Depuis que le russe de naissance avait débarqué en Irlande, il n'avait plus, ou alors, rarement, vu le soleil. Il devait être caché autre part, loin de ces abrutis qui n'avaient rien d'autre mieux à faire que d'aller se nicher dans une télé-réalité. Mais chacun ses priorités, pas vrai ? Seulement, ce soir, il semblait qu'il s'était invité dans le ciel irlandais, alors que, d'habitude, à cette heure-ci, il faisait déjà noir et la froideur du pays se faisait ressentir. Non, pas ce soir. Il semblait qu'il ait décidé de sortir de sa cachette et Vadim avait préféré passer un peu de temps sur le balcon, assis sur une chaise, la clope à la main, se sentant juste bien, détaché de toute la population de nid. Pour la première fois, la solitude lui plaisait grandement et tuerait la première personne qui osé le déranger dans ce moment de tranquillité. Il tira sur sa clope, un moment, regarda autour de lui de son regard émeraude habituel. Il essayait de relativiser, malgré tout ce qui se passait dans ses relations, en ce moment, c'était l'été, et il fallait qu'il passe à autre chose, qu'il se vide l'esprit, une bonne fois pour toutes.

Le soleil était la seule chose que ce pays avait avec l'Afrique du Sud. Pour le reste, tout était différent. Il était rare d'avoir droit au soleil, surtout en Irlande, c'est pour ça que quand il y en avait, il fallait profiter. Regardant celui d'abord par la porte fenêtre qui donnait accès au balcon, je m'aventura tout de même sur celui-ci, regardant par la suite que Vadim si trouvait. Il était odieux, enfin d'après les dires des autres candidats, car même si cette idée m'avait effleuré l'esprit, je pensais vraiment qu'il cachait quelques choses de plus profond, que j'avais d'ailleurs envie de découvrir, mais je n'étais pas du genre assistante sociale qui pose des questions complètement à côté pour savoir quoi, non, je voulais juste l'observer. M'avançant vers lui, je lui proposa mon paquet de fraise tagada. « A ta place je laisserais tomber cette cochonnerie ... Entre un cancer et une carie, le choix est vite fait. » lui lançais-je, grand sourire radieux au visage, alors que je pris place sur la chaise à côté de lui.

Bon, finalement, c'était Yasmeen qui était entrée, donc non, il n'allait pas la tuer - même si elle avait osé corrompre sa tranquillité. Il l'appréciait, même s'ils n'étaient pas aussi proches que ça. Disons qu'il pouvait la compter dans ses bonnes relations, pour l'instant. Depuis le dernier prime, surtout, lors duquel ils s'étaient un peu parlé, même s'il l'avait un peu délaissée à la fin de celui-ci. En arrivant, elle décréta le fait que la cigarette était une mauvaise chose pour la santé. Mais non, voyons. Tout le monde sait que c'est une chose qui guérit, pas vrai ? - hm. « Et tes bonbons, ils donneraient pas des caries par hasard ? » Il roula légèrement des yeux avant de mettre la main dans le paquet qu'elle tendait, attrapant l'une des petites cochonneries qu'elle avait à proposer. Il l'observa s'asseoir face à lui, écrasant par la même occasion la cigarette que ses lèvres tenaient, avec son pied. Il lança la friandise dans sa bouche, essayant de parler normalement. « Quoi de neuf ? » Question banale mais il ne savait pas trop quoi dire. En fait, il ne voulait plus trop parler, pas maintenant du moins, la chaleur l'occupait bien assez. Mais elle était là, alors autant discuter, non ?

