+ @Adélie.

Ca fait longtemps qu'elle n'a pas fait un saut à la piscine, alors qu'elle s'était dit qu'elle irait régulièrement pour s'entraîner et pas faire défaut à l'équipe de natation de l'école en rentrant, même si c'est une abonnée du banc de touche. Sailor a enfilé son maillot et arrive sur la terrasse, avec sa serviette, qu'elle jette sur un transat. Et puis elle se glisse dans l'eau, et au moment de passer la tête sous l'eau, elle se rend compte qu'elle a oublié quelque chose. Les lunettes de piscine, important. Si elle peut faire un saut les yeux fermés tranquillement, pour des longueurs les yeux ouverts, son oeil factice risque de s'abîmer avec les produits chimiques de l'eau, et elle doit donc porter ces lunettes à tout prix. Mais là, introuvables. Sailor retourne les transats, les serviettes posées dessus. « Roh, zut, elles sont où ces lunettes ? » fait-elle, se parlant à elle-même, comme d'habitude. Et puis Adélie arrive, visiblement pour se baigner aussi, et Sailor se retourne vers elle avec un sourire. « T'aurais pas vu une paire de lunettes de piscine par hasard ? Je voulais faire des longueurs et j'en ai besoin pour garder les yeux ouverts sous l'eau longtemps... » fait-elle, désemparée, en sautillant sur place parce que la légère brise, ça lui donne froid, elle qui vient de sortir de l'eau. Mais elle abandonne vite l'idée, elle n'a pas assez de patience pour chercher cent-sept ans. « Bah, sinon, tant pis, je ferai juste des longueurs de brasse, c'est pas drôle mais au moins l'eau est bonne ! » fait-elle en retournant dans l'eau, histoire de se réchauffer. Elle fait quelques brasses, et puis elle se retourne vers Adélie, pensant à autre chose. « D'ailleurs, il faut que je te dise, tu es réquisitionnée bientôt pour être cobaye lors d'une séance d'attrapage de personne au lasso ! On a voté, et c'était unanime, c'est toi qu'il nous faut, » fait-elle avec un sourire amusé, en essayant d'avoir l'air le plus convaincant possible. C'est la candidate parfaite pour l'expérience. « Bon, on était deux à voter, c'était rapide, d'accord, » ajoute-t-elle avec un petit rire amusé, c'est vrai que leur espèce de conseil exceptionnel pour décider de qui serait le troisième larron avait été un peu ridicule.

 La chaleur se fait de plus en plus accablante à mesure que le printemps s'installe sur les hauteurs de Los Angeles, un temps auquel Adélie n'est pas habituée à cette période de l'année. Les grandes chaleurs sont très rares dans sa vallée, l'air frais de la montagne la protège de ce genre désagrément, la jeune femme est habituée aux températures hivernales elle est même devenue plutôt résistante au froid avec le temps. Elle ne pouvait pas en dire autant pour les grandes chaleurs et dans ce genre de situation elle n'avait que deux solutions : s'enfermer dans la chambre froide pour y retrouver un peu de fraîcheur ou s'accorder un moment de détente à la piscine. Son choix s'était finalement porté sur la piscine ayant bien trop peur de se retrouver enfermée pour toujours dans la chambre froide et de se transformer en glaçon. Le problème est qu'à cette heure-ci de nombreux candidats doivent être en train de bronzer ou de se baigner et qu'elle ne se sent pas prête à se montrer en maillot de bain de sitôt. La rouquine enfile donc son maillot de bain mais prend soin de revêtir un débardeur, elle trempera ses jambes dans l'eau, ce sera amplement suffisant. Elle arrive sur le toit et remarque aussitôt Sailor s'agiter dans tous les sens retournant la terrasse visiblement à la recherche de quelque chose. Des lunettes si elle a bien compris, l'asiatique vient même lui demander si la rouquine ne les a pas vu traîner quelque part dans le coin. « Non, désolée, tu as regardé dans le dressing ? Tu les as peut être oublié là bas, je sais pas ». Elle répond en haussant les épaules, la jeune femme n'est pas une habituée de la piscine alors elle ne risquait pas d'avoir vu des lunettes. « Je peux les chercher si tu veux ». Elle ajoute alors que la jeune femme était déjà retournée dans le bassin pour faire quelques longueurs de brasses. Adélie investit donc la terrasse à la recherche des fameuses lunettes de piscine disparues. Elle est pourtant coupée dans son élan quand sa camarade lui annonce qu'elle va être réquisitionnée pour une séance d'attrapage au lasso. La jeune femme secoue la tête et fronce les sourcils, elle est dans l'incompréhension totale. « Je … quoi ? Du lasso ? C'est quoi cette histoire ? ». Elle enchaîne toujours aussi troublée mais néanmoins intéressée par cette histoire digne des plus grands westerns. Sailor parle alors d'un vote unanime ce qui plonge la française dans une incompréhension encore plus totale, elle se demande bien qui peut être le deuxième complice avant de très vite faire le rapprochement. « C'est Leandro c'est ça ? Vous êtes fous tous les deux. ». Elle conclue se laissant aller à rire devant l'énormité de la situation, elle se demande bien ce qui a pu leur passer par la tête pour arriver à s'imaginer un concours d'attrapage au lasso en plein milieu du nid. « Je ne suis pas sûre qu'être attrapée au lasso comme une vache texane dans un ranch soit très flatteur ». Elle ajoute cependant, ponctuant sa phrase d'un large sourire en direction de sa camarade qui continuait à son petit bonhomme de chemin à travers le bassin pendant que la française s’affairait à regarder derrière tous les transats pour retrouver ces maudites lunettes de piscine.    

