Il commence à se faire tard, mais je ne trouve pas le sommeil depuis quelques temps. J’ai toujours besoin d’un temps d’adaptation lorsque je modifie mes conditions de sommeil. Au début, ça été avec le décalage horaire. Ensuite, ça été à cause de la présence de Leon, ne dormant que très rarement en compagnie d’un homme et puis, depuis quelques jours, j’ai dû mal à trouver le repos à côté de l’asiatique déchaînée. Elle passe son temps à se plaindre de tout et de rien, j’en attrape mal à la tête. C’est pour cette raison que j’ai décidé de ne pas aller me coucher pour le moment. Le mieux est d’attendre qu’elle soit endormie pour pouvoir moi aussi trouver le sommeil. En attendant, je me balade avec la tablette pour me faire passer le temps. Je vais m’amuser à décortiquer les photos des candidats de l’aventure, ça peut être un bon passe-temps. Je farfouille, ricanant en voyant certaines photos complètement ratées et reste stoïque face à d’autres clichés qui ne méritent pas tant que ça mon attention. Quand j’arrive sur la page de @Cristopher, je le croise au même moment dans le salon. Il est assis bien sagement dans le canapé. Je m’avance alors vers lui, me laissant tomber à ses côtés dans le canapé, reposant ma tête sur ses genoux. Ce geste n’a rien d’ambigu, je crois qu’on a dépassé ce stade depuis un moment avec le papy de l’aventure. « C’est quoi cette photo ? Tu grattais des votes de dernière minute ? » Je parle bien sûr de sa dernière photo où monsieur est torse nu, à se coiffer avec cet air si sérieux. « D’ailleurs, c’est qui qui a bien voulu te prendre en photo ? » Ça m’intrigue de savoir qui parmi les candidats c’est lancé dans les shootings photos version low cost.

Je suis dans le salon avec Cristopher, que j’embête sur la photo qu’il a fait juste avant le prime. Il a l’air si sérieux que ça en devient super gênant. Et marrant aussi. Je lui demande alors s’il essayait, à l’aide de cette photo, de gratter des fans de dernière minute. Sa réponse est bien sûr celle que j’attendais, puisqu’il ne peut s’empêcher de répondre aux piques qu’on peut lui lancer. Je souris à ses propos. « Je suis là, non ? C’est que je n’avais aucun souci à me faire. » Je ne suis pas du genre à calculer combien j’ai eu face aux autres, tant que l’aventure continue pour moi, c’est tout ce qui compte. Il m’explique ensuite que c’est pour contenter ses fans, car il n’est pas très présent sur les réseaux. Et aussi pour faire monter le degré de sexitude. Je fais une grimace face à ses propos. « Avec les malades que tu peux trouver dans ce monde, j’ai peur de poster une photo de moi en maillot de bain et qu’un type se fasse du bien avec. D’ailleurs, tu devrais te méfier. » Je plaisante, mais je suis sûr que c’est tout à fait possible. Je lui demande alors qui est la personne qui a accepté de le prendre en photo et sa réponse ironique me fait comprendre qu’il s’agit de ma nouvelle partenaire. Je ricane à ses propos. « C’est bien son genre de faire ça. » Il me conseille alors de profiter de ses talents artistiques, car je suis plutôt photogénique. « Non merci, moins je la vois, mieux je me porte. » Faut dire qu’à chaque fois qu’on se croise, j’ai l’impression de rentrer en contact avec un volcan en irruption. Et ça devient vite usant à la longue. Cristopher reprend la parole, lorsque j’entends le nom de Léon, j’ai comme un petit pincement au cœur. Heureusement, il ne me demande pas comment je vais, comme tous les autres candidats. A croire que je venais de vivre un décès, ce qui n’était pas du tout le cas, même s’il est vrai que sa présence me manque. Non, le papy me demande alors s’il est le premier maintenant dans mon cœur. « Oui, c’est ça. Dorénavant, je ne vois que par toi mon sugar daddy. » Ce surnom bien équivoque me fait sourire de plus belle, s’il n’était pas marié, j’imaginerais assez Cristopher dans ce genre de relation bizarre. Il me demande alors s’il aura lui aussi droit à sa photo sur mes réseaux. « Tu n’auras ce privilège que si tu me promets de porter une chemise sur la photo. » Oui, se sera beaucoup classe de cette manière.

