Le pire jour de mon aventure, je suis en train de le vivre. Pourtant, je pensais que ça serait hier avec cette foutue fièvre et ce prime de manqué. Mais non, aujourd’hui ça s’annonce bien pire. La semaine s’annonce terrible. Si je fais le bilan : Lou a appris que j’avais couché avec Aaron d’après les dire d’une candidate qui m’a limite insulté, il m’en veut à mort, je suis nominé aussi et Elsa s’est faite éliminée de l'aventure. Je m’en remets pas. Quand j’ai appris la nouvelle, je me suis levé de mon lit pour lui dire vite fait au revoir. Mais c’était trop court. J’aurai aimé pleurer dans ses bras. Pour ça. Pour tout. Et là, je me sens déboussolé. Y’a personne. J’ai l’impression que tout le monde m’en veut et que la seule personne qui m’aurait soutenue quoi qu’il en soit est partie. Du coup, je suis seul. J’ai une clope au bec et une guitare. Les larmes coulent alors que je me défoule sur les cordes en consumant allègrement ce qui se trouve entre mes lèvres. Je dois probablement ressembler à un paysan. Mais je suis plutôt un pauvre type qui est entrain de foirer sa vite. Je me dégoûte.

Après avoir dit au revoir à Elsa, j'avais quitté le plateau un peu dépité, les paupières lourdes. Pourtant il fallait encore que je prenne une douche, que je mange quelque chose et surtout que je vois ce que faisait Sacha. J'avais entendu dire qu'il avait de la fièvre, et après avoir veillé sur lui quelques dix minutes avant que le prime ne commence, j'avais finalement du le laisser se reposer pour rejoindre le plateau. Les candidats devaient tout de même être sacrément contents d'avoir deux infirmiers au sein du nid pour s'occuper d'eux, mais en tout honnêteté, j'aurais eu beau exercer n'importe quel métier, je serais automatiquement resté à son chevet. J'avais donc rapidement grimpé les escaliers pour attraper mon pantalon de nuit, et avais retiré tous mes vêtements pour une garder qu'un boxer, histoire de prendre une douche. L'eau eu raison de mes nerfs, puisqu'elle réussit à me détendre totalement, chose qui n'était clairement pas gagnée. Cette semaine, je savais que six candidats sur les sept nominés étaient des personnes que j'appréciais, et que donc, il y avait de fortes chances d'en voir deux quitter le jeu. Autant vous dire que ça risquait de me peser et ce pour tout le reste de la semaine. Il faut dire que j'étais quelqu'un de relativement anxieux à la base, et que j'avais tendance à m'en faire pour la moindre broutille. Mais là, avant d'aller me coucher, j'étais finalement détendu. Terminant de me sécher, j'avais ensuite regagné ma chambre, où j'avais enfilé mon pantalon de nuit ainsi qu'un sweat que j'avais zippé le long de mon torse. J'étais paré, mais Sacha n'était plus là. Je me demandais bien où il avait pu se rendre, d'autant plus qu'avec sa fièvre, il ne devait pas franchement être dans le meilleur des états, surtout à une heure pareille. C'est à ce moment là que je remarqua la musique, quelqu'un était entrain de jouer de la guitare. Je me laissais donc guider par ce son, arrivant bien vite sur le balcon où une certaine fraicheur régnait. Il était là, en larmes, ses doigts frottant avec un peu trop de forces les cordes. « Sacha... » Mais je n'étais même pas certain qu'il m'entendait. Alors, je m'avançais vivement à côté de lui, attrapant la guitare pour la dégager de son emprise, la posant un peu plus loin. « Sacha, arrête, tu vas te faire mal. » Il n'avait vraiment pas l'air d'aller bien. Je l'avais ainsi attiré tout contre moi, mes deux bras serrant son corps tout contre le mien. « Là, calme toi. » murmurais-je en frottant légèrement son dos. J'avais bien entendu tout ce qui s'était passé sur le prime, d'autant plus que j'étais juste à côté de Lou lorsqu'il avait appris la nouvelle, mais je n'arrivais pour autant pas à juger Sacha. Quoi qu'ils disent, je restais convaincu qu'il était quelqu'un de bien.

