Lloyd n'entend pas le fracas que provoque son corps percutant l'eau chaude de la piscine intérieure. Il savoure la sensation le temps qu'elle dure, avant que ses capacités pulmonaires ne se rappellent à lui et qu'il ne soit obligé de remonter à la surface, ayant parcouru plus de la moitié de la longueur du bassin sous l'eau. Mais avant de se lancer dans les longueurs de bassins traditionnelles -quoique sujettes à originalité si le système de vagues se met en route pour lui rendre la tâche plus difficile- Lloyd veut tester le toboggan, il n'a pas été très branché piscine la semaine dernière, peut-être parce que c'était sa semaine sports d'extérieur, course à pied tout ça. Mais il fait trop froid aujourd'hui et avant l'effort il a besoin d'un peu de réconfort. S'extirpant de la piscine le courant d'air frais qui circule dans la maison le fait frissonner, faut dire qu'un mini-short de bain n'est vraiment pas suffisant pour réchauffer un homme. Même un nain, ou alors un très petit nain. Un nain-nain quoi. Ne prenant pas le risque de courir, il serait bien capable de se casser la gueule une fois de plus et il n'a pas l'intention de donner à la prod une autre occasion de se foutre de sa gueule, il entame son ascension vers le toboggan et est surpris du bruit que peut engendrer l'eau servant de tapis liquide. Un vrai brouhaha, une cacophonie. Au bord de la congélation, -il a lu quelque part que cette impression de froid n'est due qu'à l'évaporation de la microscopique couche d'eau qui s'est formé quand il s'est extrait du bassin- il prend position et se laisse glisser. Les sensations sont plutôt agréables, même carrément drôles et au moment où il voit le bout du « tunnel » pour utiliser l'expression consacrée, Lloyd prend conscience qu'un candidat se tient devant la sortie. Panique à bâbord, panique à tribord, c'est dans une tentative désespérée qu'il évite le massacre. Et finit malheureusement par faire une espèce de plat sur le dos, pénétrant dans l'eau les quatre fers en l'air et en jurant comme un charretier. Finalement la prod l'aura eu son moment humiliant... alors qu'il donne une impulsion contre le fond pour remonter, il a pied à cette profondeur, il fait face à un Grey venu profiter des joies du complexe sportif lui aussi. « Je t'avais bien dit que j'aurais pas besoin de beaucoup forcer pour te voir à poil ou presque. » fait Lloyd en riant et en éclaboussant Grey qui lui a valu des démangeaisons dans le dos et un autre moment pas très flatteur. Il les cumule Lloyd depuis son entrée dans le nid. « Alors comme ça il paraît que tu n'aimes pas les bonhommes ? » lâche Lloyd un peu intrigué par ce qui lui semble être un cas de oui-dires assez étrange dans lequel Akela a joué le rôle de transmetteur d'informations. Un messager que Snö aurait bien frappé la veille quand il a commencé à faire des insinuations sur son mariage. Qui il était pour juger lui qui avait caché qui il était pour réussir ? Tss.

Ce n'est pas la modestie qui étouffera Grey, à moins que ce ne soit de l'auto-dérision. Mais au fond il y a toujours un peu de vérité sous les plaisanteries et si Lloyd est en effet assez satisfait de la vue qu'offre le corps peu vêtu de Grey il est aussi satisfait de constater que ce n'est pas un spectacle qui lui avait manqué. Tant qu'il est capable de penser à autre chose qu'à lui sauter dessus en permanence, et que l'idée ne lui effleure même pas l'esprit quand il le voit en sous-vêtement veut bien dire qu'Arthur n'a décidément pas de soucis à se faire, quoiqu'en pensent les gens. « T'as tout compris, je ne vis plus que pour te voir nu. » fait-il avec un sourire amusé. Si ça lui fait plaisir de le croire, Lloyd veut bien lui donner matière à réflexion. Dieu ce qu'il préférerait que ce soit Arthur en face de lui à cet instant. Et ça même si Grey est l'un de ses camarades préférés, rien n'est comparable à ce qu'il peut ressentir pour son mari. Une évidence que les gens dans le nid semblent être un mensonge tout simplement parce qu'il a flirté d'un peu trop près avec un Grey loin d'être réfractaire. « Ouais. Surtout le commentaire concernant mon mari qui venait juste après, j'ai adoré. » qu'il dit un peu amer. La vérité c'est qu'il sait qu'Arthur n'aura rien pensé du baiser qu'ils ont échangé, il connait Lloyd, c'est un mec qui suit les règles. Les règles de Cupidon, les règles de leur mariage. Le mélange des deux n'est pas difficile à faire et n'exclut en rien les baisers perchés à une dizaine de mettre d'altitude. Quand Grey