Lorsqu'il me demanda si mes bonbons donnaient des caries, je ne lui répondis qu'avec un grand sourire malicieux, avant de m'installer à ses côtés, puis finalement il piocha dans mon paquet abandonnant sa cigarette qu'il jeta au sol et écrasa avec son pied. Regardant tout ce petit manège, je replanta mon regard dans le sien. Il me posa une question banale qu'on posait lorsqu'on ne savait pas trop quoi dire, puis finalement, ne répondant pas, je m'approcha du bord du balcon, regardant la piscine. « J'ai une question pour toi, tu dois me répondre précisément ou sinon c'est pas du jeu. » lui dis-je, retirant mes ballerines continuant de regarder la piscine avec le sourire. « Qu'est ce qui provoque le plus d'adrénaline ? Une chute de ce balcon droit dans la piscine ou un baiser passionné avec une personne qu'on apprécie ? » lui demandais-je, lâchant un instant du regard le bas pour plonger mon regard dans celui de Vadim, gardant un fin sourire au lèvre.

« Généralement, quand on pose une question, on attend une réponse en retour. Le but n'était pas de la blâmer, mais il aurait voulu entendre quelque chose sortir de sa bouche, surtout un prénom. Tu es encore amoureuse d'Aidan ? Je pense qu'on te la déjà beaucoup demandé mais ça m'intrigue. » Ils n'avaient pas encore eu l'occasion de parler de ce sujet, et, en effet, ça l'intriguait. Il était amoureux de Micah, et il voulait savoir comment elle gérait le fait d'être amoureux d'un mec qui aimait quelqu'un d'autre. C'était également son cas, sauf que Micah était encore amoureux de Shannon. Bref. Il la vit s'échapper vers la rambarde et fit de même, avant qu'elle ne lui pose une question. Sa réponse était déjà toute trouvée. « Sauter dans la piscine d'ici. Si tu apprécies une personne, c'est normal que tu l'embrasses, tu ne trouves pas ? Comme par exemple... » Il ferma les yeux un instant pour coller ses lèvres à celle de Yasmeen. Elle pouvait donc en déduire qu'il l'appréciait, c'était déjà ça de prix. Finalement, il se détacha, tendrement, avant de passer la tête par dessus la rambarde et de regarder le bassin qui était plus bas. « Alors que sauter d'ici, c'est dangereux, et si tu le fais, c'est que tu aimes le danger, et le danger procure de l'adrénaline. Tu vois où je veux en venir ou pas ? » Elle n'allait surement pas comprendre, alors que lui était trop occupé à lâcher des petits rires par-ci par-là.

Sa remarque ne me fit pas réagir plus que ça. Pas que je daignais l'ignorer, mais je ne savais tout simplement pas quoi lui répondre, puis la question qui lui brûlait les lèvres sortit enfin et un sourire assez bizarre se dessina sur mes lèvres. « Non. Je me suis fait une raison tu sais, je n'avais aucune chance. Il aime beaucoup Catalina et il est heureux avec elle, je ne suis pas du genre à vouloir briser un ménage, c'est juste que ce n'était pas la bonne personne. Après tout, il doit bien y avoir au moins une personne qui me correspond dans les bientôt sept milliards dans ce monde. » lui dis-je, avant de rigoler comme une idiote. Sa réponse à ma propre question fut très précise, comme je lui avais demandé, mais je ne m'étais pas attendue à ce qu'il m'embrasse. Alors que ses lèvres se posèrent sur les miennes, je ne répondis pas à son baiser, gênée. J'étais contente de savoir qu'il m'appréciait puisque c'était réciproque, mais je n'avais pas encore l'habitude de ce genre de geste un peu trop affectif, d'ailleurs je crois bien que je ne prendrais jamais l'habitude, c'était vraiment trop bizarre. Puis il reprit la parole et j'étudiais son visage en l'écoutant attentivement, puis il me demanda si j'avais compris ou non. « Pratiquement. Je n'aime pas particulièrement le danger, mais l'adrénaline aide à rendre la vie beaucoup moins morose et banale. » lui dis-je, alors que j'attrapais l'élastique que j'avais au poignet pour attacher mes cheveux, puis je passa de l'autre côté du rebord, assise, les pieds dans le vide, puis mon visage tourna vers Vadim. « Tu veux rendre ta vie plus attrayante ou non ? » lui demandais-je, comme une invitation à faire le grand saut avec moi. En vérité, je n'avais pas le vertige et la hauteur jusqu'au bassin en dessous ne m'effrayait pas, j'avais sauté de beaucoup plus haut en Afrique du Sud.

