La bibliothèque. Ça ne la surprenait même pas que les gens venaient ici pour baiser et non pour se cultiver. Ce n'était pas étonnant du tout. Personnellement, si elle devait choisir, elle ne s'enverrait pas en l'air derrière une pile de bouquins, mais certains peuvent avoir des idées étranges s'ils veulent. Quoi qu'il en soit, après avoir passé sa journée à trainer et à s'exercer à être une vraie garce avec le monde entier, elle avait décidé de se rendre dans ce fameux lieu. Et à peine était-elle entrée qu'on l'interpelait grossièrement, l'incitant clairement à profiter d'une bonne partie de jambes en l'air. Soit un autre pervers avait rejoint les rangs des pervers attitrés de cet hôtel, soit c'était une blague concernant les deux personnes qui avaient inauguré ce lieu, quelques jours plus tôt. « Waouh, alors, tout le monde ne sait pas encore que je suis la seule pute de cet hôtel à ne pas baiser ? » lui lança-t-elle en un regard méchant. Oui, elle faisait partie d'une minorité de filles, à ne pas encore avoir été remplie du sperme d'un inconnu par un quelconque orifice. Ou tout simplement à ne pas avoir cédé aux avances des hommes de ce jeu. Incroyable, n'est-ce pas ?
Elle s'approcha du jeune homme, observant les livres alentour, se demandant si elle allait avoir le courage de commencer la lecture d'un bouquin ou non. Elle aimait bien lire et lisait souvent des livres sans grandes importance chez elle. Et justement, c'était chez elle. Elle ne savait pas trop si elle voulait se gâcher ce plaisir ici. « Ne m'en veux pas, je me suis juste promis de ressortir de ce jeu sans MST. » dit-elle alors.

De l'humour ? Effectivement, elle avait compris qu'il n'était pas sérieux. Et si elle devait lui décrypter ce qu'elle avait dit, ils n'étaient pas rendus au bout de leur peine. Bref, tout ça pour dire qu'elle ne changea pas d'attitude pour autant. Elle était bien décidée à être exécrable pendant un certain temps. Là encore, à moins d'être elle, personne ne pouvait comprendre le pourquoi du comment. C'était comme ça. « C'est bien, t'es le roi de la blague. » ironisa-t-elle.
Et visiblement, elle aussi, elle était toujours aussi risible, puisqu'il se marra à l'évocation du terme MST, enchainant sur ce qui devait être une autre réplique humoristique. Haha, on est tous mort de rire. Pauvre Quinn, il allait tout prendre pour les autres. Elle avait envie de mépriser le monde entier et ça tombait sur le jeune homme. C'est bien, ça lui ferait son premier vrai ennemi dans cet hôtel... Dire qu'elle avait tenté d'être gentille avec tout le monde au début. Ha, mieux valait être l'ennemi public numéro un.
Elle n'ouvrit la bouche que quelques minutes plus tard, changeant totalement de sujet. « J'ai sérieusement besoin de m'occuper. Une seule minute de plus dans cet hôtel à rester le cul sur une chaise et je vais imploser. Des idées à me soumettre ? » Il commençait à se faire tard, mais elle n'avait pas sommeil, elle voulait faire quelque chose, n'importe quoi tant que ça pourrait l'occuper durant quelques heures.

Visiblement, il n'appréciait pas tellement le comportement de Cat'. C'était pourtant totalement son genre. Elle l'avait renvoyé balader et après ? S'il commençait à être susceptible, ça n'allait vraiment pas être drôle. Quelqu'un qui répond à ses petites attaques, ça, c'est amusant pour elle. Elle lui lança un sourire hypocrite et répliqua. « Tu devrais t'estimer heureux, je t'adresse la parole. Crois-moi, c'est déjà beaucoup. » lui dit-elle sur un ton hautain. Mais puisqu'il n'était pas rancunier, comme il venait de lui faire savoir, il proposa tout de même une idée. La meilleure façon de s'entretuer ? Parfait, elle aimait mettre son imagination en marche. Elle se laissa tomber sur le fauteuil à côté de lui, la tête sur l'accoudoir et les jambes étendu sur les genoux de Quinn. Sans gêne ? Oui, elle l'était. « Bonne idée, ça va être une bonne occasion pour faire remonter mon côté psychopathe, qui regarde trop les films d'horreur. » approuva-t-elle, sans se départir de la connotation sarcastique, qui accompagnait quasiment toutes ses phrases. Non, sérieusement, elle avait vraiment un côté psychopathe, quelque part là dessous.
Elle se donna le temps de réfléchir et le regard dans le vide, elle lui posa la première question qui lui passa en tête, repensant à un film qu'elle avait regardé des années plus tôt. « Si tu devais choisir... Tu préférerais avoir les jambes coupées ? Ou les yeux crevés ? » Elle était sûre d'en apprendre beaucoup sur lui, rien qu'en lui posant cette question. Et puis, c'était toujours intéressant de savoir.

