Il était minuit passé. Elle en avait bien conscience et elle s'était d'ailleurs dit de se coucher tôt ou du moins, pas trop tard. Malheureusement, un satané mal de tête l'empêchait de faire quoi que ce soit, l'immobilisant dans un lit, sans lui laisser la possibilité de s'endormir. Et le moindre bruit rendait la douleur d'autant plus désagréable. Ennuyée par ce petit problème, elle tentait de trouver quoi que ce soit pouvant ressembler à de l'aspirine. Cependant, vu que le monde entier se liguait contre elle pour l'assommer d'un mal au crâne affreux, elle n'eut pas d'autre choix que de trouver autre chose, puisque pas de médicaments en vue. Elle se dirigea vers le cellier, voulant se mettre quelque chose de bien froid sur la tête, ce qui, avec un peu de chances, lui gèlerait le cerveau assez rapidement pour faire taire cette douleur. Dommage, quelqu'un s'y trouvait. Maelys d'autant plus. Elle soupira, mais entra tout de même, essayant de ne pas grimacer en entendant l'horrible voix de la rousse. « A vrai dire, j'étais venue me remémorer mon baiser avec ton Lennon. » répondit-elle sarcastique, d'une voix mélodieuse. Bien entendu, ce n'était pas la vérité, ce baiser n'avait même pas été un baiser, plus une catastrophe sous forme de contact physique. Maelys n'était pas obligée de savoir ça, c'était certain. Elle s'approcha, indifférente, du congélateur sur lequel la rouquine s'était assise. « Maintenant, si tu pouvais dégager tes fesses de là-dessus, ça m'arrangerait grandement. » soupira-t-elle, peu tentée de négocier à une heure pareille.

Eh bien, eh bien, Lennon avait donc été assez sincère pour avouer à Maelys pour cet échange pitoyable, qui s'était passé ici même dans le cellier. Bonne stratégie, elle allait croire qu'elle pouvait lui faire confiance, que c'était un gars honnête. Ne lui avait-il pas dit qu'il était infidèle ? La petite rousse allait tomber de haut lorsque les masques tomberaient. En attendant, elle n'en avait réellement rien à faire de savoir s'il embrassait bien ou non. Pas comme si elle avait envie de gouter ses lèvres, de toute façon. Et si c'était une quelconque façon de la narguer, c'était plutôt raté, puisque, comme dit précédemment, elle n'en avait rien à faire. « Tant mieux pour toi. » J'en ai vraiment rien à foutre. aurait-elle dû ajouter, mais elle ne le fit pas. Maelys céda sa place, enlevant son fessier de ce foutu congélateur, lui jetant un regard noir dans la manœuvre. Sérieusement ? « Il faut sérieusement que tu arrêtes de te comporter comme si tu me faisais peur. » lança-t-elle impassible. Le regard noir, c'était pour quoi ? Marquer son territoire ? Lui faire une quelconque peur surréaliste ? Montrer qu'elle peut avoir le dessus sur la situation ? Pitoyable. Pitoyable et inutile, cela ne la fit même pas ciller.
Elle ouvrit le congélateur en grand et après avoir chercher quelques instants, elle ressortit un paquet au hasard. Elle referma cette grande chambre gelée et s'allongea dessus à son tour, mettant avec hâte cet élément froid sur son crâne. Elle se retint de s'exclamer par un « putain, c'est froid », qui aurait été totalement inutile dans la présente situation, lorsqu'il entra en contact avec sa peau. « Et tu veux savoir le mieux dans cette histoire ? C'est que je ne l'ai pas rencontré dans un stupide jeu. Alors retourne donc faire des papouilles avec ton Lennon si ça te chante. » répondit-t-elle en fermant les yeux, espérant que la technique de la dernière chance ferait son effet. Elle n'était pas d'humeur à gérer Maelys maintenant. Son taux de tolérance était bien moins élevé qu'habituellement.

