Ce matin, je me lève en sursaut. Je comprends pas ce qu’il se passe l’espace d’une seconde quand je vois apparaître Enola en plein dans mon champ de vision. Faut dire que j’ai dormi pendant plusieurs nuits aux côtés de Lorena donc il me faut un temps d’adaptation. Pour autant, j’ai pas perdu au change. Comme j’ai pu le dire lors de la rubrique de Rowan, je trouve Enola très séduisante. On peut dire que j’aurai été gâté niveau partenaire pour l’instant. Quoi que j’en ai fait fuir une vraisemblablement. Espérons que mon partenariat avec Enola soit plus long. D’ailleurs, j’ai décidé de mettre toutes les chances de notre côté. Je me suis levé en toute discrétion et tel un homme galant, je suis parti préparer un plateau avec pleins de bonnes choses : de la noix de coco que j’ai découpé moi-même en petit bout, pareil pour une banane et une clémentine, puis j’ai également fais du jus d’orange pressé. A côté de ça, j’ai préparé un bol avec du lait et des cookies à côté. Un bon petit déjeuner je crois. Je me dis qu’Enola va être contente. Sauf que quand je remonte dans la chambre avec le plateau, je constate qu’elle dort encore. Je le pose sur la commode à côté puis je m’assois tranquillement en attendant qu’elle se réveille. De là, une autre candidate de ma chambre s’approche de moi et me demande si c’est pour elle. « Je suis désolé mais tu n’auras pas cette chance ce matin. Le père noël m’a dit que t’avais pas été assez sage. » De là, on plaisante un peu et je crois que les rires de la candidate ont fini par réveiller ma partenaire. Je la laisse émerger tandis que l’autre candidate s’éclipse pour aller se préparer. « Bien dormi ? » Je la regarde émerger avec un léger sourire bienveillant comme si c’était ma femme alors qu’il n’en est rien. C’est peut-être déstabilisant. Juste que j’y peux rien moi, je la trouve jolie Enola et j’me dis que y’a pas mal de gars qui doivent m’envier de dormir à ses côtés. « Il paraît que le père noël t’as oublié cette année. » Je me tourne vers la commode pour attraper le plateau et le tendre vers elle tandis qu’elle se redresse. J’imagine qu’elle comprendra mon allusion aux cadeaux faits par Cupidon à l’occasion de noël. « Je trouvais pas ça juste. » Même si on a pour la plupart gagné des cadeaux de merde, c’est l’intention qui compte et là, pour le coup, y’en avait aucune pour Enola. Jusqu’à maintenant.

La veille, sans réfléchir la jeune femme avait instinctivement pris le chemin de la chambre guimauve pour rejoindre son nouveau partenaire qu'elle savait peu enclin à quitter sa chambrée. Pas particulièrement attachée à la sienne ni aux gens qui la composent, elle avait pris la décision de changer de chambrée au moins ici elle ne serait pas seule dans ce grand lit et elle avait Khadi, la jolie brune, pour lui tenir compagnie. Sans doute devrait-elle se sentir gênée de prendre la place de Lorena, mais lui autant qu'elle avait été abandonné par son binôme dans le jeu, elle trouvait donc légitime de tout recommencer pour bâtir un partenariat solide qui durera plus de deux semaines. Si les tons sucrés de la chambre guimauve émerveillent d'abord, ils finissent par la détendre et la bercer, la plongeant dans un état de sommeil profond en un rien de temps. Ce sont des rires dans la chambre qui réveillent Enola, deux voix qui s'accordent à l'unisson pour la sortir du pays des rêves. Elle ouvre les yeux, surprise de voir que son nouveau partenaire l'observe ,assis sur le lit, se réveiller. « Je crois oui » . Elle souffle se redressant et étirant ses bras pour se réveiller. Elle cherche du regard sa montre, une horloge, une tablette ; peu importe tant qu'on peut lui indiquer l'heure mais en vain. « Tu sais quelle heure il est ? » . Elle se résigne à lui demander alors qu'elle craint de n'avoir gâché une partie de sa journée en restant au lit. Encore un peu dans le vague, elle écoute distraitement Salvador lui parler du père Noël se tournant vers la commode pour attraper un plateau contenant vraisemblablement un petit-déjeuner. Surprise, la salvadorienne esquisse un sourire, conquise par cette charmante attention. « Merci » ajoute-t-elle en attrapant un verre de jus d'orange dans lequel elle trempe ses lèvres avant d'en boire une bonne gorgée. « J'ai rien fait pour mériter ça » . Elle se demande l'air pensive, bon c'est vrai qu'elle a honteusement loupé la soirée de Noël à cause d'un foutu coup de froid qui l'a cloué au lit toute la nuit. « À moins que tu n'essayes d'acheter mon affection avec des cookies » Elle plaisante adressant à Salvador un regard faussement suspicieux tout en servant sur le plateau. « Je mangerai jamais tout, je suis prête à partager » précise-t-elle en poussant un peu plus le plateau dans sa direction. Le message était très clair, il est hors de question qu'il la regarde manger sans pouvoir en profiter lui aussi.

