@Colin
Toute cette mouvance autour de noël m’inspire. De base j’adore cette fête, c’est le moment idéal pour s’illusionner autour d’une famille parfaite. J’aime bien oublier nos problèmes quotidiens autour d’un bon repas. Pour ce qui est des cadeaux je suis assez douée en ce qui concerne le fait de trouver des présents adaptés et originaux. Cette année je n’aurais pas l’excitation de voir mes proches déballer leurs paquets et de savourer leur expression à la découverte du Graal. Je devrais donner des cours à la production car leurs cadeaux étaient pourris. C’est l’intention qui compte dira-t-on. Bref toujours est-il que j’ai une irrémédiable envie de sucre car à défaut de marcher dans les allées du marché de noël, activité que j’affectionne tout particulièrement pour son ambiance particulière, j’ai réussi à convaincre Colin de m’accompagner au stand à confiseries de la fête foraine. Je ne suis pas une grande fan de cet endroit, j’y trouve un côté assez effrayant par son manque de foule, mais cette fois-ci je peux bien faire exception. « T’as déjà essayé la grande roue ? Je suis sûre que t’es trop peureux pour ça. » Je visualise la grande roue qui n’est plus si loin tandis qu’on arrive devant le paradis des enfants. C’est aussi mon paradis en fait, j’en ai les yeux qui brillent. « Il y a tout, tout, tout ! J’ai envie de tout engloutir ! » Je sautille sur place carrément excité. J’espère sérieusement ne jamais tomber sur ces images à ma sortie. Je note tout de même l’absence de sucettes Bob l’Eponge mais ils ne sont pas sponsorisés par Gloup’s donc c’est presque excusable. « Mes préférées. » J’empoigne une pomme d’amour, reportant mon attention sur Colin un sourire espiègle sur le visage. « C’est gentil de bien avoir voulu traîner tes fesses jusqu’ici avec moi, je vais finir par penser que t’es quelqu’un de conciliant. Ou d’amical ? » Le choix est difficile mais en fait je pense qu'il a aussi subit l'appel du sucre.

Si je passe mon temps à râler, Colin lui c’est plutôt l’inverse. Il pleurniche à tout va, une vraie pleureuse. Il fait son rebelle mais c’est un bébé. Une moue apparait sur mon visage pour feinter la pitié dans un excès d’empathie. « Pauvre chat, il suffit de demander ! Je t’aurais accompagné moi. » J’adopte un ton mielleux et faussement compatissant, ma main semant rapidement la zizanie dans ses cheveux bruns. Non sérieusement cette roue est flippante, y aller avec lui c’est signer pour lui laisser libre court à toutes sortes de vannes de mauvais goûts qui peuvent marquer à tout moment la fin d’une vie heureuse. Du genre faire balancer l’habitacle bloqué en hauteur juste parce que ça couine et que c’est drôle. Non merci. Je suis une petite nature. De là à vomir un trop plein de sucreries … non, tout de même. « Ce ne serait pas une grande perte. En revanche ta veste est plutôt sympa. » J’évalue dans un haussement de sourcils son vêtement avant de me lancer dans un premier croc sucré. Je l’écoute d’une oreille distraite, trop occupée à admirer la belle trace de dents gravée dans la pomme, passant ma main pour chasser le sucre sur mon visage. Un sourire fend mon visage, légèrement amusé. « Adorable. Pour l’instant tout va bien mais je ne manquerais pas de faire appel à toi en cas de besoin. » N’importe quoi celui-là. Remarque c’est cool, à défaut d’avoir un partenaire présent Colin se propose en substitution. Ça pourrait presque paraître de bonne intention. Je laisse tout de même échapper un rire lorsqu’il me sort une de ses phrases de crooner. Très bien pensée cela dit mais je ne vais pas relever au risque de me dégouter de cette si jolie pomme bien rouge. « Mh c’est pas faux, tu marques un point. Mais j’ai déjà programmé une séance de sport avec Achille pour l’éliminer. » Cette pomme d’amour ne se transformera donc pas en cellulite, que Colin se rassure. Sympa de sa part de s’en préoccuper. Lui aussi a subi un départ lors du dernier prime si je me souviens bien. « T’as perdu ton fantasme toi la semaine dernière non ? Ca doit être dur. Pas trop frustré ? » que je lui demande le plus naturellement du monde avant de retenter un croc. Il m’en a tout l’air, c’était une bombe cette Lorena.

