w/ @Lawrence

Le temps semblait filer de plus en plus vite à mesure que l'échéance de la fin de la saison se rapprochait. Lawrence n'avait toujours pas décidé s'il resterait là la semaine suivante, il se disait que tout dépendrait la composition du quatuor de finalistes, mais au fond de lui une petite voix lui soufflait déjà qu'une semaine supplémentaire ici c'était de toute façon une semaine de répit avant de retrouver l'extérieur et – peut-être – les conséquences qui découleraient de la révélation de son secret. Pas qu'il ne s'y soit pas déjà préparé, c'était quelque chose qu'il envisageait depuis le moment où il avait intégré le casting de cette émission, mais il savait qu'après presque trois ans à se terrer au Nouveau-Mexique pour tenter de se faire oublier, le retour de manivelle risquait de ne pas se faire sans quelques égratignures. Malgré tout, le barbu laissait filer cette fin de semaine comme s'il s'agissait de ses derniers jours dans le nid, renouait avec certains lieux qu'il avait boudé ces dernières semaines ou bien fréquentant plus assidûment ceux qui continuaient d'avoir sa préférence. Parmi eux le bar-bibliothèque, dont la raison voudrait qu'il le fréquente pour les livres quand au fond c'était surtout l'alcool qui l'y attirait à chaque fois. En début de semaine encore, pourtant, il avait remis en question son rapport à la boisson tout en se demandant si, de là où elle était, Maureen ne chercherait pas à utiliser sa consommation d'alcool pour tenter de rajouter une nouvelle ligne à la liste des raisons pour lesquelles elle estimait légitime de le priver de leur fille. En passant devant la porte de la bibliothèque pourtant il avait fini par s'y aventurer, sans trop savoir s'il boirait quoi que ce soit mais en sachant au moins qu'il était plus que jamais temps de profiter de l'ambiance feutrée qui faisait de cette pièce l'une de ses favorites dans le nid. « Qu'est-ce que tu lis qui te laisse si perplexe ? » Arrivé dans la pièce son regard s'était en effet posé sur la silhouette d'Enola, retirée sur l'un des fauteuils en cuir et fixant l'ouvrage qu'elle tenait entre ses mains d'un air soucieux. Répondant au sourire de la jeune femme par un autre sourire calme, il était allé s'installer sur l'un des tabourets du bar, songeur, tandis qu'elle décidait de le rejoindre et choisissait de passer de l'autre côté du comptoir en arguant le fait que c'était peut-être l'une de leurs dernières occasions de partager un verre ici « Ici peut-être, mais j'espère bien qu'on en aura d'autres ailleurs. » Sourire léger, tandis qu'il observait sa camarade leur sortir deux verres et opter pour le whisky, choix satisfaisant pour un Lawrence qui à sa place aurait probablement fait le même.Tant pis pour ses résolutions, au fond ce n'était pas un verre de plus ou de moins qui changerait quoi que ce soit aux intentions de la mère de sa fille … si elle avait envie d'enfoncer le clou elle trouverait de toute façon une manière d'y parvenir, quoi qu'il fasse. Se saisissant du verre qu'elle lui tendait, il avait laissé échapper un sourire amusé à sa dernière réflexion, puis fait tinté leurs verres avant d'en boire une gorgée puis de reprendre « Reste à savoir si la similitude vient plutôt de notre côté sentimentalement blasé … ou de notre mauvais caractère. » Il se moquait gentiment, pas vraiment convaincu par le fait que le caractère d'Enola soit particulièrement mauvais d'ailleurs. Il était en tout cas bien moins mauvais que celui de Lawrence, bien que son séjour dans le nid ne lui ait donné que peu de raisons d'en faire la démonstration … Ce qui n'était pas plus mal, assurément. « Qu'est-ce qui t'attend, dehors ? » Est-ce qu'elle avait des projets, ou bien faisait-elle simplement partie de la catégorie de candidats qui une fois de retour dehors se contenterait de tout faire pour tenter de se faire oublier au plus vite ? « Je n'avais pas réalisé, quand je suis arrivé ici, que je serais absent si longtemps. » avait-il finalement avoué d'un air pensif. Ici le temps semblait passer différemment, coupés de tout il avaient un peu de mal à prendre la mesure des jours et des semaines qui s'enchaînaient, mais maintenant qu'il réalisait que leur arrivée dans la prison de la première semaine remontait déjà à dix semaines, autrement dit deux mois et demi, il se demandait comment les choses avaient évolué, dehors. Il faisait confiance à son associé pour mener leur barque sans souci pendant son absence, mais malgré tout son côté directif et ses difficultés à déléguer quoi que ce soit le faisait appréhender un peu la montagne de choses qui attendraient sur ses deux bureaux.