Le matelas inconfortable qui se trouve sur ce qui nous sert de lit sont réellement incomfortable. J'ai mal au dos. Je me suis réveillée plusieurs fois sur la nuit. Trop de fois que pour pouvoir dire que ma nuit a été bonne. C'était même tout le contraire. Et, une fois que le matin arrive, je ne parviens pas à quitter mon lit. J'ai toujours l'espoir de parvenir à me rendormir. Ce qui n'arrive pas. Je ne sais pas exactement l'heure qu'il est lorsque, epuisé mais résigné, je decide de quitter mon lit pour rejoinder la salle d'eau. Je ne fais pas trop attention aux personnes qui s'y trouvent à ce moment-là. J'essaie de me convaincre que ca n'a pas d'importance d'être à plusieurs dans cette pièce. J'suis pas sportif alors les douches collectives après un match, moi je ne connais pas. Je ne connais que ma douche, ma solitude et mon eau chaude. Ici, l'eau n'est même pas chaude. En tout cas, elle ne l'est plus. Je frissone rien qu'à l'idée de devoir me glisser sous ce jet d'eau que je viens d'ouvrir. Pas le choix, faut que je me lave. Quoi que... Si Pablo, faut se doucher. Faut que je respire. A trois, j'y vais... Un, deux, deux et demi, deux trois quart et pourf, je me jette avec tout mon courage sous le pommeau de douche. « Putain, fait chier c'est gelé» D'ailleurs je ne suis pas le seul à le penser. Mon pénis vient facilement de perdre cinq centimetres. Heureusement que je porte un caleçon, ça se voit pas trop.

FT LINO

Tous les matins, il faisait quelques étirements. Le corps engourdi par le matelas, il se levait péniblement. Il ne ronchonnait pas et restait silencieux, paisible, se concentrant quelques instants sur sa respiration. Lino était du matin. Il était rare qu'il soit de mauvaise heure aux aurores. Il dormait peu, mais il récupérait vite. Plus qu'avantageux, surtout pour un couche-tard comme lui. Il prit son petit-déjeuner sur le pouce. Le café ne passait toujours pas, trop imbuvable et la carotte résistante sous la dent, immangeable. Pour le végétarien qu'il est, il restait sur sa faim évidemment. Il faisait avec, résolu et affamé. Si sa nonna le voyait dans cette état, elle ferait un scandale. A cette pensée, il eut un léger pincement en cœur en pénétrant dans la salle d'eau. Personne à l'horizon. Il se déshabilla à la hâte pour ne pas geler sur place, déposa tout ses affaires près du lavabo et accrocha sa serviette. En tenue d'Adam, il se glissa sous la douche. Il tourna le pommeau et l'eau froide se déversa sur son corps. Il frissonna, mais tint bon et commença se nettoyer avec savon et shampoing. Perdu dans ses pensées, il laissa l'eau s'écouler sur sa peau. Il ne remarqua pas le brun juste à côté jusqu'à ce qu'il se plaignit de la température de l'eau. L'italien rit légèrement et répliqua sous forme d'encouragement : « Ce n'est qu'un mauvais moment à passer. » Cela gênait pas Lino que l'eau soit aussi glaciale. Dans certaines parties du monde, ils n'ont pas accès à une bobonne chauffée. Lors de ses voyages, il s'était habitué. C'était également bon pour la circulation, il paraît. Il ferma le robinet et se présenta : « Lino. » Ils s'échangèrent leurs prénoms respectifs avant qu'il ne sortit des couches pour se rhabiller rapidement, au risque d'attraper froid. La combinaison orange le révulsait toujours autant.  « Tu me trouveras près des lavabos. » Au cas où, si il avait besoin de quelque chose en particulier. En attendant, il remit ses lentilles et se brossa les dents.

Je prends sur moi pour rester sous l'eau froide, je veux pas que l'autre type me prenne pour un faible. Lui, il a réussit à y rester sous l'eau. Lui, il a prit sa douche sans broncher et ne semble pas s'être laissé destabiliser par l'eau glaciale qui tombait sur ses épaules musclées. Je suis un homme moi aussi, je peux être fort. Surtout qu'il m'encourage d'une certaine façon en disant qu'il s'agit juste d'un mauvais moment à passer. Tâchant de ne pas trop m'attarder, j'attrape le savon et entends Lino se presenter. Lino, j'ai jamais entendu ce prénom mis j'aime bien parce que ça termine par "o" comme Pablo. J'souris, sans en faire trop et lui balance aussi mon prénom.  «Pablo, comme Picasso» Cela peut être un bon moyen memo technique pour lui de le retenir. Le candidat, ayant fini de faire sa toilette quitte les cabines de douches et m'indique qu'il se trouvera non-loin de là si jamais j'ai besoin de lui. Je sais pas trop pourquoi j'aurais besoin de lui mais ouais,  je prends bonne note de ce qu'il vient de me dire. Je m'empresse de savonner mon corps et ensuite, ayant pris une noisette de shampooing je la depose sur mes cheveux et les frotte rigoureusement. Je rince rapidement et éteins l'eau. Heureux de quitter le froid, je m'enroule dans ma serviette. Elle est rèche, c'est pas agréable mais, une fois de plus, je ne dis rien. Je suppose que c'est le milieu carcéral qui veut ça. Je tente de me rassurer et je me dis qu'au pire, dans un peu moins de une semaine, soit je retrouve le confort de mon appartement soit je découvre le luxe façon Fake Lover. Ca me rassure beaucoup.  «Lino, hum,  qu'est-ce qui t'amène ici toi ?» Je sais ce qui m'amène moi, je sais pourquoi je suis là mais je me demande toujours si les raisons qui ont amenés les autres à passer ces casting sont semblables aux miennes. Fixant mon camarade du regard, je l'imite et attrape ma brosse à dent verte que je recouvre de dentifrice et que je dirige dans ma bouche.