SAYID & @RANJA
jeudi 26 mars - 12:46

Leur donner un restaurant mais sans cuisinier, c'était un peu comme donner à un enfant un papier de bonbon qui serait vide, c'était remuer le couteau dans la plaie en affichant le menu dans l'entrée du restaurant alors que la quasi-totalité des candidats présents dans le nid n'avaient probablement pas les compétences culinaires pour réaliser un seul des plats de la liste ... A part peut-être Joey, après tout il ne savait pas jusqu'à quel point elle était compétente en terme de cuisine, mais à première vue un food truck et un restaurant de palace ne jouaient pas dans la même catégorie. La catégorie dans laquelle jouait Sayid était encore différente puisque la flemme y avait une part importante, écrasant le fait que deux années à être de corvée de cuisine par roulement avec le reste de son équipe lui avaient permis d'apprendre à se débrouiller un minimum dans une cuisine. La rubrique d'Akela ferait peut-être douter les plus sceptiques à ce sujet, mais pourtant son ratage culinaire de la semaine précédente n'était qu'une erreur de parcours aussi conne que susceptible d'arriver à n'importe quel cuistot qui avait l'esprit ailleurs. La rubrique d'Akela l'avait rendu morose, dévoilant sans vergogne ce qu'il avait partagé avec Claudia uniquement et faisant de lui le "mec sans jambes" puisque c'était souvent comme ça que la chose était résumée. Une morosité également due au fait qu'il avait malencontreusement nominé sa partenaire à la roulette russe, en poissard de service qu'il était, et qu'il appréhendait un peu l'annonce des nominations plus tard dans la journée. Il n'avait pas plus envie de changer de partenaire que de se retrouver nominé lui aussi, car si le prime de dimanche dernier lui avait fait douter de sa pertinence à rester dans cette émission il n'en oubliait pas qu'il n'était pas là pour son propre plaisir et que ce n'était pas à son bien à lui qu'il devait penser. Ne pas penser à dimanche, ne pas penser aux nominations de ce soir, ne pas penser à ces autres choses qui le contrariaient beaucoup ... Cela faisait beaucoup de choses auxquelles ne pas penser. Et maintenant que son assiette était terminée ne subsistait plus que la bouteille de vin rouge posée devant lui pour l'occuper un peu. S'en versant un nouveau verre le britannique avait posé un regard machinal sur les trois autres couverts que comptaient la table tout en prenant conscience de l'opportunité rare qui avait été la sienne : prendre un repas sans être dérangé par qui que ce soit. Car quand autant de personnes vivaient sous ce toit cela relevait du miracle. A ce moment-là pourtant le charme avait été rompu par l'arrivée d'une silhouette dans l'entrée du restaurant, un charme timidement de retour lorsque Sayid avait reconnu Ranja. Sa dernière entrevue avec la jeune femme aurait pu suffire à le refroidir mais il n'était pas assez dupe pour ne pas avoir compris que le problème venait à ce moment-là de Nirvana et de personne d'autre, aussi la regardant s'avancer dans la pièce sans la quitter des yeux il attendait sagement de voir de quelle humeur elle était pour agir en conséquence. Il se méfiait, le nid était peuplé de lunatiques, lui le premier. « Je te sers un verre ? » Boire accompagné c'était toujours plus appréciable et apprécié que de boire seul, parce que la rumeur voulait que lorsque l'on buvait seul c'était rarement par simple plaisir ... Foutaises, comme si Sayid était du genre à s'interdire quelque chose sous prétexte qu'il était seul. Alors qu'il s'agissait de son état naturel. « Pas de Nrivana dans les parages cette fois-ci, on sera tranquilles. » Le ton était neutre et ne respirait pas vraiment l'ironie. Et pour cause puisque Sayid était parfaitement sérieux, estimant que la présence de Nirvana était ce qui lui avait empêché de s'intéresser un peu plus en détail à Ranja. Pas assez pour qu'il ne profite pas de la vue lorsqu'elle avait retiré son haut, certes, mais tout de même.

