Je ne suis pas d'humeur à aller me coucher surtout parce que la présence de Gekko m'hérisse parfois de dégoût, mais je masque cette sensation presque de malaise sous un sourire transpirant la confiance et la prétention, surement parce que c'est bien plus simple. Je n'arrive pas à savoir si je suis contente de l'avoir encore en partenaire, parce que stratégiquement si j'envisageais les autres cas de figure, je crois que c'était la meilleure option pour moi, de ne pas changer de partenaire. De toute façon, je ne peux rien y faire. Je décide d'aller faire quelques longueurs pour évacuer le reste de mon énergie non utilisée. Rapidement, je me change pour enfiler mon maillot de bain deux pièces ainsi que des vêtements par dessus pour éviter de déambuler à moitié à poil dans le nid pour rejoindre l'ascenseur. J'arrive sur le toit du Nid, vide, évidemment, vu l'heure, j'imagine que c'est normal. J'en profite donc, je laisse mes vêtements dans un coin. Je me tresse rapidement les cheveux pour ne pas être gênée sous l'eau. J’effectue un plongeon plutôt efficace. Je m'enfile rapidement une dizaine de longueurs avec l'aisance que confère un certain entrainement. Je finis par apercevoir un certain mouvement. Je termine ma longueur pour afin relever la tête. J'inspire rapidement, mon coeur s'emballant légèrement. Mes opales sont attirées par un candidat qui respire la joie de vivre, c'est clair. « Tu fais toujours la gueule comme ça ? » je demande alors au gars dont je suis incapable de me souvenir le prénom, je crois que je l'avais automatiquement foutu dans la catégorie des candidats négligeables. Je rejoins rapidement le bord de la piscine, de son côté, où je pose mes coudes pour m'y appuyer.

Il allait bien falloir qu'il trouve une alternative à un moment ou à un autre, il était certain que monter sur ce toit ne l'aidait pas plus à dormir que n'importe quel autre stratagème utilisé pour tenter d'attirer le marchand de sable - cet enfoiré - dans ses filets, et pourtant c'était toujours là qu'il revenait. Parce que quitte à ne pas fermer l’œil il préférait encore le faire au bord de la piscine, là où la vie n'était pas désagréable, plutôt que dans la chambre qu'il partageait avec l'excité du bulbe qu'était Ziggy. Le seul de leur chambre à encore trouver cette histoire de barreaux à la porte amusante et à en user et en abuser. Beaucoup. Peu importe l'identité de celui ou de celle qui avait eu la brillante idée de ce système pour la chambre Elvis, Sayid lui souhaitait de marcher pieds nus sur un clou rouillé et de choper le tétanos. Ayant enfilé une veste par dessus son tee-shirt il avait donc pris la direction du toit, vérifiant machinalement dans la poche de son pantalon cargo qu'il n'avait oublié ni son briquet ni ses clopes et s'en allumant une sans même attendre d'être arrivé à destination. Traversant la terrasse à pas lents il n'avait pas remarqué la silhouette dans la piscine et n'avait finalement compris qu'il n'était pas seul qu'en entendant s'élever une voix à laquelle il n'était pas habitué « Tu fais toujours la gueule comme ça ? » Lentement son regard avait sondé les abords de la piscine jusqu'à venir se déposer sur la silhouette désormais à moitié émergée, sa voix légèrement grinçante tandis qu'il répondait « Seulement quand la situation ou la compagnie l'exigent. » parce que ce n'était assurément pas avec une telle entrée en matière qu'elle allait le persuader d'offrir une autre expression que celle-ci, quand bien même elle ne semblait pas à son goût. « C'est toi, celle qui délaisse son perroquet ? » C'était une question sans en être une à vrai dire, Sayid savait déjà qu'elle était la propriétaire de l'animal tout comme il savait comment elle s'appelait. Il observait, il retenait, même concernant les gens avec qui il n'avait jamais échangé, parce qu'il ne concevait pas de ne pas savoir à qui il avait affaire. Même si en soit un prénom ne suffisait pas à faire une identité.

