Fake Lover, plus qu'un lointain souvenir non ? Ah non pas vraiment. Pas pour une Gigi qui passe son temps à surveiller ses anciens camarade sur les réseaux sociaux. C'était un peu une façon de rester connecter avec cette petite bulle qu'elle craignait tant de quitter. Le retour à la réalité à été beaucoup plus brutale que prévu. Son mariage en a souffert de cette émission dans laquelle elle s'est peut être trop livré. Quelques moins maintenant que Melvin se contente d’alimenter le compte en banque lui offrant une liberté encore plus prononcé qu'avant. Elle est libre de faire ce qu'elle veut, d'aller où elle veut, de fréquenter qui elle veut. Il a été claire là dessus, dans un discours très poignant à coup de « je te libère ». Elle a eut beaucoup de mal à croire ses mots, alors elle s'est contenté de faire comme avant, d'être comme avant. Toujours la même rengaine dans sa vie. Toujours Gracie qui la suit comme son ombre, ses « amies » qui se veulent compatissante même si leurs regards transpire le jugement. On la juge, elle entend les mots « frivole » un peut partout autour d'elle. Mais le meilleure c'est encore « pute », non y a mieux « pute de l'est ». Ça lui glisse dessus comme de l'eau, enfin c'est ce qu'elle dit mais l'après Fake Lover lui a fait beaucoup de mal. Et petit à petit elle s'isole, arrête de voir ses copines, arrête de sortir Gracie. Elle zone dans son énorme appartement de New-York. La seule chose qu'elle fait c'est aller sur les réseaux sociaux et donner le change à coup de photos avec un grand sourire. Elle honore un contrat de mannequina qu'elle a signé à la sortie mais rien de plus. Aujourd'hui elle traîne chez elle, avec une idée bien précise celle d'avoir une discussion avec cet idiot de Melvin. Il rentre se changer avant une réunion importante, alors c'est le moment. Elle tourne en rond dans l'immense salon, fait claquer ses talon rose sur le sol en marbre, une petite ride entre ses beaux sourcils, la ride de l'inquiétude. Elle entend les bruits du trousseaux et s'installe tranquillement sur le canapé, comme si elle était juste là à lire son magasine de décoration d'intérieur. Il entre dans son complet gris et sa cravate pourpre, classe et élégant malgré son âge avancé. Mallette à la main, il observe sa montre de luxe d'un air pressé. Son regard bleu se dépose sur sa femme, cette jolie femme qu'il aimait il y a pas si longtemps que ça. Jeune, trop jeune peut être ? « Tu es là, tu n'avais pas quelque chose avec Christie ? » La brune plisse les lèvres dépose son magasine sur la table en verre. « Chrissy. » Elle corrige dans un sourire. Il ne l'aime pas cette petite blonde. « Non, j'ai annulé, je voulais te parler. » Qu'elle ajoute en se levant, passant ses mains sur son petit pantalon blanc. « Me parler ? » Il demande sérieux et las à la fois. « Gigi, qu'est-ce que tu fais là encore ? Vas-t-en. Rentre chez toi, je ne sais pas, fais ce que tu veux, mais vas-t-en tu n'as plus rien à faire ici. » Elle ne trouve rien à lui dire, c'est violent, tellement violent vu le calme qu'il arbore, las de sa femme. « Je t'en prie, fais tes valises, je t'enverrais les papiers du divorce. » Divorce. C'est un bien vilain mot, un mot qui l'a fait pleurer, ce n'est pas comme ça qu'elle voyait sa vie. Pour elle le mariage c'est pour la vie, elle s'y était préparé. Peut importe l'âge ou la difficulté du mariage, elle s'y était préparé.

Assise dans l'avion, en première classe, elle regarde nerveusement sa montre. Elle devrait atterrir dans pas longtemps. Elle ajuste les bretelles de sa petite robe de créateur, observe l'écran de son téléphone. Elle n'a pas dormis pas une seule seconde dans l'avion, pourtant elle traverse le monde et ce à l’improviste. Au moins il aura aucune excuse pour la recaler. Elle ferme toujours les yeux à l’atterrissage. La belle tire son énorme valise, la chapeau sur la tête, lunette sur le nez qui manque de se faire la malle et la bretelle de sa robe de luxe qui ne veut plus du tout tenir en place. Elle est fatiguée, en nage, c'est le moment d'aller faire un tour dans les toilettes histoire de se refaire le teint.  Le rafraîchissement fait, elle se retrouve dehors à héler un taxi, cherchant l'adresse qu'elle a noté sur un petit bout de papier qui se trouve tout au font de son sac à main Michael Kors. « Euh... amenez moi là. » Qu'elle fait en filant le bout de papier au chauffeur de taxi. « Et bonjour, désolé je suis jetlaguée. » Qu'elle lui dit d'un air presque hautain, même si c'était pas vraiment fait exprès. Quelques minutes plus tard elle se retrouve devant chez lui. Enfin elle croit. Le souffle court, elle appréhende sa réaction. Il avait bien dit qu'elle pouvait venir chez lui non ? La proposition doit toujours tenir, même si elle aurait peut être dut le prévenir. Il est peut être avec une fille qui sait ? Aller, c'est pas le moment de douter, t'as pas traversé le monde pour juste rester planter là devant chez lui. Plus que quelques mètres avec son énorme valise qu'elle traine derrière elle, en plus de son sac à main et de Gracie son bichon blanc qui patiente dans son petit sac de transport. Chargée comme une mule. Frapper ? Sonner ? Elle décide de frapper et de coller un énorme sourire sur ses lèvres. Elle l'entend bouger, son cœur saute un battement. Il ouvre la porte. « Surpriiiiiise. » Elle lui balance d'un air ravie, en priant pour qu'il ne lui ferme pas la porte au nez.

