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Sans surprise, la cuisine est probablement le lieu que Mylah fréquente le plus. Et par fréquenter, il ne s’agit pas de simples passages réguliers pour piocher les restes de la veille dans le réfrigérateur ou pour se faire un bol de céréales, puisque cela semble être le régime alimentaire de beaucoup de candidats. Et ce n’est pas plus mal, au final, selon elle, puisque dès que l’un d’entre eux tente de cuisiner quelque chose de plus élaborés que des steaks surgelés avec des pâtes, cela vire généralement au cauchemar pour Mylah. Parce que certains n’estiment pas qu’il soit nécessaire de nettoyer derrière eux et comme l’a dit la blonde lors du bilan de Siomha, c’est bien la chose qui la dérange le plus depuis qu’elle est dans cet hôtel. Ce n’est pas les caractères particuliers de la plupart des candidats, ni le fait qu’elle commence à tourner en rond, non, c’est vraiment ce désordre constant qui règne dans chaque pièce. Et Mylah est fatiguée de passer derrière tout le monde. Elle mettait un point d’honneur à ne pas être perçue comme la femme de ménage de l’aventure, mais elle ne peut plus résister désormais, tant la violence du désordre s’impose à elle. Il faut qu’elle fasse quelque chose, elle ne peut pas laisser les choses ainsi. Alors elle s’est décidée à nettoyer, tout en prenant soin de ne jamais être surprise par les autres, afin qu’ils n’abusent pas en sa présence comme pourrait le faire Léo. D’ailleurs, elle a même accepté de nettoyer le peignoir de son partenaire. Enfin, elle s’exécute pour l’instant, histoire qu’il ne soupçonne rien, mais elle a bien une idée derrière la tête. Bref, si elle fréquente beaucoup la cuisine, ce n’est pas uniquement parce qu’elle est occupée à lui rendre son éclat, mais aussi parce qu’elle met un point d’honneur à manger sainement et correctement, exit donc les plats surgelés ou les céréales qui n’ont rien d’un repas. Elle passe beaucoup de temps aux fourneaux, parce qu’elle met un point d’honneur à savoir ce qu’elle mange, hors de question donc qu’on puisse cuisiner pour elle, sauf quand il s’agit de grands chefs. Elle ne cuisine que pour elle, parce qu’elle n’est pas la boniche des autres et parce que peser et compter calories des aliments de chacun peut vite devenir fatiguant, déjà que cela lui prend du temps juste pour elle. Aujourd’hui, nous sommes vendredi et le vendredi il est question d’aliments de couleur verte pour Mylah. Elle fouille dans le réfrigérateur et hésite quand elle découvre la pléiade d’aliments qui s’offrent à elle. Elle en sort finalement un sachet de haricots verts ainsi que quelques herbes aromatiques comme de la ciboulette et de l’aneth. Mylah se dirige ensuite vers un placard d’où elle en sort des pistaches. Elle cuit ses haricots avant de couper ceux-ci en dés, puis d’écraser les pistaches et de le faire revenir dans un filet d’huile d’olive, avant de les assaisonner. Elle s’exécute ensuite pour faire une vinaigrette et elle mélange le tout. Salade de haricots verts aux pistaches grillées. Cela peut surprendre, mais elle est habituée aux mélanges qui peuvent paraître improbables, l’avantage des grands restaurants. Elle s’attable au comptoir pour dîner à 13h passé de quelques minutes et elle constate avec satisfaction qu’elle est dans les temps. Ce qu’elle constate rapidement, aussi, c’est que finalement elle n’a pas tant d’appétit que cela, et qu’elle a donc fait trop. C’est rare, elle est habituée à cuisiner pour une personne, mais il lui arrive malgré tout de se tromper dans les quantités. Or, Mylah n’aime pas manger un plat réchauffé puisque les ondes du micro-onde sur sa santé lui font peur. Elle n’aime pas le gaspillage pour autant. Mais ici, il n’y a pas de gaspillage, il aura forcément quelqu’un pour passer derrière elle. Et ce quelqu’un ne tarde pas à arriver puisqu’elle aperçoit la silhouette de Sayid se glisser dans la pièce. Bien évidemment, son regard se pose avant tout sur ses jambes, elle n’arrive pas à se faire à l’idée qu’il les ait perdus. « Bonjour. » Elle se montre polie, mais aucun sourire ne se dessine sur son visage, c’est encore difficile avec Sayid. « Tu peux te servir si tu le souhaites. » Elle annonce au bout de quelques instants. Elle fait des efforts, oui. Pas qu’avec Sayid, elle essaie de s’intéresser un peu aux autres plutôt que d’être fermée dans sa bulle. C’est souvent avec un manque flagrant de délicatesse ou avec une certaine froideur, mais parfois, elle arrive à ne pas être trop désagréable comme c’est le cas avec Sayid à cet instant. « Ce n’est pas empoisonné. » Elle précise, des fois qu’il serait encore méfiant.

