Marley & Billie
JEUDI 22 SEPTEMBRE DÉBUT D’APRÈS MIDI

J'avais trouvé un petit coin de paradis dans le nid d'amour. Enfin, non, ce n'était pas vraiment l'endroit -même s'il était merveilleux, ne venez pas faire dire des choses que je n'ai pas dis-, c'était le bruit que provoquait l'eau de la cascade lorsqu'elle s'écoulait. C'était délicieux. C'était reposant. C'était apaisant. Je fermais les paupières, savourant ce spectacle auditif. Le soleil caressait ma peau, chaleureusement. Une peau au teinte de porcelaine. Une peau de nacre qui n'avait pas vu le soleil depuis bien longtemps. Une peau qui passerait au rouge écrevisse en moins de temps qu'il ne faut pour le dire. Il n'était même pas certains que cela se change en un bronzage magnifique et hâlé. Non, pourtant, je n'étais pas rousse, non, j'avais juste la peau d'une rousse. Les cheveux relevés en un pseudo chignon, un short en jeans par dessus lequel revenait un t-shirt sans manche, long et large qui laissait voir mes sous vêtements, mais qui par contre, cachait mon short en jeans taille haute. Une moustache noire sur un fond crème. Un soutient gorge mauve avec des motifs. Sans gène. Sans pudeur. Légèrement enfoncée sur mon siège, les bras longeant le dossier du banc, je manquais certainement d'élégance, mais je m'en foutais, je profitais avant tout du soleil. Des bruits de pas. J'ouvrais un œil. J'ouvrais un autre. J'ouvrais les deux. Un sourire. Salut. J'étais bien. Sans trop de stresse. Sans trop d'angoisse. La mélodie de la cascade aidant. Je contrôlais mon entrain, trop d'entrain tuait l'entrain, mais trop peu... Nouveau questionnement, nouvelles inquiétudes.

La cascade était mon nouveau refuge, j'adorais m'y rendre et passer du bon temps à dessiner les prochaines planches de ma bande-dessiné ou au contraire, je ne faisais rien et essayé d'échapper au soleil. En temps que fausse blonde et vrai rousse, je souffrais assez du soleil et d'ailleurs, je détestais passer des heures à ne rien faire sur un siège à me laisser cuire tel une saucisse sur un barbecue. C'est donc crayon à l'oreille et feuille sous le bras que je me rendais à la cascade qui semblait déjà occupé. Avançant tout de même, sachant que le meilleur moyen pour vivre une bonne aventure était de parler à tout le monde, je n'allais pas déroger à la règle, d'ailleurs lorsque la jolie fille face à moi me salua, je ne pus m'empêcher de sourire. J'étais ce qu'on appelait chez les gens normaux, une bisexuelle, bien que je trouvais ce beau un peu trop moche pour me désigner, comme j'avais dis lors de mon casting, je ne pouvais qu'aimer un homme, mais je peux tout autant coucher avec une femme que je trouve belle et cette fille était tout à fait mon genre de fille, mais c'est pas pour autant que je voulais me la faire ce soir si je devais parler aussi vulgairement. Admirant ce magnifique visage qu'elle avait, j'abandonnais mes feuilles sur le sol, m'accroupissant à côté, puis reporta une nouvelle fois mon attention sur la jeune femme. « Dis-moi, tu ne serais un genre d'appâts envoyé par les extraterrestres pour corrompre les âmes de pauvre humain comme moi ? » lui demandais-je, bien que j'étais pas sûr qu'elle comprenne mon délire, sachant que je ne remarquais presque jamais lorsque je disais un truc très important ou lorsque je divaguais.

La blonde me parlait d'extra-terrestre... Ou plutôt, elle me demandait si j'étais un appât extra-terrestre pour envouter des pauvres humains dans son genre. Hm... Même en voulant me la jouer sociable, on me prenait pour une extra-terrestre. Je devrais sans doute m'y faire, c'était comme cela, j'étais hors norme, j'étais différente du commun des mortels. Je me redressais légèrement, haussant un sourcil, tout de même perplexe. Je réajustais ma position et ma tenue, histoire de paraître un peu plus... Humaine. Je passais une main sur mon visage, juste pour vérifier que je n'avais rien sur le visage. Bon. J'étais peut-être tout aussi bizarre physiquement que moralement. J'avais toujours cru que le problème ne venait que de l'intérieur... Mais c'était à croire que c'était le même soucis pour l'extérieur. Chassé le naturel, il revient au galop. Mon naturel à moi, c'était... De ne pas être comme tout le monde. Quitte à bien faire, on aurait pu me foutre un œil en plein milieu du front, enfin, quelques choses de plus visible, de mon abstrait. Parce que là, j'étais comme tout le monde, tout en étant différente. C'était juste bizarre. Puis, soudain, je me rendis compte que je ne lui avais pas répondu. Avec la tête que je tirais, elle devait probablement s'inquiéter un peu plus de mon humanité. J'aurais voulu lui dire que j'étais tout ce qu'il y a de plus normale, mais ce n'était pas la vérité... Alors. Jusqu'à preuve du contraire, je suis humaine. J'haussais les épaules, navrée. Pourquoi? Beuh... Elle avait peut-être envie de rencontrer des habitants d'une autre planète, d'un autre univers. Ou peut-être qu'elle craignait une invasion. Je pariais que j'étais ENCORE à côté de la plaque. Enfin, j'étais humaine, alors ce n'était pas trop grave, si? Je toisais la blondinette. Et si j'étais... ce que tu as dis, ça serait grave? Suspicieuse. On ne sait jamais, elle avait peut-être pas envie d'être avec une humaine. C'était un véritable casse tête.

Parfois je blessais des gens sans le vouloir, mais c'était surtout que je ne réfléchissais pas avant de parler et comme tout ce que je disais n'était jamais très sérieux, je ne pensais pas à mon interlocuteur, enfin pour l'instant j'admirais la jeune femme face à moi qui était très jolie, mais j'essayais de ne pas trop la fixer, histoire de ne pas la gêner, manquerait plus que je lui fais peur maintenant. Elle mit du temps à répondre à ma question, mais étant plutôt patiente, je continuais de l'admirer silencieusement, jusqu'à ce que j'eus la chance d'entendre sa voix vraiment, une voix mélodieuse qui allait parfaitement à son physique et à la personnalité que je me faisais d'elle. Puis sa réponse me fit plaisir, au moins je ne parlais pas avec un extraterrestre et heureusement, je pense que je me serais jeté dans la cascade, parce que j'aimais vraiment pas les monstres de l'espace, mais lorsqu'elle me demanda si elle était une extraterrestre comme je venais de lui demander, si ça serait grave ou non, je hocha la tête positivement. « Bien sûr ! La production n'a pas voulu que je ramène mes armes pour zigouiller du martien, alors si tu aurais été la petite sœur de E.T. je sais pas comment j'aurais fait. » lui expliquais-je, trouvant mon explication très logique. « Tu es belle. » lui déclarais-je au final, avec des étoiles dans les yeux, comme un enfant devant le jouet de ses rêves un jour de noël.