Je ne sais plus trop pourquoi je suis venue ici en réalité. Je voulais simplement prendre l'air et marcher un peu après mon repas, mais il se trouve que je suis là depuis bien plus longtemps que je ne l'avais initialement prévu. Je crois que ça fait bien longtemps que je ne me suis plus réellement promené dans la nature. A part mon garage, les bars et mon appartement il faut croire que je ne vois plus grand chose d'autre. Je m'en rends seulement compte maintenant. Ce jardin botanique est tellement beau, je n'ai plus tellement envie de m'en déloger. Je devrais peut-être déménager pour une petite maison avec un jardin. Je peux me le permettre, simplement je n'ai pas envie de dépenser mon argent. Mais je crois qu'avoir un jardin, une habitation plus grande me ferait le plus grand bien. Je me suis trop longtemps coupée de la vie normale, il faudrait que je commence par travailler moins sans doute. En tout cas, je me sens bien ici. Je me sens apaisée. Toutefois je sais que mes bonnes résolutions ne tiendront que le temps où je suis ici, une fois que je serai partie elles se seront envolées. Mais je vais tout de même essayer de m'y tenir. Perdue dans mes pensées, je marche sans trop regarder où je vais, et je finis par rentrer dans quelqu'un. Évidemment, il fallait que ça finisse par arriver. « Oh ... Je suis désolée. » je lui dis, confuse. Ca ne m'arrive pas souvent de rentrer dans d'autres personnes il faut le dire. Dorénavant, j'arrêterais de rêver plutôt que de regarder devant moi. « C'est toi qui est rentré dimanche non, je me trompe ? » je lui dis finalement après l'avoir observé quelques secondes. Cela dit je n'en suis pas certaine, il me semble, mais je ne pourrais pas l'affirmer.

Depuis que je suis là, dans l’aventure, j’ai réalisé un truc. Quelque chose dont je ne m’étais jamais réellement rendu compte. Pourtant, quand j’y pense ça me paraît flagrant maintenant : je suis devenu quelqu’un de casanier au-fil-du-temps. Je sors très peu en dehors du boulot et de mes quelques sorties avec mes potes. Je reste chez moi les trois quarts du temps, à geeker ou à m’abrutir devant la télé. Et aujourd’hui, je trouve ça dommage. Je profite pas assez des charmes de la vie. Il y a des choses grandioses à voir ou à faire, et pas forcément à l’autre bout du monde. Paris est une belle ville. Je devrais sortir plus souvent. Un peu comme avant en fait. Quand j’enchainais les bars, les boites de nuit et autres sorties. Je crois qu’en rentrant, je vais prendre de bonnes résolutions. Mais j’y suis pas encore. Loin de là. Je vois cependant l’aventure d’un bon œil dans le sens où seulement quatre jours après mon arrivée, je me rends compte de certaines choses sur ma vie. Alors si je reste encore deux semaines voir un mois ou deux, j’ose même pas imaginer quel sera mon état d’esprit au final. Je vais peut-être me découvrir une véritable passion pour Bouddha. Bon, je le vénère déjà mais qui sait ?! A ce propos, je suis à sa recherche. Je suis sûr qu’il a une jolie statue à son effigie dans le jardin botanique. C’est un coin aménagé et assez raffiné. J’imagine donc que c’est tout à fait possible. Tiens, le coin japonais là-bas. J’aperçois déjà de beaux cerisiers en fleurs et un petit pont typiquement asiatique. En fait, je suis entrain de faire quoi là ? Chercher une statue qui n’existe peut-être même pas ? Il me manque une case, non ? Ah si ! Je suis venu pour prendre des photos du paysage. De quoi alimenter mes futurs souvenirs en somme. Le coin est tellement beau que je me dis qu’il faut que j’en profite. Donc me voilà devenu photographe avec mon chapeau et mon appareil photo autour du coup et.. Bim. Je crois qu’on vient de me foncer dessus alors que j’étais entrain de mater mes chefs d’œuvres picturales. Je lève la tête, pas très content et surtout surpris par cette entrée si furtive. « Il y a pas de mal. » Elle s’est excusée, c’est le principal. Aucune raison de lui en vouloir. Ça peut arriver à tout le monde. Je m’apprête alors à replonger la tête dans mes photos quand la demoiselle reprend la parole. Je lui adresse un simple sourire. « Oui, tu te trompes, c’est pas moi. » J’imagine qu’elle devait pas s’attendre à ça. En même temps, elle m’a presque tendue une perche. Ça aurait vraiment pas été drôle de lui donner raison. Pour autant, est-ce qu’elle gobera mes âneries ? Pas sûr. J’essaye quand même de ne pas me trahir avec une mimique ou un regard qui voudrait tout dire. Et puis, ça reste une bonne manière de tester la crédulité de la candidate. « Je.. On s’est déjà vu quelque part ? » Tout à coup, le visage de la jeune femme me semble familier. Mais peut-être que je fais erreur. Je sais pas mais son minois m’interpelle. En attendant, il faudrait pas qu’elle prenne ma question comme une tentative de drague, pas qu’elle soit déplaisante, au contraire.

