+ J'avais grossi, c'était obligé. Je ne m'étais pas pesée mais je le savais, je le sentais, ça devait se voir la semaine dernière lors du prime, j'avais sans doute l'air un peu serrée dans ma tenue. Il fallait donc que je réagisse et au plus vite. Dès lundi, j'avais recommencé à m'entraîner, à courir sérieusement tous les jours. Bon, c'est relativement chiant parce que le terrain est pas super grand et qu'on en a vite fait le tour, alors il vaut mieux faire carrément le tour du nid, mais là aussi, quand on l'a traversé en long, en large et en travers, on en a vite marre. Je n'étais donc pas très motivée en ce dimanche mais il fallait que je le fasse. Mon corps c'est un peu mon seul atout dans la vie, alors faut que je l'entretienne, je suis bien obligée. Je suis donc partie pour une à deux heures de course sans interruptions et je sens que ça va être bien long. Mais je me suis bien accrochée et quand j'ai finalement terminé, je me sens bien et fière de m'être dépensée autant pour la journée. Je termine par faire quelques étirements sur le côté du terrain, là où je peux. J'entends des pas derrière moi et je jette un rapide coup d'oeil pour me rendre compte qu'il s'agit d'une fille qui me dit vaguement quelque chose. « Je sais que j'ai de belles fesses et que tu rêves d'avoir les mêmes mais les matte pas trop, ça les met mal à l'aise. » Au moins oui, avec le bon millier d'yeux qui ont dû les reluquer depuis le temps. « Tu m'excuse, hein, mais je crois que j'ai pas retenu ton nom. » Je crois bien que c'est la fille que j'ai rencontré dans la salle de musique une fois et qui avait l'air surprise que je connaisse pas son prénom, mais qui du coup ne me l'a quand même pas rappelé. Ensuite elle est partie et je m'en suis plus jamais préoccupée de cette nana, jusqu'à ce qu'elle soit de retour parmi nous, dans le nid. « C'est Nany ? Non, Nona ? Ou non, Nana, c'est ça ? » Ou pas. Non mais je sais que je suis pas loin, j'y suis presque mais ça veut pas venir, je l'ai sur le bout de la langue pourtant, je m'en souviens un peu vite fait, c'est quelque chose comme ce que je viens de proposer, j'en suis sûre. Mais non, ça me revient pas. En même temps, j'ai toujours eu du mal avec les prénoms, donc ça va pas m'aider si elle est pas restée longtemps en jeu, puisqu'elle est partie en premier, un abandon qui plus est. Non, là c'est clair, y a pas moyen que je me souvienne de son prénom, c'est mort.

Ohana fait du sport, enfin elle est forcément douée pour ça puisqu'elle est à peu près douée pour tout. Faut dire que la créature de rêve existe, c'est elle quoi. Elle a un putain de caractère, elle mesure 1m80 avec des jambes interminables, un corps de ouf et puis elle vient des îles quoi. Un vahiné bien gaulée La meuf qui est en train de courir est encore à des années lumières d'atteindre la perfection Ohana. Elle pourra s'faire injecter plein de plastique dans le visage qu'elle sera jamais aussi magnifique. Sourire en coin, elle s'approche justement de ce spécimen qui s'y croit peut-être un peu trop. Elle matte forcément ses fesses, bah ouai elle a des yeux Ohana, c'est pour mater, m'enfin... "T'excites pas, j'aime pas les grosses vaches... Et puis t'aura beau faire le plus de sport possible, ton booty restera dégueulasse..." Un de ces jours, il va falloir qu'elle ouvre les yeux quand même: les mecs lui flattent le cul juste pour avoir une pipe, ces fourbes. Elle doit être du genre à sucer, enfin ça se voit sur son visage, ça serait pas étonnant qu'elle puisse avoir le statut de THE PUTAIN de la planète, en fait c'est ça son secret... Ok, c'est complètement gratuit parce qu'Ohana n'est pas foutu de dire comment elle peut être cette fille en vrai, mais c'est trop plaisant de médire, même toute seule dans sa tête comme une cas soc'. Elle ne connait pas son prénom? "Ah merde, c'est affreux !" Qu'elle lui répond du tac au tac, en levant les yeux au ciel. C'est de la mauvaise fois, Ohana, ça se retient merde quoi. Elle hausse les épaules. "Ouai c'est ça, appelle moi Nana et moi je t'appelle Daffy Duck!" Qu'elle dit, imitant rapidement une espèce de danse des canards, agitant doucement ses bras et exagérant une bouche de canard quoi, comme elle.

