SAYID & @JOEY
lundi 30 mars - 00:52

Le prime avait finalement touché à sa fin, et dans un certain sens il était plus que temps puisque la patience de Sayid commençait doucement à s'émietter. Certains ne se rendaient peut-être pas forcément compte, il était peut-être même le seul parmi les candidats à qui la notion de prime posait tellement de soucis, mais pour lui une soirée c'était tellement ... long. Avec une personne ou deux c'était gérable, mais plus le nombre de personnes présentes augmentait plus c'était compliqué. Plus il avait du mal à se décider sur comment agir et réagir aux interactions qui se présentaient à lui. Alors à peine les résultats dévoilés par Alix la seule envie de Sayid avait été de déguerpir loin du plateau, à la fois pincé par la présence de Ronan, dont il n'avait déjà pas une excessivement bonne impression, et impatient de quitter ce trop plein de lumière et de brouhaha. La proposition de Joey d'aller remplir leurs verres ailleurs l'avait donc un peu pris par surprise, et il mentirait s'il disait que décliner la proposition ne lui avait pas un temps traversé l'esprit tandis que son regard glissait doucement vers la sortie du plateau comme si l'appel de l'extérieur se faisait difficile à ignorer ... Il avait peut-être assez tenté la sociabilisation pour ce soir. Mais d'un autre côté il savait bien ce qui allait se passer, s'il refusait : il regagner le hall de l'hôtel, prendre l'ascenseur, et au lieu de s'arrêter au premier étage en se montrant raisonnable il irait jusqu'au deuxième, jusqu'au casino, et il prouverait à nouveau par A+B que la roulette lui voulait du mal. Probablement que Claudia en ferait encore les frais, pour la troisième semaine consécutive, et alors elle regretterait assurément pour de bon d'avoir hérité de Sayid en tant que partenaire ... Mauvais plan. Pinçant un instant ses lèvres il avait donc finalement accepté la proposition de Joey, en posant sa condition « Seulement si on fait les choses bien. » Et par faire les choses bien il voulait dire que quitte à boire autant que ce soit directement au bar. Et puis Sayid n'était pas un gros buveur, ou du moins plus aujourd'hui, alors quand il le faisait il préférait que ce soit dans les règles de l'art. Sans ce presser l'un et l'autre avaient donc rejoint le bar, Sayid se contentant du silence faute de trouver quelque chose d'utile ou d'intelligent à dire. Arrivés à destination le britannique était passé de l'autre côté du comptoir avant de demander « Whisky toujours ? » lui ne carburait qu'à cela depuis qu'il était ici, parce qu'il était trop rare de trouver un bon scotch depuis qu'il vivait à la réserve, et que si la production avait mis leur disposition de la si bonne qualité c'était assurément pour que les candidats en profitent un peu, mais il ne pourrait pas reprocher à Joey de vouloir troquer sa boisson de prime pour quelque chose d'un peu moins agressif. « Parle-moi de tes enfants. » La chose semblait tomber comme un cheveu sur la soupe, et il est vrai que Sayid avait cette tendance à passer du coq à l'âne parce qu'il ne se rendait pas compte que le cheminement qu'il avait dans sa tête n'était pas suivi par les autres. Simplement Sayid avait cru comprendre que ce sujet lui tenait à cœur, et à défaut d'être doué pour faire la conversation il espérait sans doute en apprendre un peu plus à propos d'elle, même si pour cela il devait s'aventurer sur un terrain dans lequel il n'était pas à l'aise. Un de plus, devrait-on dire.

