Cela n’étonnera personne de croiser Mylah avec un vêtement dans les bras, qui se rend en direction de la laverie. Oui, un seul et unique vêtement. Elle n’a pas besoin d’attendre que sa panière soit remplie pour se déplacer jusqu’à la laverie, sans quoi ses passages ne seraient pas quotidiens, mais hebdomadaires. Or, il est bien question d’une à plusieurs visites par jour de la part de Mylah, qui ne supporte pas que son peignoir soit porté par quelqu’un d’autre qu’elle-même. En l’occurrence, Léo a pris la sale habitude de l’utiliser et elle ne peut toujours rien faire pour dissuader son partenaire d’utiliser son peignoir, le sien, à elle. Alors puisqu’elle n’est toujours pas décidée à laver celui du jeune homme en même temps que son habit à elle, elle continuera de se rendre ici une fois par jour pour laver son peignoir afin qu’elle puisse s’y lover se sentir sale parce que quelqu’un l’a utilisé avant elle. Ce qui est une surprise, en revanche, c’est de trouver quelqu’un ici, alors que Mylah commence à être habituée de se retrouver seule face aux machines – pas que ça la dérange, ceci dit. Elle tombe bien, à en croire Agata, qui ne tarde pas à exposer son problème, pendant que Mylah lance sans tarder sa machine, puisque cela est désormais un automatisme. « Bonjour. » elle répond dans un premier temps, par politesse, tandis que ses prunelles vadrouillent sur les étagères autour d’elles, jusqu’à ce qu’elle trouve ce qu’elle cherche : un flacon dont elle s’empare avant de s’approcher de la machine qu’occupe Agata. « Cela s’appelle de l’adoucissant. »  Tout simplement. Et sans attendre son dû, elle ouvre le tiroir de la machine, au-dessous du tambour, pour y verser l’adoucissant dans le compartiment adéquat. Dans celui d’un côté, elle se permet même de rajouter une dosette d’anticalcaire, histoire que les machines ne commencent pas à laisser des marques sur les vêtements de tout le monde d’ici trois semaines. Une fois fini, elle daigne enfin laisser la place à Agata pour qu’elle choisisse le programme, Mylah n’est plus d’aucune utilité maintenant. C’est pour cette raison qu’elle se met à ranger la pièce, à réaligner les divers produits sur les étagères, jusqu’aux habits qui sèchent sagement. « Tu n’es pas snob. »  finit-elle par dire, se raccrochant enfin à ce qu’Agata avait bien pu lui dire d’autre, une fois le sujet de l’adoucissant abordé. « Enfin, tu l’es moins que certains. »  Elle n’apparait pas comme tel aux yeux de Mylah, car Mylah ne se rend elle-même pas compte qu’elle est snob, elle ne peut donc pas réellement juger les autres. Mais Agata lui semble bien moins méprisante que d’autres. « Comment tu te débrouillais jusqu’ici ? Ne me dit pas que tu n’as jamais fait ta lessive ? » demande-t-elle, presque horrifiée. Non… si ? Enfin, la blonde est mal placée pour la juger, sachant qu’elle a appris à faire la sienne simplement dans l’optique de se débrouiller une fois ici. Mais tout de même, trois semaines sans avoir mis les pieds ici… « Et en cuisine, comment tu fais ? » Parce qu’elle s’imagine qu’Agata ne sait pas non plus cuisiner. Ce n’est pas un reproche, une simple question, puisque Mylah est mal placée, encore une fois, pour juger sa camarade, elle-aussi étant habituée à ce qu’on lui serve à manger lorsqu’elle sort, bien qu’elle s’occupe de ses propres repas quand elle est chez elle.

