Je n'ai pas réussi à dormir avec Greta cette nuit. Ce n'est pas de sa faute, c'est la mienne. Je suis tourmenté,puis j'ai mal. Mal au coeur, mal au ventre, mal partout de laisser mon bébé seule pour les fêtes. On est le soir de noël et je ne suis pas auprès d'elle, et ça, ça me rend malade. Je suis incapable de dormir, ça me bouffe alors j'ai pris la décision de déserter le lit que je partage avec ma partenaire pour aller ailleurs. Je n'ai pas de but précis mais je me sais incapable de fermer l'oeil. Je pense à elle, tout le temps, sans arrêt. Ma petite fille va ouvrir ses cadeaux de noël, ceux que j'avais spécialement choisis pour elle avant de venir ici et je ne verrais pas ses yeux brillés. J'erre longtemps dans le nid de l'angelot et puis, je decide de me poser. Je m'arrête dans le salon, me laisse tomber dans le canapé et souffle bruyamment. Je ne sais pas quoi faire non plus. C'est pesant comme situation. Inutile de me proposer une lecture, je n'aime pas ça. Habituellement, lorsque le sommeil ne vient pas, je m'accorde un peu de temps devant la console. Console que je n'ai pas. Alors je me redresse, j'appuie mes coudes sur mes genoux et me perds dans mes pensées. J'adopte cette posture pendant un long moment et puis, une silhouette tout fluette me passe devant. Je ne suis pas seul. Ou plutot, je ne suis plus seule. «Tu n'as pas sommeil ?»C'est Jade. Je la reconnais rapidement et spontanément, d'un tapotement de main sur le canapé, je l'invite à s'asseoir à mes côtés. Enfin, si elle le desire. Elle a de la chance Jade. Elle a la chance de pouvoir passer ses fêtes de fin d'années en compagnie de sa soeur. Elle n'est pas seule.

@Jade

Le bruit de sa lente respiration est presque rassurante. Je me demande s'il rêve, à quoi il pense. Recroquevillée dans le lit, je tente simplement d'anticiper les mouvements de Grey pour éviter que l'on se touche. Ce soir, je n'a pas envie de l'envahir. Les paupières ouvertes, j'essaie de me trouver une excuse pour quitter le lit conjugal et me trouver une activité. Fumer ? Je n'en n'ai même pas envie, bizarrement. J'ai l'impression que ma tête pèse trois tonnes, mon cœur martèle. Je l'entends battre à cause du silence qui règne dans la pièce. Un. Deux. Trois. Bon, ça m'agace d'attendre un miracle ou même un rencard avec Morphée, avec délicatesse je me redresse. Les pointes de mes pieds flirtent longuement avec le sol froid avant que je me décide. Debout, j'attrape l'un de mes pulls que je laisse toujours à portée de main, afin de l'enfiler. Je tente d'extraire ma chevelure qui reste prisonnière des mailles pendant une poignée de secondes. Je finis par descendre pour ne pas réveiller les autres à l'étage. Je traverse le salon lorsque je surprends Pablo. Forcément, surprise, je m'arrête alors que mes yeux de chat le dévisagent longuement. « Touché » je réponds de ma voix cristalline avant de m'avancer de quelques pas dans sa direction. Je le dis souvent, dormir est une perte de temps. « Et toi, c'est quoi ton excuse ? » je lui demande en posant mes grandes opales enfantines sur lui. Je finis par me décider, je prends place à côté de lui. « Tu n'as pas l'air très bien » je me permets de glisser, avec le tact inné qui me caractérise.