w/@nirvana
Son ventre la rappelle à l’ordre et quand elle observe l’heure sur sa montre, elle constate qu’il est temps pour elle d’aller se faire à manger. Uniquement pour elle, il va sans dire, elle n’a pas encore trouvé un intérêt particulier dans le fait de nourrir ses petits camarades. Elle prend le chemin de la cuisine sans attendre et ses plans sont bouleversés quand elle pousse la porte d’entrée. Elle n’a pas besoin de faire deux pas de plus pour constater que cet endroit est un dépotoir. La vaisselle s’entasse, il est impossible de deviner la véritable couleur du sol et les plaques de cuissons sont envahies par la graisse. Sans parler des multiples emballages et autres aliments laissés dehors, sans même être envoyés à la poubelle ou ranger à leur place. « Oh mon dieu. » Elle murmure d’effroi, tandis qu’une grimace s’affiche sur son visage. Quelle horreur, cette porcherie face à elle. Les gens n’ont vraiment plus aucune notion du nettoyage. Certains s’amusent probablement à tenter de développer un écosystème, c’est la seule solution qu’elle puisse accepter, que l’on se découvre une passion pour la science plutôt que d’admettre que certains puissent simplement être désordonnés. Dans tous les cas, elle enfile un tablier de cuisine propre, rangé dans un placard, histoire de ne pas salir ses vêtements et enfile des gants de nettoyage qui traînent dans un tiroir. Heureusement qu’elle a son gel antibactérien sur elle, dieu sait à quand remonte la dernière utilisation de ces gants. Elle libère le plan de travail puis s’empare d’une éponge et de quelques produits ménagers planqués sous l’évier et se met à astiquer le plan de travail afin de lui rendre sa brillance d’autrefois, qu’il n’a certainement plus connu depuis l’arrivée des fauves que représentent certains candidats. Elle frotte, toujours plus, jusqu’à en inventer des tâches imaginaires. Mais son esprit, ce comptoir n’est pas propre. Il ne le sera jamais, alors forcément, ça n’aide pas. Elle entend la porte s’ouvrir, Mylah ne tique pas avant que les pas s’approchent en sa direction. Elle relève le nez et reconnait Nirvana. Elle a retenu les prénoms de chacun désormais et, sans avoir jamais adressé la parole à Nirvana, elle est en mesure de débuter une conversation qui ne risque pas de la laisser indifférente, du moins Mylah l’espère. Parce qu’elle s’apprête à lui faire une proposition que la noiraude ne pourra refuser. « Mon partenaire aurait voulu être en binôme avec toi. » Il le lui a avoué, s’il avait utilisé son ticket d’or, sa préférence aurait été à la jeune femme. Elle ne sait pas vraiment pourquoi, mais elle ne s’en préoccupe pas. « Je me propose d’en faire une garde partagée. Je le garde le temps des primes, histoire que Cupidon ne pense pas que je complote derrière son dos, et tu peux l’avoir le reste du temps. » Il faut bien qu’ils prétendent être un binôme uni aux yeux de Cupidon et quoi de mieux que de faire semblant lors des primes ? Elle ne remettrait pas en doute les décisions de Cupidon devant ses yeux, tout de même. Ou alors, à peine. Ce n’est pas comme s’il y avait des centaines de caméras pour enregistrer les preuves de cet arrangement. « Il ne prend pas beaucoup de place, il se glissera parfaitement entre toi et Cecil. » Car oui, elle veut bien lui laisser Léo, mais ce n’est pas pour autant qu’elle compte l’échanger contre Cecil. Non, si elle peut faire son parcours en solitaire, ça lui convient très bien. Et puis, Cecil lui a fait une mauvaise impression, autant dire qu’elle n’a aucune envie de l’avoir dans les pattes. Léo est fluet, ils pourront bien lui trouver une place dans leur lit conjugal. Enfin, elle s’abstient de dire qu’une fois Morphée passé, il a tendance à s’étaler, le petit asiatique.