Mylah pourrait simplement montrer à Agata comment utiliser l’adoucissant, mais elle se sent obligée de le faire elle-même. Elle ne se rend pas compte que ce geste pourrait être mal interprété, à vouloir s’imposer quand on ne le lui demande pas explicitement. Mais peu importe, elle est au moins certaine que les choses sont bien faites et ça n’a pas l’air de déranger Agata puisque celle-ci en vient même à la remercier, ce qui provoque un léger sourire à la blonde. Elle n’a pas l’habitude, mais c’est toujours plaisant quand elle démontre ses compétences, même dans le domaine du ménage. Agata n’osait pas demander aux autres, par peur d’apparaître snob, hors il y a pire qu’elle ici. « Tu n’as pas à t’excuser d’être qui tu es. » Elle juge utile de préciser, même si Agata n’a pas précisément employé le terme excuse, il n’empêche qu’elle a peur qu’on puisse la considérer snob et, dans l’esprit de Mylah, cela revient au même. Certes, il y a toujours des candidats qui se présentent avec des histoires tragiques et Mylah est sincèrement désolée pour eux, elle qui sait pertinemment qu’elle a eu la chance de naître dans un foyer aisé. Pour autant, et même si elle n’ira jamais narguer quelqu’un de moins chanceux qu’elle, elle estime que les personnes aisées n’ont pas à se cacher sous prétexte qu’elles peuvent être mal vues. Bien qu’Agata ait prévu une multitude de vêtements, Mylah bloque sur le fait que ceux-ci n’aient pas été lavés depuis l’arrivée de la brune ici. Il faut dire qu’elle peine à s’imaginer agir ainsi, elle qui vient jusqu’à plusieurs fois par jour ici. « Ce n’est pas difficile, une fois que l’on a compris le principe. » Elle parle en connaissance de cause. Elle s’empare du manuel qu’elle avait déjà tendu à Addil la semaine dernière. « Ce sera ta bible. Et si ça ne suffit pas, tu peux toujours venir me voir. » Elle n’aurait pas proposé cela à tout le monde. Addil, justement, n’a eu le droit qu’au manuel des machines et aux quelques explications contenues dans celui-ci, sans possibilité de lui demander de l’aide. Mais comme le feeling passe bien avec Agata, celle-ci est privilégiée. Si la brune a des difficultés avec sa lessive, est-ce la même chose en cuisine ? Pas forcément et Mylah esquisse un léger sourire. « Bon, et bien ça rattrape tes compétences en lessive. » Elle rétorque avec un léger sourire, bien qu’elle soit le plus sérieuse du monde, c’est bien ça le problème avec Mylah. Agata change de sujet pour en venir au fait qu’elles sont toutes deux filles de sénateurs et sur ce point, elle est du même avis qu’Agata. « Moi non plus. » Elle approuve, accompagné d’un hochement de tête. « Mais ce n’est pas pour me déplaire. » Cela ne lui déplait pas, à Mylah, d’être en compagnie de quelqu’un qui partage plus ou moins la même vie qu’elle. Elle a l’impression d’être moins dépaysée, moins bousculée, elle a quelqu’un à qui se raccrocher si elle ne peut vraiment plus supporter la façon d’être des autres, une façon d’être qu’elle ne connait pas et qui lui parait totalement contre-nature. « C’est probable, en effet. » Elle l’observe un court instant, mais impossible de replacer son visage. Nul doute que si elles en viennent à se recroiser à l’avenir, cette fois-ci elle ne passera pas à côté d’Agata. Elle s’apprête à lui poser une question quand la brune lui annonce qu’elle n’a pas très envie de parler de politque, ce à quoi Mylah lâche un simple « oh », déçue de ne pas avoir pu poser sa question. Mais l’occasion se présentera à nouveau, elle n’en doute pas. Quand Agata lui demande si elle s’habitue à cet endroit, elle ne peut s’empêcher d’afficher une petite moue. Vraiment ? Sa question est sérieuse ? « C’est chez moi ici. » Elle répond avec un haussement d’épaules, lui faisait comprendre ainsi qu’elle n’a aucune peine à s’habituer à un tel endroit, puisqu’elle les côtoie régulièrement. « Je ne pense pas qu’il soit utile de te retourner la question. » Elle affiche un léger sourire, parce qu’il est évident qu’Agata ressent la même chose qu’elle sur ce point, elle n’a eu aucun problème à s’adapter au contexte. « La véritable question serait plutôt de savoir si tu t’habitues aux autres et à leurs caractères. » Elle se souvient de leur rencontre sur le terrain de sport et Agata lui avait confié participer à cette émission pour vivre une aventure et, notamment, côtoyer des personnes issues d’un milieu différent du sien. Trois semaines après le début de l’aventure Fake Lover, est-elle satisfaite des rencontres qu’elle a pu faire ?