Le restaurant de l'hôtel est peut-être la partie la plus inutile du nid aux yeux de Ranja. Pas de serveur, pas de chef, pas de sommelier, pas même une véritable œuvre d'art à regarder. Ranja n'est pas une grande experte, elle s'y connaît un peu, parce qu'investir dans l'art est facile et que faire émerger des jeunes artistes rapporte énormément, mais exposer ainsi des reproductions lui semble un peu vulgaire. Ça donne un genre très « on n'avait pas les moyens d'acheter les vrais alors on vous fout les versions imprimées » à la pièce, la privant du peu de charme qu'elle avait réussi à gagner par son décor. Tomber sur Sayid, assis à table, seul avec un repas finit et une bouteille de vin est une opportunité comme une autre de justifier l'abus d'alcool en plein milieu de la journée. « Deux, pleins. » dit-elle en attrapant deux des trois verres propres et en les tendant à Sayid pendant qu'elle s'assoit sur la chaise voisine. Ranja déteste être assise pile poil en face de quelqu'un quand elle est en tête à tête, trouvant la proximité d'une chaise voisine bien plus propice à la conversation que la chaise opposée qui a un symbolisme de confrontation indéniable. La remarque de Sayid la fait rire mais elle joue l'embarrassée. « Ah merde... désolée de te décevoir, mais en fait je lui ai dit de venir me rejoindre pour qu'on boive un verre et qu'on laisse l'épisode du spa derrière nous. Elle devrait arriver dans cinq minutes. » avoue-t-elle coupable. C'est que les deux jeunes femmes ont une sorte de différend à régler et qu'il ne vaut mieux pas laisser ça s'envenimer sinon Ranja va devenir garce et personne ne veut être de ce côté là de sa personnalité. Déjà qu'elle n'est pas toujours facile quand on est dans ses bonnes grâces... Histoire de ne pas acheter Sayid, ou de ne pas lui laisser le temps de prendre ses jambes à son cou, Ranja explose d'un rire enfantin avant de préciser hilare : « Ok j'avoue, je te fais marcher ne te sauve pas en courant ! » Il y a sur le visage de Sayid un air grave, c'est comme ça tout le temps. Elle n'aime pas ce genre de truc, ça lui plombe un peu le moral et puis ça lui donne envie de savoir ce qui se cache derrière. Mais elle ne veut pas, absolument pas, commencer à s'attacher aux gens, à leur accorder une importance presque sentimentale. Ranja doit en permanence lutter contre l'envie de s'attacher ne serait-ce qu'un peu. Parce qu'elle est dans un jeu et qu'elle veut gagner, qu'elle veut gagner en montrant son visage de femme d'affaire et pas celui de femme enfant. Et puis c'est trop tôt pour avoir confiance en quelqu'un, surtout après le départ d'István dimanche. Mais désireuse de redonner le sourire à un Sayid qui a l'air de l'avoir perdu il y a longtemps, elle tente une autre plaisanterie. Alors que bon, tout le monde sait que l'humour c'est vraiment pas le domaine dans lequel elle excelle. « Tu m'as jamais rendu mon haut de maillot, tu veux que je te file le bas à l'occasion ou tu compte me retourner la partie manquante ? » taquine-t-elle en trinquant son verre plein à celui de Sayid à moitié vide. Le vin rouge en plein milieu de la journée ça ne pardonne pas, mais surtout ça annonce d'une journée forte en alcool, parce que lorsque Ranja commence tôt en général elle finit tard. « Il est pas mauvais. Tu as mangé quoi pour l'accompagner ? » s'enquit-elle curieuse comme un pou, réalisant soudain qu'un morceau de fromage aurait été le bienvenu. Charcuterie, pain et fromage, le tout accompagné d'un bon vin. Un encas typiquement français ! Elle le sait, le service de chambre lui apporte ça quand elle arrive à l'hôtel à Paris. Ils ont leurs petites habitudes et les casses-croûtes de Ranja est la première d'une longue liste.

Il avait peut-être pris le temps de profiter de son repas uniquement pour avoir le plaisir de siroter ce qui restait de sa boisson tranquillement ensuite ... Le vin faisait partie de ces alcools qu'il ne buvait presque plus, le genre que l'on buvait lorsque l'on avait le temps de se poser à table, éventuellement à plusieurs, et Sayid n'avait plus le temps ni pour un mode de vie "traditionnel" ni pour les grandes réunions qui duraient des heures. Il n'avait plus le temps et cela ne lui manquait pas, son mode de vie actuel lui donnant l'impression d'être ce qu'il avait cherché durant des années avant d'enfin le trouver. Mais tout cela ne devait pas l'empêcher de profiter d'un verre ou deux tant qu'il était là, il avait déjà tellement de raisons d'être contrarié et de s'angoisser pour tout et rien ... Il essayait de se contenter du peu qu'il lui était possible de grappiller. Même s'il s'agissait uniquement de profiter d'une demi-heure de solitude avec une bouteille de rouge entamée posée sur la table devant lui. Une solitude cependant bientôt brisée par l'arrivée de Ranja dans