+ @CLARKE . Assise en tailleur au beau milieu du petit pont qui surplombe le bassin japonais, je profite de la lumière rosée, violette et orange pour prendre quelques photos. L'objectif de l'appareil posé sur les chevilles, je fais défiler les clichés, entreprenant une première sélection rapide avant de me remettre à l'oeuvre. J'aime particulièrement l'effet du coucher de soleil sur l'eau clair du bassin, faisant ressortir les couleurs des quelques poissons qui semblent prendre la pause pour mon appareil. Distraite par une brise, mon regard se pose sur un papillon d'un bleu profond qui virevolte autour de moi pour venir se poser du bout des pattes sur un nénuphar non loin du pont. Je saisis l'occasion immédiatement et, sans hésiter, capture une jolie image juste au moment où un poisson rouge vif s'approche de la surface. Le bruit de l'appareil fait fuir l'insecte, alors j'espère ne pas avoir raté mon coup, une chance pareille ne se reproduira pas deux fois. En me mordant la lèvre inférieure, j'affiche la photographie sur le petit écran de l'appareil et me penche pour mieux voir. Un sourire fin éclaire mon visage lorsque je m'aperçois que non seulement le cliché est net, mais qu'en plus je suis relativement contente de la composition de l'image, des couleurs et des lumières. Il m'en faut peu pour égayer une après-midi, et ce petit instant suspendu a suffit pour moi aujourd'hui. Je suis tellement dans ma petite bulle enchantée que je n'entends pas les pas qui s'approchent de moi.

Si j'avais lors de la première semaine pris le temps d'explorer tous les horizons du nid, je n'avais pour sûr pas l'habitude de me balader dans la plupart d'entre eux encore. Il faut dire que c'était plutôt compliqué d'être partout à la fois en vue de la taille de l'hotel et de son extérieur. Mais j'essayais du mieux que je le pouvais. Aussi après avoir terminé de manger mon sandwich, j'avais naturellement pris la décision de quitter l'intérieur du nid pour aller faire un tour dehors. Dans ma vie extérieure, je passais d'ailleurs bien plus de temps à m'occuper dans la nature qu'à rester enfermé chez moi, ne supportant pas l'isolement. Enfin, c'était un peu ce pour quoi j'avais signé en participant à cette aventure, l'isolement, mais je trouvais qu'il y avait un côté libérateur quelque part. Oui, je me disais que cette aventure pourrait me permettre de me libérer de mes craintes concernant le monde qui pouvait m'entourer, bien que je n'étais pas encore certain de pouvoir réussir. Mes pieds m'avaient ainsi amené jusqu'au bassin japonais, un endroit que je n'avais jusqu'ici visité qu'à mon entrée dans le jeu. Une candidate se tenait non loin de là, assise, alors que je m'approchais d'elle par derrière, la contournant finalement mon prendre place à ses côtés. L'air était frais, agréable. « Je devrais venir par ici plus souvent. » soufflais-je en contemplant à moitié le bassin, avant que mes prunelles se reposent sur l'appareil de la rousse. « Qu'est ce que tu as pris ? »