Mes doigts s’agitent avec une rapidité et une violence insoupçonnable sur les cordes de la guitare que je tiens. Je ne pense même pas au bruit que je peux occasionner. Personne n’est venu se plaindre. Du moins, je crois. Je suis dans mon monde et enfermé dans ma bulle. La preuve en est, quelqu’un me parle et je l’entends même pas et je n’y prête pas non plus attention. Pourtant, je devrais. Il s’agit d’Adnan. Il a pris soin de moi il y a quelques heures quand j’étais encore bien fiévreux. Une fièvre qui est un peu tombée mais là, ce qui m’arrive, c’est pire. Le mal est déjà là. Adnan pourra rien y faire. « Non. » C’est un petit non. J’ai pas été ferme ni convaincant et c’est d’ailleurs pour ça que Adnan s’est emparé de ma guitare. Il a sans doute bien fait. J’aurai pu l’abîmer sans m’en rendre compte à la longue. Et vu que c’est pas la mienne, ça aurait été mal venu. Je ne suis pas du genre à abîmer le matériel des autres. « Pourquoi ? » Il n’y a pas d’autre mot qui vient. Pourquoi ? Pourquoi les évènements se sont produits ainsi ? Pourquoi tout va mal ? Pourquoi j’ai fait ça ? Pourquoi Elsa est parti ? Pourquoi ? Tant d’interrogations qui me viennent. Les bras d’Adnan se serrent autour de moi et je me lâche. Plusieurs secondes. Plusieurs minutes même. Je pleure sans retenu. J’en avais besoin. Le seul souci, c’est que j’ai dû mal à me calmer et à m’arrêter. Entre deux sanglots, je parviens à mâcher quelques mots. « Je suis minable. » C’est ce que je pense. Réellement. D’une, j’ai fait une erreur irréparable en couchant avec Aaron et de deux, j’ai même pas eu le courage d’affronter Lou et de lui avouer ma faute avant qu’il ne l’apprenne de lui-même. Je suis un salop et un lâche. « Je ne vaux pas mieux que Dylan. » Je murmure en me reprenant un peu alors que Adnan desserre un peu ses bras pour que je puisse plus aisément respirer.

J'avais bel et bien assisté à ce revirement de situation que je n'aurais probablement jamais imaginé après ce qu'avait pu me dire Sacha à propos d'Aaron. Il m'avait presque encouragé à aller vers lui, pour au final en faire tout autant. Pouvais-je le blâmer pour ça ? Je n'en avais pas réellement envie. Peut-être était-ce parce que j'avais cette habitude de me faire écraser par tout le monde et ce sans dire un mot. Que je laissais toujours volontiers ma place au premier venu, en pensant avant tout à son bienêtre plutôt qu'au mien. Je n'en voulais pas à Sacha, tout comme je n'en voulais pas à Aaron, tout simplement parce que pour le coup, je n'avais aucune raison de leur en vouloir, ce qui n'était cependant pas le cas de Lou. Non, je l'avais bien vu lors du dernier prime, il s'était clairement énervé lorsque les images avaient été diffusés. On pouvait dire qu'il enchainait les dimanche catastrophiques. Je n'avais même pas réussi à le calmer. Il faut dire que j'avais préféré le laisser seul pour le coup, me doutant que quoi que je dise ou quoi que je fasse, il n'irait pas franchement mieux. Sacha n'était pas dans un meilleur état, et je me demandais d'ailleurs bien comment il avait fait pour apprendre la nouvelle. Quelque part, je me disais que la culpabilité avait du le ronger toute le restant de la semaine, et que c'était plus ou moins déjà une assez bonne punition. Il était inutile d'en rajouter plus, puisqu'il avait conscience de son erreur. Le brun ne voulait pas s'arrêter de jouer, pourtant je ne lui en avais pas laissé le choix. Il était hors de question que je le laisse se faire du mal, non, pas lui. Il me demandait pourquoi, et je ne pouvais tout simplement pas lui répondre. J'avais presque envie de lui lâcher un bon "on fait tous des erreurs" mais j'étais presque certain que ça ne changerait rien, et il était inutile de l'accabler un peu plus. Il me disait qu'il était minable, là, blotti entre mes bras, avant de finalement ajouter qu'il n'était pas mieux qu'un certain Dylan, mes sourcils se froncèrent presque immédiatement alors que je me reculais d'un pas pour saisir son visage entre mes deux mains, chassant ses larmes à l'aide de mes pouces. « Je t'interdis de penser ce genre de chose d'accord ? T'es une des meilleures personnes que je connaisse, et je ne te laisserai pas te descendre aussi facilement. » mon ton se voulait sec, presque sévère, simplement pour lui faire comprendre que cette fois ci, je ne rigolais pas, que c'était bel et bien ce que je pensais. Autant vous dire que l'on ne m'entendait pas souvent parler de cette manière. Mes mains se placèrent un court instant sur ses épaules avant de finalement venir se croiser contre ma poitrine. « T'as essayé de lui parler ? » Parce que c'était finalement la seule chose qui pouvait encore arranger la situation. Même moi, je ne pouvais plus grand chose pour eux et ce malgré toute ma bonne volonté.