la pièce, et si le fait de ne plus être seul avait forcément fait grincer un peu Sayid des dents, il avait néanmoins essayé d'y voir une occasion d'avoir affaire à la jeune femme dans de meilleures conditions que la semaine précédente, et dans un élan de sociabilité qu'il était le premier à ne pas comprendre il lui avait donc proposé un verre. « Deux, pleins. » Ma foi, c'est qu'elle semblait savoir ce qu'elle voulait. Accédant en tout cas à sa demande sans broncher il avait rapproché du centre de la table deux des verres encore inutilisés sur la table et les avaient remplis à moitié avant de reposer la bouteille et de pousser les deux verres vers la jeune femme. Du moment qu'elle gardait les deux pour elle et ne décidait pas subitement d'en offrir un à Nirvana ... Parce que Sayid était peut-être disposé à supporter Ranja, mais pour ce qui était de la brune il se sentait d'humeur beaucoup moins patiente. « Ah merde ... désolée de te décevoir, mais en fait je lui ai dit de venir me rejoindre pour qu'on boive un verre et qu'on laisse l'épisode du spa derrière nous. Elle devrait arriver dans cinq minutes. » Le britannique avait arqué un sourcil, tentant de sonder le regard de Ranja pour déterminer si elle faisait ou non usage de l'ironie ; Il avait toujours tellement de mal avec cela, comprendre le second degré était pour lui un véritable cauchemar. Ranja lui semblait sérieuse pourtant, à cet instant, et Sayid ne savait pas s'il s'en trouvait agacé ou simplement ennuyé. Peu connu pour sa galanterie il n'aurait de toute manière aucun scrupule à prendre congé si besoin. « Ok j'avoue, je te fais marcher ne te sauve pas en courant ! » En courant c'eut été difficile, mais il n'allait pas pouvoir nier que fuir avait effectivement été une solution qu'il envisageait quelques secondes auparavant. « J'ai du mal à boire et feindre l'enthousiasme en même temps. » avait-il simplement répondu l'air de rien. Comme s'il avait besoin de boire, pour ne pas savoir feindre correctement l'enthousiasme face à une situation qui lui donnerait plutôt envie de se pendre avec un des rideaux du restaurant. Excessif ? Si peu. « Et je préfère me contenter de ta compagnie. » Tout simplement, parce que la sienne lui avait parue pouvoir devenir agréable, contrairement à celle de Nirvana, et il était toujours tellement difficile de faire revenir Sayid sur une première impression ratée. « Tu m'as jamais rendu mon haut de maillot, tu veux que je te file le bas à l'occasion ou tu compte me retourner la partie manquante ? » Prenant le temps de boire une gorgée de son vin, sans se presser, Sayid avait planté son regard dans celui de la jeune femme et haussé doucement les épaules, répondant d'un ton calme « J'attendais simplement que tu vienne le réclamer. » Chose faite désormais, quoi que Sayid s'était attendu à ce qu'elle soit un peu plus réactive. « Neuf jours, donc. Tu ne dois pas beaucoup tenir à ce maillot de bain. » Ou alors elle avait entièrement confiance en Sayid et sa capacité à prendre soin des affaires des autres, et s'il est vrai qu'il n'était pas le genre à réduire en charpie les affaires d'autrui, Ranja n'était pas censé le savoir. « Tu étais mieux sans, ceci dit. » Simple constatation de sa part. Laissant ses yeux glisser de Ranja jusqu'à son verre il en avait observé le contenu un instant, l'air pensif, tandis que la jeune femme en venant justement à faire une remarque à propos du vin « Il est pas mauvais. Tu as mangé quoi pour l'accompagner ? » Il avait presque oublié qu'il faisait face à l'une des princesses du nid. Ce qui en soit n'était en rien une critique mais là encore simplement une constatation, une case dans laquelle il rajoutait Gigi, Maha, voir Mylah même si parfois il avant envie de penser que cette dernière relevait du crapaud bien plus que de la princesse. « Un croque-monsieur ... ? » Elle n'allait pas dire qu'elle s'attendait à beaucoup mieux, après qu'Akela ait voulu le faire passer pour un danger public lâché dans une cuisine. « J'avais faim. Mais aucun courage. » Et franchement faire griller deux tranches de pain avec du jambon et un peu de fromage c'était déjà un exploit compte tenu de la flemme qui s'était emparée de lui au moment où on estomac s'était mis à réclamer un peu d'attention. « Mais tu t'y connais assurément mieux là-dedans que moi. Donc je t'écoute, qu'est-ce que j'aurai du manger avec ce vin ? » Ranja lui faisait l'impression de ces nanas gentilles à première vu mais qu'il fallait brosser dans le sens du poil si l'on espérait ne pas détériorer la tournure de la conversation. Et en attendant d'en savoir plus à son sujet c'était donc ce qu'il se contentait de faire, la brosser dans le sens du poil. Ça et adopter un regard calme mais néanmoins déterminé, pareil à celui qu'elle semblait arborer en permanence.