Je ne comprends pas comment j'ai pu faire pour oublier tant de choses pendant toutes ces années. Comment j'ai pu faire pour être tant focalisé sur mon travail que j'en ai oublié les choses simples de la vie. Je crois qu'il faudrait que je sorte un peu plus, et quand je dis sortir je ne parle pas des bars que je fréquente avec mes amis et mes collègues. Non je devrais sans doute me trouver d'autres occupations, des occupations qui n'ont aucun rapport avec l'automobile. Je crois qu'avant d'entrer ici, de passer du temps loin de toute odeur d'essence, de tout vrombissement, je n'en avais pas pris conscience. Pourtant je sais bien qu'une fois que je serai chez moi, j'aurai vite fait d'oublier toutes les bonnes résolutions que je viens de prendre. Parce que quand je suis près de mes voitures je me sens bien. Pourtant je me sens bien ici aussi, je me sens apaisée, calme. J'ai envie d'un jardin, de passer plus de temps proche de la nature. La nature que je pollue allégrement dans ma voiture italienne. Ça je ne pourrais pas m'en passer, d'autant plus que je ne l'ai que depuis quelques mois. C'est parfois douloureux de penser que j'ai pu me la payer notamment grâce à l'héritage de mon père. Mais je sais que c'est ce qu'il aurait voulu que je fasse avec son argent. J'aurais pourtant aimé qu'il soit là pour l'admirer. Il me manque oui, ça ne fait qu'un an qu'il a disparu, les plaies ne se referment pas aussi vite. Je me perds dans toutes mes pensées, elles vont un peu n'importe où. Je ne fais plus attention où je mets les pieds. Et je rentre dans quelque chose, ou plutôt dans quelqu'un. Je suis confuse, je m'excuse sans plus tarder. Ça ne m'arrive jamais d'habitude. Il ne semble pas m'en tenir rigueur. Bien. Puis je lui demande si c'est lui le nouveau. Je crois bien oui, je ne pourrais l'affirmer. Il me dit que non. Oh ... Oh. Je me sens rougir. Je savais que ça allait m'arriver un jour, c'était forcé, je ne pouvais pas m'en sortir sans encombre comme ça jusqu'à la fin. « Excuse-moi, je ... J'ai cru que c'était toi. Tu es qui alors ? » Bon je ne connais pas tout le monde, mais il a un physique commun, je ne pourrais pas dire qui il est. Rien ne me permet de le distinguer des autres. Puis il me demande si on s'est déjà vu. Ah ça ce n'est pas à moi qu'il faut poser cette question, s'il savait. « Euh c'est possible oui ... Mais si c'est le cas je ne m'en souviens pas, je ne suis pas très physionomiste. Tu viens d'où ? » Il doit bien tenir son impression de quelque part, je n'en sais rien, parce que moi bon je n'ai aucune impression. « Ou je ressemble simplement à quelqu'un d'autre. » C'est possible aussi oui, c'est même beaucoup plus probable d'ailleurs.

