@Mylah

Je ne peux insinuer être facilement impressionnable. Mais je peux confirmer ne pas être de marbre devant ce qui est beau. Comme cette salle de bal, par exemple. Je ne suis pas une habituée de ce genre d’endroit, tout comme cet hôtel en général. J’ai déjà mis le pied dans une telle salle, je n’insinue pas le contraire. Après tout, en trente-sept ans, j’ai eu la chance de vivres quelques péripéties tout de même. Plus que quelques unes en fait. Et cet endroit me remémore drôlement une soirée arrosée avec le père de Harper, Bradley de son prénom. Il m’avait entraîné dans un de ces trucs mondains dont il avait horreur. Il les évitait, mais cette fois-ci, il avait décidé de m’inviter. Nous avions dansé comme des fous, bu du champagne à profusion. Pas la peine de préciser que ce souvenir est plutôt vague dans mon esprit à présent. Pourtant, les conséquences elles ne pouvaient pas s’oublier. J’avais appris, quelques semaines suivant la soirée, que je portais mon premier enfant. Ma petite Harper avait été conçue grâce au champagne dans une chambre d’hôtel de luxe qu’avait payé le patron de Brad. Toute une histoire. Mon regard collé au plafond, me cassant pratiquement le cou, je viens finalement à poser mes yeux sur la blonde qui me rejoint. Mylah. Je ne sais rien d’elle, à l’exception qu’elle ressemble au genre de femmes qui déboulaient au restaurant du temps que j’y travaillais. « Tu sais danser… Mylah? » Elle doit être une adepte des bals et soirée mondaines, elle. Au peut-être est-ce que je me trompe littéralement sur sa personne. Dans un cas comme dans un autre, je veux bien de sa compagnie pour l’instant. « J’ai cru comprendre que tu étais une femme d’affaire… » Par contre, je ne saurais dire dans quel domaine d’expertise se situe-t-elle. J’ai beaucoup d’admiration pour les femmes entrepreneurs, en étant moi-même une. Pourtant, sans même la connaître, je peux affirmer que nous ne sommes pas des femmes d’affaires similaires. « C’est admirable, une femme qui prend sa place dans cet univers. » j’émets mon opinion, alors qu’elle doit être en accord avec moi. Un discours contraire me surprendrait.

La salle de bal est en endroit par lequel elle passe régulièrement, mais sans jamais s’arrêter ou très brièvement. Le plus souvent, si elle se rend ici c’est lorsque Cupidon les convoque, pour leur annoncer les nominations ou des informations importantes, comme l’abandon d’Ariadne en début de semaine. Si elle ne s’arrête jamais ici, c’est qu’elle n’y voit pas vraiment l’intérêt. Il faut dire qu’elle n’a pas la danse comme passion. Elle se débrouille, mais elle danse que lorsqu’il est nécessaire et ce n’est pas le cas ici. Elle ne pense pas trouver un partenaire à son niveau. Il y a bien le coin salon près de la cheminée qui pourrait s’avérer intéressant, mais Mylah est hyperactive, elle n’arrive pas à rester à un endroit sans rien faire. Or, ici, à part rester assise sur les canapés, on ne peut pas dire que cette pièce lui offre un grand choix d’activité. Quoi qu’il en soit, elle compte bien venir par ici plus souvent, puisqu’à peine entrée dans la pièce elle se décide, pour la première fois, à réellement observé les lieux. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ceux-ci sont magnifiques. Le bois, la disposition des meubles, l’espace, tout lui convient. Et pour qu’aucun détail ne vienne perturber l’esprit de Mylah, c’est qu’elle a trouvé la pièce parfaite. Elle est cependant vite interrompue quand elle constate une silhouette dans la pièce qui ne tarde pas à s’adresser à elle. Elle reconnait sans peine Joey, l’une des trois rousses de l’aventure, et surtout, la plus élégante des trois. « Oui. Pourquoi cette question, Joey ? J’espère que c’est uniquement parce que l’endroit s’y prête. » Elle-aussi se souvient du prénom de sa camarade. Elle est curieuse de connaître la raison d’une telle question. Curieuse et inquiète, car elle espère que la candidate ne lui demandera pas une démonstration ou un cours privé. « Tu as bien compris. » Même si, à vrai dire, certains ne la considèrent pas ainsi dû à la spécialité de son entreprise, mais peu importe, du moment qu’elle l'a bâtie elle-même et que celle fonctionne et lui apporte l’argent nécessaire à son mode de vie, elle se considère comme une femme d’affaire. « Je ne peux que partager ton opinion. » Joey s’avère capter tout son intérêt et un sourire franc s’affiche sur les lèvres de la blonde. « Bien qu’admirable ne soit pas exactement le terme que j’aurais employé, j’aurais plutôt dit normal. Ce n’est pas parce que nous sommes soi-disant le sexe faible que dès que nous accomplissons quelque chose cela relève de l’admirable ou de l’incroyable. » Elle affiche malgré tout un sourire en coin, afin de ne pas paraître froide ou désagréable, parce que les propos de Joey n’avaient rien de méchants. Simplement, la vision des choses de Mylah diffère légèrement. Il est vrai qu’il est difficile pour une femme de se faire sa place dans le monde des affaires, mais ce n’est pas en mettant leurs efforts sur un piédestal que cette discrimination cessera, au contraire. « Toi aussi tu possèdes ton affaire, je me trompe ? Puis-je en savoir plus ? » Elle demande, réellement intéressée. Elle ne se souvient pas des portraits de chaque candidat et donc des informations importantes sur eux, mais il lui semble bien que Joey est également à la tête de sa propre affaire, reste à savoir laquelle exactement.