D'ordinaire Sayid avait compris qu'il y avait certaines heures où il valait mieux éviter la cuisine si l'on n'avait pas envie d'avoir à faire la conversation à trop de monde à la fois ; Il pouvait faire l'effort de déjeuner avec une personne plutôt que tout seul, mais plusieurs personnes cela relevait encore de la corvée et plus il parvenait à s'en passer mieux il se portait. Aujourd'hui encore il n'avait donc pas prévu de manger avant quatorze heures, moment où la cuisine cessait généralement d'être prise d'assaut et où ne subsistaient que les cadavres d'assiettes sales que les candidats les moins dégourdis n'avaient pas pris la peine de ranger ou de nettoyer, mais en revenant de  foret il avait remarqué l'attroupement de candidats ayant de toute évidence décidé de profiter du beau temps pour pique-niquer dehors ... Très peu pour lui, inutile de le préciser, mais il pouvait donc espérer avoir la paix en cuisines et contournant précautionneusement le groupe pour ne pas avoir à s'y mêler il avait rejoint l'intérieur. Parce qu'il avait faim, en réalité même s'il avait aussi la flemme de cuisiner et se rabattrait donc probablement sur une tomate et un fruit, comme la veille et l'avant-veille. Et un soda, parce que le sucre ça n'avait pas de prix. Malheureusement pour lui il avait mal calculé son coup, et arrivé dans la cuisine il ne l'avait pas trouvée vide mais occupée par Mylah, attablée seule sur un pan de plan de travail tellement immaculé qu'on ne pouvait pas douter du fait qu'elle était repassée derrière pour le faire briller. « Bonjour. » Elle avait entamé le dialogue la première, ce qui arrangeait Sayid puisqu'il n'avait alors qu'à se laisser glisser sur son humeur à elle, et aujourd'hui il semblait qu'il y ait moyen de communiquer à peu près convenablement, comme deux êtres civilisés. Secouant la tête en guise de réponse il avait traversé la pièce à pas lents, presque étonné lorsqu'elle lui avait proposé « Tu peux te servir si tu le souhaites. » en désignant le saladier posé devant elle. L'odeur semblait un peu familière, mais en même temps intrigante, et se penchant légèrement pour tenter de distinguer de quoi il s'agissait Sayid devait avoir eu l'air suspicieux puisque Mylah avait rajouté « Ce n’est pas empoisonné. » Relevant les yeux vers elle Sayid n'avait pu empêcher un rictus légèrement narquois de s'afficher sur ses lèvres tandis qu'il se décidait tout de même à ouvrir la bouche « Tu fais bien de le préciser, j’en doutais justement. » Oui, il s’agissait bel et bien de Sayid dans une tentative d’ironie. Il faut dire que le plus difficile n’était jamais tant d’en faire que d’être capable de la déceler chez autrui. Il avait faim en tout cas, et puisqu'elle proposait il n'allait donc pas se faire prier ... D'autant plus que cela n'avait pas l'air mauvais, chose à peine étonnante puisque lorsqu'on voyait le soin avec lequel Mylah traquait la saleté et le moindre vêtement mal plié, on ne pouvait que se l'imaginer réalisant des plats avec perfection. Prenant le temps de se chercher une assiette et des couverts il s'était donc attablé à son tour, piochant dans le saladier en silence, observant Mylah à la dérobée comme s'il s'attendait à ce qu'elle lui reproche de ne pas prendre ses couverts dans le bon sens, ou de ne pas se servir du bon coté de l'assiette. Et après avoir goûté il lui avait bien fallu se rendre à l'évidence : c'était aussi bon qu'il l'avait soupçonné. « Douée pour le ménage et pour la cuisine, chez moi ils appelleraient ça bonne à marier. » Ce n’était certes pas des plus flagrant, comme ça, mais pourtant à la base c’était supposé être un compliment sur ses talents de cuisinière. A en juger par le regard de Mylah ceci dit Sayid commençait à douter que cela ait été perçu de cette manière par la jeune femme, mais si cela s'avérait être le cas il mettrait cela sur le compte de la susceptibilité de la jeune femme, bien plus que sur ses difficultés à s'exprimer convenablement. « C’est bon. Les haricots verts et les pistaches ensemble, je n’aurai pas pensé. » avait-il tout de même fini par commenter à demi-mot, sa fourchette jouant machinalement avec une pistache un peu plus cuite que les autres. « Merci. » Le merci de Sayid avait le même ton que le bonjour de Mylah quelques instants plus tôt, sans doute parce que son but était le même : une volonté commune de faire un effort sans pour autant être certain d’en être capable sur la durée. Mais c’était déjà un effort pour l’un et l’autre, et c’était mieux que rien, c’était mieux que les discussions stériles qui faisaient le lot d’autres candidats ayant démarré du mauvais pied.

