Qu’est-ce qu’elle ne comprend pas ? Pour le coup, c’est lui qui ne comprend pas. Il ne suit pas toujours la logique de raisonnement de Gaëtane qu’il sait un peu différente de celle de la majorité, et si parfois ça ne le gêne pas, il doit bien reconnaître qu’il aimerait plus de précisions dans ce cas précis. Elle bafouille un peu, il en vient à se demander s’il aura le droit à une véritable réponse, mais finalement il l’obtient. Elle ne comprend pas pourquoi quelqu’un a jugé utile de poser cette question.  « Je comprends pas plus que toi. » En fait, compte tenu du fait que son secret en intrigue certains à en croire l’award concerné et l’enchère qui s’en est suivie, il pensait qu’il aurait le droit à une multitude de questions sur celui-ci, histoire de le cibler un peu plus précisément. Mais ce ne fut pas le cas, il n’a eu qu’une seule question sur son secret, les autres ont principalement concerné son parcours ici et surtout, ses relations. Certes, il peut comprendre que les relations des uns et des autres puissent intriguer, mais il ne comprend pas cette question sur Gaëtane. Sous prétexte qu’il apprécie, il est forcément attiré par elle ? La logique des gens est parfois mal faite. « Tu n’as jamais vécu de relations amoureuses ? » Il finit par lui demander, vu qu’il a cru comprendre que c’est ce qu’elle sous-entendait dans sa phrase. Elle a déjà de la difficulté à se faire des amis, alors un copain, c’est peine perdue ? Certes, Gaëtane ne peut pas rivaliser avec une Tilda ou une Paloma, mais elle est beaucoup moins intimidante et tout aussi mignonne, il peine à croire qu’elle ne puisse intéresser personne. Il y a bien quelqu’un d’assez timide et renfermé pour ne pas la trouver trop en décalage avec le reste des filles de son âge. « Tu peux utiliser ton joker, si tu veux. » Il déclare ensuite, avec un léger rictus. Il ne veut pas la mettre mal à l’aise, alors si elle préfère esquiver la question, elle peut le faire, il n’en sera pas vexé. Il apprend par la suite son âge, vingt-trois, bientôt vingt-quatre. Il la voyait jeune, peut-être un peu plus, d’ailleurs. Elle évoque ensuite sa vie à Quiberon, ville qui lui est totalement inconnue mais qui semble parfaite, vu comme elle la lui présente. C’est calme. Ça suffit pour qu’il trouve un intérêt à une ville probablement perdue au fin fond de la France où l’activité majeure est le bridge du dimanche. Elle est certaine que si un jour, il veut visiter Quiberon, on l’accueillera à bras ouverts. « Je garde ça dans un coin de ma tête. » Si un jour il peut quitter l’Angleterre et qu’il ne sait pas où aller. Lui, du moment qu’il peut être au calme, il ne lui faut rien de plus. Sans surprise, c’est à son tour d’évoquer sa vie et il lui révèle qu’il n’a pas vraiment de chez lui et surtout, qu’on ne peut pas vraiment appeler ça une vie. C’est plutôt de la survie, il traîne sa carcasse mais n’a pas de réel but. Aux seules paroles de Gaëtane, il comprend qu’il aurait dû se taire et qu’il a probablement jeté un froid. Il est très doué pour ça. Heureusement que l’eau est chauffée et qu’ils peuvent se concentrer sur leur tasse respective. Quand elle lui demande ce qu’il préfère comme thé, il s’avance en direction de la boîte qu’elle a ouvert et observe quelques instants avant de se décider. « Le thé noir, ça me va très bien. » Il déclare, s’emparant alors d’un sachet, parce qu’après tout, il peut très bien le faire tout seul. Oui, le thé noir lui convient très bien, sûrement parce que la majorité de l’assortiment ne lui inspire rien, que ce sont des goûts auxquels il n’a jamais goûté auparavant. Elle revient ensuite sur le sujet de sa vie et elle lui explique qu’elle ne sait pas trop quoi dire, car elle ne veut pas dire quelque chose d’inapproprié sans le vouloir. « C’est gentil d’y penser. » Il dit simplement, parce que d’autres ne se seraient pas gênés pour le questionner quitte à le mettre mal à l’aise. « Mais tu sais, si tu veux dire quelque chose, tu peux. Je sais que tu n’es pas du genre à juger ou blesser les autres à travers des mots. » Et si elle ne veut rien dire, il ne va pas s’en plaindre non plus. Mais il ne veut simplement pas qu’elle pense que ses propos pourraient le heurter, d’autant plus qu’il sait que Gaëtane bien qu’elle semble franche, n’a pas pour vocation de l’emmerder, de le juger ou de le blesser à travers ses remarques. « Ça va un peu mieux ta tête, au fait ? » Il ne sait pas trop quoi dire d’autres, il veut remettre un peu de légèreté dans la conversation, alors il pense à son mal de tête. Elle n’a pas l’air de se tordre ou de grimacer sous la douleur, mais il doute qu’une conversation de quelques minutes puisse faire disparaître le mal de tête. C’est plus une façon de meubler, il n’est pas encore très doué pour cela.

