+@Lamine
Imma n'aime pas cette avant dernière semaine, pour de multiples raisons. Parce que c'est l'avant dernière en soit et que c'est une très bonne raison. Parce que deux ou trois choses arrivent ou vont arriver et elle ne sait comment les gérer: les dernières éliminations avant la finale et certainement avec les adieux pour certains, la révélation des secrets et le sien qu'elle n'a pas tant envie de dire, le retour de Clarke qui bouscule avec brio ce qu'elle croyait avoir avec Gekko. Indépendamment des uns et des autres, elle n'arrivait déjà pas à gérer, alors tout mélangé au mixeur, ça fait beaucoup trop pour la trop petite Imma.Gérer ce genres de choses, elle n'avait pas eu à le faire depuis qu'elle est entrée ici. C'est dur de voir tout arriver d'un coup et de ne pas avoir envie de s'en plaindre en même temps. Mais c'est dur tout de même, tant qu'à la première occasion, elle ne peut s'empêcher de s'effondrer. De penser même à boire. En rentrant dans le bar, elle ne remarque pas immédiatement la tignasse de Lamine. Ses pensées trop occupée, elle songe véritablement à boire. Se prendre une cuite pour la première fois, tristement. Il faut croire que cette semaine doit être celle des premières. Pour la première fois ses lèvres ont effleurés celles d'un autres. Pour la première fois, elle avait haussé la voix et n'avait été très gentille. Pour la première fois alors, elle pouvait bien se prendre une bonne cuite et finir le reste de la journée minable, sur l'un des canapés. C'est en pensant à ça qu'elle se tourne vers l'un d'entre eux et remarque la présence de son "garde du corps". Doucement elle approche, à pas de loup pour ne pas l'effrayer ou le surprendre trop brutalement alors qu'il fait quelque chose de secret. Mais parce qu'il ne semble rien faire de particulier et elle, le coeur trop lourd, elle ne se pose pas de question. Immédiatement elle vient le rejoindre sur le canapé et l'enlace. C'est plus facile quand elle se dit que ce n'est qu'un frère. "Je me sens pas bien Lamine..." Qu'elle souffle d'une si petite voix, se brisant sur son prénom. Elle n'assume pas de dire ça, parce qu'elle n'aime pas être le seul sujet de la conversation: parler de ses malheurs, de dire "je" à tout bout de champs et de se plaindre, ce n'est pas elle. Pourtant elle s'en moque dans l'instant présent, main sur son coeur comme pour le réguler.

Boire n’est pas une solution, elle l’a bien compris. Ceux qui boivent, trop bien évidemment, ne finissent que très rarement bien. Alors le dos de Lamine et plus largement sa présence, lui semble être la solution la plus sage et oui, la plus attrayante. Et puis elle sait qu’elle peut parler à Lamine. Elle ne le fera pas en détail et si intimement parce qu’elle est trop pudique, mais elle le fera tout de même à sa manière. Parce qu’elle vient à lui d’elle-même. Elle fond dans ses bras d’elle-même et est plutôt contente d’y être reçue sans problème. Sa peine s’allège d’ailleurs de quelques grammes l’espace de quelques instants. Elle se dit qu’il ne manquait que son ourson pour se sentir un peu mieux, mais elle n’avait même pas pensé à ça. Non là, elle se livre sans réfléchir, bien que sommairement. Parce qu’il se bouge pour la regarder, elle en fait de même. Elle le regarde, sourcils froncés, parce qu’elle ne pense pas maladie immédiatement. Mais touchée, elle le laisse faire : mettre sa main sur son front pour constater qu’elle n’a pas de fièvre. Et bouger sa tête de droite à gauche pour lui dire que non, elle n’a pas de douleur en tant que tel. Mais métaphoriquement. Parce qu’à l’intérieur si : dans sa tête ou dans son cœur, elle n’arrive pas bien à distinguer, l’où se trouve sa peine. Mais il semble l’avoir remarqué et l’avoir rapidement compris. Triste, une petite grimace sur son visage affiche sa peine. « Je sais pas si ça s’appelle comme ça… » Qu’elle souffle à demi-mot, enfuyant sa tête contre son épaule. Elle ne veut pas craquer, pleurer encore pour un rien. Un gros rien dans ce cas-là. Mais en disant ça, elle avoue que oui, c’est une espèce de peine de cœur. Où deux garçons à la fois opposés, mais se rapprochant assez de ce qu’elle est, elle. Parce qu’elle aimerait que ce soit possible, d’aimer deux personnes sans être plus inquiété par la morale. Aimer deux personnes, sans avoir de choix à faire, mais Clarke lui a imposé ce choix inattendu en revenant et en lui faisant part de son attention : ne pas lâcher l’affaire. Et si ça la peine, à la fois ça la flatte également : elle n’a jamais été aussi convoitée, jamais regardée de cette manière, jamais. « Clarke m’a embrassé… » Qu’elle souffle, qu’elle chuchote. Et tout le soucis se pose là : qu’est-ce qu’elle en pense, qu’elle ce qu’elle a ressenti et est-ce qu’elle doit le dire ou non à Gekko ? Elle pense que ce n’est pas bien, mais qu’elle ait apprécié, en portant pour autant Gekko plus dans son cœur. Elle souffle. « Je sais pas quoi faire… » Et puis tombe dans un mutisme.