Le prime avait été beaucoup plus mouvementé que je ne l’aurais pensé. Et pas dans le sens qu’on a du courir un peu partout comme des fous finalement. Je crois que j’aurais peut-être préféré cette solution. Le pire c’est que j’ai franchement l’impression que tout a dégénéré pour un rien. Reste que je n’ai pas nécessairement envie de dormir pour l’instant et que la compagnie de Sayid est loin d’être aussi désagréable qu’on pourrait le croire. D’accord, ce n’est pas le plus bavard, mais je persiste à croire qu’une fois la carapace percée, je vais pouvoir en apprendre plus sur lui et découvrir un Sayid encore plus agréable. Et je crois qu’on avait tous les deux besoins d’un verre (ou plusieurs) pour se changer les idées. J’ai peur, le temps de quelques secondes, qu’il refuse mon offre. Je n’aurais pas été vexée. Presque pas. Mais il accepte. Et selon le candidat, nous devons bien faire les choses. Sur le coup, je suis peu certaine de saisir ce qu’il insinue. Je suis le fil de ses pensées lorsque nous débarquons dans le bar. Cela fait du sens. Et puis ici, nous sommes certains de ne manquer de rien. Pas que je comptais me saouler non plus. Je m’installe au bar et me laisse servir pour une deuxième fois ce soir. « Oui, le whisky me convient parfaitement. » J’ai toujours préféré les alcools forts. Je ne suis pas de ces femmes qui sirotent des cosmos ou autres drinks sucrées. On dit qu’on peut reconnaître la personnalité de quelqu’un par sa préférence en matière d’alcool. J’imagine donc que cela veut en dire beaucoup sur moi. Sa question me surprend alors qu’au fond, elle ne devrait pas. J’aime parler de mes enfants, tout le monde a eu la chance de le remarquer au courant de ces premières semaines. Je ne pensais simplement pas que ce serait le genre de Sayid de vouloir en discuter. Mais s’il le demande, je ne vais pas me priver. Il s’agit tout de même de mon sujet de conversation préféré. « D’accord… Et bien j’en ai trois. Harper, ma fille est la plus vieille. Elle a onze ans. Une petite poupée rousse. Elle me ressemble beaucoup plus qu’à son père. Ce qui est dommage puisqu’il est bel homme. Ensuite il y a Charles, six ans. On peut déjà voir qu’il sera un petit rebelle malgré son jeune âge. Et finalement, mais non le moindre, mon petit Joshua, mon dernier bébé. Il a quatre ans en fait… mais je m’accroche au fait qu’il reste un bébé. Je te montrerai des photos si tu veux. Je suis certaine que tu les trouverais adorables. Bon ils ne sont pas toujours de tout repos… D’ailleurs j’espère qu’ils ne font pas trop la vie dure à ma sœur, Cath. C’est elle qui s’occupe d’eux pendant que je suis ici. » Mes enfants l’aiment beaucoup, alors j’essaie de me persuader que tout se passe bien. Mais comme j’avais déjà fait part à Sayid, c’était difficile de ne pas s’inquiéter. Je ne sais pas si j’ai trop parlé pour lui. En fait, je me suis forcée pour arrêter. Bien qu’il y a une information que je désire ajouter… « Ils ne viennent pas du même père… J’ai eu trois enfants de trois hommes différents. » Ce détail est important pour moi, je me permets donc de le partager avec le candidat. J’espère simplement qu’il ne me jugera pas. Je prends une gorgée d’alcool regardant le brun. « Je le vis bien. » j’ajoute. Toujours quelque chose à ajouter.

