SAYID & @SHAY
jeudi 23 avril - 10:54

Le fait que sa rencontre avec Mylah la semaine dernière en ces lieux ait tourné au vinaigre ne voulait absolument pas dire que Sayid prévoyait de changer quoi que ce soit à ses habitudes en ce qui concernait la forêt. Il s'y rendait tous les matins, comme s'il avait besoin de sa dose quotidienne de végétation et de calme, et fort heureusement Mylah ne semblait pas assez à l'aise dans ce genre d'endroit pour qu'il la croise à nouveau dans les parages ... Il ne venait pas là pour chercher la contrariété, mais au contraire pour essayer de se détendre. Du moins autant qu'il lui était possible de le faire en étant enfermé dans un espace clos avec une brochette d'inconnus avec lesquels il partageait souvent peu d'affinités. Marchant le long du sentier principal en prêtant attention aux bruits qui l'entouraient, son attention avait soudainement été attirée par un piaillement au pied d'un tronc d'arbre, et s'approchant il avait découvert un oisillon visiblement tombé du nid, nid qu'il n'avait pas tardé à repérer sur une branche au-dessus de sa tête. Pinçant ses lèvres tandis que les battements de son cœur s'accéléraient, il s'était baissé précautionneusement pour ramasser l'animal, le recueillant entre ses mains aussi soigneusement que possible et regardant autour de lui d'un air dépité. « Ça va aller. » qu'il avait murmuré à l'oiseau comme s'il avait la moindre chance de le comprendre, pourtant déjà prêt à paniquer à l'idée de ne rien pouvoir faire pour l'aider. Parce que Sayid était comme ça, l'air de se foutre de tout qu'il semblait avoir lorsqu'il était question d'un autre être humain se muait en inquiétude farouche lorsqu'elle concernait un autre être vivant. « Shay ! » Il venait de remarquer la silhouette de la jeune femme, arrivant d'un sentier secondaire, et qu'elle le veuille ou non elle allait devoir donner suite à la requête que s'apprêtait à lui faire le britannique, sous peine qu'il ne lui pardonne pas ... Vraiment, il ne déconnait pas avec ça. « Faut le remettre dans son nid, sinon sa mère ne voudra plus de lui, et il va mourir ... » Son ton n'était pas neutre, ou ferme, ou évasif comme cela pouvait être le cas parfois. Non, cette fois-ci le ton qu'il employait était véritablement suppliant, parce que Shay ne pouvait pas lui dire non et refuser à cette pauvre bête le droit de devenir un oiseau digne de ce nom. Sayid ne pouvait pas le faire lui, grimper aux arbres, c'était bien ce qui le retenait d'aller remettre l'oisillon dans son nid lui-même.

Aujourd’hui, je me suis levée un peu plus tôt que d’habitude. Et en pleine forme ! Je me suis fait un bon déjeuner complet, j’ai pris une douche et puis là je suis actuellement en train de courir dans les bois pour faire mon jogging habituel. Je commence à avoir mon circuit maintenant. Bien sûr… parfois je me stoppe un peu et je marche quand je suis trop essoufflée. Là c’est le cas. Et d’un coup, voilà qu’on m’interpelle de nulle part. Je sursaute évidemment. « Ha. Tu m’as fait peur. » Réponse clichée mais pourtant spontanée. Il faut dire que Sayid n’y est pas allé de main morte quand il m’a appelé. Ça a eu le don de me surprendre. Puis je m’attendais pas forcément à croiser quelqu’un non plus dans les bois. J’étais à fond dans ma course. Du coup, mon regard se projette sur les mains de Sayid qui tend un oisillon. Je m’en approche un peu sans pour autant oser toucher la bête. Le candidat m’annonce alors que celui-ci va surement mourir rejeté par sa mère. Mais c’est trop triste ! Mon visage se décompose. « Oh non. Pauvre petite bête. » Je suis peut-être pas une fervente