Adélie arrive et affirme ne pas savoir pour les lunettes, et propose même de les chercher. C'est gentil, mais elle n'est pas obligée, Sailor vivra très bien sans pouvoir ouvrir les yeux sous l'eau pendant une petite baignade. Elle hausse les épaules avec une moue perplexe. « Je les avais laissées là y'a trois semaines, mais bon, c'était y'a longtemps, quelqu'un a dû les utiliser et les remettre ailleurs, je sais pas... mais c'est pas grave, tant pis, je mettrai pas la tête sous l'eau ! » abdique-t-elle en retournant dans l'eau en se précipitant, parce que c'est que ça caille dehors quand on sort de l'eau, quand même. Sailor aborde alors le sujet de l'opération Lucky Luke - c'est comme ça qu'elle a décidé de la nommer, voilà ) et ne peut s'empêcher de tout déballer à Adélie, comme ça, elle est au courant. Elle a l'air complètement paumée, ca fait rire Sailor. « Oh, bah, ouais, c'est Leandro, il a dit qu'il faisait du lasso chez lui sur les veaux et qu'il fait du rodéo sur des chevaux et tout, alors je lui ai demandé de me montrer, mais il nous faut un volontaire pour tester, et moi, je me suis dévouée pour fabriquer une corde, avec des draps, ou des chaussettes... » fait Sailor en tentant d'expliquer l'histoire, tout en faisant des brasses dans l'eau. Adélie est toujours dehors à se remuer, elle cherche encore les lunettes ou... ? Mais Sailor ne perd pas ses bonnes habitudes, et rit à la remarque sur les vaches et enchaîne immédiatement. « T'en fais pas c'était pas pour la comparaison, on a juste pensé à toi parce que bon, on fait plein de trucs idiots depuis le début, alors un de plus ou un de moins... et puis quoi, c'est mignon un veau ! » s'exclame-t-elle avec un rire. Y'en a qui sont susceptibles sur leur poids mais bon, au vu de la carrure d'Adélie, y'a de la marge, elle ferait presque concurrence à Sailor et son corps de cancéreuse qui n'a pas bouffé normalement pendant la moitié de son adolescence. « Mais je crois qu'il croit que c'était juste une blague alors que moi, quand je dis un truc, je le fais, alors... beh j'ai pas commencé mais très bientôt y'a des draps qui vont disparaître ! » ajoute-t-elle avec une expression se voulant mystérieuse, mais sans perdre son ton de dérision, affichant un sourire amusé. Adélie cherche encore, oui, c'est bien ça, alors Sailor se doit de lui dire d'arrêter, surtout qu'elle, elle cherche pas vraiment non plus. « T'es pas obligée de chercher, hein, c'est pas très grave, je retrouverai bien ces lunettes un jour, sans chercher, comme d'habitude ! » fait-elle à la rouquine d'un ton détaché avec un geste de la main. C'est bien connu, c'est toujours quand on ne cherche pas que l'on trouve. « Tu te baignes pas ? » demande-t-elle ensuite, remarquant qu'elle est là, sur la terrasse, à côté de la piscine, mais qu'elle ne s'approche pas du bassin et n'a pas l'air de vouloir se changer pour un maillot.