Les jours s’égrainent avec vélocité. Les personnes que je rencontre ne sont pas comparable à mes rencontres extérieur. Je m’attarde pas habituellement. Je me contente de survoler et j’ai renoncé aux rendez-vous sérieux depuis longtemps. Ici on n’a pas tellement le choix de se fréquenter et même si l’endroit est vaste on finit toujours par retomber sur quelqu’un au détour d’un couloir, d’un escalier.  Je croise justement Richard alors que je quitte ma chambre dans l’idée de rejoindre le rez-de-chaussé. Il me salue, j’en fait de même. J’ai l’étrange sensation qu’il souhaite me dire quelque chose mais finalement il se contente de faire volte-face. Je relève pas plus que ça, même si ça m’étonne un peu. Peut être qu’il a oublier quelque chose dans sa chambre, je l’imagine bien assez tête en l’air malgré son air carré et sévère. Je passe à autre chose, me dirige vers l’unique façon de descendre ou de monter : cet escalier qui me semble murmurer à chacun de mes passage. J’ai tout de même à l’esprit ce bref échange avec Richard sur les réseaux sociaux, en réalité j’avais été quelque peu déçu de pas avoir eu de retour sur mon dernier commentaire. J’avais la sensation qu’on allait peut être lancé un débat épatant. Et puis finalement non. En parlant de monsieur il finit par me rattraper dans l’escalier. Il faut dire que pris au piège dans mes pensées j’ai pas tellement avancé. Il me tend un magnifique livre, vieille exemplaire en hardback. Je le regarde interloqué. L’art de la guerre. Je souris. Je ne vois toujours pas où il veut en venir, mais je souris. « Oh, c’est super gentil d’avoir pensé à moi. » Je lâche décontenancé quand je comprends qu’il est retourné dans sa chambre pour me prêter ce bouquin. Je ne l’ai jamais lu en entier. « Je l’ai étudier, par passages, à l’université mais je dois dire que je n’avais pas pris le temps de le lire en entier. » Je commence à m’étendre un peu trop sur ma carrière d’universitaire, je vais finir par lui parler littérature étrangère et on va finir fossiliser dans l’escalier. Lui peut être avant moi d’ailleurs. Hm. « Merci, je te le rendrais quand j’ai finis. » Une lecture plutôt intéressante d’ailleurs, ça dit beaucoup sur l’homme en face de moi. « C’est ton livre totem ? Celui qui tu trimbale toujours avec toi ? Que tu as lu et relu des centaines de fois ? Que tu as dans des éditions différentes ? Et que tu ne peux t’empêcher d’acheter si tu tomber sur lui au hasard des rayons d’un bouquiniste ? » Même les escaliers me murmure que je suis fatiguant. « J’ai… écris un livre. Publié. Bestseller. Bientôt adapté au ciné. » Pas mal comme épitaphe non ? Je devrais songer à la garder de coté le moment voulu. Avec la mention « auteur mégalo. »