Il faut avouer que pour le dernier prime, je me faisais plus de soucis pour mon partenaire que pour moi-même. J’avais raison, puisque je suis celle qui est resté tandis que Leon est parti. Cristopher me rappelle même que je suis immunisée. En effet, avec les trois roses, j’ai même le pouvoir de nominer quelqu’un. « Le plus marrant, c’est que je n’aurais jamais pensé qu’on m’apprécie assez pour m’offrir ce privilège. » En effet, Lina et Leon sont les deux personnes que je dois remercier pour ce cadeau. Avant le début de cette aventure, je ne pensais pas me lier aux autres et je pensais que mes relations ressembleraient assez à celle que j’entretiens avec Achana ou encore, Sid. Il me demande alors si j’ai l’intention de le nominer. « J’ai hésité un moment donné à te nominer, mais j’ai préféré être plus stratégique. » Je ne lui donne pas le nom de la personne que j’ai déjà choisi, puisqu’il me demande de garder la surprise. Ce qui est sûr, c’est que ce vote est surtout pour me débarrasser de Achana. Et si j’ai bien calculé, ça arrivera dimanche, lors du prime. On dérive ensuite sur le seul réseau social autorisé dans cette aventure. Je ne suis pas du genre à poster beaucoup de photo, encore moins dans des tenues un peu dénudées quand on connait les pervers qui surfent sur le net. Bien sûr, ça ne le dérange pas lui. J’ai bien compris qu’il a un esprit bien plus libéré que le mien. Il ajoute que c’est ma nouvelle partenaire qui a pris le cliché et bien sûr, je me sens obligée de faire une remarque désobligeante à son sujet. Ce n’est plus un secret pour personne au sujet de notre mésentente. Cristopher lui trouve ça plutôt dommage et pense qu’on pourrait apprendre l’une de l’autre. « Je n’ai rien à prendre d’elle. » Ça me ferait bien mal si c’était le cas. « Elle agit comme une gamine pourrie gâtée et qui adore se victimiser pour pas grand-chose. » Notre dernière conversation houleuse m’a bien fait comprendre qu’il n’y a que du plomb dans le cerveau de l’asiatique et que quoi je pourrais lui dire, elle sera toujours en train de m’insulter. Heureusement le sujet bascule de nouveau sur mon nouveau candidat préféré depuis le départ Leon. Bien sûr, il sait qu’il obtient ce rôle, puisque les autres candidats sont bien trop fades. J’utilise cependant le surnom de sugar daddy pour le désigner, mais surtout pour me foutre de lui comme j’ai l’habitude de le faire. « Te tenir compagnie dans un premier temps, après ça dépend ton prix. » Je continue sur le même ton que lui et bien que j’aie l’air parfaitement sérieuse, ça reste de l’humour. Jamais je ne me ferais payer pour des rapports sexuels, même si c’est vrai que mes relations sexuelles n’ont jamais été pratiqué par amour non plus. J’offrirais mon soutien à Cristopher s’il est nominé, seulement s’il accepte de mettre une chemise. C’est les conditions que je lui donne et il n’est pas contre. Il complimente mon sourire, trouvant dommage de ne pas pouvoir le montrer plus souvent. « Les belles choses se font rare, non ? » Un moyen comme un autre de détourner le sujet, je n’ai pas envie de sourire par obligation et je ne vois pas pourquoi on critique toujours les gens inexpressifs. Si on ne sourit pas, c’est qu’on n’est pas heureux ? Il me demande alors de lui raconter une histoire sur moi, que je n’ai jamais dit à personne dans cette aventure. Je réfléchis un long moment pour trouver quelques choses d’intéressant. « Je ne sais pas trop, je n’ai pas une vie non plus trépidante. » Je ne suis pas non plus quelqu’un de secrète, je raconte ma vie assez facilement aux gens lorsqu’il le demande, la seule chose que je cache réellement, c’est mon secret. « Je devais avoir douze ans et il était tard. Avec ma grande sœur, on faisait souvent la manche pas très loin de la Seine. On a croisé un chien qui avait dû se faire renverser, il était en mauvais état, mais il était toujours vivant. J’ai supplié ma grande sœur pour qu’on le ramène dans notre camp. » Je m’arrête un instant, comme si le fait de raconter ce passage de ma vie me ramenait des années en arrière. Je ne suis pourtant pas quelqu’un de nostalgique. « J’ai essayé de l’aider du mieux que je pouvais, mais quand mon père l’a vu, il pensait qu’il allait refiler des maladies aux plus jeunes, il a décidé de l’abattre. Devant moi. Je crois que c’était une scène assez marquante, même si sur le coup, je n’ai pas tellement eu de réaction face à sa mort. » Peut-être bien que j’aie toujours été très insensible dans le fond.