@mylah

« Non…non… » Je me tourne et retourne dans mon lit. J’ai le sommeil agité. « Lachez-le ! Non ! » Je me réveille en sursaut, en sueur. Je reprends peu à peu mes esprits, les battements de mon cœur revenant à un rythme normal. Je regarde du côté de Mack. Par je ne sais quel miracle, elle semble dormir à poings fermés. Tant mieux. Bon sang, ça fait longtemps que je n’avais plus fais ces cauchemars. Et voilà que ça me reprends… Cela ne m’avait clairement pas manqué. Perturbé, je quitte le lit, ne souhaitant pas réveiller ma partenaire. De toute façon, je sais je ne retrouverais pas le sommeil comme ça, c’est peine perdu. En short de pyjama et torse nu, je me rends à la salle de bain. Je me passe de l’eau sur le visage et me regarde dans la glace. J’ai une tête de déterré. C’est pas jojo à voir. Je quitte finalement la pièce avant de me rendre dans la cuisine me servir un verre d’eau. Puis je décide de me mettre à nettoyer. Oui à 4h du matin. Cela m’occupera l’esprit. Je sors toute la vaisselle du lave vaisselle. Je la range. Je finis à la main les quelques couteaux et autres couverts qui traînaient dans l’évier. Je passe l’éponge. Je nettoie les plans de travail. Je m’attaque même à l’intérieur du four. Du micro-onde. Du frigo. Tout est niquel. J’hésite un instant à attaquer le salon, puis finalement j’abdique, et grimpe sur le toit. Une clope au bec, assis sur le rebord de la piscine, les pieds dans l’eau. Un cendrier à mes côtés pour ne pas en mettre partout. J’admire la magnifique vue qui s’offre à moi, mes pensées partant dans toutes les directions. C’est alors que j’entends la porte claquer derrière moi. Je sursaute légèrement, avant de tourner la tête pour voir qui en est l’origine. Mylah. Que fait-elle ici ? Je ne m’attendais pas à trouver la moindre compagnie à cette heure ci. « Me dis pas que je t'ai réveillé, je ne te croirais pas. » Elle se serait surement manifesté il y a plusieurs heures si tel avait été le cas. Et j'ai fais attention à ne pas faire de bruit en nettoyant la cuisine.

Mylah n’a pas un sommeil compliqué. Elle s’endort sans peine et rapidement et elle se réveille en douceur et en pleine forme. Elle n’est pas abonnée aux cauchemars, elle n’a pas le sommeil agité, ni même lourd et encore moins léger. C’est un juste milieu. Elle est de ceux qui se réveillent s’ils entendent des voix plus ou moins fortes, mais qui n’entendent rien quand quelqu’un marche délicatement à côté d’eux. Bon, certes, ce n’est pas très rassurant, elle n’entendrait probablement jamais un cambrioleur, mais cela lui évite d’être coupée à tout moment dans son cycle de sommeil. Pourtant, en ce mercredi matin, Mylah est levée presque trois heures avant l’heure à laquelle elle est supposée ouvrir l’œil. Elle ne programme pas d’horloge depuis qu’elle est ici, mais son esprit ainsi que son corps réagissent comme si c’était le cas. Il faut dire qu’après de nombreuses années à mettre un point d’honneur à se lever à huit heures, son corps a pris le rythme. Dans tous les cas, la voilà qui fixe le plafond depuis quelques minutes, ayant conscience qu’elle n’est pas supposée être réveillée, puisqu’il fait encore nuit. Elle tente de se rendormir pendant quelques minutes, mais c’est peine perdue. Ainsi, elle préfère abdiquer, elle n’a pas suffisamment de patience pour rester couchée jusqu’à huit heures. S’extirpant délicatement de son lit, elle se glisse jusqu’au couloir, tentant de ne pas déclencher l’air émanant du sol. Dans un premier temps, elle fait les cent pas dans le couloir, ne sachant guère où se rendre, ni que faire, puisque l’hôtel est encore endormi à cette heure-ci. Et puis finalement, elle passe par le dressing pour revêtir une veste légère avant de prendre les escaliers pour rejoindre la piscine. Elle a besoin d’un peu d’air, mais vu l’obscurité qui règne encore en maître, elle préfère s’abstenir de tenter le diable et de se perdre dans la forêt. Elle a un bon sens de l’orientation, mais pas quand le soleil se cache encore. Et puis, justement, ce n’est pas désagréable d’être aux premières loges pour admirer le lever du soleil et le toit est le bon endroit pour cela. Sauf que, surprise, en arrivant elle constate qu’elle n’est pas seule. Leandro est déjà présent, les pieds dans l’eau. Elle ne s’attendait pas à voir quelqu’un aussi tôt et encore moins Leandro. Elle est presque tentée de faire demi-tour, leur conversation de la semaine dernière ne lui ayant pas laissé un souvenir impérissable, mais elle remarque bien vite qu’il ne semble pas dans son assiette. Et le laisser seul, au bord de la piscine, alors qu’il ne semble pas en grande forme, c’est une forme de non-assistance à personne en danger, non ? « À vrai dire, je ne savais même pas que quelqu’un d’autre était réveillé. » Glisse-t-elle en s’approchant de lui pour envahir son espace vital - bien qu’elle ne se colle pas à lui - pour l’imiter et glisser ses jambes dans l’eau. « Que se passe-t-il ? » La raison de sa présence ici à une telle heure est évidente, il n’arrive pas à dormir. Mais pourquoi n’y arrive-t-il pas ? C’est là la question. Et même si leur échange de la semaine dernière ne lui a pas plu sur le moment, elle a eu le temps de réaliser qu’il n’avait pas tort sur tous les points, même si elle ne le lui avouera pas, du moins pas pour l’instant. Ainsi, c’est à son tour de s’intéresser à lui, elle a une sorte de dette.