Je viens de m’engouffrer toute seule dans un plan de merde. Bravo. Mais bon si ça fait vraiment plaisir à Colin après tout… Je lâche un « Euh… ouais. » hésitant qui lui suffit pour s’emballer. Le rendez-vous est pris et je ne peux plus reculer. De toute façon il faut bien que la teste pour moi aussi cette grande roue. Ca me fait sourire de le voir comme un gosse, c’est marrant. « C’est pas une excuse pour en faire une purée. Je crie très fort. » Mon regard le menace et Zélie pourra en témoigner, en plus c’est très aigüe. Il est donc préférable autant pour lui que pour moi que je garde l’usage de ma main. Il râle sur sa masse capillaire soi-disant travaillée que j’ai ébouriffée. « Crois-moi c’est mieux comme ça. » Je me la joue experte en coiffure alors qu’il n’y a tout simplement aucune différence entre l’avant et l’après. Parlant de ça c’est l’heure du point mode, comme il le dit si bien. Un sourire satisfait s’allonge sur mes lèvres puisque j’ai obtenu raison. Au final je ne vomirais ni sur sa veste qui semble lui être plus chère que ses chaussures, ni sur ces dernières. Mais je suis contente quand même. « C’est noté. Tu ne pleureras donc pas quand elles seront inutilisables. » car Colin est une pleureuse, je ne cesse de le répéter. C’est aussi un saint, c’est bien connu qu’il aime bien rendre service aux gens. Il me propose même sa compagnie pour pallier au manque de celle de Clotaire. C’est d’une générosité sans précédent. Je réponds à son air de petit con par un sourire narquois. « Je n’hésiterais pas à faire appel à toi dans ce cas. » Après tout sa proposition était très sympathique si on en exclu le fait qu’elle soit sortie de sa bouche et qu’il y a donc forcément un sous-entendu là-dessous. Notre conversation dérive sur mon partenaire et ses séances de sport de Terminator. « Tss c’est moi qui vais l’achever qu’est-ce que tu crois. » J’hausse les sourcils dans une fausse prétention puisqu’il est évident que le sportif du casting c’est Achille et personne d’autre. Je grimace à l’image qu’il me donne de lui en train de se branler sans gêne à côté de Gaël dans leur lit conjugal avant de croquer à nouveau dans ma pomme d’amour. Suite au départ de Lorena sa vie dans le nid doit être un peu moins mouvementée, à tel point qu’il semble avoir déjà pensé à une remplaçante. Le voilà qui part dans des confessions. Je l’écoute attentivement en mâchant le sucre qui me colle aux dents, finissant par pouffer face aux propos de mec en chien que tient Colin. « T’as tellement faim. » Il a passé toutes les nanas du jeu en revue et personne ne lui convient. En même temps il ne s’attarde pas sur les bonnes personnes. « Mh… moi je te propose Zélie. Elle est ouverte et plutôt mignonne. Sinon niveau 2 dans le genre un peu plus hard to get t’as Jade, alias la petite perle protégée à la fois par sa sœur et par son partenaire. » Genre bon courage pour y avoir accès quoi. Histoire de se sentir moins seul dans sa détresse Colin se propose de me trouver un fantasme. C’est vraiment très gentil de sa part mais je suis PI. Pas intéressée. « Je ne suis pas autant sur les crocs que toi, je peux faire sans ne t’inquiète pas pour ça. En plus je pense qu'on aurait du mal à m'en trouver un. » Sourire moqueur à l’appui je me tourne une nouvelle fois vers le stand, choppant un long fil rouge que j’introduis dans ma bouche en le croquant par paliers.