Quitte à être dérangée pendant qu’elle prend son repas, elle aurait préféré que ce soit par un candidat qu’elle apprécie. Or, on ne peut pas dire que Sayid appartienne à cette catégorie. Certes, l’animosité qui règne entre eux a légèrement baissée depuis la première semaine, mais ce n’est pas pour autant que leurs rapports sont au beau fixe. Elle ne le regrette pas pour autant, elle sait pertinemment qu’elle ne fait pas l’unanimité et elle le vit très bien. Elle ne cherchait pas non plus à arranger les choses jusqu’à ce que Sayid essaie de faire un pas en sa direction, notamment la semaine précédente lorsqu’il lui a demandé de choisir un film. S’il n’avait pas esquissé le moindre geste en sa direction, elle aurait continué à être aussi désagréable qu’à son habitude. Elle essaie malgré tout d’être moins agressive et même si c’est encore une évidence qu’elle ne porte pas le brun dans son cœur, elle n’a plus autant envie de le gifler qu’au début de cette aventure. D’ailleurs, elle fait un grand effort en lui proposant de se servir dans ce qu’elle a préparé de trop. Il ne faudrait pas que cela se perde et puisqu’il est là, elle peut bien se montrer amicale, ou du moins, essayer. Cela ne lui coûte rien, elle aurait mis ses restes au frigo jusqu’à ce que quelqu’un pioche dedans, elle offre juste à la Sayid la chance d’en profiter directement. Elle précise cependant que ce n’est pas empoisonné, le plus sérieusement du monde, parce qu’elle se doute bien qu’il doit encore être méfiant sur son cas. Elle est méfiante aussi, de son côté, elle peut le comprendre. Elle espère toutefois qu’il plaisante quand il vient à lui dire qu’il en doutait. Vraiment ? Elle a beau être très désagréable la plupart du temps, cela ne veut pas dire qu’elle souhaite avoir la mort de quelqu’un sur la conscience. De plus, elle ose espérer que la production ne mette pas ce genre de produits à leur disposition. Pas des produits entraînant la mort, mais des sortes de laxatifs pour mettre un peu d’action dans l’hôtel, par exemple. Quoi qu’il en soit, elle ne se préoccupe plus du jeune homme, préférant se concentrer sur son assiette. Elle arrive déjà à supporter sa présence, il ne faut pas en plus lui demander de faire la conversation. D’autant plus qu’elle n’a aucun point commun avec Sayid, inutile d’en chercher, elle est certaine de ce qu’elle avance. Elle est venue ici pour se restaurer, elle ne va donc pas modifier son plan initial. Elle reste silencieuse jusqu’à ce que cela soit finalement Sayid qui reprenne la parole, avec une remarque qu’elle ne sait pas comment interpréter. « Chez moi, ils appelleraient cela un échec. » soupire-t-elle en haussant les épaules. Dans son milieu, certains parents verraient cela comme une preuve qu’elle serait prête à créer une famille et à s’occuper de sa maison. Dans la sienne, ils y verraient surtout la preuve d’un échec parce qu’elle n’aurait pas eu les ambitions nécessaires pour gravir les échelons, préférant mettre sa carrière de côté pour s’occuper d’une famille. Ils la reprennent suffisamment sur le fait qu’il faut qu’elle engage une femme de ménage plutôt que de s’en occuper seule, mais ils ne mesurent pas l’importance au moindre détail qu’elle accorde alors que d’autres ne le font pas. « Et bien même si cela n’en était pas un, ce n’est pas mon ambition de rester sagement derrière les fourneaux. » Elle partage malgré tout l’avis de ses parents, même si elle n’est pas d’accord sur leur façon de s’immiscer dans sa vie. Quoi qu’il en soit, la femme a acquis son indépendance, ce n’est pas pour réduire les efforts des générations précédentes en restant sagement à la maison et à jouer à la femme parfaite qui concocte de bons petits plats pour son mari et met le bonheur de ses enfants avec le sien. Tout ça, très peu pour elle. Parce qu’elle n’en a pas envie et que sa vie