Aujourd’hui, je me suis pris d’une nouvelle passion pour photographier la nature. Je ne saurai l’expliquer. Peut-être est-ce le fait qu’il fasse beau qui m’a inspiré. Ou alors le fait que je n’ai rien d’autre à faire et que je m’ennuie qui m’a motivé à me trouver un nouveau passe-temps. Surement un peu des deux. Puis y’a aussi la découverte de lieux splendides et inédits qui stimule. Je veux en voir toujours plus ici et à chaque fois, je suis surpris par l’effort impressionnant de la prod’ pour nous faire passer une aventure des plus belles dans des lieux incroyables et impressionnants. J’adore tout simplement. LA, c’est la classe quoi. Et dormir dans des anciens studios de production, c’est encore plus valorisant. Je suis donc entrain de regarder les clichés que je viens de prendre et des les analyser quand je me fais surprendre et bousculer par quelqu’un. Une candidate que je n’avais jamais vue encore. Jolie brune d’une trentaine d’année. Elle s’excuse. Je lui dis que c’est pas grave. Puis elle entame la conversation en me demandant approximativement si je suis bien le nouvel arrivant. Je m’apprêtais à lui répondre que oui quand l’idée de démentir me traverse l’esprit. Je me mets alors à jouer la comédie du mieux possible, m’attendant à voir la surprise apparaître sur son visage. Et effectivement, ça ne rate pas puisque la candidate se met aussitôt à rougir et même à bégayer. Aussitôt, un éclat de rire s’échappe de mes lèvres. « Non, je déconnais, c’est bien moi. Je suis moi. Enfin.. Sega. » Je suis moi. Houhou, ça c’est réfléchi. « Et toi, tu es ? » Je crois pas qu’elle se soit présentée. Ou alors je perds la boule. Possible oui. Mais non, je suis quasi sûr de ne jamais avoir entendu son prénom. Bon, alors, pronostic. Elle s’appelle.. Mary ! Non, Jane. Ou Mary-Jane. Ouai, je la vois bien s’appelait Mary-Jane. Mais je me doute fort que je suis loin du compte. A force de la regarder, je suis entrain de me dire que je la connais. Ou en tout cas qu’elle me dit quelque chose. Je réfléchis alors mais j’arrive pas à trouver d’explication à cette impression de déjà vu. Autant lui demander directement. « Je suis parisien. » Et fier de l’être ! Mais ça, pas besoin de le dire. Je crois que ça se voit assez à mon sourire. « Et toi ? » Au final, en vue de son accent, je crois pas qu’elle soit française. Auquel cas, je devrais pas la connaître. A moins que je me trouve face à une célébrité. « Oui, ça doit être ça. Tu dois ressembler à quelqu’un que je connais. » Mais qui ? That’s the question. « Tu fais quoi alors ici ? » Du coup, j’ai envie d’en savoir un peu plus sur la demoiselle.

Il m'arrive souvent de me perdre dans mes pensées. Souvent je marche sans trop savoir où aller. Il m'arrive en revanche très rarement de ne plus regarder où je mets les pieds. C'est terriblement embarrassant. J'ai l'habitude de me faire toute petite. J'évite de me faire remarquer le plus possible. Je m'en veux de lui être rentrée dedans. Cela n'aurait pas dû arriver, je devrais faire plus attention. J'espère simplement qu'il ne m'en tiendra pas rigueur. Je m'en voudrais, ce n'est pas l'idéal pour une première impression. Et on ne peut pas la refaire, enfin heureusement il ne m'en veut pas. Bien, j'aurais mal vécu qu'il me crie dessus, surtout que je ne l'ai pas fait exprès. Surtout qu'en plus je me suis trompée. Je savais que ça allait finir par arriver un jour. Non ce n'est pas lui le nouvel arrivant. D'accord, je me sens déjà rougir. Qui est-il alors ? J'espère que ce n'est pas quelqu'un à qui j'ai déjà adressé la parole, j'aurais peur qu'il m'en veuille. C'est encore plus gênant. Il m'annonce finalement qu'il plaisantait, et que c'est bien lui Sega. Un peu décontenancée, je bafouille. « Je ... Ah, d'accord. Sega comme la console. » Et sur le coup je me sens terriblement bête sur le coup de lui dire ça. Pourquoi est-ce qu'il a fallu que ces mots sortent de ma bouche « Enfin ce n'est pas pour me moquer. Et sinon je suis Avalon. Comme dans la légende du roi Arthur. » Oui voilà comme ça, je commente moi aussi mon prénom, pour éviter de me sentir ridicule un peu plus. Il me demande si on s'est déjà vu quelque part. Possible, enfin s'il savait il ne me poserait pas cette question, parce que je n'en ai aucune idée. Peut-être qu'il me confond avec une autre personne, ce qui me semble fort probable. Au cas où je lui demande d'où il vient. « Oh et bien je n'ai jamais mis les pieds en France. Je suis Irlandaise. » Donc au moins le mystère est résolu. Enfin en tout cas, ce n'est pas en France qu'il a pu me voir, ni même nulle part ailleurs j'imagine. Je dois simplement ressembler à quelqu'un qu'il connaît. Exact. « Tu veux dire ce que je fais ici dans le jeu ? Ou là dans le jardin botanique à rentrer dans d'autres personnes ? » Je le sais bien pourtant que je ne suis pas drôle, il faut pourtant croire que je m'acharne.

