J'étais entrain de lire lorsque Grey est venu s'imposer. Autant dire qu'il n'a pas été accueilli super chaleureusement au début. J'ai à peine daigné lever les yeux de ma page inachevée pour le fixer de bas en haut. Mais je me suis rendue compte assez rapidement que je n'avais pas le choix. Je n'ai jamais de sortie de secours avec Grey, c'est bien ça le problème. Je me suis résolue à le suivre sans trop poser de questions, lâchant quelques grognement pour la forme. J'esquisse un sourire franchement moqueur lorsque je me rends compte que Salvador a droit au même traitement et puis, je me sens un peu moins seule aussi. Il veut nous entraîner apparemment. Grey a la foi. « Je suis allergique à la violence, tirer sur des choses, ça me stresse » je minaude en me moquant, non, en vrai, même si c'est pour m’entraîner, ça me fait perdre mon temps, j'ai bien l'impression. Apparemment c'est le seul à être doué à cela. « Tu n'as pas les chevilles qui enflent ?» je l'interroge, l'air de rien, parce qu'il se jette pas mal de fleurs quand même. Je l'écoute avec une attention particulière, en roulant des billes face à sa remarque suivante. « Je crois qu'il nous prend pour des imbéciles, Salvador, mais je ne suis sûre» je m'adresse à mon camarade, en faisant comme si mon partenaire n'existait plus. Je m'empare de ce que Grey me tend en me disant que tant que l'on n'a pas fait ce qu'il veut, il ne nous laissera tranquille. « N'oublie pas Grey, l'important c'est d'essayer » je siffle pour le préparer mentalement parce que la cible est encore plus petites que les cibles mouvantes du paintball, qu'il ne s'attende pas à un miracle. En attendant, je lui mets à 1 sur 20 pour son manque cruel de pédagogie et pour le fait de dénigrer ses élèves. « Bon, première, alors » je signale pour dire que je vais tenter de le faire. Je me mets en position, et j'appuie sur la détente, en suivant les instructions de mon partenaire adoré de mon coeur ...

Lorsque Grey est décidé à mobiliser des troupes, on peut dire qu’il sait y faire. Aujourd’hui, en l’occurrence, c’est Jade et moi qui faisons les frais de ses folies. Il n’a pas décidé de nous mettre au sport mais plutôt de nous amener au parc d’attraction et de nous traîner jusqu’au stand de tir. Moi qui pensais qu’on allait mettre pleins de peinture sur Jade pour son défi, j’me suis visiblement planté. C’est pas dans les plans de mon camarade. Son ambition est plutôt de nous apprendre à bien tirer car il est vrai qu’avec Jade on n’a pas brillé du tout pour le paintball et c’est en partie à cause de nous que notre équipe a perdue. Si la production nous refait ce coup-là du coup, on a intérêt à assurer. C’est pourquoi, faut s’entrainer. « Les pirates ça utilise des crochets et des épées, pas des fusils ! » Je me justifie à mon tour après que Jade ait annoncé son allergie à la violence qui pourrait également me concerner étant donné que je n’aime pas ça. Comme elle, j’suis une personne pacifique. Grey s’improvise quand même comme chef militaire si bien qu’on se croirait à l’armée et que ça en devient limite suspect. Est-ce qu’il n’aurait pas les chevilles qui enflent ? « Tant que c’est que les chevilles… » Je marmonne alors dans ma barbe de manière inaudible pour les autres. Pas question que j’assume ma connerie. J’ai plus l’habitude d’être aussi cru alors j’imagine que ça pourrait choquer. « C’est rien qu’une technique qu’il a trouvé pour venir faire du charme à Buzzy. » Buzzy c’est réellement le prénom du forain ? C’est vraiment laid ! J’ose espérer que c’est rien qu’un surnom et en mélange entre Lucky Luke et Buzz l’éclair. Sinon le pauvre. Ça pardonnerait pas sa jeunesse et sa beauté. « Vas-y tu peux le faire ! » J’encourage la rousse à tirer dans le mille et à prouver à Grey qu’on n’est pas rien que des incapables et qu’il se fait du souci pour nous pour rien. Genre la dernière fois c’était la faute à pas de chance. Sauf que le tire de Jade ne va pas en notre faveur. Elle se plante totalement et fait carrément valdinguer une peluche qui se trouvait pas loin de la cible. « Noooon. Pauvre Stitch. Tu l’as tué. » RIP toute mon enfance. Le monstre bleu n’est plus à présent. Du moins, sa représentation en peluche. « Tu vas voir de quoi est capable le pirate. » Je déclare à Grey en le provoquant du regard avant d’attraper des mains de la candidate la carabine. J’essaye de viser la cible qui est toute petite puis je tire.