Plus les jours passent, plus elle déteste cet endroit. Pas à cause de ceux qui le peuplent – bien que certains caractères l’agacent particulièrement – ni à cause de l’ennui qui se fait déjà ressentir. Non, ce qu’elle déteste, c’est l’état déplorable de cet hôtel. Déplorable peut sembler être un bien gros mot puisqu’il est difficile de passer d’un extrême à l’autre en seulement deux semaines, mais Mylah constate que le relâchement se fait déjà sentir, puisque les efforts pour garder cet environnement propre se font de plus en plus rares. Il n’y a qu’à voir l’état de la cuisine, qui est proche de l’apocalypse, oui, elle n’exagère rien. C’est à se demander si certains connaissent le mot vaisselle. Il faut bien que quelqu’un se dévoue, et c’est elle qui s’y colle, parce qu’elle ne peut supporter de vivre dans une telle crasse. Elle espère que personne ne sera là pour constater ses capacités ménagères, sans quoi elle sera toujours de corvée nettoyage, ce qu’elle aimerait autant éviter. Elle nettoie parce qu’elle aime ça et le fait de vivre dans un endroit propre, mais elle n’a aucune envie de devenir la boniche des autres. Quand Nirvana fait irruption dans la pièce, Mylah s’affaire à rendre son éclat au plan de travail, et la remarque de la jeune femme oblige Mylah a cessé, pour lever la tête et observer quelques instants le plan de travail. « Non, pas encore. » Elle déclare, finalement, avant de reprendre son petit manège, la tête baissée sur le plan de travail et les yeux rivés sur une tâche inexistante. Malgré sa concentration, ça ne l’empêche pas de débuter une conversation avec Nirvana. Et le sujet est tout trouvé : la noiraude étant celle que Léo aurait préférée comme partenaire. Mylah avait posé la question à l’asiatique quelques minutes après l’issue du premier prime et sa réponse ne s’était pas faite attendre. « Non, il ne me l’a pas dit. » Elle rétorque en haussant les épaules. Oh, il a simplement déclaré que Mylah était plus sexy, ce qui est la raison pour laquelle il n’a pas utilisé son ticket d’or, mais il ne lui a pas précisé pourquoi il aurait aimé se retrouver en binôme avec Nirvana. Mylah profite d’être seule avec la jeune femme pour lui proposer une garde partagée, qui ne tente rien n’a rien, comme on dit. Et puisque Mylah en veut toujours à Cupidon de l’avoir collée avec son parfait opposé, il faut bien qu’elle tente d’arranger les choses puisque le joufflu ne le fera pas. « Je le vois dans tes yeux. » Elle répond à Nirvana, avec un léger sourire aux lèvres. Oh oui, c’est clair comme de l’eau de roche qu’elle regrette d’être en partenariat avec Cecil, il est évident qu’elle aurait préféré Léo. « Il m’énerve, tout simplement. Il est à l’opposé de ce que j’aurais voulu comme partenaire, alors il faut que je répare l’erreur de Cupidon. » Donc oui, elle veut s’en débarrasser, même si elle ne le dira pas explicitement. Dans tous les cas, Léo n’est pas bien épais, il se glissera parfaitement entre Cecil et Nirvana. Ou ils peuvent le faire dormir par terre, c’est une solution, aussi. « Tu peux toujours te glisser dans le lit de Mackenzi, il me semble qu’elle est toute seule et, comparée à Cecil, elle ne doit pas prendre beaucoup de place. Et je suis sûre que lui et Léo seront ravis de partager un lit. » Et rien que cette image lui provoque un léger sourire. Mylah a pensé à tout, elle a des solutions à chaque obstacle qui se met au travers de son plan. Ce que déclare Nirvana par la suite provoque un franc sourire à Mylah. Ce n’est pas exactement ce qu’elle avait en tête, mais c’est toujours mieux que rien. Et nul doute qu’elle n’arrivera pas à en obtenir plus de la part de l’américaine, alors autant se contenter de cela. « Ce n’est pas exactement ce que j’avais en tête, mais marché conclu. » Quant à savoir s’il est docile, la blonde marque un temps d’arrêt pour réfléchir à la question. « Il l’est, oui. Ceci dit, il ne faut jamais te relâcher sinon il commence à être réticent, et tu dois tout reprendre à zéro. Mais je suis sûre que tu arriveras à le tenir en laisse, je ne me fais pas de souci. » Peut-être qu’elle parait insensible à la condition de son partenaire, mais il ne fait rien pour qu’elle l’apprécie et le traite en bonne et due forme. Et puis, elle essaie d’amadouer Nirvana pour qu’elle ne se rétracte pas, ce qui serait dommage. « Bon, assez parlé de Léo. C’est le grand amour avec Cecil, de ton côté ? » Elle en a marre d’accorder de l’importance à son binôme alors qu’il n’en mérite pas, autant se concentrer sur celui de la jeune femme.

Il est déjà midi, oui. Et j'ai même pas besoin de montre pour m'en rendre compte, il y a mon estomac pour ça. Il est vraiment réglé comme une horloge depuis le temps, peu importe l'heure à laquelle je me réveille, peu importe ce que je peux avaler dès le matin pour mon petit déjeuné bien copieux de roi, je sais qu'il est midi quand ça commence à grogner entre mes poupons et mon nombril. Je me dirige donc vers la cuisine en prenant tout de même bien mon temps, histoire d'avoir le temps de humer l'air afin de déterminé si c'est moi qui devrait cuisiner aujourd'hui ou si l'un de mes petits camarades aurait pris cette initiative afin d'éviter la catastrophe culinaire que je pourrais provoquer. Ils sont pas fous les autres, ils devraient avoir eu le temps de comprendre que je servais pas à grand chose à part à faire des blagues à deux balles et à leur donner des conseils semi-bidons en matière de sport. Mais pas d'odeur de bouffe, non. Pff. Ah mais par contre j'entends des voix -de vraies voix, j'en suis presque sûr, je m'appelle pas Jeanne d'Arc. Forcément, plus je m'approche et mieux je distingue le sens de la conversation des deux nanas. J'entends même mon prénom ! Mais finalement ça m'étonne qu'à moitié quand je me rend compte que l'une des jeunes femmes n'est autre que ma partenaire, qui m'apprécie autant que mon sens de l'humour. « Ah, mais arrêtez de parler de moi, j'ai les oreilles qui sifflent, c'est insupportable ! » Je m'exclame alors que Mylah, la blonde un peu bizarre mais assez marrante, qui semble en plein dans un grand nettoyage de printemps de la cuisine, demande si c'est le grand amour entre la brune et moi.