Parfois, il arrive que certaines situations soient étranges, presque incompréhensible pour la plupart des êtres humains. Ce moment-ci faisait parti des moments étranges. Les deux jeunes femmes se parlaient, essayant d'être politiquement correct, alors qu'il suffirait qu'elles se renvoient tout simplement balader, sortant les gros mots que chaque bouche disait de nos jours. Mais non, elles restaient calmes et se contentaient de se parler en grimaçant. Étrange. Toujours allongée sur le congélateur, elle écouta ce que la rousse avait à dire. Pourquoi étaient-ils là ? Non, ils n'étaient pas venus pour se taper un maximum de personnes avant de retourner à la réalité. Les quelques baisers, qu'elle avait donné, lui avaient fait ressentir une culpabilité affreuse. Donc, non, ils n'étaient pas dans une relation libre. « Puisque tu sembles intéressée, tu vas avoir l'exclusivité de l'histoire. » soupira-t-elle en faisant l'effort de s'asseoir, le dos contre le mur, les jambes pliées. « On s'est rencontré, on s'est bien entendu, on a fini par sortir ensemble. Mes parents n'ont pas vraiment accepté, les siens n'ont plus. Ils ont voulu nous séparer pour nous mettre avec quelqu'un de « mieux ». Ils ont pas réussi et ça nous a rendu plus fort. Si moi je suis là, c'est non seulement pour me foutre de la gueule de ceux qui pensent pouvoir sérieusement trouver l'amour dans ce jeu. » Elle lui lança un regard pour souligner la chose. « Mais aussi pour prouver qu'on s'aime, peu importe ce que les gens en disent. Et puis, il y a aussi l'argent. On en aurait besoin. On vit dans un appartement tous les deux et Aidan est le seul à travailler. Il y a aussi mes études à payer. Si bien que mes parents me donnent encore de l'argent de temps à autre. Et pour m'éloigner d'eux et de leurs tentatives pathétiques pour « me récupérer », il faut qu'on puisse gérer nous même, niveau argent. » Pour résumer, oui, voilà ce qu'ils faisaient ici. Ils se battaient pour leur couple, encore et toujours.

Oui, c'est vrai, leur histoire était une belle histoire. Et elle aimait l'histoire qui les liait, elle aimait savoir que ce n'était pas que du vent, que c'était réel. Ça n'avait jamais été facile, de se battre. Les fois où ses parents invitaient Aidan pour dîner, juste pour lui rappeler sa situation, et l'enfoncer plus bas que terre, ça n'avait pas été simple. Ni les fois où ils avaient fait exprès de provoquer une dispute entre les deux amoureux. Rien n'avait été facile, mais elle ne regrettait rien, pas une seule seconde, parce que ça les avait rapproché. Elle savait que leur amour était d'autant plus fort, après avoir fait face à tant de choses. Et elle était bien d'accord avec Maelys, être heureux avec quelqu'un, c'était la seule chose qui devrait compter. « C'est vrai, ça devrait suffire. Mais il y a toujours quelqu'un pour vous mettre des bâtons dans les roues. Si tu aimes Lennon et que tu aimes être avec lui, rien d'autre ne devrait compter. Mais on est dans un jeu et tu te doutes bien qu'on se pose tous des questions. Moi la première. Il y a tellement plus de choses à prendre en compte ici. Les stratégies, les secrets, les missions. Si tu lui fais confiance, alors tant mieux. Mais tu pourras pas empêcher les gens de trouver ça bizarre. » dit-elle alors, toujours aussi détachée, haussant les épaules. Les candidats, les téléspectateurs, ils trouveront ça étrange. Peut-être pas tous. Cependant, c'était un jeu et beaucoup devaient voir les choses comme ça. Maelys et Lennon étaient peut-être sincère l'un envers l'autre, mais les gens n'avaient tout simplement pas envie d'y croire.

Catalina avait souvent raison à propos de beaucoup de choses. Elle comprenait vite comment les choses marchaient et dans la présente situation, oui, elle pouvait comprendre comment les gens pensaient. Et la seule chose à faire à ce sujet, c'est de laisser couler, de ne pas se laisser atteindre par les dires et les rumeurs. Ce n'était pas toujours facile, mais il faut faire abstraction. « Quoique les gens en disent, si tu es sûre de toi, alors fonce. T'arrête pas à ce qu'ils disent ou pensent trop fort. Le plus important, c'est si toi, tu y crois et te sens prête à te battre pour leur prouver que ce n'est pas que du vent. » dit la blonde. C'était ça, le grand secret, la recette magique. Quand vous êtes bien avec quelqu'un et que vous savez que c'est sincère, alors, ne faites pas attention au reste.
L'italienne laissa son sachet de petits pois surgelés à son sort, sur le congélateur et se leva, se retrouvant sur ses deux pieds. « Et cette conversation est trop étrange pour que je la continue en étant totalement consciente. » déclara-t-elle alors qu'une vague de douleur lui assenait le crâne. Foutue migraine. « Je crois toujours que Lennon n'est pas sincère. Oh et fais gaffe, il parait qu'il est pas fidèle comme mec. Je ne parle pas de notre soit disant baiser, c'est lui qui l'a dit. Tu vas finir par te retrouver avec une Yasmeen amoureuse sur les bras, toi aussi, sauf que ton copain en profitera sûrement plus que le mien. Sors les griffes chérie. » lança-t-elle en tapotant l'épaule de Maelys. Ce n'est pas parce qu'elle venait de lui dire de ne pas faire attention au reste et de se concentrer sur son couple, que ça voulait dire qu'elle ne trouvait pas ça suspect. D'accord, certes, le jeune homme semblait tenir à elle, mais qui c'est, on est jamais trop prudent, non ? Et elle aimait bien camper cette position.