protectrice des animaux comme Sayid l’est mais en tout cas, je suis forcément touchée. J’aime bien l’espèce animale en générale hormis peut-être les insectes et les moustiques plus précisément dont j’ai horreur. « Mais comment tu veux que je t’aide ? » Enfin j’imagine qu’il veut que je lui file un coup de main sauf que je vois pas trop ce qu’on peut faire. Il m’a parlé de remettre le moineau dans le nid je crois et… « Ah non, me dis pas que.. » Là ça fait tilt dans ma petite cervelle. Il va falloir grimper à l’arbre et évidement, Sayid ne peut pas le faire à cause de son handicap. Du coup, c’est moi qui vais devoir me la jouer à la Tarzan. « J’ai le vertige ! » Je préfère déjà l’annoncer. C’est pas une grosse phobie mais ça l’est un peu quand même et je suis vraiment pas rassurée à l’idée de grimper à l’arbre. D’ailleurs, je sais même pas comment m’y prendre. Il va me faire la courte-échelle ? « Mais je vais essayer. » Je vois bien son regard presque assassin qui me supplie de faire un effort et de remettre l’oiseau dans son nid. De toute façon, je compte pas laisser la petite bête mourir, phobie ou pas. Je vais me dépasser. « Comment je fais pour grimper ? » Il a peut-être une idée précise ? En tout cas, ça serait bien qu’il m’aide car j’ai jamais pris la formation pour grimper aux cocotiers moi. Et encore moins aux arbres tels que celui-ci.

Trouver cette pauvre petite bête au pied de l'arbre c'était un peu comme un monde qui s'écroulait pour Sayid, comme à chaque fois qu'il était question d'animaux en mauvaise posture ... C'était bien là la seule façon d'amadouer le britannique à coup sûr, en vérité. Oubliant son calme et ses bonnes résolutions il en oubliait même de se montrer mesuré tandis que Shay apparaissait dans les parages et qu'il l'interpelait, estimant qu'elle n'était jamais tombée autant à pic qu'à cet instant. « Ha. Tu m’as fait peur. » Parce qu'elle était tellement dans la lune qu'elle n'avait pas remarqué qu'elle n'était pas toute seule, ou parce qu'il était tellement rare que Sayid élève la voix que le fait qu'il le fasse faisait peur ? Il n'allait pas poser la question, ce n'était pas comme si la réponse avait une quelconque importance. Au lieu de cela il était directement passé au vif du sujet en exposant son problème, entrouvrant ses doigts pour montrer l'oisillon à la jeune femme. « Oh non. Pauvre petite bête. » Il était déjà soulagé de la voir partager - au moins un peu - sa détresse, parce qu'une réponse du type "et alors ?" aurait sans doute mis fin à toute l'estime que Sayid pouvait avoir en Shay. « Mais comment tu veux que je t’aide ? (...) Ah non, me dis pas que ... » Il avait arqué un sourcil à sa première question, à son avis comment voulait-il qu'elle l'aide ? Et donc oui, elle avait très bien compris où il voulait en venir « J’ai le vertige ! » Il l'avait scrutée un instant, sans trop savoir si elle parlait avec la plus stricte honnêteté ou bien si elle essayait de l'embobiner. Il se faisait toujours tellement avoir, à tout prendre au premier degré, que maintenant il remettait tout ce qu'on lui disait en cause ... D'où le fait qu'il passe régulièrement pour quelqu'un de suspicieux. Et de torturé, à en juger par les awards du dernier prime. « Et moi je ne peux pas grimper. » qu'il avait alors répondu d'une voix qui laissait peu de place à la discussion, se permettant même d'ajouter l'air de rien « Ça ne se fait pas d'exploiter un handicapé. » Oui, il en faisait des caisses et aimait bien rappeler son statut d'handicapé seulement quand cela lui était utile, mais non il n'avait pas honte. Et puis il avait un animal dans le creux