La journée avait s'était avéré être des plus étranges. Suite à l'incident de la cuisine, j'avais passé un long moment sur le toit, fumant cigarettes sur cigarettes loin de toute l'agitation qui régnait dans la maison. Je ne savais pas comment prendre la fuite d'Ismaelle à vrai dire. Bien décidé à tirer ça au clair, ou du moins à ne pas passer mon temps à éviter la jeune femme. J'avais rejoins l'hôtel, descendant les escaliers quatre à quatre, lorsque j'aperçus la silhouette de la jeune femme s'engouffrer dans la chambre. Parfait. Fourrant mes mains dans mes poches je franchissais le seuil de la chambre, espérant que cette dernière soit vide. La jolie rousse était installé sur le lit en tailleur, les yeux posé sur quelque chose, un livre peut être. A vrai dire ce détail m'importait peu, m’éclaircissant la gorge pour lui indiquer ma présence, je m'approchai doucement du lit. « Tu permets que je m'assoies ? » A vrai dire, c'était plus une manière d'engager la conversation qu'une réellement demande, mais peu importe. Les mains fourrés au fond de mon jeans, je balançais nerveusement la jambe, attendant patience une réaction de sa part.

Comment éviter une certaine personne lorsque l'on se retrouve enfermée dans la même maison que celle-ci? C'était une thèse que j'aurais aisément pu développer sur une bonne trentaine de pages étant donné le fait qu'elle était exactement le résultat de l'expérience que je vivais en ce moment. Je ne parvenais pas à me remettre de ce baiser volé de Soren. Volé? Je ne considérais pas m'être montrée consentante dans la cuisine quelques heures plus tôt, et pourtant je ne pouvais m'empêcher de m'injurier intérieurement d'avoir été aussi naïve. Je tentais de me convaincre du fait que je n'y étais pour rien dans cette histoire. Mais au fond, j'avais bien cherché le jeune homme, j'étais parfaitement consciente de mes actes et ma réaction s'avérait plus que chaotique et injuste. Je devais m'excuser. Peut-être le pire dans tout cela, c'est que je me surprenais à sourire en y repensant, pauvre conne. Assenant un coup de poing rageur contre la couette pourtant innocente sur laquelle j'étais assise, je me figeai en me rendant compte que le principal de mes soucis se trouvait actuellement dans la même pièce que moi. Pièce bien entendu vide.

Ce lit t'appartient autant qu'à moi Soren.

J'étais plus distante que je ne l'aurais voulu.

J'avais été particulièrement stupide de croire qu'elle accueillerait mon baiser avec plaisir, et pire encore qu'elle y répondrait. J'ignorais ce qui m'avait poussé à agir de la sorte, les signaux qu'elle envoyait étaient clairement erroné, je m'étais monté la tête et j'en avais eu la preuve. Le pire dans l'histoire c'est que nous n'avions pas le choix que de cohabiter. Je devais absolument m'excuser, m'excuser d'un geste que j'avais pourtant tant de fois voulu le faire auparavant. Je m'installai sur le lit face à elle mais en prenant soin de ne pas trop la coller pour autant. « Je suis désolée pour ce matin ... Enfin non, j'le suis pas vraiment. Si mais ... Enfin j'arrive plus à savoir si tu es sérieuse, si les signaux que je crois voir sont vrais ou s'il s'agit seulement de ma propre invention ... » Je baissais la tête soupirant, je venais l'assommer de questions qui pouvaient être interprété comme des reproches alors que finalement ce n'était clairement pas mon but. J'esquissais un sourire timide, alors que je vins déposer ma main sur la sienne, innocemment. « Laisse tomber, oublies ça j'ai pas envie de te mettre mal à l'aise, j'suis désolé. »

Il vint s'asseoir à mes côtés et je ramenai aussitôt ma lourde chevelure rousse sur mon crâne d'un geste de la main, trouvant qu'il faisait étrangement chaud dans la pièce. N'osant le fixer un premier temps, mes iris finirent pas s'ancrer aux siennes pour ne plus les lâcher, j'étais sceptique de ce que le jeune homme avait à me confier. Et effectivement, son discours ne me laissait que plus mal à l'aise encore. Je décidai néanmoins de jouer la carte du franc jeu, murmurant pour ne pas me faire entendre même si je m'en doutais, la production ne manquerait rien de ces petites confidences. De toute façon au point où j'en étais..

