Three Broomsticks Inn & Pub
ft. Aaron & Andreja

Les semaines passant il n'avait toujours pas vraiment trouvé d'utilité à ce placard à balais, partant du principe qu'il n'y avait aucun balai à l'intérieur. C'était le genre de porte devant laquelle il passait tous les jours au moins une fois sans même plus s'y arrêter, il en avait presque oublié que ce placard existait à vrai dire, du moins jusqu'à ce jour-là. Ce soir-là serait un terme plus exact. Il ne savait pas pourquoi maintenant, il ne savait même pas pourquoi tout court, mais il avait soudainement eu le besoin de se terrer dans un coin et de faire le vide, radicalement, de se cacher dans le noir et d'attendre que ce poids dans sa poitrine disparaisse. Et là, le placard s'était affiché comme l'endroit parfait ; Pas au premier abord pourtant, il avait d'abord tenté la loveroom pour y trouver Alistair endormi (ou faisant semblant), et était reparti en sens inverse sur la pointe des pieds. Le placard à balais c'était sa dernière option, personne ne viendrait le chercher là, il serait tranquille ... Tranquille pour quoi ? Il ne savait même pas, assis dans un coin du placard, les jambes repliées contre lui et les coudes appuyés contre ses genoux, il ne savait même pas ce qu'il attendait. Mais il profitait du silence, de la pénombre, de l'impression factice d'avoir disparu de la surface de la terre ou tout du moins d'avoir disparu du nid pendant quelques instants. Du moins jusqu'à ce que la porte du placard ne s'ouvre et que le serbe ne relève les yeux sur la frimousse barbue d'Aaron « Désolé, la place déjà être prise. » S'il avait soudainement besoin de réfléchir sur le sens de la vie il allait devoir trouver un autre endroit que celui-ci, il restait toujours la cabane du pêcheur ou bien les vestiaires du stade, c'était moins petit mais on y croisait rarement quelqu'un aussi. « Tu fuir quelqu'un en particulier ? » Il demandait cela comme ça, disons qu'Aaron avait la tronche de celui qui était déçu de ne pas trouver la place libre dans le placard, justement, alors c'était une hypothèse que le serbe formulait.

J'en ai un peu marre de broyer du noir mais c'est dur d'aller au delà de ses problèmes, surtout ici. Contrairement aux semaines précédentes néanmoins, je tente de cacher par des sourires mon malêtre. Ce n'est pas entièrement feint, je commence à profiter de nouveau de l'aventure, de temps à autre. Mon humeur est constamment en train de changer, et je peux vous dire que c'est très fatigant. Puis je sais pas ce qui me prend, je marche dans le couloir et mon imagination me joue des tours. Au lieu de continuer mon chemin et d'ignorer cette personne tout simplement, je m'enfonce au plus vite dans la première pièce que je trouve, et il se trouve qu'il s'agit du placard à balais. « Tu fuir quelqu'un en particulier ? » Oh putain, je l'avais pas vu lui. Pourtant d'habitude Andreja est un gars imposant, mais là il parait insignifiant recroquevillé sur lui même dans un coin sombre comme ça. J'ai pas l'habitude d'avoir cette image là de lui dis-donc, c'est... étrange. Un « Oh... » s'échappe de mes lèvres, le genre de chose qui sort de la bouche pour répondre, sans savoir quoi dire en fait. Hm je ne veux pas m'avancer mais quand une personne ne se sent pas bien, c'est bien le genre de posture et d'endroit où elle se terre... alors je sais pas trop quoi faire, parce que je suis pas quelqu'un de très proche d'Andreja même si j'aimerais bien. Je suppose que je vais partir, il a pas l'air non plus mal en point, juste l'impression qu'il veut être seul. « Tu fuir quelqu'un en particulier ? » Ah s'il me parle, je me dis que peut-être je vais rester, parce que ça veut dire que je ne le dérange finalement pas ? Moi ça m'arrange, j'ai pas envie de sortir tout de suite. Par contre, sa question m'embête un peu, j'ai pas spécialement envie d'en parler, mais je ne tiens pas non plus à cacher quoique ce soit. « Oui. » Hm voilà, ça répond à sa question même si je reste évasif. En fait, si je parle, je risque de me montrer trop incisif et je ne ressens pas le besoin de cracher derrière le dos de cette personne, elle est insignifiante pour moi c'est tout. « Tu... tu veux rester seul ? M'expliquer ? Parler d'autre chose ? » Je suis multifonction ce soir.

