Vadim avait songé à se plonger dans les livres, un temps, même si ce n'était pas quelque chose qu'il appréciait le plus. La vraie raison pour laquelle il venait de pousser la porte de la bibliothèque était parce qu'il avait besoin de repos, de tranquilité, d'un moment seul, seulement accompagné de lui même, un moment pour se vider l'esprit et penser à autre chose que tous les abrutis qui peuplent ce nid. Il s'avança un peu plus dans la petite salle avant de s'asseoir sur l'un des sièges posés non loin des étagères. Etagères dans laquelles il venait de piquer un livre au hasard et dont il lisait maintenant la quatrième de couverture. Ce livre était nul. Il le jeta donc sur la petite table qui trônait non loin et ferma les yeux, un moment. Il se sentait bien, déconnecté, détaché de la réalité et, peu à peu, il s'endormait. Mais ses plans fuent très rapidement contrecarrés lorsque la porte se fit entendre, elle s'ouvrait, quelqu'un l'avait rejoins. Il leva la tête et vit que c'était Robyn. Dès qu'il l'avait vue, il reposa sa tête sur le dossier et referma les yeux. Il savait déjà de quoi elle allait parler, de sa nomination à cause du blond, lors du dernier prime. Il fallait faire un choix, et il l'avait fait, what else?

La bibliothèque. La dernière fois que j'avais voulu y aller, j'avais surpris une conversation entre Shannon et Micah. Aujourd'hui, j'y allais à reculons même si j'adorais cet endroit. Cependant, je n'allais pas passer cette pièce et l'oublier comme ça. Je l'adorais. Je voulais y retourner et c'était bien ce que j'allais faire. Je montais alors les étages pour m'y rendre et lorsque j'ouvris la porte, ce fut Vadim que j'aperçus. Enjouée, cet élan de bonne humeur se retira aussi vite que je l'avais eu et j'entrais sans dire un mot, sans regarder mon partenaire et sans montrer de faille. Il ne méritait pas que je lui accorde de l'importance. Je me dirigeais vers l'une des étagères et entrepris de terminer les derniers chapitres d’Orgueil & Préjugés. Je m'installais dans un coin et commençais ma lecture. Je préférais me taire et lire plutôt que prendre la parole et gueuler.

Vadim n'avait pas eu un dilemme cornélien, où, quelque soit le résultat qu'il allait choisir, il y aurait une incidence sur le jeu. À part le possible départ de Robyn, ça n'allait rien changer. Et encore, car personne n'était important ici, et puis, si elle partait, le russe allait se retrouver célibataire, n'aurait besoin de personne pour se montrer important et ça irait tout aussi bien. Cependant, il commençait à apprécier Robyn. Même si elle lui avait foutu une baffe et lui avait envie de lui en foutre quinze, il l'aimait bien, même avec les pires crasses qu'ils avaient pu se faire, et ce, depuis leur dernière entrevue 'privée' qui était dans le jardin. Mais il aimait aussi Lullaby, beaucoup, si ce n'était plus, mais faire ce choix n'était pas difficile. Il préférait sacrifier Robyn plutôt que Lullaby, il était comme ça, même s'il était, depuis peu, à fond dans les secrets et qu'il avait plusieurs idées concernant Lullaby. En voyant qu'elle ne venait pas vers lui, il se leva et s'assit sur un fauteuil non loin du sien. Hésitant, il posa une main sur le livre qu'elle lisait, pour attirer son attention. « Ne boude pas. » Clair, cash, mais sincère. De toutes façons, elle allait rester. Il suffisait de regarder les autres candidats pour se rendre compte qu'elle avait toutes ses chances... Et encore plus face à Skyler et Savannah. La tarée et la scato. Beau le tableau.

Je commençais tranquillement ma lecture. La présence de Vadim n'aurait pu m'empêcher de faire ce que je voulais faire dans la bibliothèque. Cependant, lui ne l'entendait pas de cette façon. Il se levait et me coupa dans mon livre. Je redressais mon regard vers le sien. « Je ne boude pas. Je ne veux simplement pas te parler. Il y a une grande différence entre les deux, je crois. » Je rebaissais les yeux sur mon livre. Mais l'envie de lui dire ce que je ressentais revint au galop sans que je ne puisse la retenir. « Bon, ok... » Je refermais mon bouquin et décroissais mes jambes pour me lever et me mettre face à mon partenaire. « Tu es un incroyable salop et un hypocrite par dessus tout ! Je n'espère qu'une chose : ta nomination. Et je croise les doigts pour que ma demande devienne réelle car je n'attends que ce moment pour te montrer que ce n'est pas facile, surtout lorsque cela vient d'une personne que l'on croyait de confiance. Tu es sans scrupule ? Très bien ! Mais ne t'étonnes pas si je le deviens envers toi car tu l'auras bien mérité et ça ne sera que justice pour ta trahison ! » Je me sentais beaucoup d'un seul coup que je me réinstallais tranquillement sur le canapé.