J'ai tout de suite compris que tu étais attiré par ma personne à vrai dire, Soren. Inconsciemment du moins, je l'ai compris et je crois que j'en ai joué sans réellement m'en rendre compte. Mes signaux n'avaient au fond d'eux-même rien innocents, maintenant je me demande si je désirais réellement que tout cela arrive ou si le fait que tu me plaises aussi ait entrainé une succession de catastrophe.

Sa main contre la mienne me troubla, mais je ne fis rien pour me retirer, me contentant de me mordre la lèvre.

A vrai dire, je ne pense pas que tout cela soi une bonne idée.

Je m'attendais à ce qu'elle démente le tout, qu'elle me signale que tout ceci relevait entièrement de mon imaginaire. Finalement peut être que ça aurait facilité les choses. Au contraire ses révélations me paralysèrent plus qu'autre chose. Pendant l'espace d'un instant du moins puisqu'après un sourire tentait de percer sur mon visage, je me mordis la lèvre l'empêcher de pointer, ce n'était sûrement pas le moment. Bien évidement ce genre d'affirmation ne pouvait que me conforter dans l'idée que je n'avais finalement peut être pas eu tort de tenter le diable. Me rapprochant légèrement d'Ismaëlle, je ne lâchais pas sa main que je tenais plus fermement encore. « whaou. Huum, je pense que c'était pas aussi catastrophique que ça. Et puis je sais que c'est pas forcément évident pour toi. Mais. Je ne sais pas, tu me plais énormément, tu viens de dire que je te plaisais ... » Je murmurais à peine, je ne cessais de me mordre la lèvre. Il m'était impossible de quitter ses iris, les yeux brillant je poursuivais. « Je pense honnêtement qu'on ne peut pas savoir si c'est une bonne idée ou non avant d'avoir fait quoi que ce soit. Il restera toujours une possibilité, je sais que je me poserais des question, tu vas sûrement t'en poser aussi. »

Je le sentais s'approcher de moi dangereusement, ce pourquoi je reculais aussitôt le visage dans le cas où peut-être le jeune homme tenterait une nouvelle approche. Le dévisageant dans l'incompréhension, j'aurais préféré me faire couper les oreilles que de devoir écouter ses paroles. Ce n'était pas ce que je voulais entendre, le plus simple aurait été qu'il renonce maintenant. Soufflant, je tentai de retirer ma main de la sienne, mais celle-ci était fermement tenue par ses doigts et je ne me sentais pas la force de lutter physiquement. J'arquai un sourcil avant de soupirer.

Que tu me plaises n'implique en rien un futur quelconque entre nous. Je ne veux rien de plus te concernant Soren, alors laisse tomber.

Volontairement méchante, je me mordis une nouvelle fois la lèvre, regrettant aussitôt mes paroles. C'était selon moi plus sage pour nous deux, il était hors de question que je trompe mon copain pour une belle gueule de passage.

Je me décomposais à mesure qu'Ismaelle prononçait ses mots incisifs, ou du moins c'est de cette manière que je le prenais. Chaque moi prononçait était un qu'elle me portait, mon ego en prenait clairement un coup. Habituellement c'était moi qui jetait et non l'inverse. J'avais beau être touché plus que je ne l'aurais imaginé d'ailleurs, je restais impassible. Soupirant légèrement je ne bronchai pas, j'aurais certainement dû laisser tomber comme elle me le demander pourtant ce n'était pas dans mon tempérament. Quitte à risquer de me heurter à un mur. « Tu peux toujours essayer la méchanceté si tu le souhaites c'est certainement pas de cette façon que tu me feras lâcher prise Ismaëlle. » J'enroulai mes doigts aux siens, puis passait ma main sur son visage, caressant doucement celui-ci, l'effleurant presque tant je faisais preuve de douceur. « Tu peux me frapper, me hurler dessus, t'enfuir à nouveau, je ne suis pas dupe, tu en crèves d'envie. » Mes doigts glissèrent doucement jusque ses lèvres que j'effleurai, tandis que j'approchai mon visage du sien à nouveau. Scellant nos lèvres pour la deuxième dans un baiser qui se voulait légèrement plus passionné que la première fois. Alerte, mais pourtant empli de témérité, ma langue glissait doucement sur ses lèvres entre-ouvertes même si je m'attendais à me faire jeter d'une minute à l'autre.