s'approche et se tient à quelques millimètres de sa peau, Lloyd se fait une mission de ne pas bouger. Ce test, quoique ce soit, il ne compte pas le rater. Puis quand Grey s'éloigne c'est une espèce de soulagement qui lui saisit la cage thoracique. Un instant il a cru qu'il allait l'embrasser, sans la musique, sans rien. Un geste que Lloyd n'aurait probablement pas rejeté mais qui n'avait rien à faire dans leur conversation. « Ça répond surtout à la question : est-ce que Grey a bu du jus d'orange ou du café ce matin. » lâche-t-il en faisant quelques brasses jusqu'au milieu de la largeur de la piscine où il se maintient à la surface en pratiquant une technique de surplace qu'utilise les joueurs de water-polo. Pour ce qui est d'expliquer sa cascade magistrale... « Tu étais devant la sortie du toboggan c'était soit je me cassais la gueule soit je commettais un homicide involontaire en te faisant un coup du lapin et j'ai pas l'intention de passer les prochaines années de ma vie en prison. La semaine des abysses m'a donné un aperçu suffisant de ce que ça donne. » explique-t-il en haussant les épaules, ce qui revient à lui faire perdre de la flottaison et lui fait, l'espace d'une seconde couler avant qu'il ne retrouve l'air frais. « Donc pourquoi t'as pas dit la vérité à Salvador ? C'est censé être un secret que t'es pas hétéro ? Tu l'as dit dans ton portrait pourtant. » C'est ça le plus étrange dans cette non-affaire. C'est pas comme s'il se cachait le Grey.

Tant qu'ils sont sur le sujet des goûts en matière de boisson, Lloyd a une question totalement idiote -parce que Grey n'a probablement pas la réponse- qui lui trotte en tête. « Tu crois que si je demande gentiment la prod' me fournira en briques de lait à la fraise ? » C'est ce que boit Mei, mais comme elle ne finit jamais les vingt centilitres, c'est à Lloyd de boire les deux dernières gorgées. Une boisson infâme au demeurant mais à laquelle il a pris goût, en particulier parce que les premières fois qu'il se chargeait de terminer les briques de sa fille, celle-ci s'amusait de voir la grimace que lui provoquait le goût de fraise chimique. Pour ce qui est de vivre derrière les barreaux, il ne pourrait être plus d'accord avec les mots de Grey. « J'ai plutôt le profil de celui qui y envoie les méchants ouais. » C'est un peu l'image d'Épinal de l'avocat. Ils ne portent plus de robes depuis des décennies aux États-Unis, mais le cliché du méchant avocat qui envoie des innocents en prison et condamne tous les méchants garçons enfreignant la loi à passer un séjour dans une cellule. Il y a de ça, mais c'est une question de point de vue. Lloyd-Snö ne voit pas en quoi être le défenseur de la Constitution peut-être le mauvais rôle, mais les familles des coupables sont toujours un peu agressives face à lui. Il comprend, personne n'aime le type qui envoie un membre du clan dans le système pénitentiaire, mais ce n'est pas sa faute, il ne fait qu'appliquer une loi que les coupables ont enfreinte. Quand Grey commence à expliquer la situation avec Salvador, Lloyd sourit. Pas parce qu'il est amusé, parce qu'il trouve ça assez cool que dans la petite bande qu'ils forment certains aient des tempéraments aussi direct. Ça lui change de ses collègues... « Salvador ne prend pas de pincettes, j'aime bien ça chez lui. Quand tu vis entouré de gens vicieux c'est rafraîchissant les personnes qui posent les questions de but en blanc. » Même s'il est plus proche de la catégorie des vicieux qui trouvent un moyen de savoir ce qu'ils veulent sans demander directement pour ne pas se faire repérer, il sait apprécier cette franchise chez autrui. Pour ce qui est du commentaire d'Akela en revanche, Lloyd est un peu moins enthousiaste. « En gros Akela a dit que mon mari devait être vachement content de mon comportement... je crois que ses mots exacts étaient « le mariage c'est plus ce que c'était ». » Il pouvait le juger lui, il est là pour ça et il a conscience que son comportement est épié. En revanche que les gens parlent de son mari comme s'ils le connaissaient lui donne des boutons. Alors qu'il fait une brasse ou deux le système de vague se déclenche et l'emporte quelques mètres plus loin en trois secondes chrono. Ça le fait rire parce qu'il ne s'y attendait pas et surtout parce que c'est pas désagréable du tout de se faire porter par la puissance de l'eau. « Oh putain ils déconnaient pas quand ils disaient que le courant était fort. » fait-il hilare une fois qu'il a réussi à s'accrocher au bord de la piscine.