D’accord, je m’y crois un peu quand je lui parle de mes fesses, mais c’était plus pour plaisanter que pour l’agresser, ce qu’elle est limite en train de faire. Je sais pas, je lui ai rien fait pourtant, ou alors je me suis pas rendue compte. Elle me dit de pas m’exciter, ce qui me fait sourire parce que c’est elle qui m’a l’air de s’exciter pour rien contre moi, puis elle m’apprendre qu’elle aime pas les grosses vaches, je fronce les sourcils mais j'ai toujours le sourire aux lèvres. « Comme ça on est deux. » Je me permets de glisser avant qu'elle n'enchaîne déjà en m’annonçant que je pourrais faire du sport autant que je veux, j’aurais toujours un cul dégueulasse. Eh beh, trop aimable cette fille. Je sais pas si je dois me marrer ou l'attraper lui tirer les cheveux comme la grosse gamine immature que je peux être. Non, il faut rester calme, surtout parce que la violence est interdite au sein du nid et j'ai aucune envie de me faire virer pour une idiotie pareille le jour du prime de la demi-finale. « Au moins, moi, j’en ai un. » Et je suis pas du tout en train d’insinuer que le sien est quasi inexistant, en tout cas par rapport au mien. C’est sûr que ça à rien à voir, le cul d’une danseuse et celui d’une… Je sais même pas qui elle est et ce qu’elle fait, en fait, vu qu'elle est partie super vite. Enfin, bref, après c’est sans doute une question de point de vue et assez subjectif, toute cette histoire de fesses, donc passons.. Je ne me souviens pas du prénom de cette charmante jeune femme, même si je sens que je l’ai sur le bout de la langue. Elle dit que c’est affreux. « Ouais. » Je confirme en hochant la tête, l’air faussement embêtée. Je décide finalement de faire quelques tentatives parce que je crois bien me rappeler qu’il y avait un "na" et peut-être même un "o" dans son petit nom aussi, mais je suis plus très sûre. De toute façon, je suis même pas sûre de vouloir savoir finalement. Je propose Nana, elle dit que c’est ça, et en retour elle se permet de me trouver un surnom bien sympa. Elle se met à gesticuler en faisant une espèce de duck face. Mais qu’elle conne, cette Ohana. « Ah ça y est, je me souviens de toi ! Lilo et Stitch. » Aussi jolie que la gosse mais aussi bête et méchante que la bestiole au début du 1 et dans le 2, je crois bien. Enfin, les dessins animés et moi, c’est pas vraiment ça. Je pourrais pas dire le nom du dernier qui est sorti au cinéma, par exemple, mais j'essaye de me mettre un peu à jour à jour quand je rends quelques rares visites à mon père, comme je passe parfois des heures entières dans le canapé à rien faire à part surveiller ma demi-sœur, cette espèce de demi-portion horrible dont le deuxième prénom devrait être Ohana, je trouve, justement.

