Je m’admire, et ce dans tous les sens du terme, puisqu’effectivement ça doit faire 10 bonnes minutes que je suis planté dans le hall d’entrée devant le tableau me représentant. C’est fou ce que je suis beau. Ma prestance est sans pareille. Mon portrait éclaire la pièce comme un halo lumineux, montrant bien à quel point je suis indispensable. Ah, Cupidon aurait dû accroché mon portrait dans toutes les pièces, ça aurait considérablement embelli la demeure. Et puis, lorsqu’une candidate passe par là, je ne peux pas m’empêcher de l’interpeller avant qu’elle traverse complètement le hall. « Eh, t-toi, là, Cupidon a d-dit qu’il fallait que t-tout le monde s’agenouille d-devant Dieu quand on passait par ici ! » je lui dis en montrant mon portrait. Je ne faisais répéter que les souhaits de Cupidon, et les miens, surtout. Eh bien quoi, je devrais même ordonner à ce qu’on enlève les casquettes lorsqu’on passait devant mon portrait, histoire de faire comprendre que désormais, ce hall d’entrée était un lieu saint.

Je finis tranquillement ma clope, toute seule, parce que je me sens revivre depuis que l'on n'est pas rationné pour les paquets de cigarettes. Je finis par rapidement rentrer dans le nid, passant par le hall. Je me fais accoster par un gars qui se prend pour dieu simplement parce son portrait sous la forme de tableau enlaidit la décoration plutôt sympathique à la base du hall. Je ne peux pas m'empêcher de lui offrir mon plus beau regard condescendant. Je fais comme si je n'avais absolument pas compris. J'hésite à partir en fou rire parce que j'ai réellement l'impression qu'il est sérieux en plus. A la place, je me contente d'arquer sobrement un sourcil pour prendre quand même la peine de répondre parce que je serai capable de lui offrir un sourire de princesse pour tracer ma route simplement pour le contredire avec mon action. « Je ne vois aucun Dieu » je proteste en agitant mon index impérieux sous son nez avant de faire mine de chercher des yeux. « Seulement un gars narcissique et mal coiffé » je souligne avec un rictus narquois parce que ce n'est pas la stricte vérité ? La vérité sort toujours de ma bouche, seulement elle emprunte souvent des formes peu agréables, mais le fond est là. « Je sais que tu t'aimes, va » j'ajoute parce que j'imagine que tout le Nid est au courant aussi, vu comme il doit le crier à qui veut bien l'entendre. « Ton prénom ?  » Je m'enquière toujours en faisant preuve d'une certaine politesse qui m'étonne moi-même.

Après l’interpellé, cette jolie brune, j’écoute incontestablement ce qu’elle a à dire. Si certains auraient peut-être été vexé, moi, je me mets à rire. Un rire sincère, mais qui n’a rien de bien classe. Un de ces rires à gorge déployée dont moi seul connais le secret. « J-je ne suis p-pas mal coiffé. » je finis par dire en passant ma main droite dans mes cheveux qui n’étaient effectivement pas vraiment coiffés. Mais bon, c’était ce qui faisait mon charme, n’est-ce pas ? Hm. « Ziggy » je réponds finalement, et en même temps que mes lèvres mes mains se mettent automatiquement à bouger, par simple habitude. J’épelle mon prénom en langue des signes, parce que c’est ce que je fais tout le temps lorsque je me présente. A croire que mon cerveau à finit par assimiler automatiquement mon prénom avec les signes que ma main fait sans que je ne le contrôle vraiment. « Et t-toi, m-madame je sais t-tout ? » je finis par lui demander, curieux de connaître le prénom de ce spécimen si plaisant à regarder.

Il me contredit comme un gamin, je roule des billes avant de pousser un soupir. Il ne peut s'empêcher de vérifier sa tignasse, je l'observe un air narquois. « Si, tu ressembles à rien» je souligne simplement d'un air neutre, ni moqueur ou qui se veut blesser, je ne fais que constater des faits. Parce Dieu n'aurait jamais cette dégaine, si vous voulez mon avis. Il rit à gorgée déployée, je me contente d'arquer un sourcil en me demandant où il trouve mon potentiel comique. Il est fêlé le gars non ? Je ne sais pas, mais je pense que je pourrais m’inquiéter non ? D'ailleurs, il est d'une élégance, ça donne tout de suite envie. Il se met à gesticuler, je l'observe avec un calme qui Ziggy. « C'est ton vrai prénom ?» je demande automatiquement parce que je n'arrive pas y croire. « Maha » j'expulse rapidement et sobrement alors que mes opales se plantent rapidement dans les siens, j'étire un simple sourire de politesse. « Et tu fais quoi dans la vie ? A part t'admirer » je lui demande alors pour faire mine de l’intéresser à cette chose bruyante et étrange qui me fait face. Je tente de me montrer un peu curieuse.