w/@Adélie
Le balcon n’est pas un lieu qu’elle a l’habitude de fréquenter, pour la simple et bonne raison qu’elle ne fume pas et qu’elle ne fumera probablement jamais. Mylah tient bien trop à son hygiène de vie presque irréprochable – l’alcool, bien qu’elle n’en abuse pas, fait office d’exception à la règle – et à son hygiène tout court pour se mettre à fumer ces poisons en bâton. Non, hors de question pour elle de commencer sur cette voie-là, la simple odeur de la cigarette lui provoquant des hauts le cœur, ne parlons donc pas des fois où elle se retrouve aux côtés de fumeurs qui ne se gênent pas pour lui faire profiter de leur fumée. C’est bien l’une des raisons qui fait qu’elle ne vient jamais ici, parce que les odeurs sont désagréables, parce qu’elle n’a aucune envie de se retrouver à aspirer de la fumée dont elle ne veut pas et puis, parce que cet endroit n’a donc rien d’intéressant à ses yeux. Pourtant, la voilà qui franchit la porte, après s’être assurée que le balcon soit vide et qu’aucune odeur ne lui provoque une sensation de malaise, s’accoudant à la rambarde et admirer un peu la vue. Elle n’est pas réfractaire aux paysages que la nature lui offre, elle s’est déjà rendue au belvédère, mais la vue depuis celui-ci lui rappelle de mauvais souvenirs, elle préfère désormais opter pour le balcon. Il n’y a que le jardin exotique à admirer depuis ici, mais elle apprécie ce jardin, et depuis ici elle est certaine que les carreaux ne lui font pas oublier les magnifiques plantes qui l’entourent. Alors oui, elle est loin, elle ne les voit pas aussi bien que si elle était dans le jardin, mais tout de même, c’est une vue agréable. Elle ne quitte le jardin exotique des yeux que quand elle entend des pas qui s’approchent d’elle et, tournant la tête, elle reconnait Adélie. « Bonjour. » La salue-t-elle poliment dans un premier temps, tandis que le gage dont a hérité la jeune femme lui revient rapidement en tête. C’est qu’elle les retient, en général, Mylah, sait-on jamais si l’un d’eux pourrait venir à lui servir, hm. D’ailleurs, celui d’Adélie l’intrigue, elle ne cherchait pas la jeune femme, mais n’est pas mécontente pour autant de tomber sur elle. « Honnêteté radicale, hm. » dit-elle en examinant Adélie, légèrement sceptique. La curiosité dont elle peut parfois faire preuve prend le dessus sur sa crainte des jugements trop sévères, puisque la voilà qui demande « que penses-tu de moi ? » avec un intérêt qui ne devrait pas être le sien. C’est une question dont elle devrait s’abstenir. Adélie ne prendra sûrement pas de pincettes puisqu’elle ne peut pas en prendre cette semaine, et Mylah se retrouvera confronté à un jugement pas forcément joyeux de sa personne, alors qu’elle est plutôt susceptible et rancunière. Mais parfois, affronter les choses est un bon moyen de guérison, même si la blonde n’en a pas encore conscience.

 Adélie n'a pas l'habitude de passer du temps sur le balcon, elle n'en voit pas l'utilité sûrement parce qu'elle ne fume pas et qu'elle n'en a surtout pas le droit, et même si elle l'avait la jeune femme ne succomberait sûrement pas. Les images toutes plus horribles les unes que les autres qu'elle pouvait voir sur les paquets de cigarettes en France suffisait amplement à la dégoutter, en fumant elle se sentirait coupable de mettre sa santé ainsi que celle des autres en danger. Elle n'y peut rien si elle est facilement impressionnable, de toute façon l'odeur de la fumée de cigarette la dégoûte alors le débat est clos. En découvrant le balcon qui est le coin des fumeurs par excellence désert ou presque la jeune femme décide donc d'y passer un peu de temps ne serait-ce que pour admirer la jolie vue que celui-ci a à lui offrir. Un beau panorama du jardin exotique, voilà qui méritait qu'on s'y intéresse. Malgré la présence de Mylah, la française allait prendre le risque de s'exposer à la fumée de cigarette. Adélie eu le loisir de constater que la blonde ne tenait pas entre ses mains un petit tube rempli de tabac, voilà qui allait rendre leur discussion beaucoup plus agréable. « Bonjour ». Elle répond à la salutation de sa camarade tout en lui adressant un sourire de circonstance. La présence de sa camarade n'a jamais été un problème pour la française qui la trouve tout sauf désagréable à vrai dire. Pourtant le sujet que la jolie blonde décide d'aborder est loin de l'enchanter, elle esquisse même un semblant de grimace. Voilà que cette honnêteté radicale revenait toujours sur le tapis pour gâcher son plaisir. Elle n'aimait pas vexé les gens pourtant elle allait devoir raconter en détails tout ce qu'elle pouvait bien penser de Mylah que ce soit en bien ou mal.  