Ce mec n’est jamais d’accord avec moi c’est dingue. Tout ça par esprit de contradiction. Comme si le fait que je lui perce un tympan n’a aucun pouvoir de persuasion sur sa personne. Il fait semblant mais on verra bien au moment venu lequel des deux souffrira le plus. Quant à son allure générale, que ce soit cheveux, chaussures, ou chemise, il y a tout à revoir. Tout. Non je déconne c’est pas si terrible, en fait il a une dégaine plutôt sympa à mon goût mais bon c’est Colin. Il ne fat pas trop le complimenter sinon il s’emballe. Entre deux crocs sur ma pomme d’amour j’esquisse un sourire à l’idée qu’il puisse s’isoler pour larmoyer sur le sort de ses chaussures, sur lesquelles je ne vomirais bien sûr jamais. « Trop chou. Tu fais le petit caïd pour cacher que t’es un grand sensible en fait. Pleureuse. » que je lui balance sans filtre. Il se propose gentiment d’être à ma disposition en cas de baisse de moral, je suis peut-être un peu dure avec lui. Je ne lui promets pas fidélité, c’est difficile ici j’en ai la tête qui tourne entre tous ces beaux gosses. Blague à part, même si personne n’est physiquement dégueulasse je ne risque pas de faire une quelconque infidélité à Colin. Je dors même toute seule, pour dire à quel point il n’a vraiment aucun souci à se faire. « Sinon quoi ? » Je demande un regard rempli de défi simplement pour voir ce qu’il va pouvoir répondre à ça. Bon là il se fou de ma gueule sur mes compétences physiques, je l’ai un peu cherché en prétendant pouvoir mettre une raclée à Achille alias le mec le plus baraque du casting mais j’assume. « Je pense pas que tu veuilles voir ça car quand j’en aurais fini avec lui ce sera ton tour. » Ou comment tenter de le dissuader alors que ça n’arrivera jamais quoi. J’ai juste une petite fierté. La conversation dérive sur le fantasme Lorena avec lequel Colin nous a bassinés pendant des semaines. Il me fait de la peine. « Je compatis. Mon ex était dans la même tranche que toi, sans moi il en serait encore à ce stade. » Je le dévisage comme s’il était soudainement infecté par un virus tout balançant au passage un tacle à ce connard qui m’a larguée il y a quelques mois. J’espère que ce moment sera diffusé et qu’il sera vénère devant sa télé. Ce léger règlement de compte étant passé je tente de lui trouver une nouvelle prétendante, à croire qu’on s’est trompé de télé-réalité. Colin est dur avec Zélie et autant dire que sa façon de parler de Maggie est super irrespectueuse. Légèrement gênée j’adresse un regard en dessous à la dame aux bonbons qui ne semble pas avoir fait attention à ce qu’il se passait, trop occupée à remuer ses pop-corn. Je lève les yeux au ciel quand il évoque la sexualité de la brunette avant qu’il n’enchaine sur Jade. « C’est ce qui fait son charme je trouve. Mais c’est clair qu’une personne aussi délicate pour toi c’est pas le bon plan. » Je plisse les yeux, sourcils relevés en signe de compassion avec Jade. « En fait tu les as déjà toutes passées au peigne fin personne ne te convient. » Il a déjà un avis sur tout le monde, je ne pense pas être la plus sélective des deux. « Ah parce que tu nous fais pas un tri depuis tout à l’heure ? » L’hôpital qui se fou de la charité. Piochant dans son paquet de pop-corn sans gêne -à croire que je pars du principe que tout ce qu’il peut bouffer est aussi pour moi- je lui balance ma poignée de riz soufflé dans la gueule lorsqu’il évoque Sandy. « T’es con. » Sandy est mignon, c’est vrai que Colin n’a pas tort sur toute la ligne mais… « Il est chelou. » BIP. Next.