Il est un peu trop indiscret, il en a conscience. Les relations amoureuses de Gaëtane, ça ne le regarde pas, raison pour laquelle il lui autorise à utiliser son joker, parce qu’il ne veut pas la mettre mal à l’aise pour une curiosité mal placée. C’est juste qu’il trouve cela dommage, qu’à presque vingt-quatre ans, elle n’ait jamais connu l’amour, ou du moins, la vie en couple. Parce que même lui qui n’est jamais tombé amoureux – ou peut-être d’Emily, mais il était trop jeune pour que ce soit vraiment considéré comme de l’amour – et qu’il ne considère pas la vie en couple comme étant nécessaire à la vie de quelqu’un, il doit reconnaître que ce n’est pas désagréable d’avoir une personne à ses côtés, même si ça n’a jamais duré longtemps pour lui. Ce fut bref, pas forcément intense, mais pas désagréable et c’est le plus important. « D’accord. » Il marmonne simplement après qu’elle lui ait répondu, un simple d’accord comme à son habitude quand il ne sait pas quoi dire. Et surtout, il ne veut pas en dire plus dans ce cas précis, parce que la vie privée de Gaëtane ne regarde qu’elle au final et qu’il a déjà suffisamment été fouiné où il n’aurait pas dû pour ne pas continuer la discussion sur ce sujet-là. Il aimerait bien lui dire qu’il le lui souhaite, quand même, de connaître ce sentiment, mais encore une fois, il ne voudrait pas la mettre mal à l’aise. Elle parle ensuite de Quiberon et bien qu’elle ne se soit pas épanchée sur ce coin pendant des heures, elle a tout de même réussi à attiser la curiosité d’Alistair. Oui, si un jour où il peut quitter le Royaume-Uni, Quiberon fera partie de sa liste d’endroit où continuer sa vie d’ermite sans y être dérangé. Une fois l’eau suffisamment chaude, il se cherche un sachet de thé à son goût, mais opte finalement pour une valeur sûre : le thé noir. Il dit ensuite à Gaëtane que quoi qu’elle puisse dire, il doute sincèrement qu’elle puisse le heurter, puisque cela se voit sur elle qu’elle n’est pas du genre à prendre plaisir à blesser les autres. Elle se soucie d’eux, à sa façon, c’est une évidence. Elle lui explique qu’elle n’aime pas quand quelqu’un vient donner son avis sur son enfance à elle, alors elle ne se permettrait pas de faire de même avec autrui. « J’aime bien ta logique. » Il rétorque, sincère. Oh, il lui a laissé la porte ouverte si vraiment elle avait envie de lui poser une question, mais clairement, il ne va pas se plaindre si elle ne le fait pas. Il aime bien cette logique, de ne pas fouiller chez les autres parce qu’elle n’aime pas qu’on fouille dans son passé. Bon, du coup, il a légèrement l’impression d’avoir posé trop de questions alors qu’il n’aurait pas dû. Elle déclare ensuite qu’elle pense qu’il est quelqu’un de gentil, alors ça la rend un peu triste. Ça le touche, qu’elle puisse le penser gentil, car Gaëtane lui semble bien être la personne la plus honnête du nid. « Il faut pas, je suis habitué à cette situation. » Il répond quant au fait que ça la rende triste. Il ne faut pas qu’elle s’en fasse pour lui, il a vécu ainsi depuis sa majorité, il va mourir ainsi, il n’aura connu que cela et il l’accepte, maintenant. « C’est gentil, merci Gaëtane. » Il esquisse un bref sourire. Il ne voit pas ce qu’il pourrait lui demander dans l’immédiat, mais il garde ça dans un coin de sa tête. Et même s’il n’aura jamais rien à lui demander, le geste est touchant. Il la questionne ensuite sur son mal de tête et celui-ci est passé, un peu, sauf qu’à présent, elle n’a plus vraiment sommeil. « Tu peux dormir plus tard, au pire, ce n’est pas comme si l’on avait un planning à suivre. » Si elle se sent fatiguée en milieu de journée, elle pourra se permettre de faire une sieste un peu plus longue que la normale. Ou peut-être qu’elle fait partie de ces gens qui ne peuvent simplement pas dormir quand ce n’est pas la nuit et qui s’adapte au rythme commun à la plupart des êtres humains.

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