Il essaie désespéramment de se souvenir de ce qu'elle a pu lui dire, il savait qu'il aurait du prendre des notes. Conscient d'être complètement ridicule, il soupire en écartant une de ses mèches de son visage. - Quel âge elle a? Il met quelques secondes à comprendre que si la femme devant lui le fixe aussi intensivement c'est parce qu'elle s'adresse en réalité à lui. - Euh. Il se contente de la fixer bêtement avant de reprendre la parole. - Deux mois. Il répond, quelque peu perdu, le regard de retour sur les rayons devant lui. - Mon mari les a tous achetés la première fois qu'il est sorti. Elle lui explique, sans vraiment qu'il le désire. Il se sent obligé d'esquisser un sourire mais n'arrive guère plus qu'à redresser le coin de ses lèvres. - Celui ci sera très bien. Elle lui tend un pot de lait en poudre, un sourire sincère au visage, assez patiente pour attendre que Ronan se bouge et l'attrape. - Merci. Il répond, déposant le lait dans son panier et de s'éloigner rapidement du rayon de l'enfer. Comment diable est-ce que quelqu'un est-il supposer s'en sortir dans ce genre de situation. Google ne lui a pas expliqué ça. Lait en poudre, c'est tout ce qu'il a précisé, il ne l'a pas informé qu'il existait à peu près cent pot différent. Soulagé de quitter le supermarché, il se presse de rentrer chez lui, laissant ses achats sur sa table, s'écroulant sur son canapé. Qu'est ce qu'il pensait? Qu'il allait pouvoir s'en sortir tout seul? Qu'il allait tout acheter et que le savoir apparaitrait par miracle? Ridicule, ridicule Ronan. Soupirant à nouveau, son regard s'attarde sur le lit qu'il a réussit à assembler le matin même. Dire qu'il n'avait jamais eu autant envie d'une bière que luttant contre ce fichu meuble serait une euphémisme. Se penchant pour attraper son ordinateur, il se contente de l'ouvrir pour tomber sur la liste qu'il a mit en place. Il est sur la bonne voie, il va y arriver. Tout est une question de volonté hm. Bien sur... Allumant la télé sur le chemin de sa cuisine, les infos en arrière plan ne le distrait pas assez pour se sortir cette fichue liste de la tête. A croire qu'il a transféré une obsession pour une autre. Sortant de quoi se faire un sandwich, un juron quitte ses lèvres lorsque sa main cogne violemment contre son buffet. - Putain de tiroir de merde. Il s'énerve, tirant une nouvelle fois, tout aussi inutilement. Il s'est un peu avancé en installant des protections pour ses tiroirs, portes et autres ouvertures dangereuses mais pour sa défense, c'était sur la liste. Il se débat quelques secondes contre le tiroir avant de finalement réussir à l'ouvrir et de récupérer un couteau. Dans le doute, il préfère faire le stock et pose aussi une fourchette et une cuillère sur le comptoir. Sait-on jamais. Il termine juste de se préparer son déjeuner tardif lorsque l'on frappe à sa porte. Levant les yeux au ciel, Ronan se prépare déjà à affronter la mamie d'en face, semble-t-il très concernée par le fait qu'il l'agresse en pleine nuit. Il ouvre la porte en grand, l'autre main sur la hanche, le regard aussi meurtrier que son humeur. Ses yeux remonte un peu plus haut que l'habituelle hauteur de la grand-mère pour y trouver un chien. Affreusement hideux, par ailleurs puis Gigi. What the. - Gigi? Pour le surprendre deux fois dans la même journée, il faut se lever tôt et pourtant, la demoiselle se trouve bien devant lui, heureuse propriétaire d'un chien hideux et... D'une valise, il semblerait. - Hey. Il réussit finalement à articuler, se remettant, effectivement, de la surprise de la voir devant chez lui. Heureusement qu'il s'est habillé ce matin.

Il s'efface de l'entrée, laissant la demoiselle pénétrer dans son humble demeure, déjà un peu plus habitable que son dernier studio. Et nettement plus propre. - Ça. Tu. Il. Ronan commence, à plusieurs reprises avant d'abandonner et de se contenter de fermer la porte pour s'approcher d'elle et la prendre dans ses bras. Fake Lover est déjà bien loin derrière lui, il n'a revu la moindre tête d'abrutis avec qui il avait pu partager le château. Même pas celle de Gigi, qui lui a grandement plus manqué que les autres, il faut bien l'avouer. Il lui glisse un sourire tout en se reculant pour l'observer. Elle a l'air fatiguée. Un peu moins bien qu'elle a pu l'être là bas. - Ça va? Il demande, clairement concerné par son arrivée, tout autant que ce qu'il peut lire sur son visage.