@Lino
Je n’ai pas beaucoup mis les pieds dans la fête foraine depuis le début de l’aventure mais je me rattrape depuis la semaine dernière. C’est limite si je n’y passe pas une fois par jours. Au final je n’y fais pas grand-chose puisque les attractions c’est pas trop mon truc mis à part le tir à la carabine pour lequel je me suis découvert une passion. Buzzy Buzz va devenir mon meilleur pote à ce rythme-là. Il faut dire que la routine commence à s’installer et que ça m’occupe dans les moments d’ennui profond. Et là justement je m’ennuie. Tournant en rond en ne sachant pas quoi faire je crois qu’il est le moment d’aller m’adonner à une petite session. Evidemment je croise quelques personnalités sur le chemin mais là je dois y regarder à deux fois pour être certaine d’avoir bien identifié la personne. « Lino ? » Un sourire narquois sur le visage je m’avance vers lui. Oui, oui, le mec hyper concentré en train de tenter sa chance à l’attrape peluches n’est personne d’autre que Lino, monsieur muscle à l’italienne et à l’esprit de leader qui fait tourner toutes les têtes. Sauf la mienne puisqu'elle est bien faite. « Ca attrape des petites peluches ? » Le ton de ma voix est à peine moqueur. A peine. Mains croisées derrière le dos je me penche légèrement, le menton relevé pour admirer le résultat. Il a brillamment perdu. « Hmhm. Les temps sont durs on dirait. » Simple constatation.

Finalement la seule vraie conversation que j’ai pu avoir avec Lino date d’il y a très longtemps maintenant. Le pauvre est trop pris dans ses tourmentes d’hommes à femmes. C’est le syndrome de l’italien ça, je vous le dis. Ça n’a rien d’étonnant, il suffit de constater à quel point il sait y faire la preuve avec sa prise de parole dans ma langue maternelle. Par contre là je suis surprise c’est un fait. « J’avais presque oublié que Monsieur parlait français. » C’est tout à son honneur. Il est vraiment très intelligent ce Lino je me demande pourquoi moi aussi je ne me suis pas mise à sa poursuite. « Mais je crois que tu viens de te tromper de mot parce que là j’en suis flattée, je ne pensais pas que tu m’aimais à ce point. » J’affiche un air confus afin de le perdre même s’il est trop absorbé par la pince pour le voir. Peste est mot assez élaboré pour un type qui bidouille quelques mots, je peux au moins essayer de le semer en lui faisant croire qu’il vient de me sortir un adjectif adorable. Il est nul à cette machine et je ne manque pas de le lui faire remarquer. Je profite d’ailleurs de sa nouvelle attention pour ma personne pour lui afficher le gros titre du jour en balayant mes mains dans l’air. « La chute de Lino » J’annonce amusée, dédramatisant totalement l’intitulé. « Il fallait bien que ça finisse par arriver. » J’hausse les épaules dans un cas d’extrême désespoir. Je suis à deux doigts de lui taper sur l’épaule pour le réconforter. Je ne suis pas contre le regarder se rater une nouvelle fois à l'attrape-peluche en lui susurrant la pression à l'oreille mais je vais lui montrer ce que des années de fête foraine estivale m'ont appris. « Laisse-moi tenter mon karma, je sens que c’est ma semaine. » Bonne ironie compte tenu de ma nomination dès dimanche soir. Force de concentration j'y crois lorsque la pince se laisse tomber sur la grenouille verte mais ce sera l'ourson pour cette fois. Avec un cœur sur lequel est gravé "LOVE". Gé-nial. Ramassant la peluche je constate que l'autre fait son petit commentaire. Je l'avais même pas calculée celle-là. « Non mais tu te crois où toi ? » C'est juste une actrice qui passe des heures à rien foutre, qu'elle s'emballe pas trop. Bref j'ai quand même attrapé une peluche! Ca mérite que je me retourne tout sourire vers Lino ça. « TA-DAAAM. Tu la veux ? Je te l'offre. » Je lui tend l'ourson, ravie. « Tu pourras même l'offrir à ta favorite. » Vraiment, c'est cadeau.