Dylan. Des souvenirs me reviennent. Et pas des souvenirs forcément agréable. Je me compare à lui. Je ne devrais peut-être pas et pourtant, je le fais. Je me sous-estime en déclarant que je ne vaux pas mieux que lui. Evidemment, Adnan ne comprendra pas puisqu’il ne le connait pas. Je n’avais pas réfléchit à tout ça. Je devrais peut-être me taire à ce sujet. Ça vaut surement mieux. Le candidat me tend presque une perche en me complimentant. Il ne devrait pas. Ce que j’ai fait est terrible. Je secoue la tête de droite à gauche. « C’est pas vrai Adnan.. » Je ne le crois pas. Je ne suis pas quelqu’un de bien. Il fait fausse route. J’ai fait un tas de mauvais choix et de choses que je n’aurais pas dû faire. Je ne peux pas être l’une des meilleures personnes qu’il connaisse. « Il était tellement énervé que je n’ai pas pu. Je ne l’ai même pas reconnu. » J’arrive finalement à me reprendre et à cesser toute larme. Je crois que j’ai fini de craquer. Du moins, pour l’instant. J’imagine que c’est loin d’être fini tout ça et qu’au contraire, la souffrance ne fait que débuter. « J’ai tout foiré. Encore une fois. » Je secoue la tête vivement plus dépité que jamais. J’arrive pas à croire qu’en une seule soirée, tout a pu basculer. « Et tu dois m’en vouloir aussi. Je suis tellement désolé. » Pour Aaron. J’imagine que ça ne lui a pas fait plaisir à lui non plus que j’ai pu coucher avec Aaron. Même si je sais qu’il n’avait clairement pas la même relation que Lou et moi, j’ai rien arrangé à sa relation avec Aaron. Au contraire, je l’ai peut-être même gâché aussi. Je m’en veux tellement.

Je n'étais jamais vraiment très à l'aise avec le fait d'aider les gens, de leur parler, principalement parce que je ne me trouvais pas doué pour ça, bien que tout le monde me disait le contraire. Malgré tout, j'avais toujours ce besoin d'aller vers l'autre, d'essayer de le réconforter du mieux que je pouvais, principalement lorsqu'il s'agissait de personnes que j'appréciais vraiment comme Sacha. Lui et moi, nous nous ressemblions plus que les apparences pouvaient retranscrire. Nous cherchions tous les deux un amour sans faille, une relation stable et durable, quelqu'un qui pourrait nous épauler jusqu'à la fin des temps. Et j'étais presque certain qu'il avait trouvé la bonne personne, oui. Lou et lui étaient parfaits à mes yeux, et je ne pouvais simplement pas me contenter de voir les prémices de leur couple imploser simplement pour une erreur. Je ne m'y connaissais pas beaucoup en relations, puisque je n'avais pas fréquenté beaucoup de personnes, mais je savais qu'il ne fallait pas lâcher prise aussi facilement. Sacha semblait baisser les armes et je ne savais plus quoi lui dire pour lui faire croire ne serait-ce qu'un minimum en lui. Il s'excusait également auprès de moi, alors qu'il n'avait vraiment aucune raison de le faire. Déposant un baiser sur son front, je me retirais, esquissant un sourire pour lui faire comprendre que ça n'était pas nécessaire. « Je ne t'en veux pas Sacha. » Pourquoi devrais-je lui en vouloir d'ailleurs ? Aaron ne m'avait fait aucune promesse et je savais comment il était au sein de ce jeu. Je n'allais pas lui demander de changer quoi que ce soit pour moi, non, je ne le demanderais à personne d'ailleurs, tout simplement parce que je n'estimais pas en valoir le coup. Mais Sacha lui, il avait encore la possibilité de se battre pour ce qu'il désirait, rien n'était perdu. « Tu sais, je n'ai pas fréquenté grand monde alors je n'aurais pas grands conseils à te donner. Mais si j'ai bien appris quelque chose, c'est qu'il ne faut jamais baisser les armes. Si tu veux quelque chose ou quelqu'un, tu dois persévérer et non pas abandonner aux premiers problèmes. Alors bats-toi Sacha. » J'étais certain que rien n'était perdu pour lui, qu'il y avait encore tout à faire. « D'accord ? » Comme quoi, je restais tout de même bien plus mature que d'autres avaient pu le penser.