Ohana lève les yeux au ciel, son manque total de répartie est désespérante. Comme ça elle sont deux. Genre quoi? Soit elle dit ça tout simplement pour afficher ses goûts: effectivement elle n'aime pas les filles en surcharge pondérale excédent plus ou moins le morbide; mais en retournant la belle expression de la tahitienne, elle vient de perdre 40% de son électorat composé de petites grosses trop en colère d'être traité ainsi et non en jeunes filles "pulpeuses avec quelques rondeurs", c'est bad pour elle. Soit elle dit ça pour Ohana directement et il faudra lui payer une bonne paire de lunettes: elle pèse rien la brune, une bombe sans un kilo en trop. C'est pas son cas à elle, mais apparemment elle assume... "T'es pas complexé, c'est cool..." Elle fait une grimace en tournant sa tête sur le côté, après lui avoir affiché un sourire ironique. Ouai c'est bien d'assumer lorsque l'on a des défauts, parfois c'est ce qui peut rendre les moches plus forts que les beaux, les épreuves de la vie leur ont forgé un petit caractère et maintenant ils n'ont plus honte de rien. Ca doit être son cas. Ohana applaudit. Elle a un gros cul et elle aime bien ça, c'est cool. Finalement, la meuf reprend conscience et sort d'elle ne sait où ce dessin animé qui la fait terriblement chier, faut bien le dire. "Ouai c'est ça, c'est mon prénom, Lilo et Stitch ! Tu sais, j'ai un frère aussi, il s'appelle Timon et Pumbaa, un vrai amour !" Ohana parle avec un large sourire, moins agressive, plus dédaigneuse pourtant. Et puis elle fini par s'approcher de la demoiselle, passant son bras autour de sa taille, son menton posé sur son épaule, un large sourire aux lèvres. C'est facile les contacts, pour elle. "Je m'excuse, Daffy Duck c'est pas gentil... C'est louable de ta part de vouloir t'embellir avec du botox et même si t'es complètement ratée et bien je trouve que t'es une bien belle personne, poupée !" La tahitienne pose doucement ses lèvres sur la joue de sa nouvelle copine, bah quand même.

J'avoue que j'avais pas vraiment prévu qu'elle réagisse de façon aussi véhémente que ça quand je l'ai abordée et ce qu'elle m'a sorti m'a un peu étonné, voire laissée sur le cul, pour le coup, et je n'ai pas trop su quoi répondre. Je voulais pas en faire trop et passer pour la plus pétasse de nous deux vu qu'elle a l'air de bien mieux connaître son rôle que moi. Elle trouve ça cool que je sois pas complexée. « Oh non, c'est surtout que je me fous de ce que peuvent dire les peaux de vaches. » Pour continuer de faire allusion à ces braves mais pauvres bêtes dont elle m'a aimablement traitée deux secondes plus tôt. En fait, en vérité, je me fiche pas tellement de ce qu'elle pense ou dit sur moi. J'étais même déjà persuadée que d'avoir grossi alors sa petite pique ne m'aide pas à ne plus me poser de question à ce sujet, au contraire, mais j'ai l'impression, vu la façon dont elle l'a dit, que c'était d'avantage de la méchanceté que de l'honnêteté gratuite. Et c'est un peu ça qui m'a fait me souvenir si subitement de son prénom, sauf que je préfère évidement faire référence au dessin animé dans lequel il me semble qu'on l'entend. Dans Lilo et Stitch, ils disent : Ohana signifie famille, ou un truc comme ça, je crois bien. Elle confirme, mais je sens bien que ça l'agace, on a dû lui faire la remarque un million de fois déjà. Elle ajoute qu'elle a même un frère qui porte le nom du phacochère et de la mangouste du Roi Lion. Je souris, amusée. « Eh bah, ça doit être une sacrée ménagerie chez toi. » Entre elle la peau de vache avec son prénom en rapport avec une bestiole de l'espace et ce fameux Timon et Pumba, qu'elle vient sans doute d'inventer pour rebondir sur ce que je venais de dire, sans doute, je la plains. Ou pas, hm. Elle s'approche alors de moi et sans que je l'ai vu venir, elle m'attrape par la taille et pose sa tête sur mon épaule pour me parler de super près. Je ne la repousse pas même si je trouve ça assez bizarre, j'ai l'habitude qu'on dépasse les limites avec moi, et puis bon, j'ai laissé de biens pires individus qu'elle me prendre par la taille. La brunette s'excuse, pour l'imitation et le surnom de canard de dessin animé, mais elle enchaîne en me parlant de chirurgie plastique, connerie à laquelle je n'ai jamais eu recours de ma vie, déjà parce que je me trouve assez bien comme je suis, et puis surtout parce que ça coûte cher pour pas grand chose, et j'ai pas de temps, ni d'argent à perdre là-dedans. Après avoir affirmé que j'étais ratée, elle dit quand même que je suis une bien jolie personne, et préfère me surnommer poupée cette fois. « Merci. » Je reste tout de même légèrement sur mes gardes parce qu'elle pourrait avoir encore quelques vacheries en réserve à me sortir. « T'es plutôt pas mal toi aussi. » C'est vrai, je le pense, elle est jolie cette fille, celui qui dit le contraire est soit aveugle, soit jaloux, soit con, ou les trois à la fois. « Mais pense à faire quelque chose pour ce qui sort de ta bouche, quand même. » Pas son haleine, non ça, ça va. Là je parle plutôt de ce qu'elle peut dire aux gens. Y en a que ça va faire rire ou qui s'en ficheront, d'autres à qui ça fera de la peine, et certains autre que ça agacera au point de lui faire regretter d'avoir ouvert sa grande boite à camembert. C'est pas mon cas, mais bon, je préfère la prévenir. « Genre réfléchis, ou tourne au moins ta langue sept fois dans ta bouche avant de crier à la chirurgie quand tu vois une fille un peu trop jolie pour être vraie. » Par exemple. Non parce que sans l'avoir particulièrement mal pris, maintenant je me demande si j'ai vraiment l'air d'être refaite ou si elle disait juste ça comme ça, hm.