La première réaction d’Enola à son réveil est de vouloir connaître l’heure qu’il est. J’aurai plutôt imaginé qu’elle m’aurait raconté son rêve ou qu’elle m’aurait accusé d’avoir ronflé toute la nuit mais en vain. Elle veut savoir l’heure. « Je n’ai pas de montre. » J’ai perdu la mienne il y a quelques mois de ça. Depuis, j’ai acheté pleins de bracelets et bagues pour compenser tout ça même si rien n’indique l’heure. Je crois que je peux me passer de l’heure. J’suis pas vraiment du genre à m’en soucier. « Mais plutôt tard il me semble. » Je me demande si j’ai pas vu dix heures et demi affiché sur l’écran du micro-onde quand je suis descendu dans la cuisine. Et puis, vu la luminosité extérieur et le nombre de candidats que j’ai croisé, ça ne fait pas de doute qu’on est plutôt avancé dans la matinée. « Tu n’as rien fait pour ne pas mériter ça. » Je rectifie de manière plutôt ferme. Je sous-entends là que même si elle n’a pas pu participer à la soirée de noël, elle aurait dû recevoir un cadeau car c’est noël après tout et que tout le monde en mérite selon moi. En tout cas, Enola. C’est ma nouvelle partenaire après tout et j’ai envie qu’on parte sur de bons pieds. « Tu m’as démasqué. C’est des cookies maléfiques. » Je lui en ai donné la dernière fois d’ailleurs. En attendant, je trouve ça cool qu’elle partage car à part avoir grignoté un bout de coco et avoir bu un peu de jus, j’ai pas vraiment déjeuné. « Entendu. » Je ne me fais pas prier pour me servir et piocher un cookie que je savoure en moins de deux. « Grrm. Tu sais à quoi sert cette boule au fait ? » J’attrape sur la commode la magic 8 ball que j’ai reçu comme cadeau de noël. Personne n’a été capable de m’expliquer ce que c’était jusque –là. Il y a une notice mais je l’ai pas encore lu. Peut-être qu’Enola saura néanmoins en quoi cette boule de billard consiste.

Sa nuit a été longue, beaucoup trop longue pour n'avoir duré qu'une petite sizaine d'heures si bien que sa première réaction lorsqu'elle croise le regard de son nouveau partenaire est de lui demander de lire l'heure sur le cadran de sa montre. Montre qu'il n'a pas, un simple coup d'oeil à son poignet suffisait pour le confirmer. Maintenant qu'elle n'avait aucune notion de l'heure mais qu'elle savait qu'il était déjà beaucoup trop tard, elle pouvait se mordre les doigts d'avoir gâché sa matinée à dormir alors qu'elle aurait très bien pu faire un footing ou quelques brasses pour se mettre en jambe. Au lieu de ça, elle est encore au lit se redressant péniblement en ramenant ses jambes contre sa poitrine en observant le visage de son partenaire. Elle a cette question qui la taraude, qu'elle se pose depuis que Cupidon a annoncé qu'ils devaient désormais être partenaire. « Tu étais proche de Lorena ? » Elle se hasarde à lui demander cherchant dans le regard impassible de Salva un maigre indice qui pourrait la mettre sur la voie. Elle est bien consciente qu'en deux semaines d'aventure, les deux jeunes gens avaient pu créer des liens plus ou moins forts alors en tant que nouvelle partenaire, elle devait s'assurer que l'autre moitié du binôme allait bien. La présence de Salvador à ses côtés n'est pas le fruit du hasard puisqu'il a décidé de s'improviser Père Noël afin de réparer l'horrible erreur de Cupidon qui semble avoir délibérément oublié son cadeau sous le sapin. On peut dire que Salva lui a sorti le grand jeu en lui apportant le petit-déjeuner au lit alors qu'elle n'a pour ainsi dire rien fait pour mériter une telle attention.La réplique de Salvador lui arrache un sourire, c'est le genre d'attention qu'elle n'est pas prête d'oublier. « Je ne sais pas trop, j'ai pas été un modèle de gentillesse et de bonté cette année même Cupidon s'en est rendu compte ». Elle ajoute ironique alors qu'elle commence à boire son verre de jus d'orange sentant sa gorge totalement deshydratée. Même si Cupidon l'avait oublié, deux de ses camarades s'étaient chargés de lui offrir un cadeau alors que le réveillon approche à grand pas. D'un air faussement suspicieux, elle accuse tout de même son camarade de vouloir s'attirer ses faveurs avec des cookies, c'est la deuxième fois qu'il lui en sert après tout. « Maléfique à quel point ? ». Elle demande soudainement intéressée par la réponse farfelue que va lui fournir le barbu pour expliquer le caractère maléfique de ses biscuits. Pour l'instant elle ne se risque pas d'y toucher, se contentant de picorer des bouts de noix de coco sur le plateau. Pourtant, elle ne devrait pas être la seule à profiter de ce petit-déjeuner alors elle l'invite à partager son repas avec lui, du moins s'il le souhaite. Changeant de sujet, il attrape sur la commode la boule de billard qu'il a reçu en cadeau de Noël pour lui demander si elle connaît cet objet. « Je crois que tu es censé poser un question, la secouer et elle te répondra  ». Elle énonce clairement, elle avait déjà vu les petites nièces de son mari s'amuser avec ce genre de jeu, posant toutes sortes de questions à cette boule de billard qui faisait office de voyante à domicile. « Vas-y essaye, pose une question, n'importe laquelle ». Elle l'encourage vrillant son regard au sien.    