Prenant son courage à deux mains, la jeune femme prend une bonne inspiration avant de commencer à fournir une description détaillée de la personnalité de sa voisine. « Tu es très jolie Mylah, c'est pas pour rien que tu as gagné l'award de la plus sexy du nid. Tu es loin d'être vulgaire, tu es juste très élégante, ça se voit que tu fais très attention à ton image et que tu veilles à ce que chaque détail de ton apparence soit impeccable des pieds à la tête. ». Elle commence avec une jolie entrée en matière, elle n'a pas nécessairement de choses trop méchantes à dire à sa camarade car Adélie n'est pas du genre à rabaisser les gens mais elle préfère noyer les quelques petits points négatifs sur sa voisine au milieu de ses qualités. « C'est peut être un peu trop, je dirai même que c'est un peu obsessionnel ce désir d'être toujours impeccable et de vivre dans une environnement tout aussi irréprochable. Je pense que ce petit trouble du comportement te gâche la vie et qu'il donne une fausse image de la personne que tu es. Les autres ont tendance à te trouver froide, je pense plus que tu es méthodique, organisée et autoritaire comme si tu continuais à vouloir tout diriger alors que tu es à des lieux de ton entreprise. ». Elle poursuit d'une voix qu'elle veut assurée mais qui est bien loin d'avoir l'effet escompté. Adélie est hésitante, elle se met à la place de Mylah qui doit encaisses toutes ses vérités en pleine figure même si l'avis de la française est beaucoup plus sympathique que celui des détracteurs de la blonde. « Mine de rien tu es une femme maligne sûrement très intelligente, et j'admire ta réussite professionnelle car les femmes à la tête d'entreprise sont très rares. Tu n'es pas aussi méchante et froide que ce que les autres peuvent bien penser. Tu as du caractère et tu t'affirmes, tu ne dois sûrement pas être du genre à te laisser marcher sur les pieds par qui que ce soit. Tu n'es pas désagréable, je n'ai jamais rien eu à te reprocher.  ». Elle ponctue avec un léger sourire, en dirigeante chevronnée elle ne devait sûrement pas laisser quelqu'un lui dicter sa conduite, c'est tout de même très admirable. « Tu devrais laisser une chance à Léo, il n'est pas méchant, il est plutôt désinvolte c'est vrai mais ce n'est pas un mauvais garçon. Ne sois pas injuste avec lui ». Ce serait sa dernière parole, elle estimait en avoir déjà dit beaucoup et elle espérait que sa camarade n'allait pas la détester après ce long monologue sur la personne qu'est Mylah.            

Mylah s’est rendue ici uniquement dans le but d’apprécier la vue qui s’offre à elle, mais il est plus que probable qu’elle ne l’appréciera que le temps d’une vingtaine de minutes, car elle n’a pas une grande patience et rester ainsi accoudée à la barrière pendant trois heures, très peu pour elle. D’autant plus que le jardin exotique a beau être magnifique, il ne lui fait clairement pas le même effet vu d’en haut. Il parait presque quelconque, alors qu’il ne l’est absolument pas. Le plus drôle dans tout cela, c’est que lorsqu’elle est dans le jardin exotique, elle ne prend pas la peine d’admirer les plantes exotiques, pour la simple et bonne raison que son esprit est trop occupé à se focaliser sur les carreaux au sol, l’obligeant à compter chacun de ses pas et à ne pas faire attention à ce qu’il se passe autour d’elle. Elle a relevé le nez quelques fois, quand elle a pu décoller les yeux du sol, et c’était très agréable de découvrir toutes ces plantes dont elle n’aurait jamais soupçonné l’existence en temps normal, mais c’est plus fort qu’elle, elle n’arrive pas à se concentrer plus longtemps sur ce qui l’entoure quand son esprit décide de se concentrer sur un seul détail. Alors admirer le jardin depuis ici, c’est presque le seul moyen pour elle de réellement s’y intéresser. Intérêt qui ne dure finalement pas longtemps puisque Mylah dépose ses prunelles sur Adélie quand celle-ci fait son apparition et ne tarde pas à se remémorer le défi dont la candidate a hérité, qui consiste à faire preuve d’une honnêteté radicale durant toute la semaine, quitte à blesser les personnes qu’elle côtoie. Et Mylah ne peut s’empêcher de demander à la française ce qu’elle pense d’elle, la perspective d’avoir une réponse honnête et uniquement honnête étant plus que tentante. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, la blonde accorde une certaine importance à l’opinion des autres, même si elle ne fait rien pour changer son caractère. Elle a toujours été ainsi, vouloir être irréprochable va souvent de pair avec prendre connaissance de l’opinion des autres. Alors elle écoute attentivement Adélie quand celle-ci se lance enfin. « Jusqu’ici, je ne peux que te donner raison. » Avoue-t-elle avec un léger sourire. Ce n’est pas pour se mettre en avant en supposant qu’elle est meilleure que les autres, elle sait simplement qu’elle est jolie et élégante et elle ne peut pas nier qu’elle fait attention à son image. Elle a été élevée pour toujours maitriser celle-ci à la perfection, même adolescente il fallait qu’elle soit meilleure que la fille des voisins, c’est un trait de son caractère qui ne l’a jamais quittée depuis. Même si elle ne peut qu’être d’accord avec les premières paroles d’Adélie, la jeune femme a bien conscience que la suite ne risque pas de lui plaire, c’est toujours ainsi. Son visage se fait plus neutre tandis qu’elle écoute Adélie avec un certain intérêt. Elle accepte ses propos, bien mieux que ceux d’Addil, par exemple, qui n’expose pas des faits, mais des théories. « Il ne me gâche pas la vie. » Léger mensonge. Elle commence à prendre conscience que son comportement n’a rien d’idéal, mais elle a toujours vécu ainsi et elle ne pense pas que cela lui gâche la vie. Ou du moins, pas totalement. « Ce n’est pas propre à mon entreprise. » Précise-t-elle par la suite, parce qu’elle aime la précision Mylah, puisque son besoin de tout diriger n’est pas uniquement valable quand il est question de son entreprise, elle agit ainsi dans la vie de tous les jours, raison pour laquelle elle n’a pas beaucoup de contact avec les autres, même si elle possède quelques personnes proches qui l’accepte comme elle est. Elle écoute Adélie, toujours aussi attentive, quand cette dernière reprend la parole. « Là encore, je peux te donner raison, ou presque. » Elle qui pensait que les propos d’Adélie risquait de lui être désagréable, force de constater qu’ils ne le sont pas tant que cela. « Mes parents ne seraient certainement pas d’accord avec toi, ils me pensent plus naïve qu’intelligente. » Dit-elle dans un sourire, parce qu’elle sait qu’ils ont torts et que même s’ils ne l’ont pas soutenue dans son projet et qu’ils continuent d’essayer de lui faire entendre raison, cela ne l’empêche pas d’être fière de sa petite entreprise. « Par contre, tu te trompes, je ne suis certes pas aussi méchante que ce que l’on dit, mais je suis froide, je peux leur accorder cela. » C’est une nécessité en réalité, elle est obligée de se montrer brusque et distante dans son travail, sans quoi elle n’en serait pas arrivée là et ne serait pas parvenue à se faire sa place ni à gagner le respect de ses employés. « Mais cela me fait plaisir de savoir que tu n’as rien à me reprocher. » Car elle a un peu l’impression que tout le monde trouve à redire sur son comportement, ce n’est pas déplaisant de constater que quelqu’un arrive à l’accepter comme elle est. Il est ensuite question de Léo et Mylah pince la lèvre, un peu déçue de la tournure de la conversation. « Je n’ai jamais pensé qu’il était méchant. » Précise-t-elle dans un premier temps, parce qu’elle l’a peut-être pensé une ou deux fois sous le coup de la colère, mais elle ne l’a jamais présenté ainsi aux autres, elle est à même de savoir qu’il n’a pas un mauvais fond, il est juste insupportable, c’est bien le mot qui revient le plus souvent quand on lui demande de parler de Léo. « J’ai essayé de lui laisser sa chance, il n’a pas su la saisir. » Elle avait accepté son rendez-vous au casino pour lui filer quelques tuyaux sur les machines à sous et autres jeux de carte, rendez-vous qui aurait très bien pu se passer si Léo n’était pas arrivé avec son peignoir sur le dos, sans rien lui demander. Pas qu’elle lui l’aurait prêté en temps normal, mais question de principe. Certes, Mylah est exigeante, mais la faute semble être constamment rejetée sur elle, alors qu’il faut être deux pour qu’un binôme ne fonctionne pas. « Nous ne deviendrons jamais amis, et cela nous convient très bien. Il n’agit pas de la même manière avec moi qu’avec les autres, tout comme je n’agis pas avec les autres comme j’agis avec lui. » Termine-t-elle, en guise d’ultime précision. Leurs rapports s’améliorent doucement, mais il est peu probable qu’ils finissent amis, ils se tolèrent, c’est déjà mieux qu’avant. La blonde précise également que Léo n’agit pas avec elle comme il agit avec les autres. Elle n’a pas de preuve de ce dont elle avance, mais il est peu probable qu’il agisse de la même manière avec les candidats qu’il apprécie. Et la réciproque est vraie, elle se montre plus cassante avec Léo qu’avec ceux qui trouvent grâce à ses yeux. « Peut-être qu’il faudrait que je te demande conseil, à toi, la moitié du meilleur binôme encore en jeu. » Glisse-t-elle, accompagné d’un sourire. C’est un prix qu’elle ne gagnerait jamais avec Léo, à coup sûr.  

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