Faire croire des conneries aux inconnus, ouai, je trouve ça drôle. A Paris, j’ai toujours tendance à indiquer un mauvais chemin aux touristes. Pas pour faire mon connard, non, mais car ils sont franchement insupportables dans les métros. Quand t’es pressé et qu’ils restent plantés en plein milieu d’une gare ou des tapis roulants sans bouger, y’a rien de plus pénible. Donc je me venge en quelques sortes. Là, j’ai décidé en l’occurrence de tester la crédulité de la candidate. Cela a l’effet escompté puisqu’elle semble déstabilisée. Allez, je lui dis la vérité. Elle compare aussitôt mon prénom à la célèbre console de jeu, ce qui ne manque pas de me faire rire. « Oui comme la console. Mon père m’assure que mon prénom n’a aucun lien avec mais j’ai toujours des doutes. » Je m’en fiche un peu après tout, mais bon, je le crois quand même. Enfin je me demande du coup comment ils ont trouvés ce prénom si rare et inhabituel. « T’inquiètes pas, j’avais compris. Tu n’es pas la première à faire la comparaison. » Et certainement pas la dernière. « Et bien enchanté Avalon. » Je lui adresse un grand sourire sans faire de commentaire par rapport à la légende du roi Arthur. Je n’y avais pas du tout pensé. Moi, Avalon, ça me fait penser à.. au verbe avaler en fait. Je lui demande par la suite si on s’est déjà vu quelque part. Car c’est clairement l’impression que ça me donne. Mais je finis assez vite par me dire que je dois me tromper et qu’elle doit ressembler à une connaissance tout simplement. Le meilleur moyen de s’en assurer, c’est de savoir où elle vit. Et je ne tarde pas à lui demander. Elle me répond aussitôt qu’elle est Irlandaise et qu’elle n’a jamais mis les pieds en France. J’en déduis donc que je ne l’ai jamais vu. Quoi que. « Je suis allé à Dublin, une fois, pendant deux semaines histoire d’améliorer mon anglais. » Mais ça m’étonnerait que j’ai pu l’y voir quand même. « C’est une belle ville. » Et l’Irlande me semble être un beau pays. « Pour la deuxième question, j’imagine que tu t’es cru dans une auto-tamponneuse. » J’imagine qu’elle avait tout simplement la tête dans les nuages. « Mais non, je voulais savoir les raisons pour lesquelles tu participes au jeu. Si c’est pas indiscret ? » Je pense pas que ce le soit. Mais bon, sait-on jamais.

Je suis quand même soulagée de savoir qu'il a simplement voulu plaisanter. Le contraire ne m'aurait pas tellement étonné il faut le dire. Depuis le début du jeu j'ai eu beaucoup de chance, je n'ai confondu aucun prénom, je n'ai pris personne pour qui il n'était pas. C'est très étonnant, j'aurais eu tendance à penser que ça allait être plus difficile. Ça l'est en réalité, mais j'essaie de le cacher, parce que je ne peux pas le montrer. En tout cas c'est bien lui le nouvel arrivant, je ne me suis pas trompée. Sega, c'est son prénom. Comme la console, c'est la seule chose que je trouve à dire. Je me sens bête. Pour rattraper le coup, je lui donne mon prénom en précisant que c'est comme dans la légende du roi Arthur. Même si j'imagine bien que ça ne lui dis rien, ce n'est pas quelque chose que les gens connaissent bien. « Quand même je ne pense pas qu'ils t'aient nommés après une console . » Enfin je n'espère pas pour lui, mais enfin chacun ses passions hein. Je voudrais éviter de m'enfoncer un petit plus, et je préfère ne pas en rajouter. Si tout le monde lui fait la remarque, au moins je me sens soulagée. Je ne suis pas la seule idiote à penser cela. Nous sommes plusieurs idiots c'est rassurant. En tout cas il ne me semble pas l'avoir déjà vu quelque part. Et si c'était effectivement le cas, je ne m'en rappellerais de toute manière pas, il ne faut pas me poser ce genre de questions. De toute manière il y a peu de chances que nous nous soyons déjà croisés avant le jeu, j'en doute. Il est Français, je n'ai jamais mis les pieds dans ce pays, et je suis Irlandaise. D'après lui Dublin est une très jolie ville. « Je veux bien te croire, je n'y suis jamais allée. » Kilkenny et Dublin ce n'est pas si loin que ça, mais je n'ai jamais eu l'occasion d'y aller. Pas l'envie non plus. « Oh crois-moi, si je m'étais cru dans une auto-tamponneuse, tu serais par terre en ce moment là. » Je souris. Bon pas vraiment, mais il faut dire que j'ai toujours été un danger public dans ces jeux-là, parce que je n'hésitais pas à foncer dans tout le monde, un peu trop vite, un peu trop fort aussi. « Je voulais voir autre chose, me rendre compte de ce que j'ai pu manquer pendant ma vie. Et toi ? » Je suis brève, je n'aime pas parler de moi, j'imagine qu'il aura plus de choses à dire. « D'ailleurs t'as fait quoi la semaine dernière ? » Non parce que ça m'intrigue moi pour le coup.

