me contente de poser un regard d'une neutralité déconcertante sur sa personne. Je crois que je suis tout simplement fané à cause de ce jeu. Il m'use, il m’ôte toute la lumière que j'ai en moi. Je ne suis plus qu'ombre. Je comprends que cette question est importante pour lui, mais là tout de suite je la trouve juste sans saveur. Pourtant je fais un micro effort et mes lèvre se mouvent en une réponse honnête. « Non. » Je pourrais lui dire que quand on s'est engueulé j'ai regretté mais qu'après la colère passé je ne regrettais plus, mais c'était trop long à dire trop épuisant. Je n'ai jamais regretté ce genre de chose. « J'ai couché avec bien pire que toi. » J'ajoute toujours honnête sans vraiment vouloir le vexé, c'est juste la vérité. Parce que Percy en réalité c'est pas un si mauvais garçon que ça, je le sais bien. Habituellement je serais curieuse de savoir s'il regrette lui, mais là tout de suite ça me passe au dessus.

La pire erreur qu'on puisse faire, c'est d'estimer que Percy pensait toujours ce qu'il disait. Pour être quelqu'un d'extrêmement impulsif, il avait tendance à lâcher pas mal d'horreurs, quand on le contrariait, mais ça n'était pas pour autant qu'il pensait chacune d'elles, parce qu'il avait parfois tendance à se cacher derrière son agressivité. C'avait été le cas avec Paloma, avec qui il n'avait pas été tendre, parce que son comportement l'avait plongé dans une incompréhension telle qu'il avait fini tout lui cracher à la gueule. Mais c'avait aussi été le cas avec Tilda, dimanche soir, lorsque celle-ci était intervenue pour défendre son partenaire. L'anglais n'avait absolument pas compris pourquoi elle s'était mêlée de ça, mais il avait fini par comprendre que toucher à l'un, c'était toucher à l'autre, et avait déploré qu'elle joue bêtement les chiens de garde pour un mec même pas fichu de répliquer lui-même. Alors oui, il s'était laissé aller à un commentaire impulsif, parce que sur le moment il n'avait pas reconnue la Tilda qu'il avait appris à apprécier. Maintenant voilà, elle restait quelqu'un qu'il appréciait beaucoup, et il avait honnêtement regretté de l'avoir traitée comme il l'avait fait, c'est d'ailleurs pour ça qu'il avait fini par laisser courir, parce que l'échange avait été suffisamment blasant comme ça. A cet instant, elle n'avait peut être pas la moindre envie de passer un moment avec lui, et à vrai dire il commençait à avoir l'habitude de perdre tous ses soutiens, seulement l'anglais avait envie d'éclaircir un point. Lui qui avait bien vu que les images de leur partie de jambes en l'air n'avaient pas plu à tout le monde était ici forcé de se demander si, pour les mêmes raisons que celles qui l'avaient poussé à défendre Lou, elle en était venue à regretter d'avoir couché avec lui parce que c'avait pu ne pas plaire à son partenaire. Il trouverait ça désolant, mais il s'y ferait, parce que ça n'était pas le genre de choses qui risquaient de lui causer un mal irréversible, même si ça blesserait légèrement son égo, forcément, ainsi il est vrai qu'il avait plutôt envie de l'entendre prononcer une réponse négative. Et justement, c'est bien un 'non' qui s'échappa des lèvres de la brune, le satisfaisant intérieurement sans toutefois qu'il ne laisse transparaître quoi que ce soit, préservant une mine aussi sobre que détachée. Sa précision eut alors tendance à l'amuser, même s'il se posa quelques questions. « Je sais pas trop comment je suis censé le prendre » qu'il commenta alors, un peu dubitatif, mais sans nécessairement s'en offusquer. On aurait dit qu'elle constatait que son tableau de casse était constitué d'enflures et que Percy n'était simplement pas la pire de toutes. « Mais je sens que y'avait comme un semblant de compliment là-dessous, alors je vais pas aller chercher plus loin. » Ouais, il avait plutôt envie de bien le prendre, parce que de toute façon il n'avait jamais eu la prétention de penser qu'il était un mec bien sous tous rapports. Il regrettait peut être le fait qu'elle ne l'aurait pas nécessairement dit de cette manière quelques jours plus tôt, mais qu'importe. Il détacha en tout cas les cas son regard de la brune, pas certain de devoir revenir sur ce qui avait créé ce petit malaise entre eux, mais il aimerait autant qu'elle comprenne ce qui l'avait saoulé, ça aiderait sans doute à tourner la page. « T'aurais pas du t'en mêler l'autre soir » qu'il articula alors, pas tant comme un reproche que comme un constat, parce que ouais, ça avait empiré les choses, déjà que sur le moment il avait été hautement blasé par cette histoire d'immunité. « T'as mal choisi ton moment, et t'as sûrement un peu trop manqué d’objectivé à mon goût. » Il aimait autant qu'elle le sache, parce que ouais, qu'elle remette ses principes de joueur en question parce qu'il avait traité Lou d'"homo", ce qui aux dernières nouvelles tenait pas tellement de la calomnie, il avait trouvé ça un peu limite. Elle n'aurait assurément pas réagi de la même manière pour tout le monde, sauf qu'à ce stade ça n'était même plus de la solidarité, donc ça le dépassait un petit peu.