Je fixais sa main, les yeux ronds comme des soucoupes, éberluée par son audace. Se foutait-il de ma tronche? Il ne s'en rendait sûrement pas compte mais ma position était délicate, je n'osais pas imaginer ce qu'allait penser ma famille en voyant la sage petite Ismaëlle fricoter avec un presque inconnu. Il n'était pas un inconnu à mes yeux, il était tellement plus, tellement trop au fond, mais ce ne devait pas être l'avis de mes parents ou de mon copain qui j'imaginais, à défaut de fulminer de rage, devait déjà pleurer comme une madeleine. Je m'apprêtais à répliquer, ma dernière carte avant le franc-jeu, et fût soudainement coupée par un baiser qui me cloua littéralement le bec. Je mis plusieurs seconde à réagir, sa langue frôlait bien malgré elle la mienne, ce jusqu'à ce que je le repousse sèchement, le regard courroucé.

Tu veux savoir de quoi je crève d'envie à l'instant?

Ma paume claqua sur sa joue avec dureté. Les larmes aux yeux, je me levai du lit, me débarrassant du gilet que je portai pour le jeter avec rage sur le sol avant de me plonger sous ma couette, la remontant jusque mon nez tout en lui tournant le dos. Haletante, je tâchai de garder le silence bien malgré mes lèvres tremblantes.

Mon intuition se révélait être vraie puisque Ismaëlle ne mit que très peu de temps avant de me repousser violemment. J'avais été trop loin, bien trop loin, pourtant il était trop tard puisque sa main d'écrasait déjà brutalement sur ma joue. Légèrement échauffé et particulièrement vexé je me liquéfiais sur place. Le visage blême malgré l’échauffement que subissait ma joue, j'avais envie de fuir le plus loin possible, pas nécessairement de ma partenaire mais des caméras qui avaient été témoins de la scène. Seulement, j'avais les jambes sciés par la honte et la colère que j’éprouvais en cet instant. Je ne pouvais même pas bouger lorsque Ismaelle se levait du lit, si elle s'était enfui, je n'aurais très certainement pas pu la rattraper dans l'instant. Seulement, ses yeux embués me crevaient le coeur, bien conscient que j'étais le dernier qu'elle souhaiterait voir à ses côtés, j'hésitais quelques secondes avant d'aller vers elle. Je finis par bouger néanmoins, me levant du lit, je me plaçai à ses côtés contrôlant désormais mes gestes. « Ismaelle, je suis désolée, pardonne moi. Je ... J'ai agit comme un con, comme un putain d'égoïste, j'ai pas pensé une seule seconde à ... Excuse-moi je t'en prie. » Je levai les yeux vers ces caméras qui à cet instant me faisaient enrager. A aucun moment je n'avais pensé à ses proches qui nous observaient sûrement. J'étais profondément stupide. J'affichai une mine navré, mes mains posées sur le rebord du lit, je ne cessai de l'observer en silence, sincèrement désolé de l'avoir mise dans une situation comme celle-ci.

Il ne souhaitait visiblement pas lâcher prise. Ou du moins c'est ce que je pensais en le voyant se pencher vers moi, ce pourquoi je couvrais aussitôt ma tête sous la couette, désormais en larmes et bien piteuse de réagir ainsi face au jeune homme. Ce dernier s'excusa, au contraire de ce que j'aurais pu penser, et mes pleures ne firent que redoubler. Je tâchai d'essuyer mes joues à l'aide du tissu qui me dissimulait de sa vue, sortant finalement la tête que très légèrement pour pouvoir regarder mon partenaire dans les yeux. Je pris mon souffle, je ne voulais pas m'étouffer ou hoqueter en pleine tirade.

S'il te plait, tais-toi. C'est soit tu dors et on en parle plus, soit tu t'en vas et me laisses seule. J'ai juste besoin que tu me donnes du temps.

Je détournai le regard, me tournant sur le dos pour prendre l'air, étouffant sous l'épaisseur des draps. Je passai une main sur mon visage, fixant le plafond.

C'est plus compliqué qu'un simple baiser.