L'heure c'est un concept qui n'existe pas réellement dans Fake Lover. Ici, loin de toutes nos responsabilités, il n'est pas facile de se fixer des objectifs dans le genre "je me lève avant neuf heures" ou "j'dois faire le ménage avant d'aller bosser. Du coup, on se retrouve à faire les larves. Ou du moins, je fais la larve. Je dors à outrance et les horaires ne sont pas vraiment habituels. Je me couche tard, je me lève tard. Venant de quitter mon lit déjà déserté par ma partenaire, je m'empresse d'enfiler mon pantalon de jogging afin de rejoindre l'étage inférieur pour avaler mon petit déjeuner. Pudique, j'enfile également un t-shirt avant de quitter les lieux pour me retrouver dans le couloir. L'esprit encore ailleurs et le cerveau pas encore connecté,, je ne m'attarde pas tellement sur le mirroir. Jusqu'au moment où, remarquant un réflet qui ne me ressemble aucunement, je faillis faire un bond. Je suis gros. Je suis énorme et imposant. Ca ne m'est encore jamais arrivé. J'écarquille les yeux, je reste con. Faut pas m'en vouloir, c'est le matin. Je passe la main dans mes cheveux, je vérifie que ce reflet est bien le mien. Oui, il se gratte les cheveux aussi. C'est horrible ce truc. J'ai presque envie de supplier que l'on me rende mon reflet, mon image. Mon corps fin, bien que source de complexes, j'y suis habitué. Je ne sais pas dire combien de temps je reste à me regarder. Une dizaine de minutes, j'imagine. Puis, je m'apprête à lâcher le mirroir des yeux, à reprendre ma route parce que j'ai quand même terriblement faim. Me retournant, je vois soudainement cette fille. Elle est brune, grande et svelte. Son regard est posé sur moi et rapidement, je me sens gêné. Je suis terriblement honteux d'avoir perdu du temps devant une glace. Je rougis certainement un peu tandis que je cherche des mots. N'importe quels mots. «Je.. ce miroir ne te rends pas justice» Que je lui dis, constatant qu'elle aussi, elle est déformée.

ft Khadija

Khadi a décidé de tester un probable raccourci pour la mener aux wc depuis sa chambre. Selon ses plans, ce couloir, ici… Des miroirs. Des miroirs partout. Okay, on sait que se trouve un nombre plus conséquent qu’il n’y paraît de narcissiques dans tout cercle humain, mais quand même… Elle tente un coup d’œil dans son reflet, et ne peut réprimer un éclat de rire. Des miroirs déformants. Elle est… la fiancée de Shrek. Le nez, fin et relevé, est devenu une patate-trompette, sa bouche, lisse et bombée, est tordue et ressemble à un énorme bout de viande, son ventre plat est devenu celui d’un personnage de Zola. Elle bouge quelques secondes dans tous les sens, jouant de sa nouvelle apparence, et bien rassurée que celle-ci ne soit qu’éphémère. Un garçon entre dans le couloir et, si Khadi se rend compte de sa présence, lui ne la voit absolument pas. Elle décide de ne pas se faire remarquer et le suit du regard. Sa réaction est à se plier en deux de rire : il a l’air tellement à la masse qu’il est effrayé par son propre reflet déformé. Il s’observe en s’approchant du miroir avec une extrême méfiance – on dirait une poule qui se voit pour la première fois. Une main passée dans ses cheveux, et le voilà qui écarquille les yeux en constatant que son reflet abject en fait de même. Khadi a de plus en plus de mal à se retenir d’éclater de rire, et elle mord le bout des doigts de sa main pour se montrer silencieuse. Il l’aperçoit soudain en train de le zieuter et semble très gêné. Khadi sourit, histoire de lui montrer que sa moquerie n’avait rien de cruel. Il lui signale, sérieux comme un pape, que ce miroir ne la rend pas belle. Elle s’autorise un éclat de rire, avant de sortir de la poche arrière de son jean l’iPhone que la prod leur a donné pour prendre quelques photos. — Je te propose la photo de ta vie, dit-elle en s’avançant vers lui. Après un nouveau sourire hilare en la direction du candidat ahuri, elle passe une main autour de ses épaules et se rapproche de lui, tourne l’œil photographique de l’iPhone en direction de leurs deux reflets. Ils forment un couple monstrueux – et monstrueusement drôle. — Un petit sourire ?