Il n'était pas si mal en fin de compte, ce placard à balais. Et puisqu'il était assez spacieux pour qu'une personne puisse s'y terrer sans avoir l'impression d'être coincé dans une boite à sardines, on se doutait bien que le placard avait été mis là pour cet usage également, et pas uniquement pour garder des balais que personne n'avait jamais vus et qui auraient eu toute la place pour monter un ballet. De balais. Ahah. Du coup Andreja se disait qu'il pourrait bien rester là un moment, fermer les yeux, faire le vide, et rester là jusqu'à ce qu'il ait des crampes dans les jambes d'être ainsi sur le sol. Le silence, le noir complet qui contrastait avec les étoiles factices qui éclairaient la chambre stellaire d'une pénombre permanente ... Et puis finalement la porte qui s'était ouverte sur Aaron. Mais la place était déjà occupée, comme il pouvait le voir et comme Andreja n'avait pas manqué de le lui faire remarquer, d'un ton malgré tout légèrement amusé. Son but n'était pas de faire déguerpir Aaron à tout prix ou de lui apparaitre désagréable, mais en revanche il était clair et net qu'il ne laisserait pas sa place. Lui avait déjà profité du placard, Akela en avait apporté la preuve. Marquant une pause de quelques secondes et se décidant tout de même enfin à relever les yeux vers Aaron, il lui avait demandé s'il fuyait quelqu'un. Il avait l'air de fuir quelqu'un en tout cas, le serbe en mettrait presque sa main à couper ; Et pourtant il y tenait, à ses mains. « Oui. » Réponse sincère mais tranchante, concise et suffisante pour qu'Andreja comprenne qu'il n'obtiendrait sans doute rien de plus à ce sujet, à part peut-être s'il décidait de creuser, et il n'était pas encore certain de vouloir le faire. Il n'était même pas encore certain de vouloir partager "son" placard avec Aaron, ou avec quelqu'un d'autre d'ailleurs. « Tu ... tu veux rester seul ? M'expliquer ? Parler d'autre chose ? » Il avait pincé sa lèvres inférieur avec ses incisives, marquant un silence de quelques secondes pas des plus destinés à faire s'impatienter à Aaron, mais prouvant seulement qu'Andreja ne savait pas ce qu'il voulait. « Je sais pas. » avait-il d'ailleurs fini par répondre à demi-mot, d'un air perplexe. Jetant un coup d'oeil machinal derrière Aaron il avait entendu des bruits de pas arriver plus loin dans le couloir et déclaré d'un ton plus résolu « Bon, tu rentrer ou sortir ? Je pas aimer les courants d'air. » Il avait décidé de l'accepter dans le placard finalement, bon seigneur qu'il était, et à condition qu'il n'ait pas de souci avec le fait d'être un peu à l'étroit. A tous les coups ce placard avait été prévu pour une personne et non pas deux, ou alors pour deux personnes désireuses d'opérer un rapprochement littéral. Et ce n'était pas vraiment ce qu'Andreja recherchait d'Aaron, mais il espérait le brun assez intelligent pour avoir déjà compris cela tout seul. Voilà, ils étaient de nouveau dans le noir maintenant, et sans trop savoir pourquoi il avait soudainement envie de se montrer si bavard, alors qu'il priait le silence quelques instants avant, il avait demandé « Si tu me dire qui tu essayer de fuir, tu peux demander quelque chose après. » A moins qu'il n'ait rien à lui demander, c'était tout aussi probable, et dans ce cas là il pourrait lui raconter ce qu'il voulait, sa vie, une blague, sa journée ou ce qu'il avait mangé au petit déjeuner. Quoi qu'à choisir il préférait qu'Aaron lui raconte sa vie surtout, parce qu'il ne savait toujours pas grand-chose sur lui si ce n'était qu'il savait dessiner. Et qu'il avait du mal à garder mini-Aaron rangé dans son caleçon, mais il avait l'espoir qu'Aaron soit un peu plus que ça, un peu plus que ce qu'il avait montré jusqu'à présent.