sentimentale est bien l’un des seuls points sur lequel elle n’arrive pas à se projeter. Par la suite, après avoir mangé quelques instants dans le silence le plus total, Sayid lui fait un compliment à demi-mot et en vient même à la remercier. Elle l’observe un bref instant, surprise, mais ce n’est pas désagréable. Elle a réussi à lui arracher un merci, c’est sa petite victoire personnelle, elle apprécie énormément quand les personnes qui ne l’apprécient pas se retrouve à la remercier pour une quelconque raison, elle a l’impression d’être la gagnante dans leur petit duel. « C’est de la même couleur, cela ne peut qu’aller ensemble. » Elle explique, bien qu’elle soit probablement la seule à comprendre le sens profond de cette explication. Elle n’est pas arrivée à de résultats culinaires en faisant des essais, mais puisqu’elle est forcée de manger des aliments de la même couleur à presque chaque repas, il est bien arrivé un moment où elle a fait certains mélanges sans s’en rendre compte, simplement parce qu’elle avait besoin d’aliment d’une couleur précise. « De rien. » Elle rétorque, faisant elle-aussi des efforts. Il s’agit plus d’une envie de faire durer la conversation quelques secondes de plus que de vraiment être gentille. « Mais c’est un cas de figure exceptionnel. » Elle ajoute toutefois, afin qu’il ne fasse pas d’idée. Et elle ne dit pas cela parce que c’est lui, simplement parce qu’elle n’a pas l’habitude de faire à manger pour deux. « Je veux bien réduire le nombre de porte-clés à dix-huit. » Termine-t-elle, en un fin sourire. Voilà, elle a même esquissé un sourire en étant dans la même pièce que Sayid, décidément, on ne l’arrête plus.

Quand bien même il ne s'attendait pas à trouver Mylah - ou qui que ce soit d'autre d'ailleurs - dans les cuisines en y entrant, il n'avait pas l'intention de faire demi-tour par simple fait de ne pas être aussi seul qu'il l'avait espéré. Parce que ce serait faire trop plaisir à la jeune femme que de capituler et de tourner les talons en réponse à sa présence, et parce qu'en définitive elle n'était pas la compagnie la plus embêtante qui soit à cet instant. Oh inutile de s'emballer, cela tenait avant tout au fait que Mylah n'était généralement pas du genre à se perdre en bavardages superflus et qu'il avait donc encore un infime espoir de pouvoir se restaurer en paix, malgré le fait que la présence de la jeune femme l'empêche de profiter de cette solitude à laquelle il tenait. Ce à quoi il ne s'attendait pas en revanche c'était à ce qu'elle lui propose de partager le plat qu'elle s'était préparée pour elle ; Elle avait presque bien fait de préciser qu'il n'était pas empoisonné, la proposition sortait tellement de l'ordinaire que Sayid aurait presque pu le soupçonner. Presque, parce que si le britannique était méfiant avec absolument tout le monde, il y avait tout de même une marge entre ça et le fait de craindre l'empoisonnement. Acceptant donc contre toute attente l'offre de la jeune femme Sayid s'était installé en face d'elle et s'était servi dans le plat de haricots verts, devait bien se rendre à l'évidence après avoir goûté que Mylah savait y faire question cuisine. Ou du moins concernant ce plat là. Il avait cependant eu sa façon bien à lui de le lui faire remarquer, à mi-chemin entre le compliment déguisé et la remarque un poil désobligeante, pourtant dans l'esprit de Sayid il s'agissait bel et bien d'un compliment. « Chez moi, ils appelleraient cela un échec. » qu'elle lui avait alors simplement répondu en soupirant légèrement, l'air las. Et Sayid ne pouvait pas vraiment dire qu'il était surpris par la réponse, raison pour laquelle il s'était gardé de tout commentaire supplémentaire. Ce qui n'avait pas pour autant dissuadé Mylah d'aller un peu plus loin dans sa pensée en ajoutant finalement « Et bien même si cela n’en était pas un, ce n’est