Franklin, Vadim,

Comme promis, un dîner va vous être servis dans le grand salon privatisé et redécoré pour l'occasion. Les grands sofas ont laissé place à une petite table ronde situé au centre de la pièce. Un chandelier en argent trône au centre de la table, des bougies ont été disposés un peu partout dans le but de tamiser l'ambiance de la soirée. Des pétales de roses jonchent le sol de la pièce, une musique d'ambiance résonne dans la pièce et un repas gastronomique préparé par l'un des plus grands chefs français va vous être servit.

Cupidon vous souhaite une excellente soirée...

Qui aurait pu croire que Vadim soit le candidat le plus horripilent du nid ? Tout le monde, puisqu'au final, il en jouait et avait réussi son coup à la perfection. En ayant été élu comme celui qui horripilait le plus, il avait gagné une soirée en tête à tête avec le candidat les plus amusant, qui s’avérait être Franklin. Un jeune homme qu'il avait vu à maintes reprises dans le nid mais à qui il n'avait jamais accordé une seule conversation. Ce qui allait donc être le baptême pour les deux candidats ce soir. Après s'être préparé pendant une bonne trentaine de minutes, il quitta la salle de bain pour, finalement, s'asseoir sur l'une des chaises qui étés disposées autour d'une petite table ronde. La pièce avait été redécorée pour que les deux jeunes gens se sentent bien, allant même jusqu'à respirer l'amour. Le russe avait lâché un fin rire entre ses lèvres en découvrant le décor. C'était pathétique. Et moche, pour couronner le tout. Cependant il restait là, installé à sa table, attendant son camarade. Qui sait, cette soirée en vaudrait peut-être la peine. Il prit la bouteille de champagne qui était posée sur la table pour en verser un peu dans son verre et dans celui de son compagnon, patientant, posant un regard furtif de temps à autre sur l'embouchure de la porte, pour voir si Franklin pointait son joli minois.

Avec beaucoup de mauvaise volonté, Franklin avait dévalé les escaliers et rejoint le Grand salon. Ce soir, était un grand soir, il devait dîner avec le lauréat des emmerdeurs. Vladimir, qu'il l'appelait. Ces deux-là ne s'étaient jamais causés, pourtant plus d'une semaine s'était écoulée. D'ailleurs, Franklin ne se donna même pas la peine de s'habiller pour l'occasion. Un débardeur sale, fouettant la transpiration et un jean délavé qu'il avait piqué à l'un des candidats, quant à ses cheveux, les résidus de laque de la veille avait fait l'affaire. Mais, en entrant dans le Grand salon privatisé, le gringalet se stationna sur place. Entre les pétales de roses, la musique d'ambiance et les bougies. C'était vraiment tordant. L'autre était déjà là, il semblait aussi enthousiaste que Franklin lui-même. « Euh, salut. » fit-il un peu gêné, et un peu amusé en même temps, avant de s'installer rapidement sur sa chaise. Ils étaient l'un en face de l'autre, mais Franklin ne lui adressa aucun regard. « Putain, c'est trop bizarre. » Pensa-t-il, tout haut, en examinant le chandelier en argent. Ça s'annonçait mémorable.

Ils étaient sérieux ? Quiconque d'un minimum censé aurait trouvé cette soirée d'un ridicule sans nom. Cependant le blond restait là, à sa chaise, sirotant de temps à autres la flûte de champagne qu'il s'était préparé il y a quelques minutes plus tôt, allant jusqu'à cracher le liquide en voyant Franklin redescendre. Non mais, c'était quoi cette tenue ? Il aurait au moins pu faire un effort, car même s'il n'était pas plus emballé par l'idée de cette soirée que le russe, il aurait pu mettre un peu du sien. Il arqua un sourcil alors que le jeune homme s'installa à son tour. Si Vadim aurait lu dans les pensées, il aurait sûrement craché le champagne dans la gueule de Franklin - il y a comme un air de ressemblance - pour oser le surnommer Vladimir. Mais soit. Rejetant toute son attention sur le décor du salon, hideux. La remarque de Franklin lui fit dévouer le regard et lui esquisser un petit sourire railleur. « Dit-il. » Lâcha t-il avant de rapporter la coupe de champagne à sa bouche. Il pouvait se taire, la façon dont il s'était habillé laissait à désirer. Il passa une main dans ses cheveux avant d'observer Franklin, d'un regard lourd et pesant. Il l'intriguait, vraiment.

La maman de Franklin devant son écran, devait sûrement se demander si elle n'avait pas engendré le plus insignifiant trou du cul du 21e siècle. Depuis le début de l'aventure, le mec arborait des tenues trop inquiétantes, à se demander si ça ne relèverait pas d'un problème psychiatrique. Comparé au décor que Cupidon avait tout spécialement mis en place, il faisait clairement tâche. « Sérieux, Vladimir, j'mexcuse, j'aurais dû faire un effort. » Déclara-t-il, après avoir jeté un œil aux fringues de son compagnon. Rien à voir. Qu'est-ce qu'il pouvait se sentir con, parfois. « Toi, en tout cas, classe. J'adore ta chemise. » Ce n'était pas très clair, mais c'est tout ce qu'il avait réussi à dire. « En fait, j'aime pas les chemises, mais ça t'va bien à toi. » Rectifia-t-il. Il se sentait observé, limite persécuté. Vadim le trouvait bizarre, il le savait et ça le rendait extrêmement mal à l'aise. En partie, parce que c'était le seul candidat qui l'impressionnait vraiment. Déjà, par son physique, par son âge et puis surtout par sa personnalité. « Au fait, c'est la première fois qu'on s'parle. Même si c'est plutôt étrange comme première fois. Ouais, parce que le dîner en tête à tête et tout, ça fait un peu pédés tu trouves pas ? Mais, c'est la première fois quand même, donc, c'est cool. Enfin, c'est cool dans l'sens où sans cette soirée, on n'aurait peut-être jamais eu de première fois, quoi. » Il avait lâché toutes ces conneries en moins de cinq secondes, d'un air presque béat. C'était un moyen comme un autre d'engager la conversation. Puis, il attrapa son verre, qui avait été visiblement rempli. « C'est toi qui m'a ? Merci. » Il enchaînait, il enchaînait. Le truc, c'est que Vadim devait bien se foutre de sa gueule. Pardonnez sa naïveté, ou plutôt sa bêtise.

« Utilise ce prénom ne serait-ce qu'une seule fois et je te jette du haut du toit, souffla t-il au jeune Franklin qui, de toutes évidences, ne connaissait pas Vadim et ses penchants psychopathes, Mais merci pour la chemise. » A peine eut-il prononcer sa phrase qu'il fit tomber la chemise. Même torse nu, il avait plus de classe que son camarade qui n'était pas plus joyeux quant à l'idée de cette soirée que le russe. Il avait envie de partir, de revenir là où il était avant de bouger ses fesses et de s'installer sur cette chaise ô combien inconfortable, et encore plus quand le jeune homme vint s'inviter à sa table. Vadim regardait toujours le jeune homme, buvant ses paroles, écoutant ses conneries avant de lâcher un soupire, et de dire, gaiement. « Pédé ? » Il lui sourit alors avant de, habile de ses pieds, retirer ses chaussures et de poser l'un de ses pieds sur l'entrejambe de Franklin. Les intentions de Vadim étaient claires, il voulait se le faire, pas forcément tout de suite, mais s'il voulait sauter le repas gastronomique et passer directement au dessert, Vadim serait ô combien réceptif ! Il passa une main dans ses cheveux blonds avant de boire un peu de champagne et de reposer le pied baladeur au sol.