Bon d'accord, c'était clairement salaud de lui demander ça. Elle ne devait pas se sentir bien lorsqu'elle discutait avec quelqu'un de cette histoire : c'était compréhensible. « Désolé de t'avoir posé ça comme question. » Il lui adressa un sourire alors qu'elle lui répondit quand même, et un sourire se dessina sur ses lèvres. Au moins, elle était consciente qu'elle n'avait aucunes chances - pour l'instant, qui sait pour plus tard ? - et qu'elle ne devait pas briser un couple, qui, soit dit en passant, avait l'air solide avec comme mascotte principale Catalina. « J'espère que tu trouveras cette personne alors. » Et il était sincère. Il appréciait beaucoup Yasmeen, et elle méritait de trouver quelqu'un de bien. Il le pensait, vraiment. La seconde d'après, il était près de la rambarde et l'embrassait. Bon, elle ne le voulait clairement pas, il avait bien compris, mais il n'allait pas s'énerver. A quoi bon ? Après tout c'était tout à fait compréhensible qu'elle ne veuille pas répondre à son baiser. Non pas qu'elle ne l’appréciait pas - ou si ? - mais elle ne se sentait pas prête. Il avait compris. « Je suis complétement d'accord avec toi. » Il esquissa un sourire alors qu'il la suivit des yeux, la vit attacher ses cheveux. Son sourire disparaissait de secondes en secondes alors qu'elle grimpa sur la rambarde. Bon, très bien. Elle était suicidaire maintenant ? « Oui, dit-il, un sourire provocateur ancré aux lèvres, alors qu'il s'assit à ses côtés, ne me pousse pas, j'ai pas envie de mourir et que tu ailles en prison. » lâcha-t-il, parfaitement à l'aise, alors qu'il bloqua ses pieds dans les barres de la rambarde. Après tout, qui voudrait voir Vadim mort ? Euh... tout le monde, en fait.

Il s'excusa de m'avoir posé la question, mais au fond, ça ne me faisait plus rien d'en parler. J'avais aimé Aidan et après m'être morfondre sur mon sort comme une idiote, je relevais la tête et c'était pas plus mal comme ça. Puis il me fit part qu'il souhaitait vraiment que je trouve la bonne personne et ses paroles me firent vraiment plaisir, contente de pouvoir parler à un Vadim moins grossier, moins ... Vadimisé. Parler au Vadim un peu plus humain me faisait beaucoup plus plaisir. « Je l'espère pour toi aussi Vadim, tu mérites l'amour autant qu'un autre. Peut être même plus. » lui dis-je, avant la scène du baiser qui me refroidi aussi vite, mais je retrouva le sourire et une confiance aveuglante que je n'avais jamais eu autant qu'à l'instant très vite, puis lorsque je passa de l'autre côté de la rembarre, posant une question assez provocante pour le faire réagir ou tout simplement qu'il accepte de sauter dans la piscine aussi. Je ne pus m'empêcher de rire lorsqu'il me demanda de ne pas le pousser, histoire qu'il ne meurt pas et que je n'aille pas en prison. « Très bien ... Donc on se retrouve en bas. » lui dis-je malicieusement, avant de me jeter. Et l'adrénaline était vraiment au rendez-vous, du début à la fin, jusqu'à le contact avec l'eau. Ressortant la tête de l'eau, j'éclatais de rire après une telle folie, puis je sortis de l'eau où j'avais déjà préparé les serviettes en bas -je préparais toujours mes coups à l'ambiance- et je tourna la tête de l'eau pour voir si Vadim m'avait suivi.