Il respire le bonheur, la joie de vivre, l'envie d'être ici. Ça crève les yeux. Sa réponse m'arrache un rictus moqueur, je fais mine de déposer une main à l'endroit de mon coeur pour signifier que j'étais touchée par une telle réponse assassine. Je finis par arrêter ma représentation au bout de deux secondes pour m'appuyer sur le bord de la piscine et en sortir. Je m'enroule le plus rapidement possible dans la large que serviette que j'avais apporté pour ne pas mourir de froid. Je finis par me souvenir de son existence, tout de même. « Ce n'est qu'une question de temps, bientôt tu rayonneras en ma présence » j'ironise alors de ma voix caressante alors que mes opales tentent de se fixer définitivement sur sa personne. « J'en suis persuadée » je ronronne alors parce que je me rapproche au dicton "tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir". Il me parle de mon perroquet, j'arque les sourcils, un semblant intéressée alors d'écarquiller les yeux quand il sous entend que je m'en occupe mal. J'ai envie de claironner que c'est totalement faux ce qu'il avance, ce gars ! « Je ne le délaisse pas, il est encore en vie, je m'en occupe » je proteste simplement en haussant les épaules, c'est même un miracle me connaissant. Il a encore toutes ses plumes, je le nourris, je crois que cette bestiole a vraiment de la chance, c'est clair. « Et je le confie parfois à Léo quand l'asiatique est sage » j'ajoute même parce qu'il semble adorer toutes ces bestioles alors que moi, je peux clairement m'en passer. Mais il faut bien que je trouve de la compagnie pour mon perroquet. « Bon Sayid, que fais-tu dans la vie ? » je lui demande soudainement parce que j'ignore tout de lui, surement parce que la première impression qu'il peut donner ne fait pas tellement envie, grognon ou froid, je ne serai pas tellement choisir, mon coeur balance.

Il ne s'agissait là meme pas d'une tentative de faire mouche ou d'entamer une joute verbale pour laquelle ni elle nui lui n'avaient assurément la motivation vue l'heure tardive. Non, il ne s'agissait que d'une simple réponse à une question, comme très souvent dépourvue du moindre tact puisque c'était typiquement le genre de chose que le britannique ne maitrisait pas. « Ce n'est qu'une question de temps. Bientot tu rayonneras en ma présence. J'en suis persuadée. » Il n'avait pas bronché tandis qu'elle quittait le bassin pour aller s'enrouler dans une serviette de bain. Il se contentait de croiser les bras sur sa poitrine et de la suivre des yeux, un air dubitatif se dessinant sur son visage parce qu'incapable de déceler l'ironie dans les propos de la jeune femme, et honnetement très peu convaincu par ce qu'elle avancait. « Tu es toujours aussi sure de toi ? » Bien trop sure d'elle, avait-il d'abord été tenté de dire, mais en vérité il préférait attendre de constater de ses propres yeux avant de se faire un avis sur l'excessivité possible de la chose. Il en connaissait pour le moment plus de son perroquet que d'elle, ce qui voulait tout dire, et pour cette raison il n'avait pas trouvé d'autre entrée en matière que le volatile pour faire l'effort d'engager une conversation. Ce genre d'initiative ne lui venait jamais naturellement, mais il essayait de se soigner, au moins tant qu'il serait ici. « Je ne le délaisse pas, il est encore en vie, je m'en occupe. » Elle protestait, presque comme si donner un minimum d'attention à l'animal dont elle avait la charge relevait de l'exploit. « Les animaux n'ont pas seulement besoin d'etre nourris. Il leur faut de la compagnie. » Du moins dans le cas des animaux vivant en captivité, bien sur. Et inutile de préciser que de la meme façon que Sayid se souciait plus facilement du sort des animaux que de certains humains, il se souciait ici plus du sort du perroquet que de certains candidats. Mais contre toute attente Maha semblait avoir trouvé solution à ce problème également « Et je le confie parfois à Léo quand l'asiatique est sage. » Est-ce que c'était mal que d'avouer qu'entre Léo et Gekko Sayid faisait encore mal la différence ? Il avait bien retenu que l'un était le partenaire de Maha et l'autre le partenaire de Mylah, et dans un cas comme dans l'autre il s'estimait chanceux d'avoir lui hérité de Claudia, beaucoup mieux lunée que les deux autres demoiselles. Et ce meme si la réciproque n'était pas forcément évidente, Claudia ayant probablement l'occasion de se rendre compte au fil des jours que Sayid n'était ni le plus loquace, ni le plus aimable, ni le plus enjoué des partenaires. « Léo. Ton partenaire, donc ? » Une chance sur deux, n'est-ce pas. Et a tombola et la roulette russe avaient déjà permis de mesurer la chance de Sayid en général, alors y'avait-il vraiment de quoi etre surpris ? Sans doute pas. Assez parlé perroquet et ménagerie en générale à priori, du moins c'était probablement le souhait de Maha quand elle avait demandé « Bon Sayid, que fais-tu dans la vie ? » sans se douter qu'elle ne venait que de remplacer un animal par un autre dans la conversation, en fin de compte. « J'étudie les singes. » Il ne savait pas trop si cela rentrait dans la catégorie des métiers de grincheux, catégorie dans laquelle elle l'avait mis avant même de lui adresser la parole semble-t-il - et elle avait sans doute un peu raison - mais c'était de cela qu'il vivait en tout cas. « Et toi ? Ne me réponds pas princesse ou femme d'affaire, pitié. » Pas qu'il n'ait quoi que ce soit contre les femmes d'affaire, en soit, mais il avait l'impression que le nid le pullulait que de ça, de nanas qui se donnaient de grands airs avec leur train de vie luxueux et leur métier bien haut placé qui leur faisait brasser du pognon presque avec indécence.