Chez Gekko le couché se fait habituellement dans les alentours de 21h00. Un rythme qu'il suit depuis des années. Même l'heure d'aller au lit est régulée. Sauf qu'après avoir ingurgité sa dose de somnifère, nécessaire pour qu'il puisse trouver le sommeil, il est une nouvelle fois embêté par sa partenaire qui ne cesse de gigoter. Une véritable plaie. Sans compter les ronflements d'un autre candidat qui raisonnent dans toute la chambre et qui de ce fait empêchent notre homme de s'endormir. Il est déjà difficile pour lui de s'abandonner dans les bras de Morphée, si en plus l'environnement s'acharne contre lui, il ne va pas pouvoir fermer l'oeil. Agacé par le boucan, il décide de s'aérer l'esprit. Il choisit comme endroit le toit de l'hôtel habitant également la piscine. Il ne compte pas piquer une tête à cette heure-ci, de toute façon il ne sait pas nager. Il veut simplement trouver un endroit calme et paisible. Grimpant sur le fameux toit il aperçoit au loin une candidate allongée sur un transat. Dans la pénombre il n'identifie pas immédiatement la jeune femme, donc il décide de s'en approcher. Preuve qu'au niveau de l'intégration il fait des efforts inconsidérables. S'il devait être fidèle à lui-même, il se serait simplement allongé sur le transat le plus éloigné de la personne. Dans le cas présent, il s'approche en silence et prend place sur celui installé à côté. « Vous buvez seule ? Vous avez des soucis ? » Parce que oui, boire seul signifie automatiquement avoir des problèmes.

Il va à l'encontre de sa véritable nature en allant directement vers la candidate. On peut appeler ça un exploit ou un moment d'égarement au vue de l'heure tardive. Il se hasarde même à lui adresser la parole. Non, il n'est pas malade. A sa question sur le fait qu'elle soit ici, seule et à boire, elle lui rétorque qu'elle n'a pas de soucis. En d'autres termes, elle n'est pas alcoolique. Bien qu'il n'ait pas pensé un seul instant qu'elle le soit. Ou peut-être que ça lui a traversé l'esprit. En tout cas il a la sensation d'avoir « gâché » le moment qu'elle savourait. Il connaît ce sentiment, il le vit quotidiennement dans le nid. Donc sans doute par compréhension, il se décale d'un transat tout en se justifiant. « Je ne voulais pas interférer dans ton moment de solitude ... » Ce soir, c'est dingue, en plus d'aller vers la candidate, il la tutoie. Il n'y a plus aucun doute, il est bien malade, il couve quelque chose, sinon comment l'expliquer ? A cause de la sensation de l'avoir dérangé alors qu'elle voulait simplement être tranquille, il sort le bouquin qu'il a apporté pour en débuter la lecture. Un bouquin d'un auteur japonais qu'il affectionne beaucoup, mais qui pour la plupart des gens, est un bouquin extrêmement barbant. Il a pour thème l'évolution de l'économie et les conséquences sur la société actuelle. Le Karl Marx Japonais. Il se plonge donc dans la lecture de ce bouquin. En s'écartant volontairement il laisse à la jeune femme le moment de solitude qu'elle recherchait. Et ce n'est pas comme si à la base il était venu ici pour bavarder.

La solitude pour Gekko est quelque chose de vitale. Il a ce besoin constant par moment d'être simplement seul. Dans un même temps il rejette totalement la société et sa population. Il ne veut pas la côtoyer et se refuse de faire le moindre effort. Du moins c'était le cas avant qu'il n'intègre le nid. Mais cet orphelin n'a jamais pu compter sur les autres. Disons que son attitude aujourd'hui est une répercussion de ce qu'il a vécu par le passé. Il ne fait pas confiance aux autres, se sent mieux lorsqu'il est seul et n'a jamais ressenti le besoin de changer son attitude qui peut sembler hostile. Donc lorsqu'au début du jeu on lui a reproché son manque de sociabilité, il n'a pas compris pourquoi. Il a toujours été ainsi et ça n'a jamais été un problème. Cependant au fil des semaines il prend conscience que dans l'environnement actuel il n'adopte pas le bon comportement. Il s'en fiche encore un peu, se suffit à lui-même, mais il y a une petite percée. La preuve ce soir, il est venu de son plein gré accoster la candidate. Bien sûr lorsqu'il sent qu'elle est venue ici pour rechercher un peu de tranquillité, il se décale pour ne pas « déranger ». Finalement alors qu'il se plonge dans la lecture de son ouvrage, elle reprend la conversation. Inconsciemment il vient de la tutoyer, donc théoriquement, non, elle n'hallucine pas. Il a même honte qu'elle l'ait remarqué. Lui qui était si à cheval sur son « vous » et surtout si accroché. C'est déplorable. « Oui ... » Dit-il presque déconcerté. Il ne faut pas à chercher à comprendre ce type. Elle revient ensuite sur un fait antérieur qui s'est passé durant la première semaine. Le fameux piratage de compte où il avait délibérément donné son prénom. Elle veut en connaître la raison, mais il n'y en a pas tellement. « Vo ... tu peux t'estimer flattée que j'ai retenu ton prénom pour le sortir » Ce soir c'est la fête, il a décidé de continuer la conversation avec le « tu » employé dès le départ. Et pour réponse, il n'avait pas à l'époque une raison particulière vis-à-vis de son choix dans le piratage. Disons qu'il a sorti celui d'une personne rencontrée la semaine précédant les faits et qui l'avait plus ou moins marqué. Dans le cas de Simone, c'est davantage par l'idée, non pas de génie, mais intéressante qu'elle a eue pour puiser l'eau du puits. Il a été surpris par sa capacité d'adaptation. Bien sûr c'est le seul à retenir un tel argument lorsqu'il rencontre quelqu'un. « Tu n'as pas apprécié ? » Demande-t-il, bien qu'au fond il n'est pas réellement préoccupé si oui, ou non la blague lui a déplu.