Bien qu’elle soit un peu dans la lune au premier abord, Avalon m’a l’air d’être une femme sympathique et gentille. Peut-être un peu trop d’ailleurs. Je sais pas mais j’ai l’impression qu’elle puisse être le genre à se laisser marcher sur les pieds. J’espère pas pour elle. Je pense que c’est bien d’être pacifiste mais je crois aussi qu’il faut avoir un minimum de répondant et ne pas se laisser faire. Par exemple, là, si je l’avais engueulée pour la bousculade, je ne suis pas certain qu’elle aurait dit quelque chose pour se défendre. Enfin heureusement, je suis pas méchant. Loin de là. « Oh, tu sais, mon père en serait capable. » Lui et ses idées loufoques. Et j’sais d’ailleurs que c’est en grande partie lui qui a insisté pour que je m’appelle Sega. Faut dire que le monsieur a un fort caractère et que c’est lui qui porte la culotte dans le couple. Qu’importe. La conversation dérive sur le pays d’origine de la candidate. J’lui confie que j’aime beaucoup l’Irlande ou du moins Dublin. C’est une belle ville. Elle, visiblement, n’y est jamais allée. Je dois avouer que ça m’étonne un peu pour une Irlandaise de n’être jamais allé dans la capitale. « Vas-y un jour si tu en as l’occasion, ça vaut le coup d’œil. » Je sais pas pourquoi mais j’ai l’impression que la jeune femme n’a jamais vraiment voyagé. Je décide un peu de faire ma fouine histoire de voir si c’est le cas ou non. « Et les Etats-Unis, tu es déjà venu ? J’avoue que ma question est un peu intéressée mais en même temps, on est là pour trouver les secrets des uns et des autres. Tout indice est bon à prendre. Je lui demande par la suite quelles sont les raisons de sa participation au jeu. Plus par curiosité qu’autre chose. J’ai envie d’en découvrir un peu plus sur la candidate. « T’es une violente toi en fait. » Sa remarque sur les autos-tamponneuses ne manque pas de me faire rire et de me surprendre. Pas si pacifiste que ça la demoiselle. « Je vois. C’est un peu pareil pour moi. J’attends certaines choses de ce jeu. » Je veux pas en dire plus. Je peux pas. Je ne sais pas moi-même ce que j’attends concrètement. « Mais à la base, j’ai fais le casting à cause d’un pari avec ma sœur. J’ai voulu lui prouver que j’en étais capable. C’est un peu puéril, j’avoue. » Mais je suis comme ça après tout. Prendre des décisions sur des coups de tête. J’en regrette certaines d’ailleurs mais pas forcément celle d’avoir participé au casting. « Et bien la semaine dernière j’ai fais la même chose que la semaine d’avant. » Bon, c’est joué au con ça, je l’admets. En même temps, j’ai pas envie d’expliquer clairement les raisons de mon arrivée tardive dans le jeu. Je préfère rester bref. Ou presque. J’ai passé quelque chose de très important qui m’a empêché de faire mon entrée en même temps que vous. » J’ai pas envie de dire quoi. Mes parents sont pas aux courants et j’veux pas qu’ils le soient maintenant.