Ah, ses chevilles ! Ma foi, elles se portaient plutôt bien, c'était gentil de s'en inquiéter. Sans se lasser de son petit sourire énervant, elle ne perdit pas sa répartie pour répondre. « Et tu te dévoues pour être toujours à mes pieds, c'est adorable. » se moqua-t-elle, lui qui disait vouloir veiller sur ses chevilles. Bref.
Il sembla accueillir plutôt bien ses jambes, puisqu'il ne les repoussa pas. Elle prit cela pour un accord - pas qu'elle en avait besoin - et ne se gêna pas pour prendre la place dont elle avait besoin, se prélassant sur le matelas, dans l'unique but de le provoquer, évidemment. Il lui demanda si elle avait une idée. Elle réfléchit quelques secondes. Des idées, oui, sans doute qu'elle pourrait en piquer aux nombreux films qu'elle avait regardé durant sa vie. Mais si elle voulait que son œuvre soit unique, elle devait y penser longuement avant – oui, oui, elle s'est totalement procurée une copie du «  comment devenir un parfait psychopathe ? ». « J'y réfléchis. Quitte à aller en taule, autant que ça en vaille le coup. Quoique je devrais peut-être tuer une personne d'importance pour ça... » riposta-t-elle.

Elle haussa un sourcil en l'entendant lâcher un rire, attendant toujours sa réponse. Les jambes donc. Très bien, elle notait. « Ok, nouvelle question. Un psychopathe, en bon psychopathe qui se respecte, te donne le choix de la première arme qui te fera souffrir. La première d'une longue série. ( Puisque le psycho va forcément finir par te découper en morceau après des heures de torture. ) Tu as donc le choix entre une énorme seringue, longue de dix centimètres, qu'il te rentrera de tout son long dans chaque doigt. Ou bien. » Après une brève pause, elle continua. « Ou bien un marteau avec lequel il compte te bousiller chaque orteil. Tu sacrifies quoi, tes orteils ou tes doigts ? En sachant que tu as toujours tes jambes à ce moment-là . » bavarda-t-elle, l'air toujours aussi inaccessible. Finalement, ça l'amusait beaucoup. Il faudrait aussi qu'elle pense à signaler aux téléspectateurs de pas faire une telle chose chez eux, elle ne voulait pas être la cause d'une vague meurtrière et particulièrement sanglante. Ce n'était que quelques questions divertissantes, rien qu'elle comptait faire, si ça pouvait se révéler rassurant de le savoir.

Haha, elle aurait dû le voir venir. A vrai dire, elle n'y avait même pas pensé. Elle n'avait réellement pas pensé à elle en faisant référence à une personne avec de l'importance, vraiment pas. « Je n'y avais pas fait allusion, mais puisque tu le dis... » sourit-elle, sarcastique.
Il choisit alors de sacrifier ses orteils, racontant sa vie pour expliquer son choix. Monsieur était apparemment un musicien. Et sans même l'avoir un jour entendu jouer, elle ne résista pas à l'idée de faire sa peste. « T'en jouerais pas et ça ferait du bien à nos oreilles. » qu'elle lui lança, désagréable, avant qu'il continue en bavardant sur le fait qu'il avait entendu dire que c'était la chose la plus douloureuse et blabla bla. En même temps, le psychopathe imaginaire, il est pas là pour faire du bien, mais pour vous torturer jusqu'à ce que mort s'en suive.
Puis, visiblement intéressé, il lui demanda d'où elle tenait tout ça. Aussi étonnant cela puisse paraître, elle était bien l'auteur de ces questions, qui étaient toutes créées dans sa tête de blonde. Elle allait passer pour une sadique, c'est clair, mais elle n'était qu'imaginative, c'est tout. « De mon esprit brillant. » lui répondit-elle rapidement avant d'enchainer. « Nouvelle question. » Pourquoi s'arrêter en si bon chemin après tout ? « Le psychopathe veut faire un truc amusant. Et tu as toujours deux choix – vois comme le taré est assez gentil pour te donner le choix. Le premier, c'est de prendre une douche d'huile bouillante. Il te balance de l'huile chaude dessus, genre, partout. Deuxième choix : il te fout dans une baignoire d'eau glacée. De l'eau vraiment très froide, à moins quinze degrés. Tu choisis quoi ? » le questionna-t-elle à nouveau, curieuse malgré elle. « Tripote-moi les pieds, j'aime bien. » plaça Catalina, comme si de rien n'était, juste après sa question. Elle aimait bien qu'on lui caresse un peu les chevilles et les mollets, dans une situation comme celle-ci. Autant en profiter pour ordonner à Quinn de se prêter au jeu, n'est-ce pas ?