pas mon ambition de rester sagement derrière les fourneaux. » Il avait acquiescé vaguement, un léger signe de tête après quelques secondes à scruter Mylah d'un air curieux. Parce qu'en réalité c'était la première chose qu'elle lui disait à son sujet ; Ils ne manquaient pas de sujet de conversation quand il s'agissait de s'envoyer des piques mais au bout du coup cela faisait cinq semaines et il ne savait rien d'elle hormis son prénom. Et sa nationalité, parce qu'il ne faisait aucun doute sur le fait qu'elle était américaine, son accent ne trompait pas, au même titre que celui de Sayid trahissait à lui seul le fait qu'il était britannique. « Alors chez toi ils sont plus intelligents que chez moi. » Il avait répondu d'un ton calme, sans la moindre dose d'ironie. Parce que quand bien même il avait fait une réflexion à la lumière de la culture de sa famille, de ses parents, cela ne signifiait pas pour autant que lui partageait ces idées. Pas celle-ci du moins, parce que son ambition à lui n'avait jamais été d'épouser une femme de ménage option poule pondeuse, pareille à ce que sa mère à lui aurait été si elle n'avait pas été forcée de se contenter d'un seul enfant. Mécréant, ingrat, source de déception. Bouhou. Se gardant de tout commentaire supplémentaire il avait recommencé à manger, en silence, reprenant tout de même la parole quelques minutes plus tard pour commenter le mélange d'aliments pour le moins inhabituel. Pas mauvais, contre toute attente, mais néanmoins inhabituel. « C’est de la même couleur, cela ne peut qu’aller ensemble. » Il lui avait fallu faire un effort pour ne pas arquer un sourcil et se montrer dubitatif, parce qu'il avait la sensation que cela ne conviendrait pas à Mylah et que ce n'était pas comme ça qu'il parviendrait à la brosser dans le sens du poil ... Mais il n'empêche, il trouvait l'explication un peu fumeuse, cela ne voulait rien dire selon lui. Les frites et les bananes avaient la même couleur, pourtant Sayid doutait que les deux se marient convenablement. « Et quand un aliment a deux couleurs ? Comme ... une pastèque ? » C'était le premier qui lui était venu à l'esprit, il ne savait pas trop si c'était un bon exemple ou non. Il n'essayait pas de la piéger, simplement de comprendre. Quoi qu'il en soit il ne pouvait pas nier que la jeune femme avait fait un effort par le simple fait de lui proposer de partager ; Il était à peu près certains que deux ou trois semaines en arrière elle ne s'en serait pas donnée la peine, et il ne savait pas trop ce qui avait changé depuis mais il n'était pas contre. C'était plus reposant pour lui. « De rien. Mais c’est un cas de figure exceptionnel. » Oui bon bah ça va, il n'avait pas l'intention d'essayer de l'embaucher comme cuisinière non plus. Tout comme il ne fallait pas non plus s'attendre à ce qu'il lui fasse à manger en retour ou qu'il l'aide à repasser toutes les chemises qui lui passaient sous la main ; C'était peut-être son truc à elle les tâches ménagères, pas ce n'était absolument pas celui de Sayid. « Je veux bien réduire le nombre de porte-clés à dix-huit. » Voyez-vous ça. Le sourire léger mais néanmoins présent qui s'était affiché sur le visage de Sayid en réponse à celui offert par Mylah avait accompagné le « Moi qui commençais presque à croire que j'allais arriver à mes fins sans avoir besoin de ça. » qu'il avait décidé de répondre. Quoi que c'était déjà un peu le cas, non ? Du moins c'était l'impression qu'il en avait, parce que pour une fois ce n'était pas sa condescendance que Mylah lui avait offert mais un repas ... Et c'était bien l'une des rares choses qui ne différenciait pas Sayid de ses congénères, on mettait plus facilement quelqu'un de son côté si l'on savait parler à son estomac. « Mais c'est noté. » Simplement. Et son assiette terminée il s'était levé pour aller la nettoyer dans l'évier.