de ses mains, c'était une situation qui valait bien qu'il utilise tous les stratagèmes à sa disposition. « Mais je vais essayer. » Un sourire à la fois satisfait et soulagé s'était étiré sur les lèvres de Sayid tandis que la bestiole piaillait entre ses doigts. Elle n'avait même pas encore de plumes, elle faisait peine à voir, et Sayid osait à peine bouger les doigts de peur de faire pire que mieux. « Comment je fais pour grimper ? » Il avait relevé les yeux vers Shay, un peu interdit, parce qu'à vrai dire il n'avait pas vraiment pensé à cette question ... Elle ne savait pas grimper à un arbre ? Bon, ce n'était pas un truc inné non plus c'est vrai. « Bah ... » Bah, il ne savait pas trop, en fait. Il n'avait pas assez d'équilibre et de stabilité pour proposer de lui faire la courte échelle ou de monter sur ses épaules. « Je cois qu'il y a une échelle derrière la cabane en bois. » Du moins il lui semblait, il avait visité cette cabane deux fois en moins de deux semaines alors il doutait que ce ne soit que ses souvenirs ou son imagination qui lui jouaient des tours. « Je t'attends là. » Et il disait cela le plus normalement du monde, son plan lui paraissait parfait.

Je comprends enfin où veut en venir le candidat. Il me demande de manière détournée de l’aider à remettre le moineau dans son nid en grimpant à l’arbre car lui ne peut pas étant donné qu’il a des problèmes de jambes. Forcément, c’est moi qui dois m’y coller et je peux pas refuser sinon l’oiseau va mourir et ça sera de ma faute. J’aurai sa mort sur ma conscience et Sayid ne me le pardonnera probablement pas non plus. Du coup, je vais devoir surmonter mes peurs donc mon vertige puis essayer de trouver une solution pour grimper sans me casser la gueule ou écraser malencontreusement l’oiseau. Ça serait bête. Le garçon précise bien que ça se fait pas d’exploiter un handicapé. Bah oui, carrément. J’hausse légèrement les yeux au ciel. Lui il est infirme quand ça l’arrange j’ai l’impression. Bon, je vais quand même essayer et m’atteler à la tâche. Mais une question assez évidente m’effleure l’esprit : comment je fais pour grimper à l’arbre ? Car comme ça, c’est juste pas possible. C’est pas un cocotier le truc et moi j’ai jamais fait d’escalade. Du coup, je vois pas comment grimper. Lui a peut-être une idée ? Hm. Non pas vraiment. Ah si ! Il me propose d’aller chercher une échelle. Je soupire légèrement car je vais devoir retourner à la cabane en bois puis revenir avec un truc qui pèse probablement trois tonnes et que lui, en attendant, il va se tourner les pouces et s’occuper de son moineau. Je fais son job d’homme en gros. « Vive la femme moderne ! » Je m’exprime alors doucement sans me soucier d’être entendu ou quoi que ce soit. Je repense juste aux propos de Gigi la veille qui m’a qualifiée comme telle. « Je compte sur toi pour le maintenir en vie en mon absence. » Ça serait terriblement con que je revienne et que l’oiseau soit mort. Sayid a intérêt à y prêter attention. Il peut bien faire ça. C’est son boulot un peu. Du coup, je repars en courant, au moins je continue mon jogging puis revient épuisée une bonne quinzaine de minutes plus tard avec l’échelle. Je crois que je l’ai traînée une bonne partie du trajet tellement elle était lourde. « J’exige un massage ce soir pour les courbatures que tu m’as infligé. » Il peut peut-être pas se servir de ses jambes mais il peut très bien se servir de ses mains. Du coup, j’imagine qu’il pourra essayer de soulager un tant soit peu mes douleurs musculaires. Ça serait franchement cool. « Il va bien ? » Je demande alors après avoir posé l’échelle contre l’arbre.