@Imma
Clope, bière, soleil. La vie n’a jamais été aussi belle dans mon short à fleur hawaïennes. Je glande les doigts de pieds en éventail posés sur la table. J’me serais bien fait un petit tetris là… si seulement on avait le droit à ce genre de merde. Mais, eh, j’avais prévu le coup. Tripotant le Rubik's Cube tout droit importé de mon chez moi –alias un placard à balais- je tente de résoudre le dilemme, sourcils froncés par-dessus mes ray-ban. Je soupir tant ça m’saoul. J’y arrive pas. Je ferais mieux de faire une pause. Une gorgée de bière plus tard, mes yeux se posent sur la fille bicolore non loin. « Est-ce qu’on t’a déjà fait la blague de la marmotte qui met le chocolat dans le papier d’alu ? » Tranquillement affalé dans le fauteuil dans une position de pacha royal je pars de ses pieds pour remonter jusqu’à sa tête. « J’dis ça parce qu’en fait… » mes mains moulinent en sa direction pour la désigner elle et ses tâches, comme la vache Milka quoi, mais j’me rend compte que la vanne est nulle. « Bref. » Je pince les lèvres totalement déçu, virant mon regard dans une autre direction pour oublier ce flop, caché derrière les verres teintés de me lunettes. Y en a besoin pour affronter cette dure journée. Une clope, oui c’est ça. Une clope et tout ira mieux.

+@Léo
Imma avance ses yeux rivés sur son verre rempli quasiment à ras bord, qu’elle ne veut surtout pas renverser partout. C’est bête, mais le gaspillage elle déteste ça. En soit si elle en reverse un peu ce n’est pas tellement considéré comme du gaspillage, mais pour elle ça  en est tout de même. Mais elle n’est pas du genre à sortir l’excuse des petits africains qui meurent de soif chez eux. C’est elle-même une petite africaine. Elle s’approche doucement de la terrasse, d’où une fumée s’échappe comme le chemin tout tracé de sa destination. Elle presse un peu le pas, pour poser son verre sur la table. Elle n’a qu’à peine le temps de fourrer sa paille dans le verre – rien d’autre – que le jeune homme l’apostrophe par une série de phrase dont elle ne comprend strictement rien. Elle a bien cerné l’idée qu’il parlait d’elle, mais le reste. Le schwarz total. Elle s’approche doucement du jeune homme, tout de même captivée. C’est qu’en vérité, même si ça ne se voit pas au premier abord, elle aime beaucoup les blagues Imma. Elle aime beaucoup rire, c’est simplement qu’il lui faut le temps d’adaptation. Ce qu’elle essaie d’acquérir au fur et à mesure des jours. Elle s’approche de lui, parce qu’elle voudrait comprendre. « J’ai rien compris » Qu’elle souffle si doucement de sa place, c’est-à-dire à plus d’un mètre de lui tout de même. Un blanc s’installe, entre elle « noire » et lui « asiatique », mais un blanc, un silence. « J’aime bien les blagues » Qu’elle le brise alors, d’une voix un peu plus claire. Mais ça ne sert à rien de dire ça. Elle s’en veut même d’avoir sortie une chose aussi inutile qu’elle s’en mord la lèvre inférieure.

J’aurais mieux fait de me taire plutôt que de douter sur ma propre connerie, ça m'a discrédité tout seul. Erreur de débutant. M’enfin passons, j'préfère tirer sur ma clope le regard posé sur le paysage plutôt que sur ma compagnie. J’ai jamais vraiment eu l’occasion de lui parler à cette nana mais c’est pas comme si ça m’importait réellement. Elle est intrigante avec son anomalie mais j’vois pas ce qu’on pourrait se dire. J’ai pas trop envie de savoir en fait. Doucement j’inhale le cancer sans aucune compassion pour ce pauvre corps maltraité qu’est le mien, finissant par tout recracher lors de l’aveu d’Imma concernant son ignorance. Tant pis pour elle c’était de toute façon pas une réussite et ce même si elle aime les blagues. « Ca sera pas drôle si je l’explique. » A partir du moment où on doit développer sur une vanne c’est que de toute façon elle est mal partie et qu’il vaut mieux la laisser aux oubliettes, là où elle s’est mise toute seule en fait. Moi aussi j’aime bien les blagues, c’est une petite passion les trucs bien vaseux qui servent à rien. J’occupe ma vie avec ce genre de choses à défaut de l'enrichir en savoir. Du coup je suis tenté, forcément, et j'peux bien abandonner ma flegme pour lui en faire une autre tellement facile qu'elle me chatouille les lèvres. « Tu connais la blague à deux balles ? » Je lui en propose une autre pour la peine, une hyper facile qu’elle pourra sans doute me couper sous le pied aisément mais qu'importe.

Imma avoue ne rien comprendre à ce qu’il raconte, pas par manque de jugeote, mais simplement parce qu’elle semble ne pas avoir la même culture que lui. Enfin ce n’est pas bien difficile de s’en rendre compte physiquement parlant : leur provenance n’est incontestablement pas la même, même si c’est assez rapidement le juger. Elle fait ce qu’elle déteste en temps normal, mais qui garde réellement sa ligne de conduite ? S’il lui demandait, elle ne saurait dire ce qu’est du Milka. La blague en référence, elle ne la comprend forcément pas. Elle souffle doucement entre ses lèvres charnues. Et puis il lui lance une nouvelle blague. La blague à deux balles. Elle regarde ailleurs pour réfléchir doucement. Et finalement elle ne trouve pas. Elle bouge sa tête de droite à gauche, en haussant ses épaules. Non, celle-ci elle ne la comprend pas non plus. Elle a honte. Tellement qu’elle en baisse ses yeux, embarrassée. Elle aime les blague, après, elle n’a pas dit qu’elle en connaissait des tonnes. Avalant sa salive, elle se laisse tomber sur une chaise pas loin et se met à siroter son jus de citron mélangé à de limonade fraiche. Jamais d’alcool. Elle hausse à nouveau les épaules. « C’est quoi ? » Qu’elle demande.

Cette fille est un peu bizarre honnêtement, elle a un air triste alors qu’elle a l’air cool. Une timide sûrement. J’serais retourné à mon rubik's cube aussi rapidement que je l’avais quitté pour elle si elle n’avait pas abordé le sujet blagues. Tout naturellement comme s’il s’agissait d’une conversation tout à fait classique je lui en propose une autre. J’opte pour un classique des cours de récréations voir même des bacs à sable tant elle est gentillette. Sans bouger je l’observe sous mes verres teintés dans un manque d’expression complet. Elle ne tente même pas de trouver c’que j’trouve dommage mais il y a cette catégorie de personne qui opte pour la commodité. Question facile réponse facile, j’écarte les doigts de ma main gauche en imitant un révolver que je pointe vers elle. « Pan pan. » Deux soubresauts de main plus tard et voilà que j’achève la vanne dans une satisfaction presque absente. Voilà. L’ambiance est totalement bizarre pourtant après un petit moment je finis par esquisser un sourire et mon énergie s’injecte de nouveau dans mes paroles. « Tu pourras la réutiliser. » C’est un énorme honneur n’est-ce pas. N’importe quel candidat aurait voulu être là pour admirer le spectacle c’est clair.