Avant de monter sur le toit, j’ai enfilé un tshirt, parce que bon, à cette heure de la nuit, il ne fait pas très chaud. Je suis installé sur le rebord de la piscine, probablement depuis 20 bonnes minutes, lorsque Mylah fait son entrée. Elle s’installe à mes côtés. « À vrai dire, je ne savais même pas que quelqu’un d’autre était réveillé. » Haha, quelque chose qui échappe à ses observations. Vu qu’elle fait le compte des poissons, on pourrait s’attendre à ce qu’elle fasse le compte des candidats dans les lits, on ne sait jamais. Elle me demande alors ce qu’il se passe. « Rien…Une nuit agitée…Je n’arrivais plus à dormir.. » Que je lui réponds alors. « Puis bon Mackenzi ronfle et prends toute la place, c’est insupportable. » dis je pour plaisanter et alléger la chose. « Dans une heure, le soleil va se lever, c’est un spectacle à voir… » Que je rajoute, justifiant aussi ma présence en ces lieux. Avec la vue imprenable qu’on a, voir le soleil émerger est une chose à voir au moins une fois dans le jeu. « Et toi qu’est ce que tu fais là ? Il est loin d’être 8h encore. » C’est que je connais ses petites habitudes. J’ai remarqué qu’elle avait tendance à se lever à 8h pétantes. Moi c’est plutôt 7h. Mais c’est assez aléatoire, ça peut être 6h30 comme 7h, 7h30, 8h… Mais généralement je ne lève pas plus tard que 8h. Que voulez vous, l’habitude d’être debout à 6h pour mon boulot. Puis bon, je n’aime pas me réveiller tard, j’ai l’impression d’avoir loupé une grande partie de la journée, et je n’aime pas ça. Je tire une dernière fois sur ma clope, puis l’écrase dans le cendrier à mes côtés. Je décide de m’en allumer une autre. Je ne propose pas à la jeune femme parce que bon, je sais que ce n’est pas le genre de la maison.

Même sans être la candidate la plus matinale – Gekko se lève plus tôt qu’elle, il lui semble – Mylah fait partie de ceux qui n’arrivent pas à traîner au lit durant des heures, elle a besoin de débuter sa journée ès qu'elle est à peine réveillée. Cependant, vu l’heure, sa journée ne débutera pas avant les huit heures trente, soit quand elle prendra son petit-déjeuner. Il est peu probable qu’elle rencontre qui que ce soit à cette heure-ci, d’autant qu’il fait encore nuit, et pourtant, il faut croire qu’elle ne peut pas toujours avoir raison, puisqu’elle retrouve Leandro, une fois arrivée sur le toit. Elle l’apprécie malgré le fait qu’il l’ait quelque peu vexée la semaine précédente, ce n’est donc pas à contrecœur qu’elle s’installe près de lui, même s’il aurait été préférable de lui demander si elle en avait l’autorisation. Ce qu’elle constate immédiatement, c’est qu’il ne semble pas dans son assiette, mais il n’est pour autant pas décider à lui dire pourquoi. Une nuit agitée, elle se contentera de cette réponse, même si ce n’est pas assez précis à son goût, elle a conscience qu’elle n’obtiendra certainement rien de plus. « Hm, hm. » Grommelle-t-elle simplement, non pas parce qu’elle s’en fiche, mais puisqu’elle n’a aucune peine à dormir – sauf quand quelque chose n’est pas à sa place et qu’elle doit se lever pour le vérifier ou le ranger – elle ne peut pas prétendre comprendre. Alors elle s’abstient, parce qu’elle n’est pas hypocrite. « J’espère que cela ne t’arrive pas trop souvent. » Rétorque-t-elle simplement, parce que cela ne serait pas très agréable, tout de même. Elle ne connait pas les habitudes de sommeil des autres, elle a tendance à penser que les cauchemars et autres insomnies n’existent pas, puisqu’elle, elle n’en a pas. « Son image en prend un coup, tu es adorable comme partenaire. » Dit-elle sur son ton habituel, neutre, mais sérieux. Selon elle, c’est vrai ce que Leandro vient de lui dire, parce qu’elle ne saisit pas toujours les plaisanteries. Elle les comprend quand cela est trop tard. Mais vrai ou faux, il est vrai que ce n’est pas très sympathique de parler de sa partenaire en ces termes. « Oui, je suis bien d’accord. » Dit-elle ensuite à sa réflexion sur le lever du soleil. Elle ne se lèverait pas uniquement pour cela, mais elle n’est pas mécontente d’y assister, d’autant plus que désormais dès qu’elle aperçoit le soleil qui se lève, cela lui rappelle un bon souvenir en particulier. « Tout comme toi, je n’arrive plus à dormir, mais pas à cause d’une nuit agitée. Je suppose que j’ai simplement assez dormi. » Pourtant, elle ne s’est pas couchée plus tôt que d’habitude. C’est la seule explication qu’elle trouve à son réveil aussi matinal. « Pourrais-tu t’abstenir, s’il te plait ? » Demande-t-elle d’une voix plus douce quand il s’apprête à allumer une nouvelle cigarette. Elle ne supporte pas cette odeur, c’est plus fort qu’elle. « Ou je peux partir, si tu préfères. » Concède-t-elle toutefois, car entre le fait qu’il ne semble pas dans son assiette et la cigarette, elle commence à penser qu’il vaudrait mieux qu’elle s’en aille, ce serait préférable pour elle comme pour lui.