C'était d'autant plus traitre de la part de la production de laissant tant d'alcool à disposition qu'ils savaient sans doute aussi bien que tout le monde que l'ennui pouvait pousser à la boisson ... Et puisqu'ils se tournaient littéralement les pouces toute la journée ici, autant dire que l'ennui faisait partie du quotidien des candidats. Surtout de ceux qui, à l'image de Sayid, n'étaient aucunement habitués au fait de rester sans rien faire. En ce qui le concernait il essayait donc de garder avec la boisson des rapports raisonnable, de boire avec modération comme le voulait la formule, d'autant plus qu'il n'avait aucunement envie de se tailler une réputation de soulard et de se mettre à agir comme Ronan, dont le britannique commençait à douter qu'il soit à certains moments réellement sobre. C'était peut-être ce qui l'agaçait en fin de compte, cette impression qu'en ivrogne qui se respectait Ronan balançait indirectement ses soucis à la gueule des autres, et c'était le genre de comportement qui mettait Sayid mal à l'aise. Lui préférait se dire qu'il avait au moins la décence de garder ses soucis pour lui. « Oui, le whisky me convient parfaitement. » Tant mieux, comme ça Sayid ne changeait pas de main, remplissait les deux verres, et laissait même la bouteille sur le comptoir pour ensuite. Peut-être pas pour elle, il n'avait aucunement l'intention de l'obliger à boire plus que de raison, mais lui se disait que c'était peut être une solution envisageable pour pouvoir s'endormir sans trop cogiter. Il cogitait tellement, tout le temps, qu'à ce stade là c'était pratiquement une maladie. Tournant son verre entre ses doigts sans plus rien dire, il avait bien conscience de ne pas beaucoup aider à la conversation, mais il avait toujours un peu de mal à se lancer lorsqu'il ne connaissait pas - ou superficiellement - la personne en face de lui. Par conséquent il s'était rabattu sur l'une des rares choses qu'il pensait avoir cerné de Joey, autrement dit le fait qu'elle ne semblait jamqis à cours de conversation lorsqu'il s'agissait de parler de ses enfants.  « D’accord … Et bien j’en ai trois. Harper, ma fille est la plus vieille. Elle a onze ans. Une petite poupée rousse. Elle me ressemble beaucoup plus qu’à son père. Ce qui est dommage puisqu’il est bel homme. Ensuite il y a Charles, six ans. On peut déjà voir qu’il sera un petit rebelle malgré son jeune âge. Et finalement, mais non le moindre, mon petit Joshua, mon dernier bébé. Il a quatre ans en fait … mais je m’accroche au fait qu’il reste un bébé. Je te montrerai des photos si tu veux. Je suis certaine que tu les trouverais adorables. Bon ils ne sont pas toujours de tout repos … D’ailleurs j’espère qu’ils ne font pas trop la vie dure à ma sœur, Cath. C’est elle qui s’occupe d’eux pendant que je suis ici. » Est-ce qu'il les trouveraient adorables, ça il n'en mettrait pas sa main au feu, principalement parce que pour lui les enfants se ressemblaient tous plus ou moins, des humains miniatures qui ne savaient pas se débrouiller seuls. Un peu comme des bébés singes, certes, la seule différence étant que Sayid aimait les animaux dont il s'occupait, là où il doutait souvent de sa capacité à aimer les gens. « Ils ne viennent pas du même père … J’ai eu trois enfants de trois hommes différents. Je le vis bien. » avait finalement cru bon de rajouter Joey, là où Sayid ne se serait probablement pas permis de poser la question ou même de faire une réflexion. Haussant vaguement les épaules tout en portant son verre à ses lèvres, il avait simplement répondu d'un ton calme « Mieux vaut un bon parent que deux mauvais. » Pas qu'il n'en conclue forcément que Joey élevait les siens seuls, il n'en savait foutrement rien, mais c'était pour le principe. Il était bien placé pour le savoir, lui, qu'avoir deux parents ce n'était pas le gage d'une enfance réussie. « Qu'est-ce qui t'as poussé à te séparer d'eux si longtemps, alors ? » Ce n'était absolument pas un jugement de sa part, cela lui semblait juste être la question qui restait en suspend quand on mettait bout à bout le fait qu'elle avait décidé de venir ici, et le fait que ses enfants lui manquaient. Réalisant pourtant après coup qu'il aurait sans doute du - une fois encore - tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de dire ce qui lui passait par la tête il avait finalement rajouté « Je t'embête avec mes questions. » Ce n'était même pas une question, c'était une affirmation. « On peut parler d'autre chose, si tu préfères. » Difficile de savoir en revanche s'il se contentait de se plier à ce qu'elle préférait elle, ou bien s'il essayait simplement de changer de conversation en réalisant après coup qu'il s'aventurait en terrain glissant.