Lorsque je viens de me reveille, je suis rarement connecté à tout ce qu'il peut se passer autour de moi. J'suis ce genre de personne qui ne comprend rien à ce qui lui arrive tant qu'il n'a pas bu son café. Sauf que moi, j'bois jamais de café, juste du chocolat chaud. Là, en l'occurence je n'ai rien bu du tout et je perds mon temps devant un miroir qui n'arrange en rien ma silhouette. Je remarque même pas cette fille qui se tient à quelques metres de moi et qui me regarde avec ses yeux de biche. Ce n'est qu'après m'avoir inspecté sous toutes les coutures dans le miroir que je constate sa presence et bien entemdu, je suis terriblement gêné. Est-ce qu'elle a tout vu ? J'espère que non. Je cherche quoi dire et j'arrive finalement à sortir des mots. Je ne sais pas ce que ça vaut mais ça à l'air de la faire sourire. C'est déjà ça. Sur un ton enthousiaste et bien plus éveillé que moi, elle me propose de prendre une photo. D'ailleurs, elle ne perd pas de temps, se rapproche de moi et passant son bras autour de mon épaule, elle pointe son appareil dans notre direction. J'vois le résultat et j'avoue que je ne peux pas m'empêcher de rire. Nous sommes affreux. Elle me demande de sourire, je m'exécute et tente de faire au mieux possible. J'dévoile une majeure partie de mes dents, l'encourageant à prendre rapidement la photo. «Nous sommes vraiment affreux.» que j'ajoute, un fin sourire sur le visage tandis qu'elle vient de terminer de prendre la photo. «C'est quoi ton prénom à toi ? Moi c'est Pablo » Je lui donne mon prénom afin qu'elle n'ai pas besoin de me retourner la question. «Cela faisait longtemps que tu m'épiais ?»

Elle veut absolument que l’air gêné du garçon disparaisse de son visage. Il n’a pas de quoi se montrer honteux de ce qui vient de se passer, il a sans doute moins l’habitude de ce genre d’attraction digne d’une fête foraine, et puis, tout le monde n’est pas aussi sûr de soi, de façon à se voir laid et se dire immédiatement « ce n’est pas moi » ! Ce garçon est très mignon au demeurant, il n’a pas à rougir d’un reflet déformé. Son rire retombe sur Khadi comme une pluie d’étoiles, et son sourire, qu’il désigne à l’appareil photo, déclenche immédiatement celui de Khadi. En voyant que les dents de devant du garçon deviennent, dans le miroir, proéminentes, et que les canines de Khadija semblent lui sortir de la bouche, elle rit de plus belle. — Les descendants de Shrek et Fiona, elle annonce, hilare. Frisht, la photo est prise, c’est dans la boite. Leur cloud étant celui de la production, les techniciens ne tarderont pas à recevoir ce portrait magistral. Le regard vert de Khadi se tourne vers les yeux du garçon, encore rieuse. — Enchantée Pablo, je suis Khadija, Khadi pour faire plus court, présente-t-elle. Elle fait semblant d’être outrée à l’entente du mot « épier ». — Tu es dur, je jetais seulement un coup d’œil ! Elle se radoucit. — J’ai découvert ces miroirs quelques secondes à peine avant toi… mais je dois dire que l’expérience aurait été bien moins drôle si tu n’étais pas arrivé, dit-elle, perspicace, tout en passant son doigt sur l’écran de téléphone pour accéder à la photo qu’ils viennent de prendre, qu’elle lui montre en riant de nouveau. — C’est pas possible… Elle le regarde soudain plus sérieuse, ses sourcils légèrement froncés. — Pablo, j’espère que tu ne crois pas une seule seconde que tu as quelque chose à voir avec ce reflet ? C’est déformé à cent pour cent !