Spoiler:

Ohana ne peut s'empêcher de sourire sincèrement. Oh oui, elle est sincèrement amusée par ce titre de peau de vache qu'elle mérite plus ou moins. Elle ne va pas protester en disant qu'elle est une enfant de coeur, personne ne la croirait. Elle accepte, c'est déjà ça de pris. Ohana, il ne lui en faut pas forcément beaucoup pour l'énerver, mais s'il existe bien un truc qui la met sur les nerfs, c'est son prénom. Etonnemment, ça ne la saoule même pas quand la pin-up essaye de la chambrer. Au contraire, elle rebondit, elle aussi, Ohana continue: "Ouai !... Que des cochons !" Elle ne tarira jamais d'éloge sur sa petite famille, c'est certain. La meuf fini par la remercier. C'est tellement bien de se faire remercier pour une belle ironie bien construite. Faut rien prendre pour acquis avec Ohana. Elle se connaît parfaitement et elle sait pertinement qu'elle n'a rien de méchant, mais les autres doivent en douter, mais puissance mille. Une fille qui ne la ferme pas, qui dit ce qu'elle passe pas la tête, méchant ou non, ça fait jamais plaisir. Si elle s'excuse, ce n'est pas pour être gentille, c'est comme ça, une façon de parler et puis elle fait d'une pierre, deux coups, réussisant également à l'approcher. À s'accrocher même à elle, telle une frotte-girl de charme, sans l'agressivité quand même. Quant Ohana parlait d'une bien belle personne, elle parlait intérieurement. On ne peut pas dire qu'elle soit vraiment canon extérieurement. Enfin pas du niveau facial. Alors, quand elle lui retourne le compliment qu'elle a mal compris, ça fait sourire hautainement Ohana qui ne bouge pas de son épaule, même si elle doit se niquer le dos pour ça - elle est grande la gamine. "Ouai, j'sais, un vrai canon..." Elle souffle ça, balançant ses longs cheveux foncés de vahiné. Son sourire se renforçant toujours un peu plus, au fur et à mesure qu'elle parlait. MDR. "Genre. Tu peux dire ça aux complexés de la vie totalement naïfs qui te croiront volontiers pour te sentir supérieur, mais pas à moi. Tu m'auras pas..." Elle bouge sa tête de droit à gauche, une moue sur le visage. "Ca peut pas être naturel... Ou si ça l'est vraiment, fait direct un procès à tes parents..." Bah tous ne peuvent pas réussir à mettre au monde une merveille telle Ohana. Elle le lui conseil vivement, un petit procès pour incitation à la moquerie, ça devrait passer, parce que la polynésienne ne peut pas croire qu'elle est la seule à le lui avoir dit, remarqué quoi, parce qu'elle campe sur ses positions. "N'empêches que ma langue, c'est dans la tienne de bouche que je la tournerais sept fois..." Ohana relève un sourcil, un sourire ingénue sur le visage. On ne peut pas dire, la brunette aime tout, les moches, les beaux, les hommes, les femmes... Elle aime jouer avec tout le monde.