Il s'attendait à ce qu'elle le gifle, encore une fois. Mais non, elle préféra se livrer. Il aimait ça, à vrai dire, la voir exploser lui faisait plaisir car, pour une fois, elle disait ce qu'elle avait sur le cœur. Qu'elle ne veuille plus lui parler lui fit, quand même, un pincement au cœur. C'était sa partenaire, et même si leur relation n'avait pas été des meilleures, il voulait qu'ils s'entendent bien. Cependant, d'après elle, il aurait tout gâché. A cause d'une nomination ? C'était le principe d'un dilemme, mais ça, Robyn ne devait pas en avoir pleinement conscience. Il pointa son regard dans ses yeux alors qu'elle s'était levée quelques secondes plus tôt. « Je comprends que tu veuilles me voir dégager. Je suis un salaud, pour t'avoir fait ça, j'en ai conscience. Mais, franchement, tu as vu contre qui tu es ? Tu vas rester. Même si je pense aux personnes que tu as laissé à ta maison, alors que tu sais que tes petites filles ont besoin de leur mère. Et tu sais pourquoi, Robyn. » Voilà, c'était à son tour de se livrer. Lui, il pensait aux filles de la mère de famille mais elle semblait les avoir oubliées le temps de quelques semaines.

Apparemment, nous n'en avions pas encore fini puisque le regard de Vadim se posa de nouveau sur moi une fois mon discours terminé. Je le fixais avec des yeux noirs de colère et de rancune. Si je partais, j'espère qu'il se sentirait coupable et qu'il culpabiliserait. Puis un autre élément déclencheur me sortit de mes gonds, je me levais brusquement et le giflais. Cela devenait une habitude. « Ne reparles plus jamais de mes filles ! » Lui criais-je au visage. Il n'en avait pas le droit, pas après ce qu'il avait fait. « Je te l'interdis. Un ami pourrait le faire. Mais toi, tu n'es rien pour moi. » J'étais réellement énervée. Vadim ne savait pas de quoi il parlait. Il ne savait pas pourquoi j'étais ici, ni qui m'y avait envoyé. Alors qu'il se la ferme une bonne fois pour toute.

Elle le giflait. Encore une fois, elle collait violemment sa main sur sa joue alors qu'il n'avait rien demandé. C'en était trop. Elle devenait tarée, sous ses yeux, alors qu'il ne demandait qu'à l'aider. Il ne voulait pas non plus qu'elle parte, mais il fallait qu'elle comprenne son choix. Ce pourquoi il l'avait nominée. Mais il ne voulait pas forcément qu'elle quitte ce nid, il avait besoin de sa partenaire comme elle avait besoin de lui. Il l'aimait bien, lui, il commençait à l'apprécier, mais c'en était trop, elle avait largement dépassé le quota d'attente du jeune homme. Il posa sa main sur sa joue, arquant un sourcil avant de se lever et de la regarder, de l'observer, de l'épier, droit dans les yeux. « J'ai pas dis que t'étais une mauvaise mère non plus, faut se calmer là, ta main tu la gardes où elle est, je sais que tu aimes tes petites filles plus que tout, même si je ne te connais pas plus que ça, mais tu en parles souvent et elles te manquent, c'est indéniable. Maintenant, trouve un autre bouc-émissaire, j'en ai ras-le-cul de devoir me coltiner ta mauvaise humeur à longueur de journée. » Il se jeta finalement sur son canapé, boudant presque, les deux bras croisés sur son torse.

Vadim n'était pas content de sa gifle ? A qui la faute ? Il ne pouvait s'en prendre qu'à lui car encore une fois, il la méritait amplement. Encore aujourd'hui, je me demandais pourquoi on m'avait mis en couple avec lui. Quels idiots avaient bien pu nous choisir ? Je suis sûre que même avec Shane, j'aurais été beaucoup mieux. Je soupirais lorsqu'il reprit la parole sans le lâcher des yeux. Il ne me faisait pas peur et une fois son discours terminé, je le suivais du regard. Il recommençait à faire son gamin. Il était désespérant. Je secouais légèrement la tête tout en levant les yeux au ciel. Tout cela était pathétique et Vadim l'était encore plus. « Croiser les bras et rester dans ton coin ne sert à rien. » Lui dis-je simplement avant de reprendre mon bouquin pour enfin espérer le finir avant vendredi au cas où je partirais.