Shrek, je connais. C'est le gros puant tout vert. Je le sais parce que c'est le genre de film dont tout le monde a entendu parler. Bon, j'ai jamais vu le film mais je visualise le personage. Par contre, Fiona ça ne me dit rien du tout. J'suppose que c'est une nana pas très jolie. Comme elle parle de descendance j'imagine qu'il peut s'agir de l'épose du troll. J'veux pas avoir l'air bête alors je me contente de lui sourire en ajoutant un «Ouais, c'est carrément ça !» . Elle se présente ensuite sous le prénom de Khadija mais je peux le raccourcir si cela me chante. Elle m'explique qu'on l'appelle Khadi pour que ce soit plus court.«J'aime bien Khadija, c'est joli» Je trouve même que c'est plus joli que son prénom. Mais je l'appellerais comme elle préfère, j'suis pas difficile. Ensuite, elle semble se vexer. Oh non, je voulais pas ...c'était pas mon but. Je ... finalement, je saisis qu'elle fait de la comédie et qu'elle n'est pas réellement outré. Me voilà rassuré.«Au moins je t'ai fait rire. C'est une bonne façon de commencer la journée.» En tout cas, de mon point de vue, c'est l'une des meilleures façon de faire. «Et je sais bien que ce reflet... ça n'est pas moi. Mais c'est carrément flippant. Imagine si un jour, je deviens comme ça.» Déjà que j'ai pas toujours pu compter sur mon physique ou qu'en tout cas, il ne m'est jamais apparu comme un atout, j'ose pas imaginer comment je me sentirais si je venais à réellement ressembler à ça. Je viens de me taire lorsqu'une musique se met en route. Je sais de quoi il s'agit. Je sais ce que cette musique signifie et surtout ce qu'elle est censée entraîné. Je n'ai plus que la moitié de ma cagnotte, je ne peux pas en perdre plus alors je tourne mon visage pour me retrouver face au sien. «Pardonne-moi, je ne fais jamais ça» C'est vrai, c'est pas mon genre. J'embrasse jamais une fille si je ne suis pas amoureux, je ne me le permet jamais. Sans en dire plus, je me penche un peu plus pour deposer chastement mes lèvres sur celles de la jolie brune en priant pour qu'elle ne m'en veuille pas. Cela dure à peine une poigné de seconds, je m'écarte finalement. «C'est gênant comme situation» que je murmure.

Il aime bien, « Khadija », il trouve que c’est joli. Elle fait le dos rond sous le compliment, comme un chat dont on caresse légèrement la colonne vertébrale. Elle aime les compliments sur son prénom, peut-être plus encore que sur son physique, parce que son physique, il n’a pas été choisi, un simple fruit du hasard lorsque les ADN de ses géniteurs se sont mélangés. Mais le prénom, lui, a été pensé, médité, pesé. C’est comme s’il lui disait que ses parents ont de bons goûts, ce qui la fait sourire. C’est vrai, il l’a faite rire, elle acquiesce d’un grand sourire approbateur – elle a le rire souple, il peut naitre de pas grand chose, mais il y a aussi les vrais moments drôles. Ceux pour lesquels le rire, incontrôlé, vient du ventre. C’est lui qu’a fait jaillir Pablo en se regardant, sérieux et horrifiant, dans le miroir déformant. Elle hausse les sourcils, soudainement plus sérieuse, et, son regard posé sur lui, elle tente de l’imaginer comme son reflet déformé. Non, non, non. Elle secoue la tête. — Aucune chance. Même si tu te prends un train dans la tête, tu ne seras jamais tordu comme ça, dans tous les sens, dit-elle avant de rire. Il n’a pas l’air de s’adorer, Pablo, plutôt peu assuré, ce qui n’est en rien un défaut, les gens trop sûrs d’eux pouvant être épuisants et exclusifs, mais elle est déçue qu’il ne prenne pas plus conscience que cela de ses atouts. De beaux yeux bleus couleur poupon, une peau d’albâtre et des cheveux bruns, c’est quand même pas donné à tous les hommes ! La fameuse « musique du baiser payant » retentit, et Pablo et Khadi arborent en même temps la même expression : blasée, gênée, mais déterminée. Un bon courant passe entre eux deux, chacun sent bien que l’un apprécie l’autre, pour le peu qu’ils se connaissent à présent, alors mieux vaut lui / elle que quelqu’un de désagréable, n’est-ce pas ? Elle hoche la tête pour lui signer mentalement l’autorisation, et voilà leurs lèvres qui se frôlent, s’appuient doucement, puis se détachent. Pablo semble gêné, gêné pour deux, ce qui a le don de retirer de Khadi son propre malaise. Elle sourit et a un signe de la main, fendant l’air entre deux comme pour signaler qu’elle a déjà oublié ce qui vient de se passer. — Allez, il y a des peuples qui se saluent par un baiser sur la bouche, il ne faut pas que ça devienne plus gênant que ça ne l’est en vrai, tu ne crois pas ? Elle essaie de le détendre comme elle le peut, mais peut-être que Pablo n’a pas du tout l’habitude des baisers, et qui plus est, qu’il voit ça comme quelque chose de fort, de vrai, relié à l’amour ou au désir. Khadi essaie de lui faire voir la chose sous l’angle d’un simple bonjour, une bise sur un coin de peau, comme il aurait pu s’agir de la joue, du front, ou du menton.