THAT'S NEWS TO ME
@lino

Le feu ronronne dans la cheminée, diffusant dans le salon une douceur chaude d’après-midi d’hiver. Khadija est assise en tailleur, sage, entre les jambes d’un Lino sur le canapé lisant un livre. Elle, elle s’occupe à trier toutes ses photos prises avec l’iPhone prêté par la production à son arrivée. Il y en a des centaines, cet appareil ne lui ayant servi que d’appareil photo (et parfois de réveil matinal, et encore…). Elle sourit en revoyant certains visages qu’on ne voit plus aujourd’hui, elle a le cœur serré en observant les traits, à la fois fuyants et souriants, d’une Scarlett qui n’a jamais cessée d’être étonnée de plaire autant à Khadija. Elle pose son iPhone et se redresse, grimpe sur le canapé et passe sa tête, juste ses yeux verts et la pointe de son nez, par-dessus le livre ouvert de Lino. Elle ressemble à un chat trop curieux. Lino sourit et l’accueille entre ses bras, dans lesquels elle se love. La veille, à la toute fin du prime, elle lui a dit en coulisses, prenant sa main dans la sienne, qu’elle voudrait qu’il entre dans sa vie. Même si ça fait très peur, même si elle a du mal à avoir une vision d’ensemble. La main apaisante de Lino entoure sa cuisse et la maintient contre lui, dans la tiédeur de son corps qu’elle aime sentir près d’elle. Mais ses questions se font plus pesantes, plus pressantes aussi. Ce n’est pas elle qui a décidé d’aimer en premier, n’est-ce pas ? C’est lui. Comment voyait-il les choses ?... Elle n’ose pas demander, et c’est dans un infime murmure que les questions fusent d’entre ses lèvres presque closes. — Le sud de la France t’intéresse ?... Comme si c’était une question banale, l’air de rien, alors qu’en réalité, c’est sa peur. Il ne quittera pas sa librairie italienne, n’est-ce pas ? Comment se reverront-ils une fois le jeu terminé ? Joueront-ils, comme un amour de vacances, à la relation à distance ? Elle a dit oui pour vivre avec Lino la fin de l’aventure dans un cocon doré. Inconscient et heureux de l’instant. Mais dès qu’elle se projette, elle ne voit que les ténèbres de l’impossible.