Le réveil de ma nouvelle partenaire se fait en douceur. Elle me demande dans un premier temps de lui donner l’heure que je ne connais pas vraiment. Puis, elle veut aussi savoir si j’étais proche de Lorena. On peut dire que c’est la foire aux questions de bons matins. Enfin… façon de parler car il est bientôt midi. « Proche comment ? Je… non, on n’a pas couché ensemble. » Je fais les gros yeux et secoue la tête d’un air outré. En soit, je fais le pitre un peu comme avant. J’sais pertinemment là où elle veut en venir mais je ne peux m’empêcher de plaisanter là-dessus. Je crois que j’arrive à regagner peu à peu mon humour d’antan. C’est plutôt bon signe. Même si j’arriverai jamais à redevenir le Salvador que j’étais autrefois. « On s’entendait bien. » Je réponds plus fermement et avec plus de sérieux et de sincérité. J’vois pas quoi lui dire de plus. On s’appréciait, le courant passait bien, on avait des points communs mais malheureusement le destin nous a séparés. C’est comme ça. A présent, ma partenaire actuel me convient tout autant. Du moins, du peu que j’en ai vu. Il me faut un peu plus de temps pour me faire un avis même si j’ai l’intime conviction qu’elle lui arrivera à la hauteur. En tous les cas, j’vais faire en sorte que le binôme fonctionne. Le petit déjeuner au lit n’est pas totalement anodin là-dedans. J’dis pas qu’elle en aura un tous les jours mais un pour commencer, c’est déjà pas mal et ça prévoit que du positif. Ça montre que j’ai envie que ça se passe bien je crois. « Je te rassure, moi non plus. A croire qu’il a quand même eu pitié de moi. » Je saisie l’ironie de la candidate à ce sujet mais je ne peux m’empêcher d’y laisser une part de sincérité et un message quant à mon secret dont elle a à présent connaissance. J’imagine qu’elle saisira rien qu’à travers mes expressions faciales là où je veux en venir. « Si je te le dis, ça a plus grand intérêt, non ? » Je m’empare à mon tour d’un cookie maléfique avec un regard taquin et un fin sourire. Puis je le dévore en un rien de temps puisqu’elle m’y autorise. Je prends pour une fois l’initiative de démarrer un nouveau sujet de conversation en lui demandant si elle sait à quoi sert mon cadeau de noël. Pour le moment, personne n’a été capable de m’apporter des précisions là-dessus. Heureusement, Enola m’éclaire enfin. Et je suis agréablement surpris par la réponse. Sans plus attendre, je teste la magie de la boule en exécutant les consignes de ma partenaire. « Est-ce que j’ai ronflé cette nuit ? » Je commence par quelque chose de soft en secouant la balle. La réponse qui se fait entendre est « Oui absolument ». Je grimace alors avant de me tourner vers la brune. « Tu confirmes ? » Puis je réfléchis aussitôt à une autre question qui pourrait être un peu plus pertinente. « Je vais gagner le jeu ? » Je secoue à nouveau la boule de billard avec malice tandis qu’un « une chance sur deux » résonne dans la chambre. J’affiche immédiatement une moue, déçu du résultat et de l’efficacité de ce cadeau en qui je ne croyais de toute façon aucunement. Ce n’est que le fruit du hasard après tout et qu’un robot. Déjà que je crois pas aux voyantes... « Est-ce que ma nouvelle partenaire est contente de se retrouver avec moi ? » Cette fois-ci, j’adresse aucun regard à la concernée. J’attends juste la réponse du jouet l’air de rien. Un « pas d’avis » se fait entendre. Je ne dis rien ni ne commente. J’ose clairement pas lui demander directement. Et puis, de toute façon, il est surement encore un peu tôt pour y répondre. « Je te prête Irma. Fais-toi plaisir. » Je lui tends directement ma boule dans ses mains pour qu’elle l’essaye.